L étrange destin de Jehan, l intégral
219 pages
Français

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L'étrange destin de Jehan, l'intégral , livre ebook

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Description

Christiane CORAZZI et Livio Informatique vous proposent un intégral qui réunit "L'étrange destin de Jehan", "Sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle" et "Le portrait d'Isabeau".
Résumé des tomes :
- Tome 1 : Comme chaque jour depuis un an Jehan amusait le bon peuple de Paris sur le Parvis de la cathédrale Notre- Dame dont la construction était quasiment achevée.
- Tome 2 : Paul vivait depuis quatre ans à l'abbaye d'Hautecombes auprès de son cousin, le frère Albéric.
- Tome 3 : Paul et Isabeau vivaient depuis cinq ans au château de Roquebrune une vie paisible. Trop paisible au gré de Paul...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juin 2015
Nombre de lectures 412
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait





















TOME 1
L’ETRANGE DESTIN DE JEHAN




CHAPITRE 1


Comme chaque jour depuis un an Jehan amusait le bon peuple de Paris sur le
Parvis de la cathédrale Notre- Dame dont la construction était quasiment achevée.
Jehan avait été trouvé une nuit de Noël, transi de froid, dans l’encoignure d’une
porte de la rue de la Truanderie, par un brigand de la Cour des Miracles. L’homme, pris
de pitié, l’avait ramené dans le repère des bandits et le bébé avait été adopté par Sarah,
une mendiante au cœur généreux.
Le linge dans lequel il était enveloppé et la médaille qu’il portait au cou laissaient
penser qu’il était de noble lignage. Mais personne ne chercha à savoir qui il était ni
comment il s’appelait. Sarah lui donna le prénom d’un de ses fils mort- né et il devint l’un
d’eux. Il grandit parmi les faux aveugles et les culs de jatte, on le dressa à mendier pour
gagner sa maigre pitance puis il apprit quelques tours de jonglerie pour distraire les
badauds.
Jehan était un garçon espiègle et toujours de bonne humeur. Ses yeux bleus et
son sourire enjôleur séduisaient les filles qui croisaient son chemin. Ses camarades
appréciaient sa loyauté. Du moins la plupart d’entre eux. Mais d’autres le jalousaient pour
ses succès féminins ou parce qu’il savait se faire respecter. En effet Jehan pratiquait la
lutte et il était un des meilleurs à ce jeu-là. Il maniait également le bâton avec une grande
dextérité. Il aimait se battre mais n’y mettait aucune méchanceté. Il avait aussi une très
jolie voix qui attirait les passants.
Le jeune homme avait grandi dans l’ignorance de l’énigme de sa naissance. Il
était persuadé que Sarah était sa mère et lui était très attaché. Quant aux brigands, ils
l’avaient adopté comme l’un des leurs. Il n’était d’ailleurs pas rare en ce début du XIVème
siècle que des enfants soient abandonnés, enlevés ou vendus et deviennent des voleurs à
la tire ou des mendiants.
5"
"Jehan s’était habitué par la force des choses à vivre dans ce quartier délabré et
sombre où tout était sordide et laid mais une petite voix lui chuchotait parfois qu’il n’y
était pas à sa place et qu’il le quitterait un jour pour découvrir le monde.
Lorsqu’il était enfant Jehan aimait se rendre dans les beaux quartiers de Paris
pour mendier avec sa mère. Il observait le comportement des bourgeois avec curiosité
mais c’étaient surtout les seigneurs et les gentes dames dans leurs beaux atours qui
forçaient son admiration. Il aurait aimé pouvoir les approcher et les questionner. Mais sa
mère le rabrouait lorsqu’il faisait mine de s’y intéresser. Elle tremblait alors à l’idée
qu’elle pourrait perdre celui qu’elle avait toujours considéré comme son fils. Elle avait
caché bien à l’abri des regards ce qui pouvait le rattacher à ses origines mais elle n’avait
pu se résoudre à s’en débarrasser. Peut-être, un jour, quand elle ne serait plus de ce monde,
son fils pourrait-il partir en quête de celle qui l’avait engendré et abandonné… Pour
l’instant il était à l’abri du danger auprès d’elle. C’était du moins ce dont elle cherchait à
se persuader.
Devenu adulte, Jehan n’avait rien perdu de son sens de l’observation et de sa soif
d’apprendre et d’explorer des domaines inconnus. Il attendait une opportunité pour
donner libre cours à son besoin de liberté et de beauté.
Ce jour-là, donc, le jeune homme donnait son spectacle tout en observant la foule
bigarrée puis se mêla aux badauds une sébile à la main pour récupérer quelques sous, tout
en répétant à l’envie :
- A votre bon cœur, braves gens.
Il rattrapa un bourgeois dont la bourse paraissait bien garnie et l’interpella alors
que celui-ci s’esquivait pour ne pas donner son obole.
- Pitié pour un pauvre jongleur, mon seigneur, Dieu vous le rendra, dit-il en
s’inclinant bien bas.
L’homme devait être vaniteux car le mot seigneur le rendit généreux. Mais à
peine avait-il refermé sa bourse qu’il fut bousculé par un malandrin qui la lui arracha des
mains et s’enfuit à toutes jambes. Le bourgeois se mit à hurler : « Au voleur ! Au
voleur ! » et accusa Jehan d’être complice du vol. Ce dernier eut beau nier, les esprits
s’échauffèrent autour de lui et il s’en fallut de peu qu’il ne soit mis en pièces par les
spectateurs de la scène. Il réussit pourtant à se dégager en distribuant force horions et à
6"
"leur fausser compagnie. Il prit ses jambes à son cou et trouva refuge dans une maison de
la rue de la Mortellerie.
Il avait eu le temps de reconnaître le voleur, un certain Hugues le balafré, que
tous redoutaient à la Cour des Miracles. C’était un teigneux qu’il valait mieux éviter de
contrarier, surtout quand il avait un peu trop bu.
Le jeune jongleur était furieux après Hugues car il lui faudrait trouver un autre
lieu où exercer son art pendant quelque temps à cause de lui. Mais il savait qu’il aurait
été maladroit de lui en faire le reproche et de l’affronter. Tant qu’il vivrait à la Cour des
Miracles il devrait composer avec ses occupants. C’est pourquoi il rêvait de s’en éloigner.
Mais il avait des scrupules à abandonner sa mère souffrante qui n’avait plus guère la force
de quitter son grabats pour aller mendier dans les rues par tous les temps . Elle avait
besoin de lui pour ramener quelques sous et assurer sa subsistance. Aussi patientait-il en
rongeant son frein.
Jehan avait rejoint sa mère dans le réduit qui leur servait de logement. Elle était
étendue, encore plus pâle que de coutume, et respirait avec difficulté. Elle grelottait,
pourtant son front était brûlant. Jehan se pencha sur elle, inquiet de voir son état
s’aggraver.
- Mon fils, murmura-t-elle dans un souffle, ma vie arrive à son terme. J’ai une
confession à te faire, si Dieu m’en donne la force.
- Repose-toi, mère. Tu ne vas pas mourir.
Jehan voulait la rassurer mais son ton n’était guère convaincant.
- Il faut que tu saches… je ne suis pas ta vraie mère…
Jehan dut coller son oreille à ses lèvres tant ses paroles étaient inaudibles. Il crut
avoir mal compris ou peut-être délirait-elle. Il avait toujours été le préféré et ses frères lui
en avaient souvent tenu rigueur. Il était d’ailleurs le seul à être resté auprès d’elle. Eux
étaient partis sur les routes et n’étaient jamais revenus.
Sarah serra sa main avec le peu de forces qui lui restaient. Il lui fallait soulager
sa conscience avant de passer de l’autre côté.
- Dans le mur…une croix… enfant trouvé…
7"
"Ce fut tout ce qu’il put entendre. Sarah lâcha sa main et expira. Jehan lui ferma
les yeux, à la fois triste et incrédule. Qu’avait-elle voulu lui dire ? Qu’est-ce que tout cela
pouvait bien signifier ? Quel mur ? Quelle croix ? Etait-il vraiment un enfant trouvé ?
Pourquoi ne lui avait-elle rien dit avant ?
Toutes ces questions se bousculaient dans sa pauvre tête. Tout était allé si vite !
Il n’avait même pas eu le temps de lui exprimer son amour filial. Il se sentait un peu
frustré et en même temps libéré. Plus rien ne le retenait maintenant de quitter ce quartier
sinistre et de partir à l’aventure.
Abîmé dans ses pensées, il n’avait pas entendu la porte s’ouvrir. Une voix
éraillée le tira de ses réflexions.
- Son âme s’est envolée ! Qu’elle repose en paix ! Elle t’a aimé comme si tu
avais été son fils.
Jehan leva la tête et vit le nain Bertou près de lui.
- Que dis-tu ?
- J’étais le seul à partager son secret. C’est mon cousin qui t’a trouvé une nuit de
décembre sur le seuil d’une porte. Il a été pendu haut et court deux ans plus tard.
- C’est donc vrai, ce qu’elle a murmuré avant de mourir ! Mais alors qui suis-je
vraime

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