Le pont d Espagne
69 pages
Français

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Le pont d'Espagne , livre ebook

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Description

Pascali est un jeune berger pyrénéen. Il n’est pas aimé au village de Montaigut. C’est pour cela qu’on lui propose une mission dangereuse faire passer la frontière à un troupeau de chevaux. On est en 1944, en pleine guerre. C’est le début d’une grande et belle aventure à travers la montagne, ses beautés et ses pièges.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2014
Nombre de lectures 24
EAN13 9782350685441
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Cosem
 
 
Le Pont d’Espagne
 
 
 

 
 
 
Dans la même collection
 
Jean de l’ours, Louis Espinassous
Le garçon qui vivait dans un arbre, Louis Espinassous
Jehan du Béziau, Suzanne Sens
Pierrou de Gavarnie, Marie-Claude Bérot
 
Michel Cosem aux Éditions Cairn
 
Les loups de Mauvezin, 2013
Contes des Pyrénées, 2012 (2 volumes)
 
Chez d’autres éditeurs
 
ROMANS POUR LA JEUNESSE
Liberté pour hannah, éd. gulf steam, 2009
L’or de pharaon, éd. belin, 2009
Ami de la liberté, éd. sedrap, 2009
L’île pélican, éd. le griffon bleu, 2012

ROMANS
Peire vidal, les vies multiples du troubadour, éd. pierregord, 2009
Le bois des demoiselles, éd. de borée, 2010
Les oiseaux de la tramontane, éd. Souny, 2013

CONTES
Contes du pays Basque, éd. milan, 2008
Charlemagne entre histoire et légende, éd. sedrap, 2012.
 
 
Michel Cosem
 
 
Le Pont d’Espagne
 
 
Ceux qui passent la frontière :
errants,
contrebandiers,
maudits,
ont un pied dans le rêve
un pied dans la tourmente
 
MC
 
 
I
 
Quelqu’un heurta brusquement la fenêtre de Pascali. Le carreau mal scellé vibra. Le bruit fut très violent, malgré la pluie qui coulait abondamment sur les vieilles ardoises et sur les tôles. Dans la grange tout à côté, les moutons frappèrent le sol en signe de crainte.
Pascali cacha sous la paille les images qu’il regardait à la clarté d’un petit lumignon. Il se dirigea, la bougie à la main, vers la porte qui arrêtait mal l’air froid que la montagne soufflait ce soir-là avec fureur. Il tira le loquet de bois et aperçut dans l’ombre le visage de Raymond, le maire.
– Je voudrais te parler, dit celui-ci rapidement, tandis qu’une bouffée de vent froid et humide l’enveloppait.
– Ici ? demanda simplement Pascali.
Personne ne venait lui rendre visite dans cette petite loge de bois et de paille qu’il occupait dans une pauvre grange en tant que berger.
– Ici, répondit Raymond d’une voix décidée.
Ici.
C’était sans appel.
Pascali, très rapidement pensa à ce qu’il avait fait l’après-midi avant l’arrivée de l’orage ; rien ne pouvait lui être reproché. C’est donc le cœur plus serein qu’il essaya de faire une place au maire en s’adossant au tas de paille. Le troupeau de moutons de l’autre côté, bougeait sans cesse, se plaignait, sans que l’on sache pourquoi.
Raymond était un peu crispé. Pascali comprit qu’il s’agissait de quelque chose d’important.
 
***
 
Le maire aspira l’air fortement dans sa poitrine couverte d’une chemise de drap bleu et regarda par-dessus le tas de paille par où venaient, très fortes, les odeurs des brebis.
– Après-demain, dit-il, tu partiras avec le troupeau de chevaux. Il faut que tu traverses tout le Matacam et que tu descendes sur le village de Torca...
– Passer la frontière ! murmura Pascali, stupéfait.
– Passer la frontière, répéta le maire. Personne ne doit te voir, ni ne doit t ’ arrêter. À Torca tu seras attendu. Tu ne t’occuperas plus du troupeau là-bas. À ce moment-là tu pourras faire comme tu veux et rester si tu en as envie dans les cabanes. Mais reviens vite tout de même, l’on veut savoir si tout s’est bien passé.
– Si tout s’est bien passé, répéta Pascali qui avait du mal à bien envisager la situation.
La nouvelle était de taille. Pascali, jadis considéré comme l’idiot du village de Montaigut, le mal-aimé, celui dont on se moque sans cesse et à qui on lance parfois des crapauds et des pattes de poulets, aujourd’hui le garçon que l’on tient à l’écart, que l’on traite de fille parce qu’il a les cheveux longs, celui dont on se méfie, celui-là donc, était chargé soudain de faire passer la frontière à tout le troupeau de chevaux.
Ce troupeau était la richesse du village, l’orgueil aussi de chaque propriétaire, de chaque maison. Ces maisons avec des cheminées qui fument tant et tant les jours de neige et de glace, tandis que lui, Pascali, le berger, ne pouvait se réchauffer qu’à la laine aigre des pauvres brebis...
Oui, c’était cela. Parfaitement inattendu.
Une nouvelle rafale de pluie battit les murs de la grange, de l’eau traversa la fenêtre et filtra, noire comme le sang, sur les pierres de l’intérieur.
 
***
Inattendu ? Pas tout à fait. Pascali, depuis les prés du Matacam, où il gardait depuis le début du mois de juin un petit troupeau de moutons, avait bien remarqué qu ’ une vieille Juvaquatre était montée lentement, pareille à un scarabée sur la piste caillouteuse qui joignait le village de Montaigut à la vallée.
Devant l’église, la voiture avait stoppé. Étaient descendus des messieurs habillés de noir, accompagnés par un autre homme habillé, lui, en vert-de-gris avec une casquette sur la tête. Ils avaient très rapidement disparu dans la maison du maire.
Comme les brebis avaient tendance à s’éloigner entre les rochers, Pascali ne s’était plus occupé de ce qui se passait au village. Il avait lancé Pilou le chien, pour les ramener près de lui. Le reste de l’après-midi s’était déroulé sans problèmes.
Puis lentement, au-dessus de l’Espagne, s’étaient dressés de gros nuages noirs, qui avaient commencé à gronder. Pascali avait décidé de revenir pour éviter que la foudre ne frappe encore.
Quinze jours auparavant elle lui avait pris trois brebis d’un seul coup et les gens du village lui avaient reproché cette perte. 1
 
***
 
La rêverie de Pascali prit rapidement fin.
– Tu as compris ? insista Raymond.
– Oui.
– Répète !
– Je dois mener à Torca le troupeau de chevaux. Personne sur le Matacam ne doit me voir. À Torca, je serai attendu. Après je pourrai revenir sans me presser.
Le maire approuva d’un hochement de tête.
– Demain, en fin d’après-midi. Raymond se redressa. D’un brusque mouvement il s’éloigna vers la porte, dans l’ombre.
Pascali ne bougea même pas la bougie. Il se sentait à nouveau très seul. Le bruit des battants de bois disjoints et de la vieille chaîne fut aussitôt effacé par la pluie qui toujours tombait en rafale.
Il aimait pourtant la pluie. Elle venait très doucement lui caresser le visage et le corps ; elle venait aussi donner à boire à la terre. L’herbe qui poussait après une journée d’averse était merveilleusement douce.
 
 
II
 
Pascali ne sut pas s’il avait dormi ou non. Lorsqu’il sortit de la grange, le soleil se levait derrière la haute barrière de montagnes bleues.
Quelques nuages montraient aussi leurs têtes rougeoyantes.
Il respira l’air frais, rejetant ainsi toute la moiteur de la grange. Il s’approcha de la fontaine et s’aspergea le visage avec l’eau glacée. Cela coupait le souffle, mais après c’était bon : on était éveillé pour toute la journée.
Le garçon se dirigea vers la grande plaque de pierre blanche qui dominait toute la vallée. On appelait d’ailleurs ce rocher presque plat, l’épaule de Roland, en souvenir des exploits imaginaires d’un géant qui avait été aussi le compagnon de Charlemagne.
Tout n’était qu’ombre et mystère, au fond des ravines encombrées d’arbres touffus, de forêts à demi ruinées, de pentes couleur de feuilles mortes où ne poussaient que quelques hêtres solitaires : il y a quelques années tout avait brûlé.
Ce mystère de la vallée s’accompagnait pour Pascali d’un sentiment de malaise. Cette faille ombreuse lui apparaissait comme la source de tous les malheurs. Il opposait volontiers les noirs méandres des torrents, allant en s’élargissant vers la plaine lointaine et toujours floconneuse, aux cimes nettes et pures qui pointaient de plus en plus finement dans le ciel.
Derrière la porte de la grange les brebis donnaient des coups dans les panneaux de bois. Le sachant réveillé, elles ne voulaient maintenant lui laisser aucun répit.
Il siffla pour les calmer.
Au-dessus du village tournaient lentement trois vau

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