Les contes d Erenn - Tome  : Le Nécromancien
125 pages
Français

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Les contes d'Erenn - Tome : Le Nécromancien , livre ebook

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Description

Sur la terre d’Érenn, une maladie mortelle et incurable, le Fléau, sévit au cœur des populations et terrasse les hommes depuis trop longtemps. Maud, une jeune femme de dix-neuf ans, refuse de voir son père succomber au mal et décide de se lancer à la recherche d’un remède.Ses deux amis d’enfance, Luke et Gaël, l’épauleront dans une quête où les rencontres seront aussi dangereuses que porteuses d’espoir. Une course contre la montre s’engage. Atteindra-t-elle son but avant que la mort ne s’empare de son père ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9791097570842
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mon père,
qui aura tenu tête, avec courage,
au fléau de notre siècle.

« Alors Dôn et Llyr envoyèrent le Fléau sur la Terre d’Érenn, et punirent les Hommes pour leur folie. »
Extrait du Livre des Écritures de Danann.


Le garçon n’était plus un garçon. À la seconde où il était tombé, terrassé par le Fléau, il était devenu une enveloppe sans âme.
Vidé de toute énergie et de toute essence, il reposait anonymement dans la pénombre glauque du mouroir, hantée par les respirations sifflantes de ceux dont le cœur battait encore.
La faible lueur d’une torche révéla ses traits émaciés et son corps famélique. Le filet de sang qui coulait de son nez avait peint ses lèvres craquelées d’une couleur morbide, assortie à celle de ses orbites bien trop creusées. Les os saillaient sous la chemise de nuit devenue, depuis longtemps, cruellement grande. Le costume de cette mort-là était décidément atroce à contempler.
Il se brisa presque lorsqu’il fut soulevé de son lit de misère et pendant qu’il était emporté, la lumière fit trembler les visages délavés des autres condamnés. Le râle sourd et sinistre d’un homme bientôt délivré retentit alors que la porte se refermait derrière lui. Ce fut le seul adieu qui l’accompagna.
Sans ménagement, il fut hissé à l’arrière de la charrette et enfoui sous un linge épais qui le dissimulait à la vue de la nuit. Puis, dans un grincement aigu et laborieux, la carriole se mit en branle.

La vie, insidieuse et impitoyable, ne l’avait pourtant pas totalement abandonné : des milliers et des milliers de Particules grouillaient toujours dans ses veines. Prédatrices invisibles, elles attendaient patiemment leur transfert dans un nouvel hôte. Un nouvel être humain. Un nouvel incubateur. Pendant que le chariot rejoignait sa destination, le Fléau, lui, continuait ses ravages.
En arrivant à destination, le corps fut déchargé et traité avec autant d’indifférence qu’avait suscitée sa mort. Méthodiquement, sa peau grisée fut entaillée. Précautionneusement, ses chairs dévorées et ses organes liquéfiés par l’œuvre du mal dont il était infecté furent exposés. Soigneusement, son sang contaminé fut drainé puis stocké dans des dizaines de petites fioles scrupuleusement numérotées.
Une fois le précieux bien collecté, les incisions furent lentement recousues, lavées, séchées. De spécimen, il redevint cadavre ; de cadavre, il redevint corps ; de corps, il redevint une victime anonyme du Mal.
La récolte était terminée.
PARTIE I : LE FLÉAU
Chapitre 1 – Le mémorial

« Lugh mourut. Et la déesse, ivre de chagrin, se retira du monde des Hommes et de celui des Dieux. »
Extrait du Livre des Écritures de Danann.

La chaleur accablante de l’été s’abattait sur la procession telle une chape de plomb, néanmoins, les prêtresses avançaient, de lourds paniers d’osier remplis de fleurs de Bach chargés dans leur dos.
La sueur qui coulait de son front lui brûlait les yeux et Maud s’essuya le visage pour la énième fois avant de lever la tête vers le temple. La majestueuse construction qui s’élevait devant elle paraissait si proche. Elle savait cependant que ce n’était qu’un effet d’optique causé par la grandeur démesurée du bâtiment : il leur faudrait encore une heure de marche pour arriver à leur destination.
Maud jeta un coup d’œil autour d’elle. Les habitants de Heim gonflaient les rangs du cortège formé par le corps religieux. La cérémonie du Souvenir faisait partie des célébrations majeures du culte de Danann et les Dôniens y répondaient toujours en nombre. De la capitale aux plus petits hameaux, les hommes et les femmes ralliaient les temples, guidés par le Collège. Partout, le Pays de Dôn se réunissait pour rendre hommage à sa déesse et son héros déchu.
Le regard vert de la jeune femme dériva ensuite vers leur escorte, de part et d’autre du cortège. Les soldats qu’avait affectés le gouverneur à la procession ne semblaient pas souffrir de la température malgré leurs cuirs et leurs renforts. Leur équipement devait peser leur poids , même si les épées qui barraient leur dos étaient certainement moins lourdes que le chargement dont Maud et les autres prêtresses étaient bâtées.
Elle sentit une présence sur sa droite. Un chevalier s’avançait à sa hauteur, un chevalier à la démarche et à l’allure plus que familières. Luke Ka Fir. Maud ne put réprimer un sourire : Luke avait certainement dû insister auprès du commandant Di Svalt pour participer à la cérémonie et avait choisi délibérément cette position dans l’escorte. Encouragée par la présence de son ami à ses côtés, elle rajusta une mèche de cheveux roux qui s’était échappée de sa natte, resserra les sangles de son panier et continua sa marche d’un pas décidé.

Enfin, les portes du temple furent en vue et la foule, éprouvée par la chaleur, s’engouffra dans l’édifice avec hâte, à la recherche du peu de fraîcheur préservée par la pierre. Maud suivit les autres disciples de Danann sous les voûtes du haut plafond. Le dos douloureux, elle déposa avec soulagement sa corbeille à ses pieds et se massa les épaules, sûrement rougies sous le tissu de sa robe.
Le Grand Prêtre Bihan Ka Ban prit place sur le piédestal qui dominait l’assemblée puis les chants enflèrent le cœur du temple et celui des Hommes. Les prières résonnèrent entre les murs et en chacun des Dôniens réunis pour la célébration. Ensemble, Maud et les autres prêtres et prêtresses de Danann firent vibrer la plainte de la déesse : la ferveur des croyants se dessina sur les visages envoûtés et sur les lèvres déclamant les psaumes et les versets.
Pourtant, malgré la solennité du lieu et de l’instant, l’émotion qui étreignait la foule restait étrangère à la jeune femme. Plusieurs fois, son regard un peu absent croisa celui de Luke, qui encadrait leur groupe avec les autres soldats. Plusieurs fois, elle nota le froncement discret de ses sourcils. Sa déconcentration était-elle si évidente ? Se laissant happer par une nouvelle vague de chants, elle rompit à regret leur contact et ajouta, sans vraiment y penser, sa voix au chœur des autres disciples du Collège.

Dans la fontaine du temple, les fleurs de Bach formaient à présent un linceul noir à la surface de l’eau et leur arôme doux et apaisant flottait dans l’air. Après les litanies et les prières proférées un peu plus tôt, chaque disciple avait offert le contenu de son panier, marquant ainsi la fin de la cérémonie. Le jour commençait à décliner et l’étrange lumière du soir parait l’horizon de reflets rougeoyants. La procession s’apprêtait à retourner en ville.
Maud contemplait le bassin, perdue dans ses pensées, lorsqu’une main familière pressa son épaule.
– À quoi penses-tu ? lui demanda Luke. Viens, il faut rentrer à Heim.
Elle leva les yeux vers lui. Le visage de son ami exprimait l’autorité due à son rang, mais le regard chaleureux qu’il posait sur Maud trahissait son inquiétude. Elle sourit tristement.
– Pourquoi Danann demande-t-elle à partager sa douleur avec tous ? Les gens perdent des êtres chers tous les jours, ils n’accablent pas le reste de la population avec leur malheur pour autant.
Les traits de Luke se durcirent et une ombre passa dans ses yeux bruns.
– Ne parle pas comme ça, Maud. Pas ici, pas maintenant. Ton jugement est faussé par ta peine. Bien que des choses aient changé dans ta vie, en tant que prêtresse de Danann, tu ne peux renier ta foi.
Maud soupira. Ce n’était pas le moment d’argumenter avec Luke. Marmonnant un « oui, tu as raison » peu convaincant, elle se hâta de rejoindre le reste de la procession, récupérant au passage son panier en osier désormais vide.
Le soldat la regarda s’éloigner avec une pointe d’angoisse. Maud avait tellement changé. Le déni de la déesse n’était pas le seul symptôme de la jeune femme. Elle était plus déterminée, plus forte, presque plus dure. Si Luke n’était pas sûr d’apprécier le changement, Maud lui était cependant très chère et il était hors de question qu’il laisse quoi que ce soit se mettre entre eux. Ajustant son équipement, il rejoignit lui aussi le cortège qui se mettait en route vers Heim.

Il faisait nuit lorsque la procession arriva aux portes de la ville. Une fois sur la grand-place, le cortège se sépara : les chevaliers ayant assuré sa sécurité rejoignirent la caserne et les religieux se dirigèrent vers le Collège. Maud adressa un discret signe de la main à Luke et se hâta en direction de ses quartiers.
Le Collège était un grand bâtiment d’apparence austère regroupant l’ensemble des fonctions sacerdotales de la ville et assurant également la scolarité des plus jeunes. Les disciples de Danann y étaient logés, nourris et y suivaient l’enseignement du culte. Maud s’était orientée sans hésiter vers la voie religieuse, tout comme sa mère avant elle, et considérait cet endroit comme sa seconde demeure. Lorsqu’elle en passa les portes, elle s’imprégna avidement de l’odeur familière, mélange de vieux livres et de sagesse rehaussé par un sillage d’encens.
Maintenu en suspens jusqu’alors, le poids de sa fatigue s’abattit soudain sans prévenir, arrachant à la jeune femme un bâillement qui lui tira quelques larmes. En compagnie de ses camarades, elle se traîna jusqu’aux dortoirs où bientôt tous s’éparpillèrent, trop heureux de pouvoir enfin gagner leur lit.
Sobre, mais bien aménagée, la chambre de Maud était suffisamment spacieuse pour accueillir deux personnes. Toutefois la p rêtresse profitait pour l’instant seule de l’immense armoire – ses affaires n’en remplissaient même pas la moitié. Elle se délesta de son panier vide qui atterrit à l’envers au beau milieu de la pièce, rejoint par sa robe de cérémonie ainsi que par ses sandales de cuir et ses sous-vêtements.
En soupirant, la jeune femme se dirigea vers la salle d’eau attenante et ouvrit grand le robinet de la baignoire. D’abord gouttes paresseuses, l’eau s’écoula ensuite en un filet régulier qui gargouilla doucement. Maud y risqua sa main et réprima un frisson : ce n’était pas u

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