Les Histoires d'Elzéard

Florence Brillet

Description

Elzéard a l'art de se retrouver dans des situations bizarres. Mais à chaque fois qu'il raconte ses histoires, personne ne veut le croire. Une partie de football avec une taupe tricheuse, un combat contre un requin, un anaconda qui rêvait de faire du vélo... Il en faudrait bien plus pour intimider Elzéard.

Sujets

• Jeunesse

Informations

• Publié par: Editions Adabam
• Date de parution: 12 décembre 2014
• Nombre de lectures: 37
• EAN13: 9782918373087
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Lire pour Rire

Les histoires d’Elzéard

Florence Brillet ~ Anthony Cocain



1. Un vélo pour anaconda
2. Un joueur de foot inattendu
3. Une partie de pêche mordante



www.editionsadabam.com


Un vélo pour anaconda





Pour son anniversaire, Elzéard a reçu une bicyclette. Mais pas n’importe laquelle : un vélo tout-terrain rouge, avec garde-boue, compteur kilométrique, porte-bouteille et… dix vitesses. Papa a ajusté la selle, vérifié les pneus. Maman a rempli la bouteille d’une délicieuse grenadine à l’eau, puis elle a fixé une petite sacoche garnie de savoureuses galettes au beurre sur le porte-bagages.
Aux anges, Elzéard n’a plus qu’un souhait : essayer son VTT dans la forêt.
Après mille et une recommandations, papa autorise le jeune garçon à partir en expédition. Plus tard, dans l’après-midi, Elzéard réapparaît avec son vélo tout méli-mélo : guidon, selle, pédalier, sonnette… tous les éléments sont entremêlés.

Elzéard, qu’est-il arrivé à ton vélo ?
Et ne me raconte pas d’histoires !
Oh ! Papa, tu ne vas pas me croire !



– Je viens de vivre une aventure inimaginable, explique Elzéard.
– Je ne m’attendais pas à autre chose ! sourit d’avance, papa.

Je commençai l’ascension de la côte à l’orée 1 du bois. Tête baissée, je changeai mes vitesses pour me faciliter la tâche, comme tu me l’avais expliqué. Quand tout à coup, une masse molle s’effondra sur moi et me fit chuter. Ce paquet, tombé d’un arbre, se déplia lentement. Très vite, je reconnus un abominable anaconda, long de plusieurs mètres !



– Elzéard, il n’y a pas d’anaconda dans nos forêts. Les anacondas vivent en Amérique du Sud ! corrige papa.
– Il n’y a aucun doute possible, papa ! insiste le jeune aventurier, sans se démonter. Je me rappelle avoir vu une photo d’anaconda dans mon livre sur les reptiles et c’était exactement le même !

Cet anaconda m’encercla et se redressa tel un cobra prêt à mordre. Sa langue fourchue lécha mes mollets comme pour me goûter. Paniqué, je sautai par dessus lui. Mais ce serpent était têtu. Sa tête suivait mes déplacements et je compris vite qu’il ne me lâcherait pas comme ça. Néanmoins, je réussis à reprendre mon vélo et continuai mon chemin. Mais un peu plus loin, même scénario : il me retombe dessus !
– Et là, il a sorti un chaudron, préparé un feu, mis une toque de cuisinier sur sa tête et il a commencé à te découper en petits morceaux ! imagine papa.
– N’exagère pas ! Tout le monde sait bien que les anacondas sont nuls en cuisine ! précise Elzéard.

Il se détourna très vite de moi et se dirigea vers mon vélo. Avec sa tête, il le redressa et essaya de l’enfourcher. Bien sûr, comme on pouvait s’y attendre, il tomba et se retrouva emmêlé entre les rayons des roues. Je ne pus me retenir de rire tant la scène était cocasse 2 . Mais, il n’apprécia pas du tout !
– Vous vous êtes bagarrés ? interroge papa, incrédule 3 .
– Non, je ne suis pas bagarreur ! s’exclame Elzéard. Mais, il m’a fait remarquer que ce n’était pas gentil de se moquer des autres. Et, il m’a expliqué qu’il avait toujours rêvé de faire du vélo !



– Et alors, tu lui as fabriqué des bras et des jambes pour te faire pardonner ? demande papa.
– C’est exactement ce que je lui ai proposé. Et là, c’est lui qui a ri ! réplique le jeune cycliste.

D’une voix grave, il me dit : “petit, assieds-toi et regarde !” Il se mit à siffler de plus en plus fort, puis il se tortilla comme s’il avait envie d’aller aux toilettes.
– Et tu as reconnu l’air de sa mélodie ? demande papa.
– Ne te moque pas papa, je suis sérieux, s’énerve Elzéard.




Quand il se tut, apparut une boule de feu de la taille d’une boule de pétanque. Cette boule s’arrêta au niveau de la tête de l’anaconda. L’anaconda se tourna vers moi et me dit : « N’aie pas peur, ce sont mes bonnes fées, les fagotines ! » Sur ces paroles, la boule explosa et une nuée de petits points lumineux forma un anneau autour de lui. Je ne pus m’empêcher d’aller examiner ces petites choses de plus près. Tu connais ma curiosité !
À ma grande surprise, ces petits points étaient des minuscules anacondas brillants, avec des ailes de papillon. C’était incroyable !
– Elzéard ! Des anacondas avec des ailes de papillon !
Et pourquoi pas des têtards bougeoirs ? propose papa.
– Papa, il n’y avait pas de brouillard. Je les ai parfaitement identifiés ! assure Elzéard, imperturbable.

Très vite, ces fagotines firent pousser bras et jambes à notre anaconda. Tout sourire, mon ami grimpa sur le vélo et donna les premiers coups de pédales. L’équilibre fragile, les mains agrippées aux poignées, l’anaconda s’obstinait malgré les chutes répétées. Dès qu’il sifflait, ses fagotines ajustaient leurs transformations : un bras un peu plus près de la tête, une jambe un peu plus courte, un pied de travers… Seulement voilà ! L’anaconda n’était jamais content. Il pestait sans cesse. Lasses 4 de le transformer, les fagotines décidèrent de modifier le vélo. C’est ainsi que la selle prit la place du guidon, puis elle fut placée sur le pédalier, le guidon s’ajouta au garde boue, la sonnette servit de selle… Les transformations s’enchaînèrent rapidement ! Malgré tous les efforts des bonnes fées, l’anaconda ne cessait de chuter. Et puis, arriva ce qui devait arriver : l’anaconda se mit tellement en colère après ses fagotines, que celles-ci, vexées, s’éteignirent et se volatilisèrent. Alors, dans un silence étouffant, l’anaconda s’esquiva en laissant mon vélo dans ce triste état.



– Et tu imagines que je vais croire cette histoire ? demande papa.
– Tu sais, avant de partir, l’anaconda m’a dit que nous avions tous des fagotines de derrière nos fagots 5 et qu’il suffisait de savoir les appeler pour les rencontrer ! répond Elzéard. J’aimerais bien savoir à quoi ressemblent mes fagotines ! Pas toi, papa ?
– Elzéard, redescends sur terre et va me chercher ma caisse à outils, soupire papa.
Avant de débuter les réparations, papa détache la sacoche. Soudain un petit point lumineux s’échappe par la fermeture. Surpris, Elzéard s’écrie :
– Papa, regarde, une fagotine ! Oh, la gourmande ! Elle a grignoté mes biscuits !



Papa, stupéfait, le vélo biscornu dans les mains, se tourne vers Elzéard, ne sachant plus que croire.


Notes





1 Le bord, la lisière d’un bois

2 Bizarre et drôle

3 Qui ne se laisse pas convaincre facilement

4 Fatiguées

5 De derrière nos fagots est une expression familière qui signifie mettre en réserve pour une grande occasion