Où es-tu Élisabeth ?
161 pages
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Où es-tu Élisabeth ? , livre ebook

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Description

La Rochelle, 1792. À bord du bateau qui doit l’emmener en Angleterre, Élisabeth d’Espérance songe à ce qu’elle quitte dans sa fuite : un pays en pleine Révolution, le château familial et surtout Charlotte, sa chère sœur. Lors de la traversée, un étrange passager lui confie un petit reliquaire avant de disparaître. Élisabeth comprend bientôt que ce mystérieux objet attire bien des convoitises et que de graves dangers guettent celui qui le possède…
Un siècle plus tard, c’est avec passion qu’Émilie se plonge, avec son amie Constance, dans la lecture du journal de bord d’Élisabeth. La jeune fille y découvre ses joies, ses peines et sa profonde confiance en Dieu. Elle ne peut se douter que ce livre l’entraînera au cœur d’une inquiétante affaire, au péril de sa vie…
Secrètement amoureuse de Théophile, Émilie ignore les réels sentiments du jeune homme. Verra-t-elle l’amour triompher ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 septembre 2011
Nombre de lectures 19
EAN13 9782728916214
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mon mari, toujours, et à nos enfants À Astrid, pour sa confiance
I
Lyon, fin janvier 1887

Assise dans la voiture légère qui les ramène chez elles, Émilie regarde sa mère d’un air boudeur.
– Je n’aime pas beaucoup les surprises, savez-vous ?
Émilie joue mal l’indignation. Sa mère lui a promis une surprise et elle a toutes les peines du monde à dissimuler son excitation.
Petite déjà, son père s’amusait de la voir trépigner dès qu’il lui rapportait un cadeau. Il aimait faire durer le supplice en emballant chaque objet sous plusieurs couches de papier.
– Qu’est-ce que c’est ? s’agace la jeune fille.
– Patience ! rit Madame Décochet. Nous sommes presque arrivées.

Les rues de Lyon s’éclairent les unes après les autres à mesure que les allumeurs de réverbères progressent dans la ville. La nuit tombe déjà. Les journées du mois de janvier sont courtes. Chacun rentre chez soi plus tôt pour éviter de se déplacer quand il fait trop noir.
Certaines rues sont encore mal éclairées. Elles ressemblent à de véritables coupe-gorge où il ne fait pas bon s’attarder.
– Comment as-tu trouvé la pièce de théâtre ? demande Madame Décochet pour changer de sujet.
– Très bien, répond rapidement Émilie. Mais vous ne parviendrez pas à détourner mon attention, ajoute-t-elle avec malice. De quel genre de surprise s’agit-il ?
– Tu ne peux donc pas attendre ? fait mine de s’indigner sa mère.
– Définitivement non ! Ce fiacre est si lent !
Madame Décochet cède à la pression de sa fille unique de seize ans.
– J’accepte de te donner un indice, déclare-t-elle enfin. C’est une lettre. Un paquet plutôt.
Le cœur d’Émilie bondit dans sa poitrine. Se pourrait-il que Théophile lui ait enfin écrit ? Le frère de Constance Cerisaie a regagné Paris il y a presque un mois et Émilie se sent privée d’une partie d’elle-même depuis. Chaque jour, elle guette avec espoir une lettre du jeune homme.

Peu avant Noël, Émilie avait découvert qu’elle était pour Théophile plus qu’une simple connaissance. Il lui avait avoué qu’il pensait souvent à elle et qu’il la trouvait charmante. Mais, à ce moment-là, il lui avait semblé que ses yeux d’un bleu profond disaient bien plus encore. Émilie avait alors senti son cœur s’emballer. Ses propres sentiments lui avaient sauté aux yeux : elle était amoureuse !
Madame Décochet note le sourire rêveur qui flotte sur le visage de sa fille. Elle sait ce qu’il signifie. Elle a connu le même émoi lorsque, toute jeune encore, elle avait croisé la route de Georges Décochet, un fougueux jeune homme passionné de nouveautés et de Voltaire.
« La science, il n’y a que cela de beau ! » répétait-il à tout venant.
« Voltaire, il n’y a que cela de vrai ! » ajoutait-il comme un pied de nez à tous ceux qui lui parlaient de religion.
Hélas ! Il y a bientôt quatre mois, Monsieur Décochet était mort dans son sommeil, laissant une veuve et une fille inconsolables.
La science n’avait pas su prévoir sa disparition prématurée et la pensée de Voltaire n’avait été d’aucun secours pour les deux femmes de sa vie. Elles s’étaient retrouvées sans lui et sans aucun espoir. Il avait fallu la découverte des lettres de Charlotte d’Espérance par Émilie et la rencontre avec la famille de Constance Cerisaie pour que Madame Décochet et sa fille découvrent que la mort n’était pas la fin de tout. Cela avait soulagé leur peine. Ensuite Théophile Cerisaie s’était empressé de ramener le sourire sur les lèvres d’Émilie et le rose sur ses joues.

Madame Décochet ne veut pas donner de faux espoirs à sa fille.
– C’est une lettre de La Rochelle, précise-t-elle.
Le sourire d’Émilie disparaît aussitôt.
– La Rochelle, dites-vous ?
– N’attendais-tu pas des nouvelles de Charlotte d’Espérance ? demande Madame Décochet.
Émilie hausse les épaules.
– Non, répond-elle.
Madame Décochet sourit d’un air amusé.
– Se peut-il que Théophile t’occupe à ce point l’esprit que tu ne penses même plus à Charlotte d’Espérance ? la taquine-t-elle.
Émilie rougit. Son amour pour le frère de Constance n’est plus un secret pour sa mère. Très vite, Madame Décochet a compris que le jeune homme occupait une place toute particulière dans son cœur.
– Tu semblais pourtant très attachée à cette jeune fille d’une autre époque, ajoute Madame Décochet.
Sa mère dit vrai. Pendant quelques semaines, Émilie n’avait vécu que pour Charlotte d’Espérance ! Lorsqu’elle avait trouvé dans une cache de sa chambre ses lettres datées de la Révolution, elle s’était aussitôt passionnée pour cette jeune fille qui avait osé braver le danger au nom de sa foi. Elle avait frémi et pleuré en lisant le récit que Charlotte faisait de ses aventures à sa sœur Élisabeth, partie en Angleterre pour émigrer. En découvrant son témoignage de foi, elle avait également retrouvé le goût et le courage de vivre malgré la disparition de son père. Inquiète de savoir ce qu’il était advenu de cette jeune fille du siècle dernier, Émilie s’était alors évertuée à mener l’enquête avec l’aide de son amie Constance.
Elles y étaient parvenues puisqu’elles avaient obtenu la preuve que Charlotte d’Espérance avait survécu à la Révolution et qu’elle avait fondé un orphelinat dans le château de famille, à La Rochelle.
Émilie soupire.
– Vous avez raison, admet-elle. Ces temps-ci je pense moins à Charlotte. Sans doute est-ce parce que je sais qu’elle a vécu heureuse après la Révolution.
– Et sa sœur ? interroge Madame Décochet.
– Élisabeth ?
– Élisabeth, oui.
– Je ne sais pas. La dernière lettre de sœur Marie-Agnès à l’orphelinat disait qu’elle n’était visiblement jamais arrivée en Angleterre.
– Et…, encourage Madame Décochet.
Émilie regarde sa mère sans comprendre.
– Et tu ne cherches pas à savoir ce qu’elle est devenue ? s’étonne Madame Décochet.
Émilie se tait.
– Ma chérie, reprend sa mère. Pourquoi ne partirais-tu pas maintenant à la recherche d’Élisabeth ? Je sais que tu penses tout le temps à ce charmant Théophile mais tu ne peux pas vivre dans l’attente de ses nouvelles sans jamais t’occuper.
– Le précepteur vient tous les jours me faire la classe ! rétorque Émilie sans conviction.
– Ce ne serait pas trahir Théophile que de penser à autre chose de temps à autre, poursuit Madame Décochet sans relever la remarque de sa fille.
Émilie ravale un sanglot.
– Il me manque tant, avoue-t-elle dans un murmure. J’aimerais savoir s’il pense à moi.
– Je sais, ma chérie. Ton père me manquait de la même façon lorsque nous avons commencé à nous voir lui et moi. Et, aujourd’hui, il me manque plus que tout. Mais tu dois t’occuper, ne pas te renfermer. Charlotte d’Espérance t’avait redonné tant de vitalité.
– Mais…
– Mais Théophile ne t’en voudra pas. C’est même sûrement ton enthousiasme et ta détermination à faire la lumière sur la vie de Charlotte qui lui ont plu chez toi.
Émilie sourit. Théophile avait toujours considéré que l’histoire de Charlotte était passionnante. Il avait même mené sa propre enquête de son côté.
– Allons donc ! dit-elle en se redressant. Vous dites vrai. Je n’en ai pas terminé avec les sœurs Espérance !
II
Émilie et sa mère descendent de la voiture qui s’est immobilisée devant le perron de leur petite maison.
– Merci Ernest, dit la jeune veuve à l’adresse du cocher. C’est toujours un vrai plaisir que d’être conduit par vous.
– Madame est trop aimable, répond le vieil homme emmitouflé dans un lourd manteau de laine. Je viendrai vous chercher demain matin pour vous amener chez Monsieur et Madame Cerisaie, puis chez Monsieur Nadar.
– C’est parfait Ernest, remercie Madame Décochet. À demain donc, onze heures et demie.
– Bonsoir Madame, salue le cocher.
– Bonsoir Ernest.
– À demain Ernest, reprend Émilie avec un grand sourire.
La mère et la fille tournent les talons et montent les quelques marches qui les séparent de la porte d’entrée. Eugénie, la fidèle gouvernante qui veille sur Émilie depuis son enfance, a allumé une bougie dans le petit lampadaire accroché au-dessus de la porte.
Ernest attend pour s’en aller que les deux femmes aient refermé la porte derrière elles.
Le bruit de sabots de ses chevaux s’éloigne peu à peu et la nuit redevient calme dans la rue de la Plume. Une silhouette sort alors de l’ombre et se glisse furtivement hors de la petite artère. Inutile

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