Sur les plages de l’Éternité
74 pages
Français

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Sur les plages de l’Éternité , livre ebook

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Description

L’auteur nous entraîne sur les chemins intérieurs et les routes au-delà de l’horizon qu’un simple mot fait surgir en lui. Il nous emmène sur des sentiers émotionnels que chacun de nous traverse... joie, amour, colère, humour, qui naissent parfois d’un simple regard, d’une image, d’un rêve ou d’une intuition. L’imagination créera le reste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782381534992
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Surles plages de l’Éternité
La SAS 2C4L — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité
ÉrickDEMEURS
Surles plages de l’Éternité

Récits
… Onn’est pas même grain de sable, il n’y a pas deplage.
PhilippeDelerm dans : «   Ilavait plu tout le dimanche   »p. 53
LA TACHE
Ça y est !C’est fait ! Je suis écrivain ! J’aimême signé un contrat !
L’éditeurest enchanté, avec le manuscrit que je lui ai proposé,il pourra sortir trois livres. Je ne vais pas publier un livre, maisTROIS. TROIS d’un coup !
Il veut aussi que jeparticipe au Salon du livre de la ville.
— Je vousgarde votre place ! décide-t-il, impératif. Etpour toute la durée du salon !
Il m’expliquequ’au salon participent deux cents auteurs environ, quiviennent essentiellement de la capitale par avion et qui repartentdès la fin de l’événement, souvent mêmeavant. Compte tenu du peu de places mises à la disposition deséditeurs régionaux, il fait tourner ses auteurs pardemi-journée pour que le plus possible puisse apparaîtreun peu. J’objecte : — Ici c’est chez moi,j’y travaille, je préférerais ailleurs.
— Non !Non ! Non ! tranche-t-il sans appel, vous avez votreplace et je vous garde tous les jours.
Donc, je vais au Salondu livre. Il prévoit également une interview télévisée.Je ne sais pas trop ce que je pourrai dire (je n’y ai jamaispensé). Mais c’est flatteur. Il veut réaliser uneinterview pour expédier le CD aux différentes chaînesde télévision et aux stations de radio. Il m’expliqueque les gens qui visiteront son site internet pourront en cliquantsur le nom d’un auteur, ou un autre, visualiserl’enregistrement réalisé et une présentationde ses livres.
Je n’en revienspas ! Comme c’est beau ! Enfin ! Il sait –je le lui ai dit – que je dois aller à l’Universitéd’été de la psychanalyse, réunion desanalystes de rêves.
— C’esttrès bien, estime-t-il, j’ai un auteur dans la région,qui a obtenu beaucoup de succès là-bas. Je vais luidemander d’organiser une rencontre pour vous. Vous participerezle matin à une séance de dédicace dans unelibrairie et l’après-midi dans une autre.
Comme je m’étonne,cela me semble beaucoup, il argumente :
— C’estune ville suffisamment grande pour que vous puissiez en faire deux.
Je suis enchanté !Aux anges ! Je vois les affiches en grand dans les vitrinesdes librairies. Tout va bien ! Il est vrai que quand l’éditeurparle, c’est d’une voix basse, presque aphone et je suisde plus en plus sourd. Mais je l’écoute avec beaucoupd’attention et tout va très bien.
Je dois faire une photopour apparaître sur le site du salon, une autre (ou la même)pour ma présentation en quatrième de couverture de meslivres et une, enfin, pour le site de l’éditeur.J’alerte mon frère Jos (diminutif de Jocelyn),photographe professionnel, qui accepte de me tirer une sériede portraits. Nous pratiquerons chez lui où il stocke tout sonmatériel, avec studio photo, protecteur fond d’écranet labo.
Je suis sur la vérandade la maison où je repasse pour l’occasion plusieurschemises de différentes couleurs et mon pantalon pour lerafraîchir. Je songe, à mesure que je vaporise et passele fer, à Stockholm, au prix Nobel – allez savoirpourquoi ? – parce que je repasse bien le pli de monpantalon peut-être, je songe, disais-je, au smoking, pantalonau pli tiré au cordeau, chemise blanche impeccable, nœudpapillon d’Albert Camus. Je vaporise, je repasse. PourquoiAlbert Camus ? Je ne sais pas. Peut-être parce qu’ilest pour moi un symbole de l’Homme simple et juste qui a suexprimer simplement dans ses livres, ce qu’il avait ànous apporter. Je remplis d’eau déminéraliséele réservoir du fer. Je vaporise. Je repasse.
Et puis, tout d’uncoup, je reste bouche bée d’horreur ! Je mesouviens brutalement que je portais ce pantalon, hier, quand noussommes allés en pique-nique, mon épouse les enfants etmoi, le soir, au bord de la plage où nous avons mangé.J’étais assis sur un rocher et mastiquais mon sandwich,l’œil rêvant sur les bateaux au loin, àl’horizon. Et tout d’un coup : « flop »,la tranche de jambon roulée, tartinée de mayonnaise,incrustée de rondelles de cornichon, a glissé entre lesdeux tranches de pain quand j’ai appuyé dessus pourmordre. La mayonnaise servant de graisse lubrifiante, le jambon agiclé du pain comme un obus avant que j’aie eu le tempsde comprendre quoi que ce soit, a rebondi sur mon pantalon àla hauteur de l’aine, et a chu dans le sable. J’aidécouvert une grosse tache ronde et sombre sur mon pantalonavec une larme de mayonnaise que j’ai raclée d’undoigt que j’ai essuyé sur ma langue. J’ai ramasséma tranche de jambon, que j’ai rincé à l’eaude mer et ai poursuivi mon repas maintenant poivré de grainsde sable qui grinçaient sous les dents.
Je scrute, médusé,la tache sombre de graisse, ronde comme un œil de perdrix surmon pantalon.
Je suis meurtri,décomposé, déconfit, j’en pleurerais. Monbeau pantalon pour ma séance photo ! Celui qui me ceintle mieux la taille ! Celui dont je n’ai pas éliméles revers en marchant dessus ! Celui dont la coupe éléganteme plaît tant. Bref, celui dans lequel je suis le plus àl’aise. Le cœur ravagé (adieu Oslo !Camus ! Smoking !), je cherche la tache parmi lesimpacts d’eau que j’ai vaporisée. Je ne la voispas, mais elle ressortira une fois la vapeur séchée,c’est sûr ! Je termine le repassage de la premièrejambe, le cœur affligé, je décide de faire contremauvaise fortune bon cœur. Il me vient à l’esprit,comme un peu de mercurochrome rouge et un sparadrap sur le bobo demon ego, cette belle image zen : « La perfection,c’est un ciel bleu, avec un petit nuage. » Voilà,prenons-le ainsi : j’ai mon petit nuage avec ma tache demayonnaise. Je ne suis pas parfait. Admettons-le. En fait de petitnuage, je suis dans une colère intérieure noire. Ungros, gros orage. Un mini-typhon. Je suis ulcéré,blessé, déchiré.
Il me revient alors àl’esprit, comme un miroir brisé qui me dirait :« Tu n’es qu’un médiocre ! »Cette scène où j’avais six ou sept ans : monpère guerroyait dans un pays lointain, ma mère étaittoujours à court d’argent et j’en étaistrès éprouvé dans mon désir d’enfantde l’aider. Je lui proposai d’aller quémander dansles belles villas sur la colline un peu d’argent auprèsdes braves gens. Elle acquiesça. Me voilà parti àla conquête du monde sous un ciel d’orage et mon petitfrère Jos à la main, dans nos petits imperméablesbleus. Après plusieurs maisons aux volets clos, je poussai leportail d’une propriété pour aller sonner àla porte de la villa au bout du jardin. Mais je n’avais pas vuun gros chien noir qui me sauta dessus et me renversa dans l’alléeen aboyant. Une dame sortit de la maison pour comprendre la raison dece raffut. Elle écarta le chien et me demanda d’une voixdure et sans sourire ce que je faisais là. Elle écoutames explications très attentivement, me posa quelquesquestions, puis retourna dans la maison et revint me mettre dans lamain une pièce de vingt centimes. Je repartis avec mon petitfrère, mes mains écorchées et ensanglantéespar le gravier de l’allée et mon bel imperméablebleu en plastique déchiré. Ma mère, aprèsavoir écouté notre aventure, nous confectionna un beaugâteau pour nous récompenser. J’estimais cetteattitude idiote, car il était flagrant que les vingt centimesque j’avais rapportés ne pouvaient pas payer tous lesingrédients du gâteau et ne pouvaient qu’aggraverson gouffre financier chez l’épicier. C’étaitpour moi un échec cuisant.
Je vaporise, jerepasse.
Je songe : « Detoute façon, il doit faire un portrait. La tache ne se verrapeut-être pas. Et puis, j’ajoute, comme pour ycroire, comme pour me convaincre : je dois rester modeste. Je nesuis qu’un homme. De toute façon, cela n’empêchepas que je suis un écrivain. »
J’entends dans matête une voix off et aseptisée d’hôtesse del’air qui annonce : « Le vol pour Oslo estannulé. »
Je respire.
Je vaporise. Je finisde repasser la deuxième jambe.
Je pense : « Cen’est pas grave : j’irai à pied. »
D.E. Dansle train, 16 h 15 le 28 août 2014
fini àToulon le 1er octobre 2014 17 h 36.
NOMADES
Quand je présentaismon triptyque « Nuages », « Pluies »et « Voyages » à Pierre, il remarquacomme une prophétie :
— Tu enécriras bien un autre ?
Sur l’instantalors que l’encre de ces ouvrages était à peinesèche depuis deux ou trois jours, j’estimais que non, jerépondis par la négative : « Laissonsd’abord vivre ceux-là. Laissons-leur le temps d’être,avant de les effacer par une nouvelle création, pensais-je ».Et puis, cette idée dut faire son chemin dans mon esprit, àmon insu, car il revint à ma mémoire que j’avaisplus de deux cents pages que j’avais dû écarterpour faire ce premier choix de publication, que traînaient dansma tête cinq à huit histoires qui attendaient que je lesécrive. Et puis, et surtout, vint le seul, le vrai, l’uniqueargument : le mot, le nom : « Nomades ».
Nomades, un mot quivoyage entre désert et étoiles, entre vent et vagues,entre route et horizon. Un nom que l’on ne peut attacher àrien. Qui ne se laisse attacher à rien ! Ni avec descordes ni avec des caresses.
Bien sûr, ilfaudra que j’écrive encore un livre pour rendre hommageà un mot aussi merveilleux dans mon cœur ! Quandje partirai, quand je serai trop vieux pour rester, j’écriraiquelques mots, chacun sur un bout de papier différent, que jeplierai et mettrai dans ma poche. Chaque jour, j’en tirerai unpour me réjouir. Nomades en fera partie.
Nomades, pour moi, estlié au désert du Sinaï où m’ontentraîné Agnès et Pierre pour des marchesméditatives. Il est donc tout à fait normal que je leurdédicace cet ouvrage – s’il existe un jour –que je le leur offre comme un voyageur du temps transmettrait àd’autres vo

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