Le Pays des Morts
152 pages
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Le Pays des Morts , livre ebook

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Description



À peine revenu dans les Quatre Terres, Almus apprend la mort de sa sœur. L’Ennemi l’a assassinée pour venger l’échec de ses plans. Anéanti, l’Élu se fait une promesse : il ramènera Tynia à la vie.


Premier obstacle de taille, comment entrer au pays des morts sans mourir ?


Et comment convaincre ses amis que son obstination à sauver sa sœur ne mettra pas Milnor en danger ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 février 2017
Nombre de lectures 1
EAN13 9782374534374
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Élu de Milnor
Tome 4 Le pays des morts
Sophie Moulay
Collection Les ados du Fou Les Éditions du 38
La prophétie
Lorsque la constellation du Géant entra dans la maison du Faucheur, nous, les sept Sages, gardiens de la magie de Milnor, étions sans nouvelles de notre Élu depuis plus de deux lunes. Il avait en effet entrepris, à notre instigation, de gagner l’empire hargor pour contrecarrer les plans de son empereur despotique, un sous-fifre de l’Ennemi. La dernière missive de l’Élu faisait seulement état de son manque de liquidités. Son contenu laconique nous avait laissés de nouveau dans l’inquiétude la plus extrême.
Enfin, un magicien hargor favorable à notre cause nous fit parvenir un message qui nous rasséréna. Fort de l’éducation avisée que nous lui avions prodiguée, notre pupille s’était imprégné de tous les courants diplomatiques qui bruissaient autour de l’empereur Salifus III et avait tissé un complot subtil visant à renverser le tyrannique dirigeant. Hélas, sept fois hélas, sa jeunesse et son inexpérience le trahirent et il fut contraint de fuir.
Usant alors de tous les stratagèmes que nous lui avions inculqués, il parvint à retourner la situation à son avantage. Il invoqua un dragon et le lança contre les troupes impériales. Une fois le tyran vaincu, l’Élu sonda le cœur des prétendants au trône afin d’y chercher les qualités nécessaires à un bon dirigeant, ainsi que nous le lui avions appris, et les trouva chez un vague parent du monarque déchu.
Investi de toute l’autorité des gardiens de la magie de Milnor, il plaça celui-ci sur le trône vacant, puis s’en revint dans les Quatre Terres. Mais la rancœur qu’il nourrissait injustement à notre égard l’aveuglait toujours et l’incita à retarder le moment où il reprendrait ses études, pourtant indispensables à la survie de Milnor. Il ne put donc rentrer à temps pour sauver sa jeune sœur des griffes de l’Ennemi. Nous, les sept Sages, suppliâmes alors l’Élu de rallier Obélane, car nous savions combien étaient grands son chagrin et sa culpabilité, et nous nous tenions prêts à le réconforter.
Hélas, sept fois hélas, là encore, il ignora nos précieux conseils et gagna Milguen, première étape de sa futile entreprise pour ramener l’âme de sa sœur.

Extrait des Chroniques de l’Élu , par le Sage Santos.
1. Milguen
L’esprit ailleurs, Almus trébucha sur le seuil de la porte. Fort heureusement, Pil le retint par le coude et lui épargna une humiliation.
Tu n’as rien ? chuchota l’ancien voleur.
L’Élu secoua la tête et se concentra. Ce n’était ni le lieu ni le moment de rêvasser. En effet, il avançait dans la salle du Conseil, sous le regard empreint de curiosité de l’Intouchable. À cette distance, difficile de dire à quoi ressemblait la figure de proue de la foi sytale, engoncée dans des aunes de soie couleur crème. Sur ses épaules menues glissaient des cheveux châtains au lustre brillant. Comme ceux de Tynia, songea l’adolescent, soudain submergé par une intense douleur.

Trois jours ! Trois jours s’étaient écoulés depuis qu’il avait appris le meurtre de sa sœur, perpétré par l’un des sbires de l’Ennemi. Passés le premier choc et sa folle promesse de ramener Tynia du pays des morts, Almus s’était assez ressaisi pour exiger des détails de la part des Sages, par magicien messager interposé. Almus et ses amis avaient contrecarré les plans de l’Ennemi en renversant Salifus. Leur adversaire s’était vengé en ordonnant l’exécution de Tynia, douze ans seulement. Higo, l’intendant du château de Varsh, en qui le duc avait entière confiance et que Tynia méprisait souverainement, Higo, ce traître obscur en quête d’un haut fait, avait empoisonné la jeune fille et s’était enfui sitôt sa sinistre besogne accomplie.
Almus imaginait sans mal la mine affligée de sa mère tandis que brûlait le corps de son enfant disposée les mains sur les épaules sur le bûcher, conformément à la foi sytale que le duc avait récemment embrassée. Que n’avait-il pu assister aux funérailles, aux côtés de ses parents dont il aurait partagé la peine ?
Afin d’atténuer sa souffrance, l’adolescent s’était jeté corps et âme dans la réalisation de son projet, d’une simplicité presque enfantine : se rendre au pays des morts et en ramener sa sœur. En premier, il lui fallait se présenter au roi arvien, Ramor VII, pour lui demander l’accès à la bibliothèque royale. Une chose en entraînant une autre, le monarque avait tenu à lui faire rencontrer Sytal, la jeune fille qui devait préparer les âmes aux bouleversements que la bataille contre l’Ennemi ne manquerait pas d’occasionner.
Voilà comment, au lieu de se documenter et de peaufiner ses plans, Almus devait parader une fois de plus dans de beaux atours, gracieusement prêtés par l’intendant du roi Ramor.

D’une légère inclinaison du buste, l’Élu salua l’Intouchable. Ses amis se fendirent d’une révérence plus profonde. La jeune Arvienne se contenta d’un signe de tête guindé qui mit Almus en rage, sans qu’il sache très bien pourquoi. Se croyait-elle supérieure à lui, cette Intouchable qui passait ses journées en sécurité dans la salle du Conseil, alors que lui parcourait Milnor pour lutter pied à pied contre l’Ennemi et y perdait des proches ? N’avait-elle pas conscience du cadeau que ses prêtres lui avaient fait en lui interdisant tout amour ? Au moins n’aurait-elle jamais à souffrir de la disparition de quiconque ! Elle n’était même pas belle, cette bêcheuse, juste solennelle. Puis Sytal aperçut Farceur derrière Almus. Son visage pâle et délicat se colora imperceptiblement. Ses yeux gris s’arrondirent, tant de surprise que d’émerveillement. Alors, l’Élu perçut l’être humain sous la gangue de solitude et sa colère s’effaça devant une compassion sincère : comment avait-il pu envier Sytal de n’avoir jamais aimé ? N’étaient-ce pas l’amitié et l’amour qui faisaient la richesse d’une vie, ces sentiments dont la jeune Arvienne était privée depuis dix-huit ans ?
Oublieuse du protocole, l’Intouchable désigna Farceur.
Qu’est-ce donc ? Cela ne ressemble à rien de ce que je connais.
Il s’agit d’un griffon, mi-aigle, mi-lion. Il s’appelle Farceur. Il est très doux. Et voici mes amis, continua l’adolescent, Mira, Pil et…
Les ennuis commencent, songea Almus à la vue du visage de Noir-Cœur. En d’autres temps, lorsqu’il parlait de Dame Rebba, son premier amour, l’assassin affichait la même expression d’extase et de dévotion.
… Noir-Cœur ! grinça Almus.
La collision de Milnor avec sa lune n’aurait pu détourner l’attention de l’assassin, focalisé sur Sytal. Une armée de prêtres se tenait en retrait. Ils débattaient à voix basse d’un cas d’école inédit : si l’Intouchable caressait le griffon, faudrait-il ensuite le mettre à mort ?
Sytal parut se rendre compte des conséquences qu’un geste inconsidéré de sa part risquait d’engendrer. Elle s’adossa à son trône garni de coussins. Lorsqu’elle reprit la parole, elle avait presque retrouvé sa solennité coutumière.
Soyez les bienvenus et puissent vos âmes être sauvées ! entonna-t-elle selon la formule rituelle propre à la foi sytale.
Désappointés de n’avoir pu trancher le cas de Farceur, les prêtres psalmodièrent en chœur.
Soyez les bienvenus et puissent vos âmes être sauvées !
Almus murmura un remerciement convenu. Noir-Cœur se lança à l’assaut de l’Intouchable.
Ô ma Dame, point n’est besoin de s’occuper de nos âmes à présent que nous sommes ici, sous votre estimée protection. Les longues heures de cheval ne sont rien en regard de l’honneur que vous nous accordez en nous recevant parmi vos ardents défenseurs de la foi.
L’ennui gagnait le visage de l’Intouchable. Elle profita de ce que Noir-Cœur reprenait sa respiration pour s’adresser à Almus.
N’est-il pas amusant que nous nous rencontrions enfin ? Vous, dont la tâche est de préserver Milnor d’un danger physique et moi, chargée de la partie spirituelle de votre combat contre l’Ennemi. Vous la vie, moi la mort.
Que répondre à ce cruel écho de l’assassinat de Tynia ? À la vue du visage de l’Élu qui se décomposait, la malheureuse Intouchable réalisa qu’elle venait d’avoir une parole maladroite. Ses yeux reflétèrent une telle détresse qu’Almus ne put lui en vouloir. La jeune Arvienne semblait désireuse de s’attirer les bonnes grâces de ce groupe bigarré d’adolescents. Ses prêtres, plus geôliers que religieux, ne l’entendaient toutefois pas de cette oreille.
La très sainte Intouchable n’a pu dégager que quelques minutes dans son emploi du temps surchargé. Nous sommes certains qu’elle aurait aimé débattre avec vous de vos missions respectives, mais hélas, le salut de millions d’âmes ne peut attendre.

Quelle splendeur ! s’exclama Noir-Cœur sitôt sorti de la salle du Conseil. Quelle maturité !
Toi, tu es amoureux ! le taquina Pil.
À presque douze ans, l’ancien voleur n’était guère pressé d’expérimenter lui-même la chose. L’assassin vira au rouge brique.
Pas du tout ! Vous êtes incroyables ! On ne peut pas trouver de qualités à une fille sans en être amoureux, c’est cela ?
De toutes les filles au monde, il a fallu que tu t’éprennes de l’Intouchable, soupira Almus. Tu aimes la difficulté, c’est le moins que l’on puisse dire. Mira, qu’en penses-tu ?
Noir-Cœur, tu me surprendras toujours, répondit-elle, acide. Il t’arrive de leur parler avant d’en tomber amoureux ?
Ces mots, si vrais, arrachèrent un bref sourire aux adolescents. Autrefois, ils en auraient fait des gorges chaudes. C’était avant le meurtre de Tynia, à une époque où il régnait entre eux une entente parfaite. Depuis cet événement tragique, Mira se murait dans un silence obstiné que Noir-Cœur mettait à profit pour essayer de détourner Almus de son projet insensé. Combien de fois en trois jours l’assassin lui avait-il répété que la mort était un état irréversible et que, pour le bien de Milnor, il fallait aller de l’avant ? Seul Pil soutenait Almus dans son entreprise, persuadé que l’Élu pouvait déplacer des montagnes ; un voyage au pays des morts n’était alors qu’une formalité ! À condition

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