La lecture à portée de main
106
pages
Français
Ebooks
2013
Écrit par
Sonia Sarfati
Publié par
Québec Amérique
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Ebook
2013
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Publié par
Date de parution
07 octobre 2013
Nombre de lectures
4
EAN13
9782764422687
Langue
Français
Publié par
Date de parution
07 octobre 2013
Nombre de lectures
4
EAN13
9782764422687
Langue
Français
ROCK DEMERS PRÉSENTE
CONTES POUR TOUS
De la même auteure chez Québec Amérique
Pour les jeunes :
Le Pari d’Agathe , Coll. Gulliver, 1988.
Sauvetages , 1989.
Mon petit diable , coll. Contes pour tous, 2002.
MON PETIT DIABLE
Données de catalogage avant publication (Canada)
Sarfati, Sonia
Mon petit diable
(Collection Contes pour tous ; 18)
Pour enfants de 7 à 13 ans.
ISBN 978-2-7644-0195-8 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2267-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2268-7 (EPUB)
I. Titre. II. Collection.
PS8587.A376M66 2002 jC843’.54 C2002-941707-4
PS9587.A376M66 2002
PZ23.S27Mo 2002
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
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Québec Amérique
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©2002 Les Éditions Québec Amérique inc.
©2002 Éditions La Fête
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www.lafete.com
Dépôt légal : 4 e trimestre 2002
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Chansons en français : Serge Fiori et Majoly
Révision linguistique : Andrée Laprise
Mise en pages : Andréa Joseph [P AGE X PRESS]
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Pour toute question technique au sujet de ce ePub :
service@studioc1c4.com
© 2002 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
MON PETIT DIABLE
SONIA SARFATI
ROMAN
Tiré du scénario de
Gopi Desai
Produit par
Rock Demers et National Film Development Corporation of India
Photos par
Nayan Dave Umesh
Dans la même collection
Contes pour tous
1 LA GUERRE DES TUQUES Danyèle Patenaude et Roger Cantin
2 OPÉRATION BEURRE DE PINOTTES Micheal Rubbo
3 BACH ET BOTTINE Bernadette Renaud
4 LE JEUNE MAGICIEN Viviane Julien
5 C’EST PAS PARCE QU’ON EST PETIT QU’ON PEUT PAS ÊTRE GRAND Viviane Julien
6 LA GRENOUILLE ET LA BALEINE Viviane Julien
7 LES AVENTURIERS DU TIMBRE PERDU Micheal Rubbo
8 FIERRO… L’ÉTÉ DES SECRETS Viviane Julien
9 BYE BYE CHAPERON ROUGE Viviane Julien
10 PAS DE RÉPIT POUR MÉLANIE Stella Goulet
11 VINCENT ET MOI Micheal Rubbo
12 LA CHAMPIONNE Viviane Julien
13 TIRELIRE COMBINES ET CIE Jacques A. Desjardins
14 DANGER PLEINE LUNE Viviane Julien
15 LE RETOUR DES AVENTURIERS DU TIMBRE PERDU Viviane Julien
16 VIENS DANSER… SUR LA LUNE Viviane Julien
17 LA FORTERESSE SUSPENDUE Roger Cantin
18 MON PETIT DIABLE Sonia Sarfati
19 RÉGINA ! Patrick Leimgruber
Sélection « Club la Fête »
LE MARTIEN DE NOËL Roch Carrier
Parce qu’enfance ne devrait jamais rimer avec souffrance.
S ONIA S ARFATI
Le scénario de Mon petit diable est basé sur un incident raconté dans le roman Lohi No Sambandh a Rekha Chitra , où l’auteur, Joseph Macwan, évoque ses mémoires de jeunesse. La réalisatrice Gopi Desai, charmée par le récit, y a mêlé des éléments de sa propre enfance puisqu’elle a fréquenté une école dirigée par des missionnaires.
Aujourd’hui
Un train arrive dans la petite gare. Sur le quai, un groupe d’hommes attend en buvant du thé. Ils discutent amicalement, rient. Le regard observateur de l’un d’eux, celui qui porte un sac en bandoulière sur la tunique rouge tombant sur ses jeans, s’attarde sur les passagers qui descendent des wagons. Puis sur les employés de la compagnie de chemin de fer, vêtus de la tenue bleue usuelle.
Le conducteur est le dernier à quitter la locomotive. Il est grand. Sa peau est sombre. Sa démarche a quelque chose de félin. Le jeune homme en rouge remarque tout cela. Sourcille. Suit des yeux la main de l’homme qui s’empare de la tasse de thé tendue par quelqu’un. Une tasse qu’il porte à ses lèvres avec la rapidité de ceux qui, un jour, ont connu la soif. La vraie soif. Compagne de la vraie faim.
À cette pensée, un nuage passe dans les yeux jusqu’ici rieurs de l’homme. Un regard dont, bientôt, le conducteur du train sent le poids. Il se tourne. Aperçoit l’autre. L’observe avec attention. Hésite. Tous deux hésitent. Soudain, le déclic se fait.
Et le temps commence à remonter.
Il y a vingt ans…
Chapitre 1 La coupure
Il s’appelle Joseph Ignas. Ses amis l’appellent Jessya. Pourquoi ? Il n’a pas posé la question. Il ne pose pas de questions, Joseph Ignas. Jessya. Son père lui a dit qu’à son âge, mieux vaut écouter. Alors, il écoute. Les questions, il les place quelque part dans sa tête. Il les amasse, tel un écureuil faisant des provisions.
Un jour, il aura assez écouté. Il espère que quelqu’un l’avertira. Son père, peut-être, même s’il en doute. Et ce jour-là, Joseph posera toutes les questions qu’il a soigneusement entreposées dans sa mémoire. Il faudra des jours et des jours, ou peut-être des semaines ou des mois, pour que chaque point d’interrogation trouve sa réponse. Pourtant, Joseph n’a que dix ans. Dix ans et tant de questions !
Aucune toutefois n’a plus d’importance que celle qui lui monte au cœur aujourd’hui. Car dans quelques heures, Joseph quittera son village. À cause d’événements dont il ne veut pas parler. Pas encore. Pas tout de suite. Certaines choses font trop mal pour pouvoir franchir les lèvres. Les mots pourraient se mettre à saigner. Chut ! Il parlera quand il le pourra. Cela viendra bientôt.
En attendant, il y a le départ. Partir ainsi, c’est comme fermer une porte sans avoir le droit d’emporter la clé.
Les pieds pendant dans le vide, assis à l’entrée de la petite grotte qui s’ouvre dans les collines rocheuses dominant son village, Joseph regarde. Il remplit ses yeux et son âme du paysage familier et aimé.
Le village de Joseph se nomme Ode. Il est situé au Gujarat, qui n’est pas un pays mais un État 1 . Une sorte de province. Le pays de Joseph s’appelle l’Inde. Un pays en forme de triangle à l’envers dont la base, au nord, s’appuie sur l’Himalaya et dont la pointe plonge dans l’océan Indien.
Cela, Joseph l’ignore. Tout ce qu’il connaît de son pays, c’est Ode.
Ode. S’il parlait français, Joseph saurait que ce mot signifie poème. Ou chanson. Ce nom va bien au village. Les cris des perroquets se mêlent à ceux des paons et des moineaux. L’eau qui court dans les canaux glougloute. Les cloches qui pendent au cou des chèvres et des vaches tintinnabulent. Et puis, il y a le claquement des billes les unes contre les autres quand, après avoir roulé sur la terre ocre sous l’impulsion d’une chiquenaude, elles se heurtent les unes aux autres. Clac ! Et clac ! encore.
À cette pensée, Joseph porte la main à sa poche. Il sent sous ses doigts l’arrondi des petites sphères de verre. Elles sont nombreuses. Plus qu’hier. Ce matin, il en a gagné une douzaine. Il avait une rage. Une rage de tout, qui s’est muée en celle de gagner. Joseph est ainsi. Quand les émotions se bousculent et qu’elles cognent en lui telles des billes plus grosses que des noix de coco, la colère monte. Parfois, il fait des bêtises. De plus en plus souvent. Avant, cela était plus rare. Parce qu’avant, il y avait…
Non. Pas encore. Il ne veut pas y penser. Ne peut pas. Il serre seulement la médaille qui tient à son cou par un mince lacet de cuir. Il ferme les yeux en même temps que ses doigts sur le métal. Il respire fort. La douleur s’endort. Pour un moment. Bientôt, Joseph peut rouvrir les yeux. Et caresser de nouveau du regard les petites maisons faites de planches ou de briques, avec leur toit de tuiles roses ou de tôle ondulée. Ode. Ode qui, soudain, semble l’appeler.
Aujourd’hui plus que jamais, il répond au village, son village, dont les rues sont autant de bras tendus vers lui. Il court à Ode. Petit garçon sur le sentier poussiéreux. Chant joyeux des billes qui s’entrechoquent dans la poche du pantalon de toile. Pierres roulant sous les chappals 2 . Joseph rentre chez lui.
Jessya !
Joseph s’immobilise. Regarde à droite, à gauche.
Jessya ! reprend la voix.
C’est celle de Magan. Joseph sait d’où elle vient. Il pourrait, maintenant, rejoindre Magan les yeux fermés. Son ami… non, son meilleur ami, à l’