L homme-phalène
146 pages
Français

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Description

À Québec et dans sa banlieue, des manifestations étranges sont rapportées par plusieurs, si bien que le journaliste Félix Saint-Clair, lui-même témoin d’un curieux phénomène, ne tarde pas à être chargé de l’affaire par son supérieur. Les choses se compliquent lorsque les apparitions d’un oiseau géant sont suivies d’accidents aussi tragiques qu’inexplicables.
Bien malgré lui, mais d’une manière qui ne lui laisse aucun choix, Félix devient acteur dans une équipée où il n’aspirait qu’à un rôle de figurant et sous laquelle des enjeux rien moins que planétaires se profilent.
L’homme-phalène est une œuvre de fiction inspirée de personnages et de phénomènes réels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 septembre 2013
Nombre de lectures 22
EAN13 9782894359020
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean-Nicholas Vachon
Infographie : Marie-Ève Boisvert, Éd. Michel Quintin
Conversion au format ePub : Studio C1C4

La publication de cet ouvrage a été réalisée grâce au soutien financier du Conseil des Arts du Canada et de la SODEC.
De plus, les Éditions Michel Quintin reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

ISBN 978-2-89435-902-0 (version ePub)
ISBN 978-2-89435-669-2 (version imprimée)

© Copyright 2013

Éditions Michel Quintin
4770, rue Foster, Waterloo (Québec)
Canada J0E 2N0
Tél. : 450 539-3774
Téléc. : 450 539-4905
editionsmichelquintin.ca
1
Télégraphe de Québec, 10 h 17

C’est peut-être un peu stupide, mais je deviens nerveux chaque fois que le nom du rédacteur en chef s’affiche sur le téléphone de mon poste de travail. Je redoute son impatience chronique, son ton cassant et les remarques acerbes qu’il sert trop souvent à ses journalistes.
— Vous travaillez sur quoi, Saint-Clair?
Pas de bonjour, pas d’entrée en matière! Le patron va toujours droit au but et évite systématiquement de parler d’autre chose que du boulot ou de l’actualité.
— J’écris un entrefilet sur le bateau de croisière qui a eu du mal à accoster au port de Québec, tôt ce matin.
J’essaie de faire preuve d’entrain, de me montrer énergique, mais je n’éprouve aucun plaisir à écrire sur un tel fait divers.
— Refilez votre papier au stagiaire, lance-t-il, bourru. Je crois que j’ai quelque chose de mieux pour vous.
— De quoi s’agit-il?
— Claudia vient de me transférer l’appel d’un drôle d’oiseau. Il raconte un tas de choses bizarres. Il semble au bord de l’hystérie et n’arrête pas de répéter qu’un grand malheur va survenir. J’ai tout de suite pensé à vous.
Étant donné le caractère incongru de l’événement, je ne suis pas certain qu’il s’agit d’un compliment, mais je suis tout de même flatté que le rédacteur en chef ait pensé à moi. Surtout qu’il ajoute :
— Vos articles sur les événements survenus à Stoneham le mois dernier ont beaucoup fait jaser, et ça, c’est excellent pour le Télégraphe . Je ne sais pas s’il y a quelque chose à tirer de l’hurluberlu qui est toujours au bout du fil, mais je compte sur vous pour le cuisiner. Je vous le passe.
Quelques cliquetis et un désagréable grésillement me confirment que je suis maintenant en communication avec l’étrange personnage.
— Félix Saint-Clair! Que puis-je faire pour vous? dis-je le plus posément possible.
— Vous êtes journaliste?
La voix est résolument masculine, quoique haut perchée. Mon interlocuteur a le souffle court et, bien qu’il ait jusqu’à présent très peu parlé, je constate que la ligne est mauvaise.
— Oui, je suis journaliste. Je peux savoir votre nom?
— Olivier…
— Qu’est-ce qui vous arrive, Olivier?
— Quelque chose d’affreux va se produire!
— Pourquoi dites-vous ça?
La respiration chuintante de mon interlocuteur trahit sa grande nervosité. J’incline la tête pour coincer le combiné entre ma tête et mon épaule, afin d’attraper un crayon et une feuille de papier. Je griffonne rapidement son prénom et, comme l’homme ne dit plus rien, je dois répéter ma question, ce que je fais avec une certaine fermeté.
— Pourquoi dites-vous qu’un malheur doit arriver?
Mon interlocuteur essaie de parler, mais les mots se coincent dans sa gorge. Il exhale bruyamment son souffle et se met à toussoter.
— Il me l’a dit, finit-il par articuler.
— Qui ça?
— Je ne connais pas son nom, mais il ne cesse de téléphoner chez moi.
— J’ai besoin de comprendre ce qui vous arrive, Olivier, dis-je en déposant mon crayon. Je dois aussi savoir ce que vous attendez de moi.
Sur la ligne, la friture devient presque insupportable et un bruit strident me force à éloigner le téléphone de mon oreille. À ce moment, mon ami Julien, son crâne glabre, son sourire ravageur et ses épaules de footballeur apparaissent devant moi. Il fronce les sourcils en remarquant la grimace que je fais en fixant l’appareil.
— C’est compliqué, affirme Olivier quand les grésillements s’espacent.
— Si vous commenciez par le début?
— Si je vous raconte tout, vous ne me croirez pas.
La ligne coupe, puis revient aussitôt, accompagnée d’un bruit qui me rappelle celui d’une lime qui s’attaque à un bout de métal.
— Je vous entends très mal, dis-je, excédé par les incessants bruits de fond qui perturbent la communication. Où êtes-vous, Olivier?
— Je suis chez moi.
— Et, chez vous, où est-ce?
— À Wendake…
D’un geste impatient, j’ordonne à Julien de décamper, mais il ne bouge pas. Il continue à écouter mes répliques. Après lui avoir adressé une grimace tout à fait immature, je pivote brusquement et ma chaise proteste en grinçant. Il ne manquait que ça! Je me dis alors que j’en ai vraiment assez des bruits perturbateurs.
— Si vous m’en dites plus, je souhaiterai peut-être vous rencontrer.
La respiration d’Olivier devient franchement saccadée. Si je ne le devinais pas aussi nerveux, je croirais qu’il me parle en faisant son jogging.
— Je vous ai déjà tout dit! s’emporte l’homme d’une voix criarde. Il appelle chez moi sans arrêt! J’en ai assez! J’en ai assez!
— Si quelqu’un vous harcèle, vous devriez appeler la police, pas un journaliste, dis-je, pragmatique.
— Vous ne comprenez rien, souffle l’homme. Les appels ont commencé après que nous avons vu cette chose…
On jurerait que mon interlocuteur se plaît à tenir un discours incohérent. Il saute du coq à l’âne et se montre très avare de détails. Il tient surtout pour acquis que je connais le sujet dont il souhaite m’entretenir et juge inutile de raconter son histoire à partir du début. Je commence à craindre de décevoir mon patron et de bientôt devoir reprendre mon papier sur le fastidieux amarrage.
— Qu’avez-vous vu?
Intrigué, Julien pénètre dans mon espace de travail, contourne mon bureau et se place en face de moi. Il m’observe d’un œil scrutateur qui m’irrite au plus haut point. Je lui décoche un regard assassin, pointe la sortie d’un index rageur et enfonce la tête dans mes épaules. Julien ne bouge pas et continue de me regarder comme un prédateur qui guette le moment opportun pour se jeter sur sa proie. N’osant détacher mon attention de la conversation qui m’occupe, je décide d’ignorer l’étrange comportement de mon ami.
— Olivier, dites-moi ce que vous avez vu, dis-je tout bas.
À l’autre bout du fil, l’homme hoquette. Son émotion me paraît si intense que je m’attends à ce qu’il raccroche à n’importe quel moment. À mon grand étonnement, il reprend la parole.
— Je ne sais pas ce que c’était. Un oiseau, peut-être une bête…
— Vous avez vu quelque chose, ou pas? dis-je avec impatience.
— C’est difficile à dire, il faisait nuit. Mais il y a cette image qui reste gravée dans ma mémoire…
— Et qu’est-ce que c’est?
— Ses terribles yeux rouges.
2
Télégraphe de Québec, 10 h 28

— Qu’est-ce que tu as à l’œil? me demande Julien dès que je raccroche le combiné.
— Je n’ai rien, dis-je sèchement en griffonnant sur ma feuille de papier.
— Il y a longtemps que tu as contemplé ton reflet, Narcisse?
— Très drôle! Un vrai sac à blagues!
Je n’ai pas de miroir sous la main, je suis soudain pressé, mon humeur s’est étrangement assombrie, mais les propos de Julien piquent ma curiosité. J’attrape mon iPhone, le place devant mon visage et actionne la caméra vidéo. L’image qu’il me renvoie me fait sursauter. Une veine a s

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