Alfred de Vigny et son temps : 1797-1863
213 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Alfred de Vigny et son temps : 1797-1863 , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
213 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Extrait : "Alfred de Vigny qui dans son Journal s'est étendu si longtemps sur la généalogie et les parchemins de la famille de son père, n'a rien dit ou presque rien des origines et des titres de noblesse de sa famille maternelle. C'est à peine s'il consacre dix lignes à son aïeul, le vénérable marquis de Baraudin, qui fut chef d'escadre dans la marine de Louis XVI. Encore est-ce uniquement pour nous apprendre que « ce vieux capitaine de dix vaisseaux, que les combats... »" À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 57
EAN13 9782335054927
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335054927

 
©Ligaran 2015

Lettre-Préface

à M. HENRY FERRARI
Directeur de la Revue Bleue
  Mon cher ami,

Personne ne s’étonnera que je vous dédie ce livre : il est à vous autant qu’à moi, car peut-être serait-il encore au fond de mon encrier si, après avoir publié dans la Revue Bleue les chapitres qui ont trait aux amours d’Alfred de Vigny, vous ne m’aviez engagé à vous en donner quelques autres sur ses amitiés littéraires. À la vérité, j’y pensais depuis longtemps ; je le portais en moi depuis que j’avais cru m’apercevoir que Vigny, comme penseur et comme chrétien, était de la lignée des « Derniers Jansénistes », mais plus j’y réfléchissais, moins je savais par quel bout le prendre.
Tout avait été dit ou à peu près par Sainte-Beuve, Jules Janin, Th. Gautier, et plus récemment par MM. Brunetière, Emile Faguet, Jules Lemaître, sur le poète, le romancier, le philosophe, le dramaturge d’occasion que fût de Vigny. Il eût été oiseux et prétentieux d’y revenir. Restait l’homme privé, en robe de chambre et en pantoufles. Encore avait-il été l’objet d’un commencement d’étude de la part de M. Louis Ratisbonne et de M. Maurice Paléologue. Mais le premier, en publiant le Journal d’un Poète , n’avait fait qu’entrebâiller la porte de la fameuse « tour d’ivoire », et le second ne connaissait, quand son livre parut, ni l’ Histoire d’une Âme , ni les lettres de Vigny à sa cousine du Plessis, à M lle Maunoir, à Bungener et autres, ni les détails circonstanciés de sa fin douloureuse.
La vie de l’auteur des Destinées était donc encore à écrire ou tout au moins à mettre à jour. C’est à ce dernier parti que je m’arrêtai, estimant que l’homme et son œuvre, alors même que, selon l’expression de Vigny, aucun de ses poèmes n’aurait dit toute son âme, forment un tout indivisible, et que pour porter un jugement définitif sur un écrivain qui a mis beaucoup de son sang dans ses livres, il est indispensable de connaître le fonds et le tréfonds de sa vie privée. Et qu’on ne se récrie pas ! je sais tous les inconvénients du genre et qu’on ne doit pas, comme dit Montaigne, « guetter les grands hommes aux petites choses. » Mais il y a des petites choses qui sont de véritables traits de caractère, et c’est pour cela même que j’en ai relevé un certain nombre dans les chapitres où je me suis occupé des rapports de Victor Hugo et de Sainte-Beuve avec Alfred de Vigny. Je ne crois pas, d’ailleurs, avoir excédé mon droit de critique en promenant ma lanterne sourde dans les coins les plus mystérieux de la vie du poète et, si j’ai pénétré jusque dans son alcôve, j’ai fait en sorte de ne dire que ce qu’il fallait dire. Je n’ai point voulu spéculer sur les faiblesses de l’homme, encore moins diminuer le prestige du dieu. Je n’ai agi que dans l’intérêt de la vérité. Pourtant je mentirais en disant que je n’ai éprouvé aucune jouissance à découvrir dans la vie d’Alfred de Vigny ce qu’il avait pris tant de soin de nous cacher. La curiosité et l’indiscrétion ne sont pas des péchés purement féminins ; c’est également, le moindre défaut du critique qui veut être bien averti, et je confesse que de ce chef mon livre n’est pas exempt de reproche, mais on reconnaîtra, j’espère, que je n’ai pas poussé l’indiscrétion jusqu’au scandale et qu’en somme Alfred de Vigny sort à son honneur et à son avantage de l’épreuve analytique à laquelle je l’ai soumis.
Il écrivait un jour à Sainte-Beuve, au début de leurs relations, qu’il avait « créé une critique haute qui lui appartenait en propre et que sa manière de passer de l’homme à l’œuvre et de chercher dans ses entrailles le genre de ses productions, était une source intarissable l’aperçus nouveaux et de vues profondes ». Eh bien ! dans ce livre comme dans ceux qui l’ont précédé, je me suis inspiré de la méthode que Sainte-Beuve a expérimentée avec tant de bonheur dans son Port-Royal et dans ses Lundis . J’ai appliqué à ma critique littéraire les principes mêmes de la critique historique. Je n’ai rien avancé que je ne pusse prouver. Je suis allé, aussi moi, de l’homme à l’œuvre. J’ai commencé par m’enquérir des origines maternelles du poète, et l’on verra que cette enquête n’était pas inutile. J’ai cherché ensuite autour de Vigny les femmes qu’il avait aimées, les hommes qu’il avait fréquentés, les milieux qu’il avait traversés, les livres qu’il avait lus, les influences diverses qu’il avait exercées ou subies, les causes et les effets de ses liaisons et de ses ruptures. Après avoir visité sa ville et sa maison natales, j’ai voulu voir la thébaïde où il s’était renfermé quatre ans durant, après les journées de Juin, et d’où sont sorties les Destinées . Je me suis appliqué à lire dans son âme par-delà le blanc et le noir des pages de sa grande écriture, à démêler dans sa correspondance le sentiment précis, l’idée maîtresse, l’état d’esprit dans lesquels il avait conçu et écrit certains de ses ouvrages. Et j’ai reconstitué ainsi, du commencement à la fin, sa vie morale et intellectuelle, en ayant soin d’éviter l’écueil où. Sainte-Beuve échoua souvent et qui consiste à battre l’homme sur le dos de l’œuvre.
Mais que de fois, pendant que j’écrivais tel ou tel chapitre, ne me suis-je pas dit : « Si Sainte-Beuve avait connu cette lettre et ce document, quel parti il en aurait tiré ! C’est que véritablement il n’y a que lui pour s’entendre à déshabiller les gens et à mettre leur âme à nu ! Quand il eut publié son livre sur Chateaubriand et son groupe littéraire , il mandait à un ami : « J’ai tenu à mesurer exactement l’écrivain et à le maintenir plus grand qu’aucun de notre âge. Quant à l’homme, je lui ai tiré le masque avec quelque plaisir, je l’avoue . » Après cela je suis sûr que, s’il avait connu les lettres de Vigny à M me Dorval, s’il en avait tenu les originaux dans ses mains, il aurait éprouvé le même plaisir à lui tirer le masque, à lui aussi. Et cependant, lorsqu’on les lira, m’est avis que, loin de se retourner contre lui, ces lettres plaideront plutôt en sa faveur. Ce fut la première impression que j’éprouvai chez M. Bégis, lorsque l’érudit collectionneur me permit d’en prendre copie dans son cabinet. C’est également celle que je me suis efforcé de rendre. Qu’on ne me reproche donc pas d’avoir publié ces lettres ! en conscience, je crois avoir servi plutôt qu’offensé la mémoire du poète, car il n’y a pas d’intrigue amoureuse qui ait donné lieu à plus de racontars désobligeants, et c’est tout juste si, sous le manteau de certaines cheminées littéraires, on n’accusait pas Vigny d’avoir fermé les yeux pour ne pas voir la honte dont, à un certain moment, sa maîtresse infidèle le couvrit au grand jour. Pauvre femme ! Dieu me garde de lui jeter la pierre ! la nature lui avait donné des sens que ne purent jamais dominer le cœur qui était bon, ni l’esprit qui allait parfois aussi haut que son art. Et il doit lui être beaucoup pardonné, non seulement parce qu’elle a beaucoup aimé, mais parce que, si elle fit le malheur de Vigny, elle fit de lui aussi un très grand poète. Qui sait, en effet, s’il eût produit, sans le baiser de cette Melpomène romantique, et Quille pour la peur et Chatterton et les merveilleuses pièces des Destinées ! En tout cas, il est certain qu’il n’eût jamais écrit la Colère de Samson , ce qui prouve une fois de plus que l’homme est inséparable de son œuvre et qu’à vouloir juger l’une sans connaître l’autre on risque de rendre des sentences susceptibles d’appel et de cassation.
Aussi bien, la passion de Vigny pour Dorval, bien qu’elle n’ait été qu’un accident dans sa vie, projette sur toute son existence une lumière qui peut servir de phare à l’historien.
Quand on regarde ce beau visage de marbre, ces beaux yeux d’un bleu tendre et dont la froideur calme semble le reflet d’une â

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents