Amun , livre ebook

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Non, les Amérindien·ne·s du Canada ne montent pas toutes et tous à cheval, ni ne vivent dans un tipi ou un un wigwam. Et, oui, beaucoup ont le français en partage, tel·le·s les dix auteur·e·s de ce recueil, d’origine indue, huronne-wendat, métisse et crie.


Au-delà de leur appartenance communautaire et quel que soit le chemin fictionnel emprunté, elles et ils poursuivent le même objectif : se réunir -amun, en langue innue, signifie « rassemblement » - pour qu’on accède, le temps d’une nouvelle, à des mondes inconnus de la plupart d’entre nous.


« Ce n’étaient pas des mondes parfaits. Mais c’étaient nos mondes », écrit Michel Jean qui a dirigé et contribué à ce florilège. Le ton paraît nostalgique ? Ne nous y méprenons pas : ces nouvelles sont la preuve que les cultures autochtones d’Amérique du Nord sont bel et bien vivantes, malgré les offenses qu’elles ont subies - et subissent encore. Sur la plage de sable clair se distingue toujours nettement la poignée de terre rouge.

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Publié par

Date de parution

23 août 2019

Nombre de lectures

0

EAN13

9782902039081

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

À la lectrice, au lecteur
Le québécois est une langue. Ni un dialecte, ni un patois, une langue à part entière, très proche du français hexagonal. À l’ora l, selon les régions du vaste Québec où l’on se situe, les écarts syntaxiques et phonétiques vis-à-vis du français peuvent être plus ou m oins m arqués. En rev anche, à l’écrit, le québécois se distingue du français lexical de façon très m arginale. Aussi, il n’a pas été jugé utile d’encom brer le texte québécois d ’équivalents français, vous laissant le loisir de chem iner seul·e dans les char m ants m éandres d’une langue vivifiante, sans cesse réinventée. Avec, par fois, le risque délicieux de s’y perdre... Seules quelques notions propres à l’h istoire, à la culture et à la société du Québec feront l’objet, ici ou là, d’une note explicative. En ce qui concerne les ethnonym es autochtones, s’agissant d’u n processus actuel de réappropriation culturelle par celles et ceux qui, dans le passé, ont eu à souffrir de la façon dont les colons les nom m aient, nous avons choisi d’être le plus fidèle possible à la m anière dont les Autochto nes eux-m êm es se désignent en québécois : certains nom s propres s’ac cordent donc en genre et en nom bre (Innu·e·s), d’autres non (Inuit), selon l es usages en cours.
Éditeur
Amaury Levillayer, PhD
Réalisation éditoriale Joël Faucilhon — numérisation Marie-Laure Jouanno — réalisation des pages intérieures © Olivier Mazoué — création du cahier de couverture, illustration originale et logotypes
Amun a été publié par Les Éditions internationales Alain Stanké à Montréal en 2016. ISBN de l’édition originale : 978-2-7604-1194-4
© Éditions Dépaysage, 2019 70, rue Serpentine 85000 La Roche-sur-Yon www.editions-depaysage.fr
ISBN (papier) : 978-2-902039-02-9 ISBN (epub) : 978-2-902039-08-1
En application de la loi du 11 mars 1957 (article 41) et du code de la propriété er intellectuelle du 1 juillet 1992, toute reproduction partielle ou totale à usage collectif de la présente publication est strictement interdite sans autorisation expresse de l’éditeur. Il est rappelé à cet égard que l’usage abusif et collectif de la photocopie met en danger l’équilibre économique des circuits du livre.
AMUN Nouvelles
Sous la direction de Michel Jean
Joséphine Bacon Maya Cousineau-Mollen Naomi Fontaine Michel Jean Alyssa Jerome Natasha Kanapé Fontaine Melissa Mollen Dupuis Vriginia Pesemapeo Bordeleau Louis-Karl Picard-Sioui Jean Sioui
Introduction
-Michel Jean
utrefois, la vie était plus sim ple. Les règles du m onde qui avaient été A fixées bien avant notre arrivée nous perm ettaient d e m ener une existence à la fois hum ble et exigeante. U ne vie di ctée par ce qui nous entourait. Ceux qui habitaient la forêt chassaient ce qu’elle abritait – oiseaux, bêtes, poissons –, cueillaient les baies, les plantes et l eurs racines. Ceux qui avaient pour territoire les plaines poursuivaient les im m en ses troupeaux éternels. Les nations installées près de l’océan en vivaient ; depuis le Sud jusqu’au Grand Nord, elles s’en nourrissaient. C’était à nou s de nous adapter à la nature. Certains ont tendance à idéaliser le passé, m ais ce n’était pas un m onde parfait. Il y avait des disputes territoriales, Inn us contre Inuit, Mohawks contre Wendats, et ainsi de suite. Nous n’étions qu e des hum ains, pétris d’envies, de besoins, de désirs et de rêves. On garde souvent aujourd’hui l’im age d’un m onde fig é dans le tem ps et l’espace, alors que les sociétés m odernes sont perç ues com m e étant dynam iques. Pourtant, c’était un m onde en m ouvem ent perpétuel. Ainsi, m a fam ille, com m e les autres Pekuakam i-ulnua tsh (Innus de Mashteuiatsh), vivait selon le rythm e de la nature. Les clans passaient l’été sur les rives du Pekuakam i, qui agissait com m e un p oint de ralliem ent. C’était une saison facile. Le gibier était varié, le clim at clém ent. C’était pour les Innus la période des vacances, d’u ne certaine m anière, et elle cessait dès l’approche de l’autom ne, alors que toute la com m unauté se préparait pour le départ vers le territoire de chas se. Chaque fam ille avait le sien. Celui des Sim éon, auquel j’appartiens, qui s’appela it Atuk (Caribou) avant l’arrivée des prêtres blancs qui, avec leurs bibles , ont facilité l’appropriation du territoire et la colonisation, se trouvait dans un endroit qu’on nom m e les Passes dangereuses. Il fallait quitter Mashteuiatsh à la m i-août : d’ab ord contourner le lac jusqu’à l’em bouchure de la rivière Péribonka, puis entreprendre le long et ardu chem in qui consistait à rem onter le courant po ur atteindre la tête du lac où elle prend sa source. C’était une rivière im pétueuse qui com ptait de nom b reux rapides infranchissables avec les canots. Il fallait portag er, escalader des m ontagnes abruptes pour les éviter. Chacun portait sa charge, les plus petits com m e les plus vieux. Quand on arrivait aux Passes dangereuses, on instal lait le cam pem ent en prévision de l’hiver, et toute la fam ille s’y m etta it. Nous étions chez nous. C’était notre territoire et nous en tirions de la f ierté. Trouver de la nourriture en forêt représentait un t ravail quotidien auquel tous contribuaient. Les hom m es traquaient le gros g ibier très au nord. Les fem m es tendaient des collets pour le lièvre, chassa ient la perdrix autour du cam pem ent : on appelait ça la petite chasse. Elles entretenaient les tentes et s’occupaient des enfants. Aux prem ières chaleurs du printem ps, tous les Pekua kam iulnuatsh étaient heureux de redescendre vers Pekuakam i. Il fallait p réparer ce voyage avec soin. Laisser derrière ce qui pouvait l’être, em por ter le m inim um et les peaux, bien sûr, le butin d’un hiver de chasse et de trapp e dont la vente financerait la prochaine rem ontée en territoire. Au début de juin, les fam illes revenaient enfin sur les rives sablonneuses de Mashteuiatsh. La boucle était bouclée. U ne année avait passé. Après des m ois
d’une existence isolée, c’était pour tous l’heure d es retrouvailles, duamun. La vie am enait les fam illes à parcourir de grandes distances. Elles ne s’arrêtaient jam ais longtem ps. Ainsi vivaient les n om ades. Pour les Innus, ce m onde s’appelait Nitassinan. Pour les Cris, Eeyou I stchee, et pour les Abénaquis, Ndakinna, pour les Wendats, Nionwentsïo, et ainsi de suite. Ce n’étaient pas des m ondes parfaits. Mais c’étaient n os m ondes.
Tout cela a changé avec l’arrivée des Européens. La colonisation a im posé un nouveau cadre avec de nouvelles règles. Nous avo ns été dépossédés de nos terres, de notre m ode de vie et repoussés dans des réserves. Et m êm e là, les gouvernem ents ont refusé de nous laisser tranquille s. Les pensionnats autochtones, ferm és seulem ent à la fin du vingtièm e siècle, ont été créés pour assim iler de force les Prem ières Nations et les Inu it. Pendant plus d’une centaine d’années, on a retiré les enfants âgés de cinq ans à quinze ans à leur fam ille pour tenter de leur inculquer les valeurs o ccidentales, pour « tuer l’Indien » en eux. Les blessures laissées par les p ensionnats restent vives dans presque toutes les com m unautés. Aujourd’hui, la vie est m oins sim ple. Nous vivons e ncore sur des réserves qui, autrefois, constituaient des points de rassem b lem ent estivaux, et dont on ne part plus. Ceux qui les quittent habitent la vil le. Au fil des m ariages, ils se fondent peu à peu aux Blancs, com m e une poignée de terre rouge jetée sur une plage de sable clair.
Nous avons survécu pendant des m illénaires selon de s règles que nous avions acceptées. Et en quelques générations, il a fallu changer de vie. Cela n’a pas été facile et a créé beaucoup de douleur. Maint enant, nous vivons autrem ent. Mais l’esprit d’antan ne s’est jam ais ét eint. Les territoires sont toujours là. U n m onde m eilleur existe dans nos cœur s et le rêve de le retrouver est toujours vivant. U ne nouvelle générat ion d’Autochtones a repris le com bat, pour la reconnaissance de nos droits et pour une form e d’autodéterm ination à la fois politique et sociale. Certes, les problèm es sociaux m inent encore beaucoup de com m unautés, m ais nous fréquentons de plus en plus les collèges et les universités ; n ous devenons des acteurs de changem ent. Vers quel destin cela nous m ènera-t-il ? Personne ne le sait. Le livre que vous vous apprêtez à lire n’aurait pas pu exister il y a quarante ans, ni m êm e vingt ans ou dix ans. Les Prem ières Na tions ont toujours raconté leurs histoires. Longtem ps de vive voix, au tour du feu ; m aintenant, dans ces pages. Certaines des nouvelles qui form ent ce recueil parlent d’un tempsrévoluquiresteimportantpournouscarilsagitdenotrehistoire,celle qui n’a jam ais été racontée dans les livres, puisqu e, jusqu’à m aintenant, nous n’en écrivions pas ; d’autres exprim ent la réalité de la vie des Autochtones vivant en com m unauté ou en ville. Nous som m es parto ut, m êm e si on ne nous voit pas toujours.
Ce livre est un rassem blem ent, com m e autrefois, qua nd chacun partait de son territoire pour retrouver les siens au lieu fix é par tous : unamun.
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