Bloody Mary - Épisode 5

Rose Berryl

Description

Kryna est une jeune femme au lourd passé, une tueuse en série devenue vampire en voulant tuer un homme qu’elle pensait inoffensif. Incarcérée dans un asile psychiatrique pour avoir reconnu le meurtre de dizaines de personnes, elle se libérera de ses liens pour assouvir sa soif de sang frais.
Après dix ans d’emprisonnement, plongée dans une société qu’elle a quelque peu perdu de vue, elle exploitera ses nouvelles facultés pour remonter la hiérarchie vampirique dont elle est issue, aidée par un allié quelque peu atypique.

Sujets

• Littérature
• Vampire
• Fantasy
• Fiction
• Fantasy urbaine
• Bit lit

Informations

• Publié par: Editions du Petit Caveau
• Date de parution: 30 mai 2015
• Nombre de lectures: 8
• EAN13: 9782373420128
• Langue: Français

Extrait

Kryna

Episode 5 - Bloody Mary

Rose Berryl

Éditions du Petit Caveau - 100% numérique

Avertissement

Salutations sanguinaires à tous !

Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau.

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Episode 5 - Bloody Mary

― Je ne te permets aucun commentaire.

― Je trouve pourtant que cela vous va bien.

— Autant qu'un costume de clown sur un caniche.

— Ne soyez pas si mauvaise…

— Non, mais sérieusement. Un pantalon, un top et un flingue auraient largement suffi  !

— Pas pour ce type d'événements.

— Non, mais, mais… J'ai vraiment l'air ridicule là-dedans.

— Vous êtes très belle, rougit Quentin-Charles. Et cette perruque vous sied à ravir.

— Un postiche sur un épouvantail. Non, mais je rêve. En plus, ce corset de malheur me serre comme c'est pas permis. Je vais finir par être coupée en deux !

— Ne soyez pas si négative.

Quentin-Charles et moi-même remontions l'allée du manoir de la Comtesse Mary Embelyme, lorsque nous fûmes dépassés par une calèche, pourvue de quatre étalons aussi sombres que la nuit, ornés d'une encolure brodée de violet et de pourpre. Sur leur tête, deux plumes de couleur similaire flottaient au vent. Les bêtes refoulaient leur peine à gravir la côte abrupte. La demeure, aussi large que haute, inondait le parvis d'une multitude de rais de lumière chatoyante, apportant à l'architecture austère la douceur et la clarté d'un temple grec. Plusieurs piliers de marbre, agencés symétriquement autour d'une imposante porte pourvue de vitraux bleus et oranges , donnaient un aspect plus que monumental à la façade.

— Je sens que cet endroit va me rendre malade…

— Ne soyez pas défaitiste, Kryna. Il ne s'agit que d'un bal, après tout. Que peut-il nous arriver de si terrible ?

— Avec des vampires ? Pour être honnête, je n'en ai aucune idée.

— Tout va bien se passer, vous verrez.

— Ouais, pas si sûr.

Devant nous, un attroupement de vampires nous jeta un regard hautain et dédaigneux, tandis que nous parvenions à proximité de l'entrée.

— Je suis ridicule dans cet accoutrement !

— Absolument pas.

— Il n'y a qu'à voir la tête de ces imbéciles pour m'en persuader encore plus.

— Kryna, je vous en prie. Avant toute chose, cessez de tirer sur votre robe. On dirait qu'une nuée de fourmis vous attaque.

— Ça serait moins pire !

— S'il vous plaît…

— Comment font ces pétasses, coincées et si superficielles, pour porter ce genre de choses en permanence ? Je n'arrive même pas à bouger correctement !

— C'est étrange… coupa alors Quentin-Charles en fronçant les sourcils, les yeux levés vers l'entrée.

— Quoi encore ?

— J'ai l'impression de connaître cet endroit.

— Et ? T'as sûrement rêvé !

— Non. Je suis certain d'avoir déjà visité ce manoir par le passé . Et, honnêtement, cela ne me rassure pas.

Un vampire vint à notre rencontre. Ses manières, très efféminées pour sa carrure et sa corpulence, me firent rire aux éclats. Vexé, il m'adressa un regard des plus mauvais, avant d'être ramené à ses obligations par Quentin-Charles. Le geek lui tendit le document trouvé dans le bureau de William Maxkrondicks et ajouta, une pointe d'inquiétude dans la voix :

— Veuillez excuser ma compagne, elle supporte très mal les longs voyages.

— Je comprends… capitula-t-il à regrets , avant de nous remettre les invitations.

Il fit quelques pas dans le sens opposé au nôtre, et je pus l'entendre murmurer, d'une voix rageuse : « Et puisse le serviteur cracher dans votre coupe lorsqu'il vous servira! »

Furieuse, je fis volte-face pour le poursuivre, avant d'être retenue aussitôt par Quentin-Charles.

— Lâche-moi ! Je vais lui éclater la gueule à ce petit con.

Sans piper mot, le geek m'attrapa au niveau du coude, avant de me raisonner, me persuadant de reprendre le chemin du manoir.

— Je vous en prie. Tâchez de garder votre sang-froid .

— C'est censé être drôle ?

— Vous m'avez compris ! Vous ne parviendrez jamais à trouver ce vampire si vous vous lancez à l'assaut de chaque personne que vous croisez.

— Au moins, cela me ferait penser à autre chose qu'à cet étau de tissu.

— Cessez aussi de vous plaindre sans arrêt. Profitez plutôt de la musique, finit-il d'un air plus enjoué.

— Je hais le clavecin !

— Vous savez que vous êtes vraiment pénible quand vous vous y mettez ?

Quentin-Charles prit alors délicatement mon poignet et glissa ma main sous son bras, comme le ferait tout gentleman issu de l'aristocratie. Le hall d'entrée était, à lui seul, encore plus impressionnant que notre découverte précédente. Le sol, dallé de marbre, nous renvoyait l'image de la peinture tel un miroir. Cette dernière, scène d'un jardin orné de buissons, d'animaux et d'angelots potelés, embrassait avec une somptueuse précision les voûtes larges et dorées du plafond.

— On se croirait dans une église. C'est à gerber.

— Cela a dû prendre une éternité pour réaliser pareil ouvrage, s'extasia Quentin-Charles, tandis que je soupirais à ses mots.

— Chez des vampires, cela n'est pas un problème !

— C'est vrai. Je n'avais pas songé à cela. Mais avouez que c'est joli.

— Autant qu'un moustique écrasé contre la vitre d'une bagnole.

— D'accord. Chacun son truc.

Sans échanger davantage, nous avons poursuivi notre progression dans le long couloir bondé, évitant tant bien que mal les groupes qui encombraient le passage. Malgré leur indifférence totale à notre égard, je m'étais vite aperçue que quelque chose ne se passerait pas de manière aussi pacifique que le prévoyait Quentin-Charles. La combustion spontanée de William Maxkrondicks m'avait privée de son apport hiérarchique, ce qui allait lourdement compliquer ma tâche au cours de la soirée à venir. Sur notre gauche, une porte était ouverte sur une partie de jambes en l'air, stylée, où vampires et humains drogués échangeaient leurs fluides — quels qu'ils soient — dans un silence étrange, mais apaisant. Un peu plus loin sur la droite, deux hommes jouaient aux cartes, une coupe de sang frais posée devant eux. Malgré la distance, je pouvais entendre leurs doigts glisser sur leur donne, de même que les murmures de la jeune fille postée derrière le vampire nous faisant face. Lorsqu'elle nous aperçut, elle passa délicatement les bras autour du cou de celui qui aurait pu être son grand-père, pour lui susurrer langoureusement :

— Voici celle dont tout le monde parle, Monseigneur.

— Je le sais. J'ai senti sa présence depuis son entrée ici. Mary sera...