La jangada
443 pages
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La jangada , livre ebook

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Description

Jules Verne (1828-1905)



"Phyjslyddqfdzxgasgzzqqehxgkfndrxujugiocytdxvksbxhhuypodvyrymhuhpuydkjoxphetozsletnpmvffovpdpajxhyynojyggaymeynfuqlnmvlyfgsuzmqiztlbqgyugsqeubvnrcredgruzblrmxyuhqhpdrrgcrohepqxufivvrplphonthvddqfhqsntzhhhnfepmqkyuuexktoggkyuumfvijdqdpzjqsykrplxhxqrymvklohhhotozvdksppsuvjh.d."


L’homme qui tenait à la main le document, dont ce bizarre assemblage de lettres formait le dernier alinéa, resta quelques instants pensif, après l’avoir attentivement relu.


Le document comptait une centaine de ces lignes, qui n’étaient pas même divisées par mots. Il semblait avoir été écrit depuis des années, et, sur la feuille d’épais papier que couvraient ces hiéroglyphes, le temps avait déjà mis sa patine jaunâtre.


Mais, suivant quelle loi ces lettres avaient-elles été réunies ? Seul, cet homme eût pu le dire. En effet, il en est de ces langages chiffrés comme des serrures des coffres-forts modernes : ils se défendent de la même façon. Les combinaisons qu’ils présentent se comptent par milliards, et la vie d’un calculateur ne suffirait pas à les énoncer. Il faut le « mot » pour ouvrir le coffre de sûreté ; il faut le "chiffre" pour lire un cryptogramme de ce genre. Aussi, on le verra, celui-ci devait résister aux tentatives les plus ingénieuses, et cela, dans des circonstances de la plus haute gravité.


L’homme qui venait de relire ce document n’était qu’un simple capitaine des bois."



Joam Garral a tout pour être heureux : ses affaires sont prospères, sa famille est épanouie. Sa fille Minha va épouser le meilleur ami de son fils Benito, Manoel. médecin militaire. Ce mariage implique de quitter le Pérou où est installée la famille Garral pour se rendre, 800 lieues plus loin, à Belem au Brésil où vit la mère de Manoel ; ce voyage se fera en navigant sur le fleuve Amazone. Mais Joam semble inquiet par ce séjour au Brésil...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374633459
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La jangada
 
Huit cents lieues sur l'Amazone
 
 
Jules Verne
 
 
Mars 2019
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-345-9
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 346
Première partie
I
Un capitaine des bois
 
« Phyjslyddqfdzxgasgzzqqehxgkfndrxujugiocytdxvksbxhhuypodvyrymhuhpuydkjoxphetozsletnpmvffovpdpajxhyynojyggaymeynfuqlnmvlyfgsuzmqiztlbqgyugsqeubvnrcredgruzblrmxyuhqhpdrrgcrohepqxufivvrplphonthvddqfhqsntzhhhnfepmqkyuuexktoggkyuumfvijdqdpzjqsykrplxhxqrymvklohhhotozvdksppsuvjh.d. »
 
L’homme qui tenait à la main le document, dont ce bizarre assemblage de lettres formait le dernier alinéa, resta quelques instants pensif, après l’avoir attentivement relu.
Le document comptait une centaine de ces lignes, qui n’étaient pas même divisées par mots. Il semblait avoir été écrit depuis des années, et, sur la feuille d’épais papier que couvraient ces hiéroglyphes, le temps avait déjà mis sa patine jaunâtre.
Mais, suivant quelle loi ces lettres avaient-elles été réunies ? Seul, cet homme eût pu le dire. En effet, il en est de ces langages chiffrés comme des serrures des coffres-forts modernes : ils se défendent de la même façon. Les combinaisons qu’ils présentent se comptent par milliards, et la vie d’un calculateur ne suffirait pas à les énoncer. Il faut le « mot » pour ouvrir le coffre de sûreté ; il faut le « chiffre » pour lire un cryptogramme de ce genre. Aussi, on le verra, celui-ci devait résister aux tentatives les plus ingénieuses, et cela, dans des circonstances de la plus haute gravité.
L’homme qui venait de relire ce document n’était qu’un simple capitaine des bois.
Au Brésil, on désigne sous cette appellation « capitaes do mato », les agents employés à la recherche des nègres marrons. C’est une institution qui date de 1722. À cette époque, les idées anti-esclavagistes ne s’étaient fait jour que dans l’esprit de quelques philanthropes. Plus d’un siècle devait se passer encore avant que les peuples civilisés les eussent admises et appliquées. Il semble, cependant, que ce soit un droit, le premier des droits naturels pour l’homme, que celui d’être libre, de s’appartenir, et, pourtant, des milliers d’années s’étaient écoulées avant que la généreuse pensée vînt à quelques nations d’oser le proclamer.
En 1852, – année dans laquelle va se dérouler cette histoire, – il y avait encore des esclaves au Brésil, et, conséquemment, des capitaines des bois pour leur donner la chasse. Certaines raisons d’économie politique avaient retardé l’heure de l’émancipation générale ; mais, déjà, le Noir avait le droit de se racheter, déjà les enfants qui naissaient de lui naissaient libres. Le jour n’était donc plus éloigné où ce magnifique pays, dans lequel tiendraient les trois quarts de l’Europe, ne compterait plus un seul esclave parmi ses dix millions d’habitants.
En réalité, la fonction de capitaine des bois était destinée à disparaître dans un temps prochain, et, à cette époque, les bénéfices produits par la capture des fugitifs étaient sensiblement diminués. Or, si, pendant la longue période où les profits du métier furent assez rémunérateurs, les capitaines des bois formaient un monde d’aventuriers, le plus ordinairement composé d’affranchis, de déserteurs, qui méritaient peu d’estime, il va de soi qu’à l’heure actuelle ces chasseurs d’esclaves ne devaient plus appartenir qu’au rebut de la société, et, très probablement, l’homme au document ne déparait pas la peu recommandable milice des « capitaes do mato ».
Ce Torrès, – ainsi se nommait-il, – n’était ni un métis, ni un Indien, ni un Noir, comme la plupart de ses camarades : c’était un blanc d’origine brésilienne, ayant reçu un peu plus d’instruction que n’en comportait sa situation présente. En effet, il ne fallait voir en lui qu’un de ces déclassés, comme il s’en rencontre tant dans les lointaines contrées du Nouveau Monde, et, à une époque où la loi brésilienne excluait encore de certains emplois les mulâtres ou autres sang-mêlé, si cette exclusion l’eût atteint, ce n’eût pas été pour son origine, mais pour cause d’indignité personnelle.
En ce moment, d’ailleurs, Torrès n’était plus au Brésil. Il avait tout récemment passé la frontière, et, depuis quelques jours, il errait dans ces forêts du Pérou, au milieu desquelles se développe le cours du Haut-Amazone.
Torrès était un homme de trente ans environ, bien constitué, sur qui les fatigues d’une existence assez problématique ne semblaient pas avoir eu prise, grâce à un tempérament exceptionnel, à une santé de fer.
De taille moyenne, large d’épaules, les traits réguliers, la démarche assurée, le visage très hâlé par l’air brûlant des tropiques, il portait une épaisse barbe noire. Ses yeux, perdus sous des sourcils rapprochés, jetaient ce regard vif, mais sec, des natures impudentes. Même au temps où le climat ne l’avait pas encore bronzée, sa face, loin de rougir facilement, devait plutôt se contracter sous l’influence des passions mauvaises.
Torrès était vêtu à la mode fort rudimentaire du coureur des bois. Ses vêtements témoignaient d’un assez long usage : sur sa tête, il portait un chapeau de cuir à larges bords, posé de travers ; sur ses reins, une culotte de grosse laine, se perdant sous la tige d’épaisses bottes, qui formaient la partie la plus solide de ce costume ; un « puncho » déteint, jaunâtre, ne laissant voir ni ce qu’était la veste, ni ce qu’avait été le gilet, qui lui couvraient la poitrine.
Mais, si Torrès était un capitaine des bois, il était évident qu’il n’exerçait plus ce métier, du moins dans les conditions où il se trouvait actuellement. Cela se voyait à l’insuffisance de ses moyens de défense ou d’attaque pour la poursuite des Noirs. Pas d’arme à feu : ni fusil, ni revolver. À la ceinture, seulement, un de ces engins qui tiennent plus du sabre que du couteau de chasse et qu’on appelle une « manchetta ». En outre, Torrès était muni d’une « enchada », sorte de houe, plus spécialement employée à la poursuite des tatous et des agoutis, qui abondent dans les forêts du Haut-Amazone, où les fauves sont généralement peu à craindre.
En tout cas, ce jour-là, 4 mai 1852, il fallait que cet aventurier fût singulièrement absorbé dans la lecture du document sur lequel ses yeux étaient fixés, ou que, très habitué à errer dans ces bois du Sud-Amérique, il fût bien indifférent à leurs splendeurs. En effet, rien ne pouvait le distraire de son occupation : ni ce cri prolongé des singes hurleurs, que M. Saint-Hilaire a justement comparé au bruit de la cognée du bûcheron, s’abattant sur les branches d’arbres – ni le tintement sec des anneaux du crotale, serpent peu agressif, il est vrai, mais excessivement venimeux – ; ni la voix criarde du crapaud cornu, auquel appartient le prix de laideur dans la classe des reptiles – ; ni même le coassement à la fois sonore et grave de la grenouille mugissante, qui, si elle ne peut prétendre à dépasser le bœuf en grosseur, l’égale par l’éclat de ses beuglements.
Torrès n’entendait rien de tous ces vacarmes, qui sont comme la voix complexe des forêts du Nouveau Monde. Couché au pied d’un arbre magnifique, il n’en était même plus à admirer la haute ramure de ce « pao ferro » ou bois de fer, à sombre écorce, serré de grain, dur comme le métal qu’il remplace dans l’arme ou l’outil de l’Indien sauvage. Non ! Abstrait dans sa pensée, le capitaine des bois tournait et retournait entre ses doigts le singulier document. Avec le chiffre dont il avait le secret, il restituait à chaque lettre sa valeur véritable ; il lisait, il contrôlait le sens de ces lignes incompréhensibles pour tout autre que pour lui, et alors il souriait d’un mauvais sourire.
Puis, il se laissa aller à murmurer à mi-voix ces quelques phrases que personne ne pouvait entendre en cet endroit désert de la forêt péruvienne, et que personne n’aurait su comprendre, d’ailleurs :
« Oui, dit-il, voilà une centaine de lignes, bien nettement écrites, qui ont pour quelqu’un que je sais une importance dont il ne peut se douter ! Ce quelqu’un est riche ! C’est une question de vie ou de mort pour lui, et partout cela se paye cher ! »
Et regardant le document d’un œil avide :
« À un conto de reis seulement pour chacun des mots de cette dernière phrase, cela ferait une somme (1)  ! C’est qu’elle a son prix, cette phrase ! Elle résume le document tout entier ! Elle donne leurs vrais noms aux vrais personnages ! Mais, avant de s’essayer à la comprendre, il faudrait commencer par déterminer le nombre de mots qu’elle contient, et l’eût-on fait, son sens véritable échapperait encore ! »
Et, ce disant, Torrès se mit à compter mentalement.
« Il y a là cinquante-huit mots ! s’écria-t-il, ce qui ferait cinquante-huit contos (2)  ! Rien qu’avec cela on pourrait vivre au Brésil, en Amérique, partout où l’on voudrait, et même vivre à ne rien faire ! Et que serait-ce donc si tous les mots de ce document m’étaient payés à ce prix ! Il faudrait alors compter par centaines de contos ! Ah ! mille diables ! J’ai là toute une fortune à réaliser, ou je ne suis que le dernier des sots ! »
Il semblait que les mains de Torrès, palpant l’énorme somme, se refermaient déjà sur des rouleaux d’or.
Brusquement, sa pensée prit alors un nouveau cours.
« Enfin ! s’écria-t-il, je touche au but, et je ne regretterai pas les fatigues de ce voyage, qui m’a conduit des bords de l’Atlantique au cours du Haut-Amazone ! Cet homme pouvait avoir quitté l’Amérique, il pouvait être au-delà des mers, et alors, comment aurais-je pu l’atteindre ? Mais non ! Il est là, et, en montant à la cime de l’un de ces arbres, je pourrais apercevoir le toit de l’habitation où il demeure avec toute sa famille ! »
Puis, saisissant le papier et l’agitant avec un geste fébrile :
« Avant demain, dit-il, je serai en sa présence ! Avant demain, il saura que son honneur, sa vie sont renfermés dans ces lignes ! Et lorsqu’il voudra en connaître le chiffre qui lui permette de les lire, eh bien, il le payera, ce chiffre ! Il le payera

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