Au temps jadis à Monfa
148 pages
Français

Au temps jadis à Monfa , livre ebook

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148 pages
Français

Description

Ce récit est tiré en partie d'une légende du peuple dagara du Burkina Faso. Cette légence faisait partie intégrante de l'éducation traditionnelle ds enfants. Parmi les images des héros ainsi crées par la tradition orale dagara et fixée dans la mémoire collective, celle de Tum occupait une place spéciale. Ce nom, considéré comme sacré, résonnait dans de nombreuses chansons par les jeunes filles, célébrant la bravoure et la vaillance d'un super héros sans peur ni reproche.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 18
EAN13 9782336333113
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jémal Dazoaba Sila
Au temps jadis à Monfa Légende dagara du Burkina Faso
Ecrire l’Afrique Ecrire l’Afrique
L’ armattan
Au temps jadis à Monfa
Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.Dernières parutions El hadji DIAGOLA,Ma femme m’a sauvé la vie,2013. Gilbert TSHIBANGU KANKENZA,À la rencontre du destin,2013. Abderrahmane NGAÏDÉ,Une nuit à Madina do Boé, 2013. Henri PEMOT,Kimpa Vita, Une résistante Kongo, 2013. Richard GUERIN,Le médecin errant de l’Afrique, les aventures de Jonas, 2013. Patrice ITOUA,La banque mondiale et la CEMAC, Un partenariat pour l’aide au développement de la sous-région, 2013. Baudouin Mwamba MPUTU,L’Afrique face au défi de la technoscience. Histoire et Enjeux, 2013. Vicky Mujinga KALAMBAY,Bilonda. Une écolière face à son destin, 2013. Obambé GAKOSSO,Les malades précieux, 2013. Ano NIANZOU,Sous les bombes de Char-kozy, 2013. Francine NGOIBOUM,Fleur brisée, 2013. Lang Fafa DAMPHA,African Aliens, 2013. Claude-Ernest NDALLA,Le Gourou. Une imposture congolaise, 2013. Salvator NAHIMANA, Angélique Gisèle Nshimirimana. Mon homme m’aurait mangée toute crue. Edition bilingue kirundi-français, 2013.Aboubacar LANKOANDE,La palabre des Calaos, 2013. Christian ROCHE,Amaï. Amour et rébellion en Casamance, 2013. Giovanni MELEDJE,Scandales d’amour, 2013.
Jémal Dazoaba Sila
AU TEMPS JADIS ÀMONFA
Légende dagara du Burkina Faso
Illustration de couverture : Jeune joueur dagara de balafon au Burkina Faso, septembre 2011.
© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01507-1 EAN : 9782343015071
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C’était il y a longtemps, très longtemps, peu avant l’arrivée des Blancs en Afrique de l’Ouest. C’était dans une région immense et vallonnée, aux mille marigots et rivières et un million de collines et montagnes. Son nom traditionnel était connu depuis l’Antiquité romaine et grecque ; on l’appelait le Pays Lobi-Dagara. Cette région rappelle vaguement la Norvège, une nation d’Europe du 1 Nord, avec ses innombrables fjorgs longs et interminables. Tels des fjorgs norvégiens, les cours d’eau (marigots et rivières) sont nombreux et profonds en Pays Lobi-Dagara. Cela n’est pas une légende. Ils ressemblent à des balafres grossièrement marquées sur le visage d’une femme ravissante. Les pluies des moussons, l’année où elles sont généreusement abondantes les remplissent d’eau de différentes couleurs variant selon les terres qui leur donnent naissance. Ces cours d’eau arrivent bruyamment en zigzag dans un paysage verdoyant, revigorés et rajeunis par les pluies des moussons.
Certains désignent aujourd’hui cette aire géographique immense de l’Afrique de l’Ouest par l’expression le Sud-Ouest du Burkina Faso, terme qui désigne une entité administrative limitée. A contrario, d’autres préfèrent s’attacher à l’appellation Pays
1  Le dictionnaire Larousse définit le fjorg comme une « vallée envahie par l’eau de mer. »
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Lobi-Dagara, expression caractérisant un espace à contenu ethnico-culturel et linguistique plus vaste.
Parmi les personnes les plus âgées qui habitent encore aujourd’hui là-bas ou qui en sont originaires, aucune d’elles n’était encore née à cette époque-là. Aucune d’elles n’a le moindre souvenir précis des faits relatés dans ce récit. Tout au plus, quelques bribes éparses et décousues puisées dans la tradition orale et qui sont sans aucun lien historique entre elles. Car aucun de leurs parents n’était encore né. En remontant jusqu’à vingt générations dans le passé, leurs grands-parents n’étaient même pas encore nés. C’est alors que des rumeurs persistantes se répandaient sur le fait que quelques hommes blancs étaient aperçus sur la côte, au pays des éléphants (aujourd’hui la Côte d’Ivoire) et au pays de l’or (le Ghana actuel). Des chasseurs terrifiés et des voyageurs paniqués et épouvantés qui fuyaient tous ces nouveaux arrivants venus de nulle part, confirmaient de temps en temps les nouvelles sur la présence des Blancs en terre africaine au Sud du Sahara. Leurs récits provoquaient tantôt l’incrédulité, tantôt l’étonnement total ou la terreur dans les cœurs des habitants des forêts et des savanes.
A partir de ces apparitions sporadiques de Blancs sur le littoral de l’Atlantique, plusieurs dizaines d’années s’écoulèrent, au cours desquelles des affrontements armés d’une rare violence éclatèrent, opposant une colonne de l’armée des envahisseurs blancs et des groupes spontanés de résistance farouche. Ces affrontements étaient sporadiques et de courte durée. Les groupes d’indigènes semblaient mal organisés et presque désarmés, munis sommairement d’arcs, de flèches, de lance-pierres, de
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machettes et de javelots. Manquant cruellement d’arme à feu pour contraindre les Blancs à s’engager dans des batailles rangées, les chefs de guerre des tribus africaines, se contentaient de tendre des embuscades et des guets-apens à leurs ennemis. Ils se cachaient dans les bosquets, les fourrées, les gros buissons ou se dissimulaient dans les hautes herbes en pleine savane et attendaient le passage d’une colonne ou d’un détachement des envahisseurs blancs.
A leur arrivée, ils leur réservaient un chaleureux accueil par surprise. Cela durait seulement quelques minutes. Le temps pour les visiteurs indésirables de se rendre compte de ce qui leur arrivait. Et hop ! Ni vus, ni connus, les assaillants africains nus prenaient la fuite et se fondaient dans la végétation ambiante, disparaissant aussitôt sans laisser ni mort, ni blessé, ni prisonnier. Telle était la tactique favorite des groupes informels de combattants africains qui luttaient pour empêcher l’exploration, puis l’occupation de leur territoire par les Européens.
Les Blancs remportèrent néanmoins victoires sur victoires. Ils anéantirent les velléités de résistance et d’opposition qui étaient des initiatives d’hommes isolés, guerriers pleins d’ambitions et de courage, mais sans envergure dont la disparition était inévitable et prévisible. Les peuples noirs connurent l’humiliation, faute d’avoir acquis l’arme à feu moderne et faute d’avoir réalisé au préalable l’unité indispensable, face à des Blancs maîtrisant parfaitement les techniques de guerre moderne, avec des hommes bien entraînés, armés de canons, de sabres, de
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