Contes du pays wallon
137 pages
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Contes du pays wallon , livre ebook

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Description

Les Contes du Pays Wallon, publiés initialement en septembre 1939 alors que se déclenchait la seconde guerre mondiale, ne connurent pas le succès espéré à l’époque. Ils furent publiés à nouveau en 1953. En voici donc une nouvelle édition qui permettra de retrouver ces personnages, humbles souvenirs d’une époque et d’un mode de vie révolu, magistralement évoqués et mis en scène. L’écrivain régionaliste n’oublia jamais sa jeunesse passée à Thuin, entre Sambre et Meuse, et mérite bien ici son surnom de Prince des conteurs wallons !


Contemporain de Camille Lemonnier et de Maurice Maeterlinck, Maurice Desombiaux, plus connu sous son nom de plume « des Ombiaux » , est né à Beauraing (province de Namur) — (1868-1943). Il a publié un grand nombre d’ouvrages, contes et romans, qui ont pour cadre le pays wallon, et, plus particulièrement, l’Entre-Sambre-et-Meuse. Il fut un ardent défenseur du patrimoine culturel wallon et mérite amplement d’être redécouvert.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782824053547
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2014/2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0435.8 (papier)
ISBN 978.2.8240.5354.7 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.






AUTEUR

MAURICE DES OMBIAUX




TITRE

CONTES D U PAYS WALLON






MARGOT DE HAYNAUT ET LA PETITE REINE BLANCHE
A u printemps 1427, Margot de Haynaut venait jouer à la balle sous les fenêtres du château de Lothier, à Genappe, où résidait volontiers Philippe le Bon, duc de Bourgogne, duc de Brabant, comte de Flandre et de Haynaut, marquis de Namur, etc., etc., et où, quelques années après, il abrita le dauphin de France, futur Louis XI, brouillé avec son père, le roi Charles VII.
C’était le championnat d’alors qui rassemblait les balleurs du pays devant le grand-duc d’Occident, comme cela se pratique encore chaque année devant le roi Léopold III, place du Grand Sablon, à Bruxelles.
Margot de Haynaut, une belle fille de vingt-cinq ans, née en l’an de grâce 1402, était arrivée avec une équipe du Borinage et, devant le souverain des Pays-Bas qui rêvait de se faire empereur, avait emporté la boule d’honneur.
Une femme jouant à la balle !
Eh oui ! Pourquoi non ? Cela s’est encore vu, je ne dirai pas de nos jours, parce que je n’en sais rien, mais au siècle dernier, par mes propres yeux.
Au siècle dernier, deux parties célèbres se disputèrent souvent les couverts d’argent et les montres en or sur la place Verte, à Charleroi. Elles étaient composées chacune de cinq frères, les Gonze et les Thibaut. Si l’un des Gonze était empêché, pour une cause ou l’autre, de prendre part au tournoi, sa sœur le remplaçait et comment. Elle tenait la passe gauche, la passe droite ou le petit mitan, aussi gaillardement que n’importe quel joueur renommé et personne n’eût osé se permettre vis-à-vis d’elle une plaisanterie déplacée. C’est dire que le cas de Margot de Haynaut, si extraordinaire qu’il fût, n’est pas resté isolé dans l’histoire de la petite reine blanche.
Donc, la belle Margot joua à la balle devant le satrape d’Occident, à Genappe, près du château de Lothier, que la construction du chemin de fer fit disparaître et dont il ne reste plus aujourd’hui que quelques communs servant de remises, à gauche de la route au sortir de la ville. Elle battit les parties adverses venues du Brabant, du Namurois et du Haynaut et décrocha la timbale pour la gloire de Mons et de la rue des Gades, où elle était née.
Son adresse, son entrain, sa beauté, son caquet plurent au Bourguignon qui, à ce moment-là, se disposait à aller faire le roi à Paris durant trois semaines, en son hôtel d’Artois, d’où son père, Jean Sans Peur, était parti pour assassiner le duc d’Orléans, rue Barbette. On sait que Paris était bourguignon et qu’il lui en est toujours resté quelque chose. Quand Bourgogne arrivait sur les bords de la Seine, c’était liesse pendant son séjour.
Parmi les réjouissances que le duc Philippe comptait donner à ses bons amis les Parisiens, comme il les appelait, il y avait précisément un important concours de jeu de balle.
Quelle attraction, pour ce concours, que la présence de la belle Margot de Haynaut, championne de Brabant, d’Artois, de Haynaut et de Namur !
Il proposa donc à la jeune fille de l’accompagner dans la capitale du royaume des lis où régnait à ce moment-là le léopard d’Angleterre, à cause des vicissitudes de la guerre de Cent ans. On juge de l’empressement avec lequel la championne montoise de la petite reine blanche accueillit la proposition. Quelle aubaine que ce voyage à Paris, à la suite du grand-duc de Bourgogne, pour jouer à la balle non seulement devant les habitants de Lutèce, mais devant la plus haute noblesse d’Angleterre ; elle ne se fit pas prier et partit avec son équipe.
À cette époque où Margot livrait et chassait si vivement, on envoyait la balle avec la paume de la main, on la renvoyait avec un gant doublé de cuir.
Par la suite, ce gant fut remplacé par des cordes et des tendons, ce qui permit de frapper la balle avec plus de force. Sous Henri IV, la raquette fit son apparition et bientôt l’emporta sur le gant, à Paris tout au moins, car dans le nord et chez nous, la vieille tradition était conservée.
Margot de Haynaut jouait donc à la balle comme on le fait encore chez nous aujourd’hui, ou à fort peu de chose près.
C’est dire que ceux qui ont voulu attribuer aux Espagnols l’importation de ce jeu dans nos Provinces se sont trompés grossièrement. Les Gaulois, nos pères, s’y adonnaient déjà. Peut-être étaient-ce les soldats de Jules César qui le leur avaient appris. Peut-être existait-il depuis plus longtemps encore ? Le divin Ulysse jouait bien à la balle avec Nausicaa aux bras blancs, nous conte le vieil Homère, pourquoi nos ancêtres n’en auraient-ils pas fait autant ?
Donc, la brune Margot, la belle Margot de Haynaut accompagna Philippe, duc de Bourgogne, à Paris, où elle fit sensation, car Pasquier, dans son « Journal d’un Bourgeois de Paris », prend la peine de consigner :
« En 1427 vint à Paris une femme nommée Margot assez jeune, comme de vingt-cinq à trente ans, qui était du pays de Haynaut, laquelle jouait à la paume le mieux que oncques on eût vu, et avec ce jouait devant main derrière main, très puissamment, très malicieusement, très habilement comme pouvait faire homme ; et peu venoit d’hommes à qui elle ne gagnât, si ce n’est les plus puissants joueurs ».
Ce jeu était fort à la mode au XV e siècle parmi les princes, les seigneurs, les clercs, les gens d’église et les escholiers, et même les bourgeois, chez tous ceux qui, suivant des carrières libérales, avaient besoin d’un exercice du corps pour se détendre l’esprit.
Margot de Haynaut n’était pas la seule de son sexe à s’y adonner ; « les Parisiennes y avaient pris goût ».
Aussi n’y avait-il guère de quartier, à Paris, qui n’eût son jeu tout au moins de courte paume.
Margot triompha au jeu de paume de la rue Grenier-Saint-Lazare, et comme les enjeux étaient assez considérables, elle réintégra sa bonne ville de Mons, sinon avec un gros magot, du moins avec une bonne pelote, et la chronique ne nous dit pas si elle fut reçue à l’Hôtel de Ville avec le vin d’honneur, comme elle l’avait été par le duc Philippe-le-Bon, au château de Lothier, à Genappe.
On la trouve à Namur et à Andenne en 1432, luttant avec les plus forts joueurs de balle et recueillant partout d’éclatants succès populaires.
Elle livrait à « l’escoudée », autrement dit à « la tachelette », avec une grâce qui lui valait l’admiration des amateurs.
Souvent, elle emporta la balle d’honneur, qui pesait alors une livre d’argent et avait, en outre, moult garnitures d’or apparent.
À Mons, les trompettes militaires sonnaient le rigodon et la turlurette après chaque jeu.
La partie finie, moult tonnes de bière étaient vidées dans les auberges et hostelleries de la place et « c’était grande fête et esbauderie partout ».
Mais la turlurette et le rigodon, de même que l’esbauderie, laissaient Margot bien tranquille, car elle était sage, ne ressemblant en rien à la grosse Margot, aussi originaire du Haynaut, dont parle François Villon dans une de ses ballades les plus célèbres.
La preuve en est que, lasse de la gloire des places publiques et des acclamations populaires, elle se retira, fin assez inattendue, à l’abbaye de Soleilmont, entre Gilly et Fleurus, à une lieue et demie de Charleroi.
Cette abbaye de Soleilmont, épargnée par la Révolution de 1792, fondée au XI e siècle par Henri l’Aveugle, comte de Namur, était occupée, comme encore aujourd’hui, par des religieuses de l’Ordre de Saint-Benoît.
Mais, tandis qu’aujourd’hui les Religieus

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