Debary
27 pages
Français

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Description

Conte populaire de Mauritanie relatant les circonstances de l'ascension d'un esclave qui grâce une sens élevé de la fidélité et à la persévérance doublée d'une intelligence raisonnée parvient à se métamorphoser en un sultan.

Informations

Publié par
Date de parution 05 août 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312048444
Langue Français

Extrait

Debary
Mohamed Ahmed Benane
Debary
Les circonstances de l’ascension d’un paria










LES ÉDITIONS DU NET 126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2016 ISBN : 978-2-312-04844-4
La libération
Si vous accordez une confiance totale à quelqu’un, sans aucun doute, à la fin vous obtiendrez un des deux résultats :
Soit une personne acquise pour la vie
Soit une leçon pour vie.
Les enfants du village de Tarkouk jouaient bruyamment sur le terrain vague jouxtant la grande place du village où se trouvait le marché. La poussière collait à la peau humide des enfants dégoulinants de sueur car une poussière fine était soulevée par les passants et les animaux mais elle n’était pas aussi dense qu’elle devrait l’être en fin de saison sèche bien que la nature plutôt argilo-limoneuse du sol s’y prêta. La chaleur commençait à baisser, progressivement mais lentement, depuis une ou deux heures. Pas un nuage n’osait pointer au ciel. Cinq ou six corbeaux par contre planaient très haut, juste au dessus du marché, en attendant la désertion de celui-ci par ses usagers pour y descendre chercher leurs pitances.
L’heure de la prière de l’après-midi, « Al - Asr » était passée. Les hommes sont revenus de la mosquée jouxtant la résidence du sultan Hebou depuis un long moment déjà. Le soleil déclinait et la chaleur suffocante des contrées arides en été est devenue presque supportable. Dans cette petite oasis sortie du néant et au milieu de nulle part, régnait un ordre peu commun et une paisible entente, grâce à l’harmonie des équilibres nés de la longue solitude du peuple et à la bienveillance d’un sultan juste mais fort.
Le jeu autour duquel s’agglutinaient cet après-midi ces garnements consistait à déposer un petit bout de bois court perpendiculairement à la rainure faite sur un sol dur et à le soulever de toutes ses forces par un bâton plus long pour l’envoyer le plus loin possible. Ils étaient six ou sept et leur jeu s’appelait « Ejrouly » (ou zéro-li comme l’appelaient certains enfants) et qui voulait littéralement dire « courez pour moi » car à chaque jet du petit bout de bois à tour de rôle par l’un des enfants, tous ses amis et partenaires couraient pour marquer son point de chute dont l’éloignement déterminait le score de son auteur, inversement proportionnel à son rang.
Hemed, le fils préféré de Mariye, qui elle aussi est la fille unique d’El Hor, le berger des troupeaux de chèvres du village, n’avait que douze années à peine mais déjà excellait au jeu dans lequel il battait tous ses concurrents surtout Bedel qui lui, commençait à montrer des signes de puberté. Bedel, malgré sa force physique évidente à la vue de ses muscles assez développés pour son âge avoisinant les quinze années, n’avait pas l’esprit vivace d’un Hemed espiègle avec son air maigrichon. Le physique de gringalet de Hemed cachait bien une rigidité des muscles et surtout une adresse cultivée par une envie de réussite qu’il ne voulait pas exhiber. Ce qui était aussi un autre indice de son intelligence.
Le marché du village de Tarkouk était composé d’une longue rangée d’environ une trentaine de boutiques en banco alignées sous forme d’un « U » exactement comme la dentition d’un âne à la fleur de l’âge. Ce demi-cercle en forme d’aimant évasé entourait une aire plane comprenant divers espaces séparés de crevasses et de monticules de sable parsemés de grappes de ntourje {1} . Ces espaces sont envahis par des baraquements et des huttes de fortune qu’occupent les vendeurs occasionnels des jours de marché, lesquels se tiennent tous les mercredis dans ce village carrefour entre les nombreux campements mobiles des bédouins nomades environnants du Tilemsi {2} ou du Kouch {3} et les lointaines cités du Kartha {4} et du Baghounou.
Le marché commençait progressivement à se vider des acheteurs et des visiteurs qui guettaient les occasions que pouvaient offrir les dioulas, colporteurs ambulants qui sillonnaient ces contrées arides et visitaient ainsi toutes les zones susceptibles de leur offrir une possibilité d’écouler des marchandises rares amenées des zones méridionales plus productives que cette partie du désert.
La partie de jeu entamée depuis quelques instants par les enfants commençait à s’animer et à attirer quelques adultes désœuvrés, lorsqu’un évènement se produisit dans la zone proximale du marché.
Merbah le commerçant fit son entrée à grandes enjambées dans cette section du marché située à l’opposé de son commerce. Il était d’âge mûr, de corpulence moyenne et de taille légèrement au-dessus de la moyenne. Le visage avenant portait une barbichette pointue et courte ainsi qu’une moustache finement dessinée mais garnie d’une pilosité noire abondante.
Il se dirigea directement à pas sûrs vers la grande baraque en bois de Sandy qui servait de dépôt pour toutes sortes de marchandises non écoulées et qui devront par conséquent impérativement attendre le jour du marché hebdomadaire suivant qui se tient comme une foire tous les mercredis. Les autres jours de la semaine seules quelques échoppes appartenant à des commerçants locaux comme Merbah et ses amis Saïd et Mouftah continuaient à ouvrir et servir régulièrement les populations.
Saluant rapidement Sandy, Merbah lui demanda d’un ton empli d’assurance : « où est Debary ? »
Sandy, grand de taille et vigoureux ne manquait pas d’intelligence mais s’était résolu depuis quelques années à élire domicile dans ce marché pour y créer un dépotoir pour tous les rebus dont personne ne voulait temporairement jusqu’à ce qu’ils trouvent nouvel acquéreur.
Etonné par cette question surprise et surtout de l’intérêt que pouvait accorder un riche commerçant, au fait de tout ce qui se passe dans la cité, à un vieil esclave comme Debary notoirement fainéant et de surcroit poursuivi par la rumeur publique pour être frappé d’une tare aussi incurable et invérifiable que la malchance pour soi-même et de porter malheur à tous ceux qui l’entourent, Sandy

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