Le géant de Kroumenou

Raoul Konan Alla

Description

Voici un recueil de six légendes tirées du terroir baoulé, ethnie du centre de la Côte d'Ivoire, et dont la diversité démontre la richesse de cet univers où les animaux, les génies et les hommes se mêlent dans un réalisme à la fois étrange et angoissant.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Conte
• Littérature

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 novembre 2009
• Nombre de lectures: 33
• EAN13: 9782296688353
• Langue: Français

Extrait

LE GEANT DE KROUMENOU
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-10478-5
EAN : 9782296104785

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Raoul KONAN ALLA


LE GEANT DE KROUMENOU

Légendes du pays baoulé


Préface de Gaston OUASSENAN


L’Harmattan
Afrique Liberté
Collection dirigée par Claude KOUDOU

Afrique Liberté est une collection qui accueille essais, témoignages et toutes œuvres qui permettent de faire connaître l’Afrique dans toute sa diversité et toute sa profondeur. Cette collection qui reste ouverte se veut pluridisciplinaire. Son orientation sera essentiellement axée sur les rapports entre l’Afrique et l’Occident. Elle refuse l’afro-pessimisme et se range résolument dans un afro-optimisme réaliste. Sur quels repères fonder l’Afrique d’aujourd’hui ? Telle est une des questions majeure à laquelle cette collection tentera de répondre. Afrique Liberté se veut un espace qui doit explorer l’attitude de l’Africain ou des africanistes dans ses dimensions mentale, scientifique, culturelle, psychologique et sociologique. Dans un monde en proie à de graves crises, un des enjeux majeurs de cette plate-forme serait de voir comment faire converger les différents pôles de compétences pour hisser l’Afrique à la place qui doit être véritablement la sienne.

Déjà parus

Toh Bi Tié Emmanuel, Aurore d’Afrique à Sanoudja. Poésie, 2009.
Kemtchang Koudé Joseph SC, Les enjeux théologiques du dialogue interreligieux dans la révélation chrétienne, 2009.
Fodjo Kadjo Abo, La terreur démocratique, 2009.
Mamadou Koulibaly ; Eurafrique ou Librafrique. L’ONU et les non-dits du pacte colonial, 2009.
Claude Koudou, Ivoiriens de l’extérieur. Quel projet de retour ?, 2009.
DEDICACE
A tous mes amis de la classe 70-1A de la 2è Compagnie de Séguela
avec qui j’ai passé d’agréables moments à écouter et à dire des
contes au centres desquels le personnage de KOUASSI ABAFRI est
revenu très souvent pour le plus grand plaisir des recrues que nous
étions à cette époque.
Je leur souhaite de revivre avec un plaisir renouvelé le récit de ce
qui m’est resté de ces histoires merveilleuses où. les animaux
parlaient, dansaient et fêtaient comme les humains !
REMERCIEMENTS
Je voudrais, à travers cette œuvre remercier en tout premier
lieu, mon Président, mon Guide, le Général de Division
Gaston OUASSENAN KONE , sans qui cet ouvrage serait
demeuré à l’état de simple projet.
Ma famille qui m’a transmis depuis ma plus tendre enfance,
l’art de dire des contes captivants.
Mes collègues Députés , qui m’ont vu écrire ce livre et qui
m’ont encouragé quotidiennement par leur présence
réconfortante.
Mon jeune ami ETIEN N. Amon de l’Espace Harmattan
Côte d’Ivoire dont la disponibilité, les conseils et l’assistance
me font penser qu’avec un peu de talent et de volonté on peut
entrer dans ce monde de l’écriture sans trop de souffrance.
A toute la population de BOTRO dont l’attachement à toutes
mes entreprises ne m’a jamais fait défaut.
PREFACE
Depuis la nuit des temps jusqu’à la colonisation et l’introduction de l’école moderne en Afrique noire, l’éducation et la formation des enfants et des adolescents se faisaient en grande partie à travers les contes et les légendes.
Les soirées de contes et légendes représentaient des séances de distractions intellectuelles et d’enseignement scolaire.
L’univers de l’Africain se composait essentiellement du règne végétal et du règne animal. Dans cet environnement où le citoyen de demain devait évoluer toute sa vie, la connaissance voire la maîtrise de ces deux mondes lui était indispensable. Il fallait donc les lui enseigner.
C’est ainsi que le soir, après les durs travaux champêtres de la journée, entre l’heure du repas et l’heure du coucher, au clair de lune ou au coin du feu, la famille se retrouvait pour la formation théorique des jeunes.
Les grandes personnes, pétries de connaissances et d’expérience transmettaient alors leur savoir aux générations montantes par les contes et les légendes qui sont des récits de faits ou d’aventures imaginaires destinés à forger leur connaissance, leur conscience et leur caractère.
Pour atteindre cet objectif, les conteurs faisaient intervenir dans la vie de tous les jours, des animaux, des plantes et des arbres qui parlaient et agissaient comme des êtres humains.
De nos jours encore, cette vie fictionnelle continue d’animer les nuits de certains villages des forêts et des savanes africaines.
La pratique des contes est le moyen et l’occasion les plus sûrs d’enrichir le vocabulaire des enfants en leur apprenant les noms des animaux, des plantes, des arbres et des lieux traversés et surtout à bien manier la langue.
Tout le monde n’est pas grand conteur. Certaines personnes excellent dans l’art de porter la parole et de tenir en haleine leur auditoire pendant toute une nuit. Ces maîtres de la parole sont souvent invités à se produire devant tout un village rassemblé à l’occasion d’événements exceptionnels.
Raoul Konan ALLA , dans cette première œuvre littéraire « Le Géant de KROUMENOU » se révèle un grand conteur. Avec un style alerte, où le romantisme le dispute à la poésie, il nous promène dans l’univers de rêve du conte africain.
Sans plus tarder et sans résistance aucune, laissons-nous emporter par la lecture de son ouvrage.


Gaston OUASSENAN
PREMIER CONTE
L’ENFANT SANS CŒUR
Là-bas, au Pays des AMANZOU, dans une contrée fort lointaine, il était un petit village appelé Nanangnassou, ce qui signifie « au bord de la rivière Nanangna ». En apparence, le petit village était paisible. Cependant, sous cette tranquillité de façade, les habitants vivaient dans une angoisse permanente car leur vie était rythmée par les humeurs d’un indésirable voisin. A part cette proximité pour le moins gênante, Nanangnassou était un village de rêve. Ombragé et verdoyant, il avait l’air d’être incrusté tel une émeraude dans une médaille de cuivre au cœur de la savane roussie par la sécheresse et les couchers de soleil. La paix et la joie de vivre devaient être sans limites dans ce beau petit village, n’eût été la peur que ses habitants ressentaient en pensant à leur voisin.
En effet, aussi loin que leurs yeux pouvaient voir, les villageois de Nanangnassou apercevaient une immense forêt dont la cime des arbres fusionnait souvent avec les nuages, le brouillard et la brume, quand ce n’était pas tout simplement avec la poussière que soulevait l’unique habitant de cette forêt, le Géant ZAMALAN-GANGAN.
Bien qu’éloignée du petit village des AMANZOU, cette forêt inspirait la peur et l’anxiété à ses habitants car l’imagerie populaire en avait fait un endroit redoutable puisqu’il était censé abriter l’un des plus impitoyables génies qui peuplent les brousses africaines.

Grand comme quatre hommes mis bout à bout, ZAMALAN-GANGAN crachait du feu et les flammes qui émanaient de sa grande bouche étaient visibles depuis le petit village de Nanangnassou et même bien au-delà. Chaque fois qu’il toussait ou éternuait, les bruits que faisaient ses gigantesques narines étaient entendus tout autour de la terre, et même au ciel selon certains. C’est pour cette raison que Nanangnassou vivait constamment dans la hantise de voir surgir un jour le géant ZAMALAN-GANGAN, le génie à la forme humaine et grand comme quatre hommes mis bout à bout.
De mémoire d’AMANZOU, personne n’a jamais osé s’aventurer aux abords de cette forêt, à plus forte raison tenter d’y pénétrer. Elle était réputée être la demeure et le domaine exclusifs du terrible génie. Depuis la nuit des temps, il se raconte que tous ceux qui ont essayé de braver les lois de ZAMALAN-GANGAN l’ont payé de leur vie, car ils ne sont jamais revenus du royaume du monstre qui chaque fois s’est offert le plaisir inespéré d’en faire une bouchée de chair humaine toute fraîche et toute sanguinolente.
La forêt en questio