Le riche et le pauvre et autres contes Bamanan du Mali
212 pages
Français

Le riche et le pauvre et autres contes Bamanan du Mali , livre ebook

-

212 pages
Français

Description

Les contes présentés dans ce recueil, en édition bilingue, font partie de la très riche tradition orale bamanan. Ce ne sont pas de simples histoires qui divertissent, mais enseignent une éthique sociale, transmettent un système de valeurs, une vision du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 1997
Nombre de lectures 324
EAN13 9782296345737
Langue Français
Poids de l'ouvrage 37 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Riche et le Pauvre
et autres contes bamauan
du MaliIllustration de couverture : photographie de Pierre Gamier
"Aux environs de Bamako"
© L'Harmattan, 1997
ISBN 2-7384-5685-5Annik Thoyer
Le Riche et le Pauvre
et autres contes bamanan
du Mali
Textes bilingues
Éditions L'Harmattan L’Harmattan Inc.
■7, rue de l'École-Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris Montréal (Qc) - CANADA H2Y 1K9Paru à l'Harmattan :
Récits épiques des chasseurs bamanan du Mali
(1995)Avant-propos
Les quatorze contes bamanan présentés dans ce recueil ont été
recueillis en 1971 d'une part à Segu auprès d'un griot et d'autre part à
Bamako auprès de plusieurs conteurs.
Tayiru Banbera, prestigieux griot originaire de Ngoyi, spécialiste de
l'histoire de Segu et de ses rois, vivait de son "métier" qu'il exerçait
auprès de certaines familles nobles et de riches commerçants et il
pratiquait l'agriculture1. L'enseignement de la tradition orale lui fut
transmis par le griot Dugunè à Joforobo.
"Le Riche et le Pauvre"2, le long récit romanesque qu'il nous livre,
brode sur le thème de l'amitié invincible entre deux garçons d'origine
sociale différente, thème courant dans la littérature bambara-malinké, et
admirablement développé ici dans la langue riche et imagée des
traditionnistes de profession. Njè-le-Riche et Njè-le-Pauvre, deux
homonymes, deviennent inséparables, ils partagent tout, chacun faisant
l'impossible pour réaliser le désir de l'autre et le sauver de situations
périlleuses. Njè-le-Riche sert de médiateur auprès de sa propre mère
pour permettre à son ami de devenir son amant et invente une ruse pour
que son père, le chef de la région, ne le sache pas. Njè-le-Pauvre fait
preuve aussi de beaucoup d'imagination pour aider son ami à
rencontrer la jeune fille de ses rêves, gardée jalousement par son père,
le roi3.
Ce texte offre de riches matériaux pour l'analyse, non seulement par
le thème qu'il développe, mais par les informations données sur la
société traditionnelle : les activités des bandes de jeunes garçons
incirconcis, notamment la chasse aux margouillats, le rituel de circon­
cision et d'initiation des jeunes garçons, le rôle du griot (transmettre les
ordres et les nouvelles du roi et du chef de village aux villageois,
conseiller les nobles, louer ou critiquer leurs actes, faire les démarches
pour les mariages, les animer...).
1. Dumestre G., La Geste de Ségou, Textes des Griots bambara, Paris, A. Colin,
1979, p.41.
2. Le Riche et le Pauvre, conte bambara du Mali par Tayiru Banbera et les Contes
bambara du Mali, ont été publiés à Paris en 1981 et 1982 en deux volumes.
L'introduction et la traduction ont été remaniées pour la présente édition.
3. Nous renvoyons le lecteur à d'autres versions plus succintes. Dantioko O.M.,
Contes et légendes Soninké, Paris, CILF, 1978, pp.46-65. Equilebecq F.V., Contes
Populaires d'Afrique Occidentale, Paris, Maisonneuve et Larose, 1972, pp.370-371.
Gôrôg V., Contes Bambara du Mali, Paris, POF, 1979, pp.97-99.L'intérêt artistique de ce texte de style élevé, à coloration psycho­
sociologique, nous le devons au talent de musicien et de conteur de
Tayiru Banbera. Il introduit le conte en jouant du nkôni, "luth", et tout
le récit scandé, découpé en vers, est dit avec la musique qui lui permet
de se le rappeler, de le découper, d'annoncer différentes actions et de se
donner des temps de repos. La diction de Tayiru Banbera est claire, son
débit relativement lent, son style très personnel et poétique4.
Les autres contes ont été collectés auprès de Baba Fane5, forgeron
originaire de Joro (région de Segu), Cèman Sangare6, commerçant
originaire de Murudiya et Ba Sisôkô7, commerçant originaire de Segu.
Ils témoignent de la vitalité de la littérature orale, même en milieu
urbain. Traditionnellement, les nsiirin, "contes", récités en prose, mais
dans un langage rythmé, peuvent être dits par tous, adultes et enfants,
le soir, pendant la saison sèche. Il n'y a pas de spécialistes à propre­
ment parler, même si certains conteurs s'imposent par leur talent et sont
de véritables artistes.
Nous avons placé en premier le conte le plus long, l'histoire du
chasseur Ncô et des hyènes qui dévorent les nouvelles mariées. Le
thème développé sur les rapports entre le monde humain et animal (les
animaux décident de tuer le chasseur Ncô qui veut empêcher à jamais
les hyènes de dévorer les nouvelles mariées) se retrouve également
dans les récits épiques des chasseurs8. Le chasseur clairvoyant met un
terme à l'excès dévastateur du monde animal. Il n'en vient pas pour
autant à vouloir domestiquer un animal sauvage (ici l'hyène), il
souhaite seulement obtenir la garantie d'un juste équilibre entre le
monde de la brousse et du village.
Les contes suivants, regroupés quelque peu artificiellement (contes
sur les "métiers" d'homme : cultivateur, forgeron, contes sur les rela­
tions de l'homme et de la femme, contes d'animaux), comportent
presque tous des chants. Ils sont précédés et suivis d'une formule
con4. Choix de mots très expressifs, d'images souvent humoristiques, proverbes, tech­
niques de répétition de sonorités.
5. Contes de Baba Fane : Le Cultivateur et les Calebasses, La ruse de l'Hyène, Le
Forgeron et l'Hyène, L'Hyène et le Calao, les Animaux et le Grillon.
6. Contes de Cèman Sangare : L'Hyène et les Nouvelles Mariées, Le Lièvre et Dieu.
7. Contes de Ba Sisôko : Le Forgeron et la guerre, La Jeune Fille et la Flûte, La
Jeune Fille et le Python, La Femme et les deux Mendiants, Le Marabout et les
secrets des Femmes, Les Hommes et les Femmes.
8-Voir les notes du conte L'Hyène et les Nouvelles Mariées, pp. 120-121.-sacrée qui marque le passage de la parole ordinaire au conte, à l'uni­
vers de la fiction. Le conteur témoigne d'une tradition transmise qu'il
actualise devant son auditoire avec toute sa créativité, son talent person­
nel. Pendant son récit, il dialogue avec le public représenté par
quelqu'un qui l'approuve en lui répondant : naamu ! "oui !"
On retrouve certains thèmes, personnages et motifs classiques, com­
muns à toute l'Afrique de l'Ouest :
- une calebasse insatiable avale tous les hommes et n'est vaincue que
par un bélier qui, l'éventrant d'un coup de corne, délivre tous les êtres
engloutis;
- une jeune fille refuse de se marier et épouse un jeune homme trans­
formé en flûte;
- une jeune fille refuse de se marier avec un homme pourvu d'un sexe
et épouse un animal;
- une femme commet l'adultère avec deux hommes méprisés socia­
lement, punis violemment par le mari;
- un marabout vantard est humilié;
- l'origine de la vie commune entre les hommes et les femmes;
- le lièvre demande à Dieu de devenir plus malin;
- l'hyène dupée par le lièvre;
- le triomphe du plus petit des animaux ...
Traditionnellement, ces récits peuvent être interprétés à plusieurs
niveaux. Les contes ne sont plus alors de simples histoires qui diver­
tissent, mais ils enseignent une éthique sociale, transmettent tout un
système de valeurs, toute une vision du monde, le modèle culturel que
ceux qui les écoutent sont censés reproduire; en tant que discours sym­
bolique, philosophique, ils posent les questions fondamentales qui pré­
occupent l'homme et tracent dans le monde de l’imaginaire un chemin
vers la connaissance.Note sur la présentation des textes
Afin de respecter à l'écrit le rythme de l'oral, nous avons été à la
ligne chaque fois que le conteur marquait une pause dans la voix.
La transcription, réalisée en 1971 au Mali grâce à l'aide de Lasana
Dukure, Birahima Sangare, puis remaniée1 en 1980, est conforme à
l'orthographe officialisée au Mali, que l'on trouve dans le livre de
lecture Kalanjè ni Sèbènni, Nathan, Paris, 1987 (e : comme dans blé,
è : lait, ô : mort, u : genou, c : tiers, j : dialecte, r) : camping).
Nous avons opté pour une traduction fidèle au style, à

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents