Carlos Monsivais à l écoute du peuple mexicain
144 pages
Français

Carlos Monsivais à l'écoute du peuple mexicain , livre ebook

-

144 pages
Français

Description

"Le premier écrivain libre du Mexique moderne": dans un pays où l'on réduit facilement la culture populaire à une chorégraphie insignifiante au service d'un nationalisme vidé de sa vocation intégratrice, la plume de Carlos Monsivais dessine un visage "jouissant et combatif" des "masses" mexicaines contemporaines. Ses chroniques et ses essais explorent le "Mexique invisible" de ceux qui n'ont pas voix au chapitre de l'appartenance nationale. Monsivais l'intellectuel tente de se mettre à l'écoute des majorités silencieuses.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2004
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296367739
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CARLOS MONSIV AIS
À L'ÉCOUTE DU PEUPLE MEXICAINLa Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques
Poulain, Patrice Vermeren
Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée,
l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un
individualisme forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les
querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisélnent
supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage.
S'invalidait et tOlnbait du mêlne coup en désuétude cet étrange usage
du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y
soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à
l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient
contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les
enserraient encore. La crise des fondelnents scientifiques, la
falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des
sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de
leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la
philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité
jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le
débat critique se recolli1aissait être une fonne de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les
philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des
institutions comme l'École de I(orcula (Yougoslavie), le Collège de
Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de
cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en
COllllnundu jugelnent de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce
qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la
dénégation et du refoulement de ce partage du jugement.
Dernières parutions
Yvon GAUTHIER, La logique du contenu sur la logique
interne,2004.
Bourahima OUATTARA, Adorno, une éthique de la
souffrance, 2004.
Christian GLOBENSKY, Zarathoustra - Bouddha. Vers un
lexique commun, 2004.
Arrigo COLOMBO, La société amoureuse: notes sur Fourier
pour une révision de l'éthique amoureuse et sexuelle, 2004.Laura Brondino
CARLOS MONS IVAIS
À L'ÉCOUTE DU PEUPLE MEXICAIN
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
Hargita u. 3 Via Degli Artisti, 155-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris 1026 Budapest 10124 Torino
FRANCE HONGRIE ITALIEcgL'Harmattan, 2004
ISBN: 2-7475-6831-8
EAN: 9782747568319Remerciements
L'auteur a l'agréable devoir d'exprimer sa gratitude à
Jean-Paul Duviols, professeur de civilisation
latinoaméricaine à l'Université de Paris IV - Sorbonne, qui a
suivi le DEA à l'origine de cet ouvrage; à Patrice
Vermeren, professeur de philosophie à l'Université de
Paris VIII, pour ses inlassables encouragements et pour lui
avoir donné la possibilité de développer ce premier travail
dans le cadre de la « philosophie en commun» ; à Ernesto
Priego, historien et critique de bande dessinée, chercheur à
l'UN AM, ainsi qu'à Fernando Briones, à
l'EHESS - CIESAS, pour la documentation qu'ils ont
mise à ma disposition ainsi que pour leur soutien critique;
à Isabelle Barberis (ENS) qui s'est imposé la tâche de
relire ces pages.
Cette recherche a bénéficié du soutien essentiel du
Ministère des Affaires Etrangères et de la Secretaria de
Relaciones Exteriores Direcci6n General de
Cooperaci6n Educativa y Cultural qui ont accordé à
l'auteur la bourse franco-mexicaine de recherche, ainsi
que de l'aide du personnel de l'Ambassade du Mexique à
Paris.
Paris/Mexico, 2002. L.B.
71. Carlos Monsivais
Figure notoire du panorama intellectuel mexicain
actuel, Carlos Monsivais est l'auteur d'une œuvre
abondante qui couvre, à travers articles, essais et
chroniques, des domaines variés de la réalité mexicaine
contemporaine. Il est le 'témoin' attentif et se dit,
1
simplement, « l'observateur» de la réalité sociale et
politique mexicaine depuis les années cinquante jusqu'à
nos jours, celle de la « révolution institutionnalisée» ; un
observateur qui tient les fils du passé d'avant la révolution
et de la période post-révolutionnaire, bref, le XXème
siècle mexicain, et ses antécédents du XIXème siècle2. Il
reste pourtant mal connu hors du Mexique, si ce n'est aux
Etats-Unis où l'on vient de consacrer une première étude à
l'ensemble de son œuvre 3. En France, à notre
connaissance, il n'existe pas de publication de cette
envergure ni de traduction complète d'un ouvrage de
Carlos Monsivais ; l'Espagne, toutefois, lui a accordé le
prix Anagrama de Ensayo pour son récent Aires de
familia. Cultura y sociedad en América Latina (2000).
Né en 1938, au terme de la période
postrévolutionnaire et de la tentative socialiste du président
Cardenas, Carlos Monsivais grandit dans un Mexique qui,
anxieux d'appartenir au premier monde, s'est lancé dans
l'industrialisation et la modernisation économique et opère
un virement vers l'univers de l'entreprise, vers la
formation d'une haute bourgeoisie entrepreneuse; le
compromis social de la révolution est résolument laissé de
1Voir, entre autres, Dias de guardar, México, Era, 1970, p. 91.
2 Notre lecture couvre la production de Monsivais jusqu'à la fin de
l'ère du Parti Révolutionnaire Institutionnel (2000).
3 Linda Egan, Carlos Monsivéâs. Culture and chronicle in
contemporary Mexico, Tucson, The University of Arizona Press,
2001.
9côté dans un Mexique politiquement fermé. C'est au
moment de la parfaite consolidation du système de la
« révolution institutionnalisée» que Monsivâis commence
sa carrière littéraire, alors qu'il fait ses études supérieures
aux facultés d'économie et de philosophie de l'UNAM.
Dans les années cinquante, il participe à la revue littéraire
de la faculté de droit Medio Siglo, aux côtés des jeunes
écrivains Sergio Pitol et José Emilio Pacheco, avant de
rejoindre le supplément culturel de Siemprel, La cultura
en México; il travaille alors sous l'égide de Fernando
Benitez et de Carlos Fuentes qui, avec La region mas
transparente (1949), scellait la fin des idéaux de la
révolution et inaugurait une nouvelle littérature, centrée
sur le monde urbain, lieu privilégié du désenchantement
face à la modernisation et de la déchéance sociale. Très
jeune, Monsivâis côtoie ainsi une nouvelle génération
montante qui se heurte de plein fouet aux contradictions
d'un Mexique de plus en plus inégalitaire et qui cherche
de nouvelles voies d'expression pour s'y orienter et
l'affronter de manière « critique ».
A cette époque, Monsivâis publie sa première
anthologie de littérature mexicaine (Antologia de la poesia
mexicana, 1966), mais à la différence de ses collègues, sa
production littéraire s'orientera plutôt vers le journalisme,
le reportage à la manière de Tom Wolfe et Norman
Mailer, qu'il lit et admire, vers la chronique (dont il
constituera une anthologie et une présentation
programmatique en 1980). Ces genres le placent au cœur
de l'actualité mexicaine et lui permettent, au-delà du
travail de documentation, d'interpeller directement cette
réalité et ses enjeux, ainsi que de se placer au plus proche
d'un public plus ample que celui de la haute littérature.
Dès sa collaboration dans Siemprel, il élabore une colonne
qui va devenir populaire auprès du « grand» public des
classes moyennes, se poursuit dans La Jornada jusqu'en
102001 et donne le ton: « Por mi madre bohemios », collage
des différentes voix publiques qui s'expriment dans les
médias mexicains; les commentaires de «la R» (<< la
rédaction») y mettent en évidence les contradictions du
système, son autisme et son anti-politicité. S'il ne manque
pas de faire des séjours aux Etats-Unis (1965) et au
Royaume-Uni comme lecteur de littérature
latinoaméricaine (1971), il ne tient pas à s'y éterniser, estimant
que «ce n

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