Chinua Achebe ou la pragmatique du discours postcolonial
172 pages
Français

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Chinua Achebe ou la pragmatique du discours postcolonial , livre ebook

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Description

Cet ouvrage propose une "relecture" qui exalte trois catégories discursives où s'expriment des valeurs : d'abord, le discours critique qui permet d'analyser ce qui est dit sur l'Afrique aussi bien par les Africains eux-mêmes que par les Européens ; ensuite, le discours romanesque, qui laisse apparaître le positionnement idéologique de Chinua Achebe ; enfin, la parole des personnages qui montre le mécanisme suivant lequel se construisent des valeurs sociales et identitaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mars 2018
Nombre de lectures 39
EAN13 9782336829609
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre


Anatole Koffi M OLLEY






Chinua Achebe
ou la pragmatique du discours postcolonial
Copyright



Du même auteur

Comprendre le roman de Chinua Achebe, Saarbrücken, Les Éditions Universitaires Européennes, 2018.
Littérature togolaise, discours et figures d’autorité (dir.), Lomé, Éditions Continents, 2018.
Manuel de littérature comparée, Lomé, Éditions Awoudy, 2018.

















© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-82960-9
Dédicaces

À Adénikè Judith Hoagnon Hèméra Povi Martine
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Les littératures africaines de la fin du XX e siècle ont réussi à fixer l’écriture, largement décomplexée, comme l’une des valeurs intrinsèques du monde noir. Quelle importance accorder à ce « nouveau » discours lorsqu’on sait que l’écriture s’affirme de plus en plus comme une éthique dont le fonctionnement, quoique subjectif, amène à se demander comment les hommes sont parvenus à croire à l’inégalité des valeurs identitaires ? Cette interrogation invite à procéder à une révision des valeurs, dont l’enjeu face aux exigences du monde actuel reste éminemment discursif . Ainsi, en procédant à l’étude des représentations discursives et de la valeur identitaire dans la pentalogie romanesque de Chinua Achebe, on pourrait aboutir à une véritable science du langage qui montrerait les caractéristiques du nouveau discours africain . L’étude des valeurs dans le roman achebéen pourrait dès lors se révéler, à cet effet, comme un champ d’analyse en mesure de fournir des résultats qui apportent une contribution originale à la critique littéraire. Comment y parvenir ?
Pour perpétuer sa race, l’espèce humaine a besoin de valeurs. Mais de quelles valeurs a-t-il besoin ? Celles dites « culturelles » ou celles communément appelées « ethniques » ? Dans le cadre de cette réflexion, nous proposons de les appeler valeurs identitaires . À y voir de près, ces valeurs identitaires englobent toutes les formes de valeurs d’une communauté. Elles représentent un ensemble de règles qui, pour le sociologue ou l’anthropologue, constituent un artefact social. Elles ont pour but de définir une identité et par ricochet une valeur, dans leur expressivité ou matérialité. En d’autres termes, quelles valeurs véhicule l’œuvre romanesque de Chinua Achebe ? Comment sont-elles représentées ? Les valeurs sociales y jouent-elles le même rôle que les valeurs identitaires ? Toutes ces valeurs ont-elles la même importance aux yeux de tous ? Participent-elles toutes à la cohésion du groupe et à sa pérennisation ?
En orientant de cette façon le débat sur la question de la valeur (ou des valeurs) au centre de l’œuvre romanesque de Chinua Achebe, on s’aperçoit que des valeurs telles que l’« autorité parentale », l’« entraide », le « culte des ancêtres », identifiant la société ibo du Nigeria, se résument finalement à la morale , à la mesure et au principe de la responsabilité . On pourrait dire autrement que, tout comportement (individuel ou collectif), tout phénomène social rencontré dans l’œuvre d’Achebe, se réalisent par rapport à une valeur 1 tournée vers la recherche du bien et de la satisfaction physique, morale et intellectuelle. C’est tout cet ensemble qui définit la responsabilité (personnelle ou collective) du personnage agissant souvent par devoir ou obligation, et parfois, prenant en compte la cause ou les conséquences de l’acte qu’il va poser. Pour autant, tous les hommes ne réagissent-ils pas de la même façon ?
Dans ce contexte, un premier résultat auquel il faut s’attendre n’est-il pas celui d’affirmer que les valeurs identitaires dans le roman achebéen sont un ensemble de règles ou principes, constitués en normes sociales, qui aspirent à une universalité ?
La « valeur », en recouvrant un sens court, proche de l’une des définitions qu’en donnent les philosophes, désigne le caractère de ce qui satisfait à une fin. Elle signifie, lato sensu , ce qui est beau, bien, selon un jugement personnel plus ou moins en accord avec celui de la société de l’époque. Chez Hans Jonas, la notion de « valeur » s’associe à celle de « bien » car « valeur » et « bien » ont une dimension éminemment ontologique et impliquent, l’un comme l’autre, la volonté et le but d’un désir :
N’importe quelle fin que je me fixe, affirme Jonas, est par cela seul identifiée comme “valeur”, à savoir quelque chose qui vaut la peine que je la poursuive à présent (y compris renoncer à celles qui ne peuvent pas être poursuivies dans ce but) 2 .
Ici, surgit la difficulté à cerner la « morale », qui est la science du bien et du mal . Mais, quand la morale devient connaissance de soi et de l’autre, elle apparaît comme « mesure » 3 . Le concept de la « morale » étant indissociable de l’homme, en quoi donc « morale » et « mesure », en tant que valeurs, constituent-elles les principaux jalons de l’œuvre d’Achebe ? Quels intérêts présentent-elles dans cette étude ? Notre but est de comprendre comment ces valeurs (c’est-à-dire, « morale » et « mesure »), liées à la problématique actuelle de la « responsabilité » 4 , interviennent dans le champ des études qui circonscrivent à la fois littérature, langage et philosophie.
Dans l’œuvre romanesque d’Achebe, nous nous intéressons, non seulement aux discours qui expriment des valeurs identitaires , mais aussi à comment ces différentes valeurs sont exprimées : « le dire » étant tout aussi capital que « le dit » . Une question qui reste posée à cet effet est de savoir si les différentes traductions qui forment le corpus de notre étude révèlent les mêmes valeurs que les textes originaux. Aussi, s’est-il avéré important que nous justifiions le fondement de notre travail. Mais au préalable, nous définirons le terme de “discours” dans son contexte d’exploitation, puis nous en montrerons les diverses applications dans le cadre de cette étude. Nous éviterons surtout que notre approche soit une démarche hasardeuse et arbitraire.
En effet, cette étude consacrée à la pragmatiqueimpose la définition du vocable « discours » ; car, le plus souvent, le terme de discours paraît aussi ambigu que complexe. Ambigu, parce que parfois, en le définissant comme étant un élément langagier, on insiste sur les formes grammaticales qui sont « je » et « tu » et aussi sur les déictiques qui impriment un certain pragmatisme à la parole proférée. La complexité du concept est d’autant plus réelle qu’il est difficile de définir l’ analyse du discours comme méthode de lecture du texte. Cependant, du point de vue pragmatique, on pourrait entendre par « discours », les organisations transphrastiques relevant d’une typologie articulée sur des conditions de production socio-historiques. Le Petit Robert retient le sens vieilli de « discours », qui est : « tout propos que l’on tient », c’est-à-dire, conversation, dialogue, entretien. Ce sens garde toujours sa pertinence dans le cadre de nos recherches. Pour un emploi purement linguistique, de dimension supérieure, le « discours » est un message pris globalement, c’est-à-dire, un « énoncé ». Dans sa plus large extension et selon une conception benvenitienne, il faut entendre par discours « toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur. Et chez le premier, l’intention d’influencer l’autre en quelque manière ». Michel Foucault appelle « discours » un « ensemble d’énoncés en tant qu’ils relèvent de la même formation discursive » 5 . Enfin, le terme « discours » évoque le verbe, aussi bien que le « langage », c’est-à-dire, la parole singulière, qui peut être l’« expression verbale » de la pensée. Alors, tel que les linguistes l’utilisent, le concept de discours est une spécificité de l’activité langagière, qui porte les marques particulières linguistiques et socioculturelles, décodables par l’individu qui s’y rec

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