De la ville à la cité désirée -Un parcours dans l’œuvre de Dadié
130 pages
Français

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De la ville à la cité désirée -Un parcours dans l’œuvre de Dadié , livre ebook

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Description

On le constate, Dadié n’est pas un écrivain facilement « catalogable ». Est-il pour autant « poète » ?À la diversité et la fécondité de cette oeuvre (et non sa « prolixité » comme il arrive de lire ou d’entendre), s’ajoute sa modernité. Allons plus loin, son actualité.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 25
EAN13 9782372230896
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ni col e VI NCI LEONI
De la ville à la cité désirée Un parcours dans l’œuvre de Dadié
CIV 3089
SOMMAIRE
Avant-propos................................................................7 De la ville à la cité désirée.......................................15
L’attrait de la ville......................................................21 L’usure des sociétés humaines.................................39 Mimétisme ou envoûtement....................................45 Désenvoûtement et solitude accrue........................55 De l’action politique au pari de la littérature.........65 Ensemble, bâtissons la cité nouvelle.......................81
1 Avant-propos
Hommage à un écrivain qui ne cesse de vivre avec son temps
 Bernard Binlin-Dadié qui signe : Bernard B. Da-dié, a eu, de 1916 à aujourd’hui, cent ans. Oui, l’auteur du poème :« Je vous remercie, mon Dieu, de m’avoir créé Noir », du romanClimbié, dont le titre peut se tra-duire par :« Demain »,« Peut-être », « Qui sait ? », un récit de l’attente et de la formation d’une adolescence africaine sous la colonisation ; l’auteur de la comédie Monsieur Thôgô-gnini, autrement dit :« Monsieur le chercheur de nom », emblématique de l’arrivisme afri-cain, dont le succès populaire ne se dément pas, ou en-core du drame historiqueÎles de Tempête, qui brosse les souffrances vécues par les esclaves de Saint-Domingue, a bien eu cent ans.
Cent ans qui n’en font pas pour autant un homme du passé, encore moins un écrivain du passé. Ainsi le drame intituléÎles de Tempête, en rappelant la révolte des es-claves soulevés avec Toussaint Louverture contre leurs maîtres, puis contre les armées de Bonaparte issues de la Révolution française, est un drame aussi historique qu’actuel. Un drame qui pose, en parallèle à l’histoire
1 L’avant-propos, à la date où l’auteure de ce texte le signe, en ce mois de mai 2017, serait à nuancer fortement pour ce qui a trait à la forme physique de l’écrivain, heureusement toujours fort alerte intellectuement.
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du XVIII siècle et de la traite, la problématique de la li-berté des pouvoirs africains modernes aux côtés de ceux de leurs anciens colonisateurs. La problématique du type de gouvernement et de gouvernant capables d’aider au bonheur des peuples du continent. Oui, l’auteur de plus de vingt ouvrages où se lit toujours, en ïligrane ou très ouvertement, leprésent politiquede l’Afrique, a bien eu cent ans.
2 Cependant, malgré les épreuves et le siècle , l’homme avance avec une alacrité intellectuelle rare à cet âge, appuyé dans ses œuvres, comme dans la vie, sur une sérénité surprenante. Une sérénité de sommation. Une sérénité faite d’une curiosité jamais assouvie pour les êtres et les choses, souvent tissée de cette ironie « hu-moresque », une ironie de conciliation, qui est l’une des caractéristiques principales de son style.
Prenons-y garde cependant, cette ironie « humoresque » est un archipel qui repose sur des fondations qui sont la souffrance et l’observation ; une observation aigüe de la souffrance. Il sufït de fendre la surface de ses textes et de pousser plus loin le regard pour constater que cette curiosité ironique, qui fait de tout l’œuvre de notre écri-vain« un livre de questions », est souvent nouée avec les lanières du fouet de la satire. Une satire aussi bien pré-sente dans sa prose que dans sa poésie. Une satire qui a pour fonction de débrider largement, avant de contribuer à les recoudre et de suggérer des remèdes, les abcès et les plaies de sociétés qui, de part et d’autre de l’océan, préfèrent s’admirer que se voir telles qu’elles sont.
2 … « au-delà », si l’on considère qu’il est né « vers ».
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Cette présence de la satire est repérable à chaque fois que le regard de l’écrivain se promène, infatigable et lucide, sur nos sociétés humaines, présentes et passées. Il leur ôte le masque de respectabilité qu’elles ont posé sur leurs visages, pour nous en découvrir les nombreux aspects grotesques, dramatiques ou tragiques, hélas, ré-pétitifs. De la rue aux ofïcines du pouvoir, à la chambre à coucher, aux lieux de culte, rien n’échappe à son in-vestigation.
Mais si nous allons plus loin encore et remontons à l’ori-gine de ce ton si particulier, nous nous apercevons qu’il est inséparable de l’espérance qui, souvent fragile, té-nue, parcourt ses textes et, toujours, à leur conclusion, ïnit par faire entendre sa petite voix. Petite, mais insis-tante. Que le texte soit court ou très long. Qu’il s’agisse de théâtre, de poésie, de chroniques de voyages ou d’ar-ticles. De textes aussi brefs que le poème :« Je vous remercie mon Dieu », aussi vastes que la chronique : Patron de New York.
Malgré l’épaisseur du fond critique qui cible dans l’œuvre les discordances, les ratés et les absurdités de nos établissements humains, jamais ne manque ce clin d’œil, cet envoi, ce chant ïnal qui dit que demain peut être différent si, en acceptant de nous regarder dans le miroir qu’il nous tend, nous sommes devenus sufïsam-ment lucides et comprenons qu’il nous faut pour cela nous unir. Des ïns qui, toujours, convient le lecteur ou le spectateur à l’action pour faire évoluer positivement le présent.
Cette espérance que le narrateur, conteur, dramaturge, poète, voyageur, communique à son lecteur prend sa
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source dans la conïance de l’écrivain en l’homme et dans une foi inébranlable en l’existence de Dieu et de sa Justice.
Il y a là, dans l’œuvre, une attitude qui déïnit un « être au monde ». Une attitude qui permet à cette œuvre de résister, sans éclats ni jactance, en refusant toute sou-mission à des arguments qui ne font autorité que par la force qui les impose ; en défendant, sans relâche, une certaine idée de l’Africain et, au-delà, une certaine idée de l’humain.
C’est cette attitude qui continue de guider l’homme et l’écrivain, même si le privilège de l’écrivain est d’être « un autre » quand il prend la plume, et que nous ne les confondons pas, malgré les ressemblances.
Tout Ivoirien, tout Africain ou venu de plus loin, de pas-sage à Abidjan, peut voir l’homme. Il peut lui parler et, si l’occasion se présente, connu ou inconnu, « en haut 3 d’en haut » ou « cacabas » , être admis sans protocole à sa table. S’il cultive volontiers l’art d’être grand-père et arrière-grand-père, il n’en continue pas moins à s’in-téresser à la vie sous toutes ses formes, à regarder ceux qui s’agitent, se bousculent, cherchant à être rois « en la machine ronde » mais attirent, plus souvent les ombres du malheur que les scintillements du bonheur qu’ils pro-mettaient.
Il continue, en chercheur de vérité et non en quêteur de 4 « grand nom » , à puiser, dans son commerce quotidien
3 Expressions familières mais très imagées en français de Côte d’Ivoire, que l’auteure de ces lignes s’accorde licence d’employer. 4 Traduction du nom « Thôgô-gnini » celui du personnage central de sa comédie Monsieur Thôgô-gnini
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