Ecritures africaines
275 pages
Français

Ecritures africaines , livre ebook

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275 pages
Français

Description

Première étape vers une reconnaissance des écritures africaines, l'auteur nous apprend à déceler, analyser et comprendre des écritures traditionnelles d'Afrique (du Mali et de la Côte d'Ivoire) antérieures au XXe siècle. Les textes d'historiens, ethnologues, linguistes et sémioticiens sont étudiés dans une perspective historique correspondant à l'évolution des mentalités sur le sujet. Porte entrouverte sur une littérature encore totalement inconnnue de l'Occident, ce livre autorise un véritable début de lecture des signes africains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 61
EAN13 9782296254923
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

* Renvoi vers la bibliographie
** Renvoi vers la filmographie
Les planches sont placées en fin de volume

Couverture :Le glã dya. Un des quatre tableauxdesignes retraçantla genèse des
signes. D’aprèsY. T. Cissé etG. Dieterlen (*1972:70, fig.5).

À Manuel

INTRODUCTION

«Afrique, continent sans écriture…», quelle étrange
expression masquant un si horrible programme d’oblitération des
cultures africaines par le monde occidental: un rêve auquel se sont
accrochés tant de chercheurs… Ceux-là mêmes qui traçèrent les
contours du désert dans lequel une recherche universitaire sur
l’existence d’éventuelles écritures africaines se trouverait
marginalisée. Se risquer sur cette voie devait remettre inévitablement en
cause une connaissance trop fortement ancrée et défendue par les
plus grands chercheurs. Je doisassurémentlesoutien de mon
entreprise à l’ouverture d’espritdesethnoesthéticiensetdes
sémioticiens. Aujourd’hui,s’il m’arrive encore derencontrerdes
récalcitrants,sesont-ilspourautantadoucis? Les tempschangentet
lesidéesavancentà leurrythme. Ellesavancent…
Danspareille perspective,une actualité n’estpasattendue
surles résultatsdes recherches: d’une part,
quivoudraitaujourd’huis’informer surcesécritures sansen connaître l’existence et,
d’autre part, qui pourrait supposerleurexistence alorsqu’aucune
institution, aucune manifestationrelaye l’informatLion ?’actualité
desartspremiers suscitée parl’ouverture duMusée
desArtsetCivilisationsduquaiBranly aurait pu servir une meilleure lecture des
œuvres d’artà cesujet,unetentative, même, derévélercesobjets
dansleurpleine dimension ethnoesthétique augrand public… Il
n’en est rien.
Que la curiosité etla perspicacité dulecteur soientdonc ici
remerciées… Ellesl’aurontamenésurlavoie peucommune de la
découverte qui, je l’espère,sera à la hauteurdesesespérances. La
révélation de l’existence desécrituresafricainesest un long
cheminementdontle présentlivre n’estque le commencement.
Audébut sesituaientdes textesexcluantarbitrairementet
sansaucune justification les signesafricainsdesclassificationsdes
écrituresdumonde etd’autres textesessayantde décoderles
systèmesdesignesetn’exposantpasdu toutle problème linguistique
du signe, commesi leschosesallaientd’elles-mêmesconduisant,
dansla plupartdescas, à de douteusesinterprétationsplusqu’à
uneréflexion menéesurlesprocédésde
fonctionnementdesécritures. Il manquaitdonc des textesderéflexionthéorique
permet

tant d’asseoir un travail technique de déchiffrage des signes. Dans
cetespaces’insère le livre présent. Il convientdethéoriserle
problème afin de le légitimerau sein de larecherchescientifique etde
notre propresystème de pensée. C’està ce prixque les travaux
pourront se poursuivre etprendre desorientationsdifférentes,
argumentées, expliquéesen connaissance de cause. Alors
seulement, le milieu scientifiques’ouvrira
auxdifférentesinterprétationspossiblesdesécrituresducontinentafricain.
Les signes sontle plus souvent, comme ailleurs, appliqués
sur un plan (panneauxde bois, lamesdesmasques,textiles,roche,
etc.) dontl’étude préalable menée chezlesDogon, lesBamana et
les Sénoufo a déterminé l’aire géographique prise en compte dans
1
l’étude des signes . Le plan des œuvres d’art est donc un espace de
connaissance et d'enseignement. Supportdes
signesdesdifférentesfamilles, il estlié à l'activitéscripturale. Lesigne graphique,
peint, gravé ou sculpté, omniprésentdanslesœuvresd’art trouve,
dans ce livre, un développement conséquent. La question
inaugurale posée est la suivante : existe-t-il des écritures traditionnelles
Dogon, Bamana et Sénoufo? Un inventaire
desdifférentsgraphismesestnécessaire afin de mieux se familiariseravec euxet
percevoirlesparticularitéspropresà chaque famille. Dans un
discoursde portée plusgénérale, le pointdevue de chercheursde
plusieursdisciplines- historiensde l'écriture, linguistes,
philosophes, anthropologuesetethnologues- concernantla notion
d'écrituresera exposé. La mise en perspective de l'évolution de la
considération de l'écriture dynamise le proposetdresseun panorama
de lasituation ancienne etactuelle de larecherche dansce
domaine. Le point suivantexamine d'une part, les relationsexistantentre
l'écriture etl'art, danslerapportà la calligraphie, dansleurs
techniquescommuneset, d'autre part, entre l'artetl'écriture, dans un
désirde l'artiste dereveniràun graphisme primordial oudese
diriger vers un graphisme imaginaire, dansla mise aupointde
problématiquesartistiquescentrées surlascripturalité.S'engage alors une
réflexionsurla notion desystème designesfaisant suite à
l'interrogation initiale : quel estle fonctionnementpossible des signes
africainsà l'intérieurdudiscoursgénéral linguistique et
sémioti

1
Voirl’ouvrage traitant de l’initialisation du problème à travers l’étude des
surfaces planes des œuvres d’artDogon,Bamana et Sénoufo du Mali, de la Côte
d’Ivoire et duBurkina Faso. N. Martinez-Constantin (*2002).

8

que ? L'étude du signe linguistique estexaminée longuementafin
de mieuxassurerlasuite de larecherche. La dichotomie oral/écrit
estexposée dansle contexte africain, différentde l'occidental, afin
de mettre envaleurdesdisparitésessentielles. La particularité du
contexte africain autorise à penserautrementle problème de
l'écriture etàs'interroger sur sesdiversesfonctions. À lasuite de
ces remarquesesténoncée etdéveloppée l’hypothèse centrale,
suivie d'un essaitraitantde la lecture des signesafricains. Lesujet
s'ouvresurde nouvelles réflexions,surd'autresbasespossiblesde
travail pourdes recherches ultérieures.
Une longue confrontation avec les peintures sur roche des
Dogon etdes Bamana, sur les masquesDogon, Bamana et
Sénoufo,surdivers supports, a été nécessaire afin que naisse l'idée
de l’invention possible d'une forme d'écriture parcesfamilles. À
partirdescentainesd'imagesmanipuléesetétudiéesattentivement,
l'idées'estprécisée. L'observation a longtempsété monseul guide
et selon J. Peignot,
«Les caractères ne révèlent leurs secrets et partant, leurs beautés qu'à ceux qui
2
les regardent attentivement».
Sera traitée ici une forme d'écritureparticulière, la
plusancienne, enseignée aucoursde l'initiation, inscritesurlaroche, le
sable, lesmasques, les tissusetlesdiversobjets. Neserontpas
abordéeslesécrituresd'inventionrécente, nées, pourla plupart, de
3
la colonisation .Certaines sontpeut-être anciennesetleterme

2
(*1967:69).
3
J'en présente quelques-unes afin de bien saisir leurs différences. La plus célèbre
est celle des Bamoun duCameroun, inventée à la fin duXIXèmesiècle parleroi
Njoya pourcorrespondre avecses subordonnésetcomportant466 signes. Le roi
s'enservitpourfonder unereligionsynthétisantlesdonnéesde l’Islam, du
christianisme et de l’animisme.Elle a connulestade idéographique et symbolique puis
syllabique, enfin ellese dirigerait versl’alphabétique. LaSomalie a vu naître un
alphabet créé par Isman Yusuf comportant 19 consonnes et 10 voyelles.
L'écrituresyllabique Éthiopienne comporte environ 180 signes. Au Nigeria est né le
Nsibidi formé de pictogrammes et d'idéogrammes. Levieil alphabet Berbère
datant de plus de2000ansestencore employé sous la forme de l'écriture Tifinagh
des Touareg. L'écriture lybique dont est issu le Tifinagh
comporte24signesconsonantiques tracés soit verticalement,soithorizontalementde droite à gauche. Il
s'agit d'un alphabet consonantique auquel on a ajouté récemment des voyelles et
comprenant 29signes. Il estmaintenantédité puisqu'un clavier informatique a
été créé pour lui (voirLibération,27-28 juillet1996, «L'écrit touareg du sable au
papier»:30-31).Cinq écritures syllabiquesimportantes sontnéesafin detranscrire

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récent, tr&

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