En Afrique, le temps se conte
98 pages
Français

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En Afrique, le temps se conte , livre ebook

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Description

Lire ses contes, c'est pénétrer dans le cœur d'un peuple. Le conte négro-africain a traversé des siècles. Comme genre littéraire traditionnel, issu de l'oralité, il se fait le reflet de la société africaine authentique, mais n'a pas échappé tout à fait à l'occidentalisation. Ce sont là des raisons parmi d'autres qui expliquent la multiplicité des temporalités dans le tissu narratif. Fidèle à cette notion d'ethno-littérature, l'auteure de ce livre continue à chercher dans le discours littéraire un terrain ethnologique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2016
Nombre de lectures 31
EAN13 9782140022562
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
CULTURE AFRICAINE
Cette collection regroupe des monographies et travaux d’études divers sur la vie culturelle en Afrique. Organisée par thèmes, elle concerne l’ensemble du continent africain du nord au sud.
Déjà parus
Ahmad Taboye, Panorama critique de la littérature tchadienne en langue française , 2016.
Kadar Ali Diraneh, Regards croisés entre colonisateurs et colonisés. Français et Djiboutiens dans la littérature , 2016.
Liss Kihindou, Négritude et Fleuvitude, Et autres observations littéraires , 2016.
Gabriel Danzi et Maryvonne Palessonga, Makombo Bamboté et le royaume centrafricain de Banga-Sù-ulè. Histoire ou complexe généalogique ?, 2016.
Massoumou Omer (dir), Questions de littérature et de langue française , 2015
Noël Bertrand Boundzanga et Achille-Fortuné Manfoumbi-Mvé (dir.), Controverse et signification. Mélanges offerts à Fortunat Obiang Essono , 2015.
Dieudonné Mukundila Kembo, Le pagne africain et sa symbolique , 2015.
Mamadou Kalidou Ba, Mbouh Séta Diagana et Mamadou Ould Dahmed (dir.), La poétique de l’histoire dans les littératures africaines, 2014.
Anicet Etou Nianga, Papa Wemba, La voix de la musique congolaise moderne, Contribution et odyssée , 2014.

Ces derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Titre

Nelly Lecomte







E N A FRIQUE, LE TEMPS SE CONTE
Copyright
Du même auteur
L’Androgyne , poésie, Ed. Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1986.
Le roman négro-africain des années 50 à 60. Temps et acculturation , Ed. L’Harmattan, Paris, 1993.
Nouvelles du large , Ed. Amalthée, Nantes, 2009 (4 coauteurs).
La station s’appelait Terminus , nouvelles, Edilivre, Saint-Denis, 2013.
Le langage de la terre , poésie, Edilivre, Saint-Denis, 2013.
La griffe de l’ours , contes, Edilivre, Saint-Denis, 2015.
Entre deux , roman, L’Harmattan, Paris, 2016.



Réalisé avec le concours du Fonds culturel national, Luxembourg






© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77492-3
CORPUS
DADIE Bernard, Légendes africaines. Afrique debout. Climbié. La ronde des jours , Seghers, Paris, 1973
DIOP Birago, Les contes d’Amadou Koumba , Présence africaine, Paris, 1961
DIOP Birago, Les nouveaux contes d’Amadou Koumba , Présence africaine, Paris, 1961
DIOP Birago, Contes et lavanes , Présence africaine, Paris, 1963 HAMA Boubou, Contes et légendes du Niger , Présence africaine, Paris, 1976
TCHICAYA U TAM’SI, Légendes africaines , Seghers, 1980
Il faut remarquer que notre corpus vient de régions et de pays différents, principalement du Sénégal, mais aussi du Niger et du Congo (Brazzaville), donc à la fois d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Provenant d’aires culturelles différentes, il puise ses racines dans des réalités ethnologiques différentes. Birago Diop, originaire du Sénégal, se réfère notamment aux Mandingues, mais aussi aux Toucouleurs, parmi d’autres. Chez Tchicaya U Tam’Si, originaire du Congo, on trouve la région du Kasaï, mais il parle aussi des Fân, des Bossos ou des Mandingues ou encore de bantous, parmi d’autres. Bernard Dadié est originaire de Côte d’Ivoire.
1. INTRODUCTION
Le conte négro-africain se présente comme un enchaînement d’événements dont l’ordre ne semble pas très rigoureux, car l’auteur paraît prendre un tel plaisir à conter qu’il se laisse facilement entraîner vers des digressions. Cependant, le conte négro-africain n’est pas moins dirigé avec détermination vers une issue qui témoigne d’une ferme volonté de son auteur d’énoncer une vérité générale bien définie. Lors du déroulement des événements sont révélés certains comportements sociaux, en même temps qu’il y a cette intention de donner au lecteur une certaine leçon morale, prenant souvent la forme de proverbes déjà à l’entrée du conte, sinon dans sa conclusion. L’intégralité du conte afflue donc vers cette vérité générale dont il se fait l’illustration, alors qu’adhèrent au noyau de l’histoire les anecdotes narrées de manière digressive. Le conte tire ainsi son unité, qui n’est point temporelle, du sens qu’il véhicule. Actions principales et actions secondaires se meuvent dans une temporalité unilinéaire du récit, même si les multiples temporalités utilisées ouvrent des brèches vers les digressions. Le temps est ainsi atomisé sur l’axe des temps propres au récit. Les divers espaces temporels sont transgressés d’épisode en épisode, ce qui rend le temps des actions, qui forment le contenu, pluri-linéaire, voire pluridimensionnel. C’est là l’hypothèse de base de notre étude.
Pour définir les diverses temporalités employées, nous serons amené à nous poser la question du temps dans la société africaine traditionnelle, à nous interroger sur la complexité de la temporalité traditionnelle et son intégration dans le conte, à établir le lien entre le temps dans la société réelle et le temps dans le conte. Nous allons voir comment les différentes couches temporelles ont été conciliées afin de coexister dans le tissu textuel, comment l’emploi d’une temporalité restreint celui d’une autre. Cette vision évolutionniste des rapports entre le conte et les conceptions du temps dans la société traditionnelle, entraînant des changements au niveau des conceptions du temps, au moment où elles entrent dans le conte, par exemple la temporalité religieuse se transformant en temporalité merveilleuse, cette vision nous amènera à nous interroger également sur l’emploi de la temporalité moderne dans l’imaginaire négro-africain, autrement dit sur l’acculturation éventuellement reflétée dans le conte, car nous n’excluons nullement des déformations subies par le social au moment de son entrée dans l’imaginaire. Il est néanmoins vrai que certains recueils de contes sont restés proches de la société traditionnelle, tels que celui de Boubou Hama ou encore celui de Tchicaya U Tam’Si. La notion de temps n’est en effet pas sans implication sociale. « La mesure du temps change avec l’ordre social et avec le rapport au monde, » affirme Jacques Attali 1 . Il continue : « … toute société trouve son sens propre en nommant à sa façon ces coupures et ces cycles nécessaires. Chacune a alors son propre temps et sa propre dynamique. Tout groupe social fonctionne en installant ces coupures à des moments correspondant à la fois aux nécessités économiques et aux impératifs théologiques du groupe…
Nommer le passé et relier les dates qui le jalonnent à une mémoire, …, confère un sens aux sociétés. Le calendrier et les instruments de mesure du temps associés constituent alors des éléments centraux de tout ordre social. » 2
Pour notre étude, nous allons nous référer essentiellement aux recueils suivants :
• Les contes d’Amadou Koumba. Les nouveaux contes d’Amadou Koumba. Contes et lavanes , du Sénégalais Birago Diop.
• Légendes africaines , de l’Ivoirien Bernard Dadié.
• Contes et légendes du Niger , du Nigérien Boubou Hama.
• Légendes africaines , du Congolais Tchicaya U Tam’Si.
1 ATTALI Jacques, Histoires du temps, Fayard, Paris, p.34.
2 Ibidem, p. 35.
2. METHODES UTILISEES
Au premier abord, nous avons pu distinguer dans les contes de notre corpus différentes manières de percevoir le temps. Il est clair que la perception du temps se fait conformément à certaines conceptions, si nous admettons avec Immanuel Kant que le temps est une donnée a priori qui se projette dans l’espace extérieur 3 . Nous allons par la suite appeler temporalité le temps en tant que temps conçu. Le terme de temps désignera l’objet de la conception :
Temps = Temporalité – Conception
Une temporalité se distingue de l’autre par les divergences de quantifications et de ponctuations. En effet, concevoir le temps, c’est aussi le mesurer à partir de certains systèmes théoriques, de certaines cosmogonies, de certains rapports au monde, de certaines expériences empiriques. C’

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