Jean Giono
55 pages
Français

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Description

L'angle d'approche choisi pour le présent ouvrage surprendra peut-être les amateurs de l'oeuvre de Giono. On s'attend en effet à ce que le motif des cosmétiques soit d'une importance mineure dans un univers romanesque d'abord ancré en pleine nature. Pourtant, les parfums, les fards, les huiles entrent avec le corps, et notamment avec la peau, dans de subtiles dialectiques du naturel et de l'artifice, de la surface et de la profondeur, du sain et du malsain et jouent avec le désir, la réalité, le néant. Jean Giono, Corps et cosmétiques est le premier volet d'une réflexion sur la représentation, les usages et les langages du corps dans l'oeuvre de Jean Giono.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 février 2021
Nombre de lectures 3
EAN13 9782304028256
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction d’Alain Romestaing et Mireille Sacotte
Jean Giono Corps et cosmétiques
Actes de la journée d’étude « Jean Giono : corps et cosmétiques » organisée à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 (11 avril 2008), dans le cadre de L’UMR 7171 – Écritures de la modernité – CNRS/Paris3
Ouvrage publié avec le concours de l’UMR 7171 – Écritures de la modernité – CNRS/Paris3
Éditions Le Manuscrit Paris


Illustration couverture : © Clémentine Perset-Sacotte
© Éditions Le Manuscrit, 2009
ISBN : 9782304028249 (livre imprimé) ISBN : 9782304028256 (livre numérique)


« L’Esprit des lettres »
Collection coordonnée par Alain Schaffner et Philippe Zard
« L’Esprit des lettres » présente, dans un esprit d’ouverture et de rigueur, un choix d’ouvrages reflétant les principales tendances de la critique en littérature française et comparée. Chaque proposition de publication y fait l’objet d’une évaluation par les directeurs de collection ainsi que par des spécialistes reconnus du domaine étudié.


Dans la même collection
Agnès S piquel et Alain S chaffner (éd.), Albert Camus, l ’ exigence morale. Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi , 2006.
Jeanyves G uérin (éd.), La Nouvelle Revue française de Jean Paulhan , 2006.
Jeanyves G uérin (ed.), Audiberti. Chroniques, romans, théâtre.
Isabelle P oulin , Écritures de la douleur. Dostoïevski, Sarraute, Nabokov, 2007.
Philippe M arty, L e poème et le phénomène , 2007.
Philippe ZARD (ed.), Sillage de Kafka , 2007
Emmanuelle André , Martine Boyer-Weinmann , Hélène Kuntz (ed.), T out contre le réel. Miroirs du fait divers , 2008
Yves Landerouin et Aude Locatelli (ed) , Musique et littérature , 2008
Jean Goldzink , La Plume et l’idée, ou l’intelligence des Lumières , 2008.
Hedi Kaddour , Littérature et saveur. Explications de textes et commentaires offerts à Jean Goldzink , 2008.


Avant-propos
Selon l’article L.5131-1 du code de la Santé publique, l’expression « produit cosmétique » désigne « toute substance ou préparation destinée à être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaire, les ongles, les lèvres et les organes génitaux externes, ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d’en modifier l’aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles ».
On peut s’interroger sur l’intérêt de cette perspective médico-esthétique pour aborder l’œuvre de Jean Giono, d’autant plus que le sens commun renchérit à sa manière sur cette définition juridique pour attribuer aux produits cosmétiques une connotation de superficialité. Pourtant il est devenu courant aussi, et jusque dans le commerce des cosmétiques et sa publicité, de citer Paul Valéry pour affirmer que « ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, c’est sa peau ». La formule présente au moins l’intérêt de dépasser l’opposition simpliste entre le superficiel et le profond, ce à quoi nous invite aussi une réflexion sur l’usage des cosmétiques dans l’œuvre de Giono, usage qu’en font les personnages, usage qu’en fait l’auteur, bien sûr.
« Corps et cosmétiques », tels furent le premier volet et l’angle d’attaque choisis pour entreprendre une vaste étude de la présentation, des usages et des langages du corps dans l’œuvre de Giono. Cette journée d’étude a été organisée le 11 avril 2008 par l’équipe « Métamorphoses de la fiction » au sein de l’Unité Mixte de Recherche « Écritures de la Modernité » de l’Université Paris 3. Un colloque, centré sur « le corps et ses (dés)habillages », forme le deuxième volet de l’étude et fera l’objet d’une deuxième publication.
On trouvera ici des approches qui, pour être variées, n’en sont pas moins synergiques 1 . Fortement originales, elles se signalent par une allégresse induite par la gaîté avec laquelle Giono se sert toujours du détail, même dans les ensembles romanesques les plus construits et les plus vastes.
Les articles se partagent donc naturellement entre considérations sur des sujets très généraux et gros plans sur des motifs précis parfois même très réduits, en apparence. La présentation d’Alain Romestaing est à la fois une introduction à la journée d’étude et l’exposé détaillé des problématiques rattachées à ce sujet de l’usage des cosmétiques par les personnages gioniens. D’entrée, il met à mal les idées reçues sur un Giono chantre de l’état de nature, en s’attachant à une large réflexion sur la dialectique du naturel et de l’artifice, de la surface et de la profondeur, dont le mouvement vertigineux fait bouger toutes les lignes de partage et implique une certaine écriture du corps. Laurent Fourcaut quant à lui effectue une vaste synthèse sur le motif de la peau, récurrent dans la réflexion de Giono sur le corps de l’homme. Il en présente la double fonction de prison et de protection, et son rôle dans un système global de représentations qui opposent la tentation de la perte dans le monde et celle du repli avaricieux sur soi.
Inversement Anne Simon choisit de se focaliser sur les tatouages, discrets ou exhibés, spécialement dans Jean le Bleu et dans Deux cavaliers de l’orage , ce qui l’entraîne dans une plus large réflexion. Analysant la fonction d’ ekphrasis de ces motifs inscrits à même la peau, ainsi que les hybridités et les correspondances entre intériorité et extériorité du corps gionen, elle dresse le portrait de l’écrivain en tatoueur. Dans la même veine, Julie Mallon constatant l’usage qui est fait de la poudre de riz par de nombreux personnages gioniens, s’attache à décrypter les enjeux de ce geste anodin où se joue la dialectique du naturel et de l’illusion mais aussi de la soumission à l’ordre social et de la revendication individuelle de liberté. Parallèlement Sylvie Vignes, en explorant le détail d’une seule œuvre, Les Âmes fortes, approfondit le langage des parfums, langage subtil, au service parfois de vives violences, langage détourné souvent, qui accompagne en particulier toute la relation de séduction réciproque entre Madame Numance et Thérèse. C’est également aux parfums que se consacre Alain Schaffner qui analyse, à partir d’ Angelo, la manière dont une fragrance peut synthétiser l’essence d’un personnage, quitte à ce que des miasmes moins idéaux entrent dans la composition de « l’odeur si belle ».
Si ces articles tiennent compte, au-delà du corps naturel, du corps civilisé c’est-à-dire social, l’intervention d’Alain Tissut sur Le Grand Troupeau , unique roman de Giono sur la guerre, reste seule de son espèce car elle traite d’idéologie. Elle s’attache à montrer que le romancier, dans sa description même du corps des combattants, est pris entre deux impératifs contradictoires, récuser toute l’imagerie héroïque du « poilu » et magnifier la résistance du paysan.
C’est donc la complexité de l’œuvre de Giono que ces diverses études mettent en lumière en même temps qu’elles lancent un spectaculaire avertissement contre toute interprétation simpliste. Car, cette question de la peau et des cosmétiques en est une parfaite illustration, tout, grandes lignes et petits détails, joue chez lui sur l’ambiguïté. Le naturel tant vanté est aussi très inquiétant et demande à être contrôlé ; l’artificiel, signe de soumission à l’ordre social, donne aussi à l’individu les moyens de proclamer sa liberté ; le travail de la surface est un chemin d’accès à la profondeur. Giono ne cesse de faire bouger les limites entre les contraires logiques ou admis, le sain et le malsain, le convenable et l’inconvenant, l’humain et l’animal, le masculin et le féminin. Il mélange les cartes, les retourne, les cache, les montre, les redistribue autrement. Ne jamais oublier que l’Artiste, le joueur de cartes des Grands Chemins, est un de ses autoportraits.
Alain Romestaing et Mireille Sacotte
UMR 7171 – Écritures de la modernité – CNRS/Paris 3
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