Jean Giono, de Colline à Que ma joie demeure
142 pages
Français

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Jean Giono, de Colline à Que ma joie demeure , livre ebook

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Description

Dans l'oeuvre de Jean Giono, les romans d'avant-guerre constituent une première époque, une première "manière". L'écrivain y met en scène des hommes qui éprouvent un sentiment de mal-être, qui ne parviennent plus à être en communion avec la nature. Pour enchanter le monde de son écriture poétique, Giono expérimente bien des procédés littéraires. Aussi différents soient ces cheminements, ils tendent à suspendre le temps pour retrouver le "Tout".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 21
EAN13 9782296494619
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean Giono,
de Colline à Que ma joie demeure
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions

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Ricardo ROMERA ROZAS, Jorge Luis Borges et la littérature française, 2011.
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Juan Manuel MARCOS, L’hiver de Gunter, 2011
Alexandre EYRIES, Passage du traduire, Henri Meschonnic et la Bible , 2011.
Charles WEINSTEIN, Pouchkine. Choix de poésies , 2011.
Manuel GARRIDO PALACIOS, Le Faiseur de pluie. Roman , 2011.
John Baude


Jean Giono,
de Colline à Que ma joie demeure


Le temps suspendu, le Tout retrouvé


L’H ARMATTAN
Du même auteur
J’étais une île , roman, Editions Jean-Paul Bayol, 2008


© L’H ARMATTAN , 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96388-7
EAN : 9782296963887

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
INTRODUCTION
Jean Giono publie son premier roman en 1929. Ce sera Colline . Quelques années plus tard, en 1935, paraît Que ma joie demeure . Dans l’intervalle, se sont succédés bien des romans et des nouvelles. Mais la plupart de ces œuvres ont pour personnages des paysans, pour cadre des contrées et des villages isolés, un temps et une action indépendants de l’Histoire, à l’exception du Grand Troupeau {1} . C’est un monde en soi que celui des romans de Giono de ces années-là. En outre, ils ont pour thème commun, certes avec des nuances, une « recherche de la joie née de la fusion avec la nature et le grand Tout ». Cet ensemble, par sa relative homogénéité, constitue « une première époque qui irait de Colline à Que ma joie demeure » {2} , roman en lequel Giono lui même voit un « aboutissement » {3} .

Pour autant, ce n’est pas d’un univers paradisiaque qu’il s’agit dans ces romans. Cette quête de la joie trouve sa raison d’être dans un sentiment initial de malaise : le désespoir amoureux dans Un de Baumugnes ; l’agonie d’un village dans Regain ; le départ à la guerre dans Le Grand Troupeau . Plus difficile à cerner précisément, en l’absence d’événement comparable, serait le mal être qui s’empare des paysans de Colline ou de celui qui, dans Que ma joie demeure , les taraudait, voire les poussait au suicide, avant que n’arrive parmi eux un inconnu nommé Bobi.
Et, à la différence des autres romans, ce malaise obscur grandit ou renaît.
Dans le premier de ces romans, les paysans sont effectivement en proie à une inquiétude croissante quant au silence, selon eux inhabituel, étrange, qui les entoure. L’arrêt de la fontaine du village les fait verser définitivement dans un sentiment de panique et dans l’irrationnel, d’autant qu’un vieillard, Janet, détenteur du savoir qu’ils lui prêtent, ne cesse de raviver leurs peurs. Dans le second, si une tonalité heureuse et enthousiaste domine dans une grande partie du roman, si les paysans trouvent une espérance et une raison de vivre dans les paroles et les actes de cet homme, Bobi, celui-ci ne parvient cependant pas à semer la joie, à empêcher un nouveau suicide. Lui-même finit par marcher au devant de la mort.

Mais la singularité de ces deux romans réside avant tout – et c’est ce point qui sera traité en priorité ici – dans le style. Phrases courtes, rythme troué de blancs typographiques dans Colline ; lyrisme foisonnant et continu à la suite d’un incipit marqué par l’extraordinaire et la lumière dans Que ma joie demeure . Si ces deux écritures en apparence aux antipodes peuvent trouver des échos éventuels dans d’autres romans de cette même période auxquels on pourra se référer, Colline et Que ma joie demeure n’en demeurent pas moins, pour chacune d’elles, l’ouvrage symptomatique. Ces deux romans encadrent cette première époque, comme ils semblent encadrer tout un éventail de la technique de Giono, avant que l’écrivain ne montre dans son œuvre ultérieure qu’il pouvait encore l’élargir.

Ces deux styles, comme on le verra, diffèrent en bien des points, en premier lieu sur la manière de poser le roman dans l’incipit et les premières pages. Dans Colline , prévaut en effet une temporalité d’habitude, insidieusement perturbée par une étrangeté. A l’inverse, Que ma joie demeure est d’emblée marqué par la franche et soudaine irruption de l’extraordinaire. L’une est entourée d’un mystère inquiétant, l’autre est parée d’un halo d’extase.
De même, la texture des deux romans n’est en rien comparable. A l’émergence dans le premier, cette mise en relief statique qui sépare, s’oppose dans le second, la fluidité du mouvement qui relie. Ce sont non seulement les êtres et les choses qui, selon, émergent ou coulent au long du texte, mais également le temps. Ainsi ces deux styles traduisent chacun un rapport particulier à l’espace et au temps.
Ils ont toutefois pour trait commun de se développer sur fond de vide, celui du texte dans Colline , de l’espace dans Que ma joie demeure . Dans un cas, du fait du statisme, le vide demeure au cœur de la langue et de l’espace. Il n’en donne que plus de force à la parole délirante de Janet. Dans l’autre, le vide appelle un lyrisme, porté à la boursouflure et à la démesure, pour le combler.
Mais sur les émergences en surplomb du vide, se prolongent dans Colline des instants particuliers, tels des points d’orgue, tandis qu’aux extrémités de Que ma joie demeure , resplendissent des apothéoses baroques permettant « la fusion avec la nature et le grand Tout », dans un temps en suspens.
Ce sont ces cheminements du style de Giono, convergeant vers une immobilisation momentanée du temps, dont il sera question dans cet ouvrage.
L’HABITUDE OU L’EXTRAORDINAIRE EN OUVERTURE DE ROMAN
1 – L’HABITUDE DANS COLLINE ET REGAIN
« La façon dont se marque le temps dans le début d’un roman en oriente le sens. C’est un peu comme un tempo au début d’une partition de musique. » Les premières pages de Colline confirment cette remarque de Jean Verrier {4} . Décisives pour la suite du roman, elles le sont, notamment au regard de la temporalité très particulière qu’elles parviennent à créer et dont il s’agit ici de rendre compte. Celle-ci ne relève pas du récit itératif avec la même évidence que dans Regain , écrit peu après, ou dans certains romans de Henri Bosco, pourtant situés en un même milieu paysan et provençal que Colline . Cette précision sur le milieu a son importance car « les romans qui ont pour cadre la vie paysanne commencent plutôt avec des indications sur les saisons et souvent sans aucune date » {5} . Et Jean Verrier de citer l’incipit du Mas Théotime de Henri Bosco (« En août, dans nos pays, un peu avant le soir, une puissante chaleur embrase les champs ») et de préciser ensuite ce qu’il entend par récit itératif : « Raconter en une fois ce qui s’est passé ou se passe plusieurs fois, c’est faire un récit « itératif ». Et c’est bien ce que fait le narrateur du roman de Bosco : il semble que tous les soirs d’août soient identiques, alors que, bien sûr, certains étés sont « pourris », le temps « se détraque » comme on dit. » {6}

Le r

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