L écriture du corps féminin dans la littérature de l Afrique francophone
169 pages
Français

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L'écriture du corps féminin dans la littérature de l'Afrique francophone , livre ebook

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Description

L'écriture du corps féminin dans la littérature de l'Afrique francophone au sud du Sahara problématise les modes de représentation du corps féminin. Ce corps existe-t-il en soi et pour soi ? Est-il uniquement le signifié stable de l'oppression féminine et de la résistance au patriarcat ?
A partir d'analyses détaillées, cet ouvrage examine les dichotomies, les ambiguïtés et les discontinuités inhérentes aux écritures africaines du corps féminin. Corps où se confondent et s'affrontent de multiples discours sur le nationalisme, la violence, l'identité et le désir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 811
EAN13 9782296935693
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’écriture du corps féminin
dans la littérature de l’Afrique francophone
au sud du Sahara
Enseignement et éducation en Afrique
Dirigée par Magloire KEDE ONANA

En ces temps de crise généralisée, l’Afrique, comme beaucoup d’autres continents de la planète, traverse des moments extrêmement difficiles dans tous les secteurs d’activités. Au plan de son secteur éducatif objet de nos investigations, la crise ne cesse d’assombrir la vie des différents acteurs de nos communautés éducatives : les parents pour la plupart démissionnent chaque jour devant leurs responsabilités ; les enseignants qui pourtant ont entre autres tâches celles d’exercer dans les jeunes esprits la faculté de penser et de développer en eux le sentiment de la valeur de l’homme deviennent de plus en plus comme des bouches inutiles. Premiers passeurs culturels, ils ont toujours du mal à affirmer leur autorité devant une jeunesse devenue esclave dans l’usage de nouveaux moyens sophistiqués de diffusion de la seule culture moderne. Une telle situation installe tous les acteurs ainsi désignés dans un malaise profond, accentué par leur porte-monnaie qui ne répond plus à tous les défis. La conséquence au niveau des apprenants va être la langueur, la désertion, l’angoisse ou la phobie permanente des échecs et le désenchantement sur les lendemains de l’école.
Pour s’élever au-dessus de toutes nos limitations, l’alternative qui semble s’imposer à nous tous c’est : créer ou disparaître. Nous devons pour ainsi dire nous employer à la production radicale de nouvelles manières de voir, de faire et d’être ; autant d’orientations et de combinaisons originales sous l’effet desquelles un nouveau re-décollage est possible au risque de devenir comme des balafons crevés. Une telle entreprise nécessairement collective doit donc s’ouvrir et nous ouvrir aux autres, parce qu’elle contribuera à mesurer désormais l’avenir de nos Etats à leur capacité de stimuler l’intelligence de leurs concitoyens.
C’est suite à ce constat et surtout sous l’impulsion des Editions L’Harmattan, que l’idée de créer la collection « Enseignement et éducation en Afrique » s’est imposée.

Déjà parus

Jérôme KOUAKOU KONAN, L’état civil en Côte d’Ivoire. Système étatique et réalités socioculturelles , 2010.
François-Xavier MAYEGLE, Mutations des politiques de gestion et création de valeur. Une étude menée au Cameroun , 2010.
Roger KAFFO FOKOU (dir.), Misères de l’éducation en Afrique. Le cas du Cameroun aujourd’hui , 2009.
Nathalie Etoke


L’écriture du corps féminin
dans la littérature de l’Afrique francophone
au sud du Sahara
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12443-1
EAN : 9782296124431

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier, Mireille Rosello, Doris Garraway, Souleymane Bachir Diagne, Patricia Ogedengbe et Eugénie Tchayo. J’exprime enfin une gratitude infinie à mes parents, Marie et Joël Etoke, à mes sœurs, Marie-Claude, Ingrid et Mélissa Etoke.
INTRODUCTION
Le discours critique sur les représentations du corps dans la littérature de l’Afrique francophone au sud du Sahara en est encore à ses balbutiements. À ce jour, les travaux les plus sérieux ont été coordonnés par Isaac Bazié et Lydie Moudileno. Dans un numéro spécial de la revue canadienne Etudes françaises intitulé Le corps dans les littératures francophones , Isaac Bazié souligne l’« inadéquation [qui] consiste dans le fait que les représentations du corps ne sont guère taboues dans [les] littératures [francophones], alors qu’une réflexion systématique sur le sujet reste à mener » (Bazié, 7). En 2006, la revue Présence francophone publie un dossier intitulé « L’exposition postcoloniale.» Lydie Moudileno rassemble des analyses qui offrent des perspectives variées sur un corps masculin ou féminin aux prises avec l’héritage colonial, la violence post-coloniale, le carnavalesque et la réinvention des figures de l’imaginaire. Tout en s’inscrivant dans la continuité du travail amorcé par les critiques précédemment mentionnées, ce travail se penchera en particulier sur l’écriture du corps féminin. Pourquoi le corps féminin ? Jusqu’ici la majorité des études littéraires ont mis l’accent non pas sur le corps féminin mais sur l’examination des récits de vie écrits par les femmes {1} Ceci dans une perspective de libération et de dénonciation de toutes les formes d’oppression dont elles sont victimes. Dans Francophone Women Writers , Destroying the Emptiness of Silence , Irène Assiba D’Almeida affirme que la destruction du silence imposé aux femmes serait rendue possible par la « prise d’écriture » de ces dernières. Femmes rebelles : naissance d’un nouveau roman africain au féminin d’Odile Cazenave complète le travail commencé par D’Almeida. Cet ouvrage insiste sur la production par les romancières d’un discours contestataire qui, tout en remettant en cause l’ordre social établi, offre également des solutions au malaise post-colonial. Selon Cazenave, l’écriture féminine africaine est :

un […] processus de rébellion [qui][…] s’inscrit dans une provocation systématique, elle-même articulée sur deux temps à travers le choix des protagonistes féminins en marge de leurs sociétés et l’exploration des zones culturelles taboues ou taxées jusqu’ici d’insignifiantes, une réflexion sur les mécanismes croissants dans l’Afrique moderne et la recherche d’alternatives à certaines questions socio-politiques d’une Afrique postcoloniale stagnante ainsi que la création d’une voix féministe/féminine propre qui tranche avec l’autorité masculine canonique. (Cazenave, 14)

D’Almeida et Cazenave se focalisent sur la dynamique patriarcale régissant les rapports sociaux. Dans leurs analyses, la corporéité des êtres de papier se réduit souvent à un discours sur la libération, la contestation et la rébellion. {2} Je propose d’inscrire l’organicité et la matérialité du corps féminin dans une structure symbolique à l’intérieur de laquelle se déploie un devenir historique soumis aux tensions inhérentes à son avènement. Contrairement aux critiques précédemment cités, j’explorerai également le travail des auteurs masculins. Il s’agira de voir comment le corps féminin est à la fois lieu de pouvoir et d’impouvoir, signifiant/signifié de l’oppression, palimpseste d’un ensemble de conflits existants dans les sociétés africaines contemporaines. L’étude des représentations dudit corps se fera dans une optique de problématisation des pratiques sociales et littéraires qui lui sont attachées. Pratiques qui témoignent des relations compliquées entre identité, pouvoir, sexualité et subjectivité.

Les romans analysés ici thématisent une tension productive entre corps féminin docile et corps féminin résistant. Par conséquent, dans la majeure partie des cas, ils décrivent plus un processus de libération qu’une libération définitive. Cette étude n’envisage pas l’idée d’un corps totalement libre. Elle se focalise plutôt sur la création par les écrivains d’un corps dont le parcours romanesque emprunte les chemins de la subversion, de la transgression et de la négociation. Les tentatives de transformation et de remise en cause de pratiques qui légitiment l’idée d’un corps docile n’aboutissent pas à l’effacement romanesque de celui-ci. Bien qu’elles aillent à l’encontre de la norme, elles demeurent altérées par l’impossibilité de détruire en un coup de plume, des rites, des traditions et des modes de pensée séculaires. Le corps féminin devient un terrain discursif sur lequel se rencontrent différents discours sur les pratiques sociales, les croyances et le libre arbitre. Parce qu’ils s’opposent les uns aux autres, ces discours transforment le corps féminin en un lieu de contestation et d’affirmation. Cette ambivalence crée un corps médiateur qui tente de trouver un compromis entre besoin de liberté et mécanismes hétéronomes qui régulent la vie de l’individu. Cette idée ne s’applique pas de manière systématique à tous les romans. J’examinerai également des textes de fiction dans lesquels le corps féminin n’est point corps médiateur mais corps otage. Marqués par une surexploitation narrative qui engendre un déficit de subjectivité, ces textes mettent en scène un corps pour les autres. L’équilibre entre individualité et collectivité n’existe pas. La réalisation du pr

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