L écrivain professionnel
146 pages
Français

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L'écrivain professionnel , livre ebook

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Description

Cet ouvrage développe les techniques d’écriture les plus avancées utilisées par les écrivains célèbres pour donner des contours à leur style et hausser le niveau de leurs romans. Il est destiné aussi bien au professionnel qu’au jeune écrivain qui ne rêve pas d’un seul ouvrage dans sa vie, mais qui positionne son parcours dans la durée. Voici le livre qui vous sortira du cercle des écrivains

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 84
EAN13 9782909725286
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Laurent Auduc Avec la contibution de Louis Timbal - Duclaux - Marie Martin Henri Esquirol - Léon Surmelian
L’écrivain professionnel
Ecrire un livre, depuis le germe de l’idée jusqu’à la publication, demande des habitudes de travail, mais surtout des techniques que tout le monde ne maîtrise pas.
Cet ouvrage vous fera faire un grand pas vers le professionnalisme.
Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est formellement interdite sans l’accord de l’éditeur. Tous droits réservés pour tous pays.
ISBN : 2-909725-28-6
© Ecrire Aujourd’hui, 2006
Avant-propos
Comme dans tout domaine de création, on ne peut pas faire un livre publiable, encore moins écrire sérieusement, si on ne maîtrise pas cer-taines techniques d’écriture. Il ne s’agit pas non plus de tout savoir (qui le pourrait ?) ! Mais force est de constater qu’il y a des vérités qu’on ne peut ignorer si on désire profondément s’investir dans l’art d’écrire, un art plein d’émotions, de joies et de passions. Nul ne peut, en effet, maîtriser toutes les recettes de l’écriture (si tant est qu’il y a des recettes en kit !) mais il y a, indéniablement, des conseils et des expériences qui vous feront avancer vite (et mieux que si vous deviez apprendre à écrire rien en vous contentant d’écrire). Le but de cet ouvrage ? Réunir, dans un seul document, des études et des techniques que nous avons, dans le cadre d’Ecrire Magazine(précé-demmentEcrire Aujourd’hui), proposées à nos lecteurs et qui ont pu les aider à progresser, rapidement, et, pour certains, à être édités. Tout travail d’écriture est une entreprise au long cours. La lecture de cet ouvrage sera, au même titre, une longue découverte, jour après jour, au fil de vos progrès sur la voie libre d’un succès littéraire tou-jours… possible.
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Chapitre 1 Les vraies difficultés de l’écriture Aristote, le potier ou le jardinier (par Louis Timbal-Duclaux)
Ecrire, dit-on, c’est mettre en forme ses idées sur le papier. Et l’on oppose (trop) facilement la forme et le contenu. Au départ nous aurions un «contenu» informe, les idées. A l’arrivée nous aurions un contenu enfin mis en forme : le texte. Ainsi les techniciens et les ingénieurs qui viennent en stage de communication écrite ont dans l’esprit ce modèle. Les sciences et les techniques de leur spécialité leur four-nissent le «contenu». Ils viennent pour qu’un formateur «expert en lettres» leur donne des règles pour bien «le mettre en forme».
Cette théorie présuppose qu’on puisse faire une coupure entre contenu et forme, ce qui est absurde. Ou bien l’idée est déjà mise en forme dans la tête, et on ne com-
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prend plus la difficulté qu’il y aurait à la transcrire, ou bien l’idée est totalement floue, et alors le vrai travail est d’abord de la mettre en forme dans la tête avant de la transcrire sur le papier. Et il faudrait alors apprendre non plus à écrire mais à penser... En réalité, on est toujours dans le cas intermédiaire. On croyait notre idée suffi-samment nette, mais quand il s’agit de la mettre sur le papier, on s’aperçoit que ce n’est pas le cas. Et donc qu’il s’agit de faire progresser ensemble la clarté de l’idée et de son expression. Ecrire est donc inséparable de penser, et ne succède pas à penser. Cette dialectique forme/contenu remonte à la philosophie d’Aristote. Et si on l’avait mieux lu, on ne tomberait pas dans le piège. Déjà dans saPhysique, Aristote distinguait bien deux modèles différents de mise en forme : avec son analogie avec le potier et le jardinier ; l’information technologique et l’information biologique. Quand le potier fabrique un vase, il prend une matière inerte et distincte de lui pour lui imposer une forme de l’extérieur. Quand le jardinier fait pousser les légumes, il prend des semences ou des pousses et aide à leur développement en les bêchant, arrosant, palissant, etc. Hétéro-structuration dans le premier cas. Auto-structuration dans le second, qui est celui qui nous intéresse. Or l’écriture fait partie d’un troisiè-me cas dérivé du second. Celui dans lequel nous sommes le propre jardinier de nos idées. Elles sont une partie de nous-même, et non pas extérieures à nous. En trans-formant nos idées, nous nous transformons nous-même : nous évoluons. De fait, le schéma est encore plus compliqué, si on fait intervenir le lecteur. Car il y a mise en forme parallèle de l’idée pour nous-même, en vue de la transmettre au lecteur. Pour complexifier encore le tout, nous devons admettre que les 3 processus qui sont : penser, parler, écrire, sont de nature et de structure différentes. Grosso-modo : - La pensée est rapide et foisonnante. - La parole est lente et verbo-séquentielle lâche. - L’écriture est très lente et à la fois verbo-séquentielle et visuo-spatiale stricte. Comme s’il s’agissait du passage entre des «langues» très différentes, il ne s’agit pas de traduire mot à mot un système dans l’autre, mais de traduire «par blocs» pour rendre un sens non littéral, mais équivalent. Ecrire n’est donc pas une activité
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mécanique de traduction automatique de la pensée, mais bien une activité haute-ment complexe de création d’équivalents entre des entités mentales et des mots sur le papier. Cette création peut être directe ; ou utiliser la médiation de la parole, pour ceux qui “parlent le texte” dans la tête avant de l’écrire. Enfin, la page écrite nous renvoie nos propres pensées, ce qui nous incite à les corriger. Ainsi, de plus, écrire se mêle intimement à lire à tout instant. On a calculé qu’entre le début et la fin de la création d’un texte, il nous fallait en général 8 lec-tures, et parfois beaucoup plus. Mais, à ces différents stades, aucune de ces lectures n’est identique, et toutes sont spécialisées. On ne relit pas de la même façon pour trouver les idées, trouver le plan, corriger le style, ponctuer, corriger l’othographe, etc. Ainsi apprendre à mieux écrire c’est aussi, indissolublement, apprendre aussi à mieux penser et à mieux lire. Réduire l’écriture à l’acte strict d’écrire, c’est se condamner à ne rien comprendre. Or il est rare que la pédagogie associe les actes de lire et d’écrire. Et c’est pourtant cela qu’il faudrait faire. Car lire est à la fois le moyen et le but de l’écriture. Et lire en prenant des notes, c’est très souvent mieux lire.
I. Trois secrets du brouillon
Ecrire, c’est sept fois difficile
Ecrire est difficile. Nul ne le niera. Pourquoi ? Parce qu’écrire c’est en vérité mener de front au moins sept opéra-tions techniques distinctes : 1 -Trouver les idées à exprimer ; 2 -Trouver les mots qui les expriment ; 3 -Construire les phrases qui articulent ces mots ; 4 -Suivre en permanence un axe: le plan ; 5 -Respecter l’orthographe et la grammaire ; 6 -Tracer les lettres sur le papier ; 7 -Respecter la mise en page.
C’est trop !
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En effet, le psycho-linguiste George Miller a montré que les capacités d’attention du cerveau étant très limitées, il ne peut retenir à la fois plus de sept choses. C’est ce qu’on appelle la loi de Miller, qui s’énonce : 7 +/- 2 (c’est-à-dire de 5 à 9). Or comme chacune de ces sept opérations est déjà une opération complexe, il n’est donc pas étonnant qu’écrire soit une opération difficile et qui ne puisse rare-ment être réussie du premier coup.
La mauvaise réaction naturelle
Cela, tout le monde le ressent, bien sûr, obscurément. Et la réaction instinctive de beaucoup, c’est d’écrire très lentement en essayant de tout surveiller, de tout maî-triser à la fois… Le résultat ? - Ecrire est d’abord ressenti comme une corvée harrassante. - De plus le résultat n’est souvent pas fameux : - Nous avons du mal, tant à enchaîner les mots et les phrases, qu’à éviter les mots inutiles et le style ennuyeux. Enfin, ce travail nous a tellement coûté que nous l’assimilons à nous-même, et le défendons bec et ongles ! Nous devenons aveugles à nos erreurs, et hostiles à nos correcteurs ! Au total, nous écrivons médiocrement : nous le savons, nous en souffrons, mais nous voulons difficilement l’admettre. Aussi nous écrivons le moins souvent pos-sible : uniquement quand nous avons le couteau sous la gorge.
Premier secret : la vitesse
A l’exemple des techniques de lecture rapide, en écriture vous commencerez à faire des progrès décisifs quand vous adopterez l’attitude inverse : la vitesse et la réécriture. Admettez que vous ayez trois heures pour rédiger un texte. Apparemment il revient au même d’écrire ce texte très lentement en une seule fois pendant trois heures, ou le réécrire deux ou trois fois vite, la dernière version étant la bonne. En réalité, une fois acquise, la seconde méthode est bien supérieure à la premiè-
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re. Mais pour le profane, elle apparaît trois fois plus coûteuse ! Et c’est pour cela qu’il la refuse : pour lui, écrire une fois, c’est déjà pénible ; alors trois fois, merci beaucoup ! Le malheureux ne comprend pas qu’il est plus facile d’écrire trois fois en ne fai-sant qu’une série de choses à la fois. C’est ce que nous allons apprendre à faire bientôt : plusieurs brouillons dont le premier est constitué par une prise de note.
Deuxième secret : ne pas commencer par le commencement
Le second secret de l’écriture efficace c’est de ne pas chercher à écrire un texte par son commencement. Parce que c’est la partie la plus difficile. Cela, bien enten-du, le malheureux l’ignore. Il se bute et s’entête. Tant qu’il n’aura pas trouvé la première idée du texte, il ne commencera pas à écrire ! Moralité : il rêvasse, angoissé, la plume en l’air… Il ne sait pas que tout temps passé à “réfléchir” sans écrire est du temps perdu ! Que le mieux est l’ennemi du bien, et qu’il vaut mieux écrire mal que rien pour démarrer. Il confond “propre” et “brouillon”. Bien sûr, au propre, il nous faudra commencer par le commencement. Mais au brouillon rien ne nous y oblige, et tout nous le déconseille. Faisons comme les cinéastes : tournons d’abord des scènes, nous les monterons ensuite.
Troisième secret : séparer créativité et rigueur
Le troisième, et le plus profond secret de l’écriture créative, est inscrit dans les plis de notre cerveau. Sommairement, notre cerveau droit est “créatif”, notre cer-veau gauche est “rigoureux”. L’un “trouve”, l’autre “prouve”. Malheureusement, l’éducation actuelle favorise par trop le cerveau gauche. Et c’est le problème cen-tral de toute pédagogie d’enseigner la rigueur sans tuer l’imagination. Aussi le souci (légitime mais prématuré) de rigueur va-t-il complètement étouffer notre créativité. C’est le lot du malheureux élève qui écrit avec dans le dos l’image menaçante de son maître d’école ; le souci de respecter la grammaire étouffe ses idées. La plupart des méthodes que nous allons voir ont ce point commun : elles font passer le cerveau droit en premier, le gauche en second : d’abord créer, ensuite cor-
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riger. Pour cela, la spontanéité ne suffit pas. Nous verrons qu’il faut véritablement de solides méthodes pour faire barrage au cerveau gauche, pour éviter qu’il se pré-cipite en premier ! Dans les autres méthodes, c’est l’inverse : on travaille d’abord la rigueur avant la créativité. C’est notamment le cas quand on part d’un énoncé du sujet ou de textes déjà écrits. Mais, dans tous les cas, on prend garde de bien séparer et de faire alterner phases de créativité et phases de rigueur.
Une dualité
«L’imagination engendre des écrivains riches mais indisciplinés, capables de rapprocher beaucoup d’éléments dont certains très forts ; mais ils n’excellent pas à évoluer, à sabrer, à mettre en forme. La pensée critique produit des écrivains minu-tieux, mais étriqués.» (Peter Elbow,Writing with power).
Cette analyse d’un professeur anglo-saxon résume assez bien, encore une fois, la dualité de tempérament rencontrée chez les écrivains à dominante «droite» ou «gauche». Mais aussi la nécessité de maîtriser en harmonie ces deux formes d’esprit.
Des qualités et défauts opposés
Les annotations des professeurs de français à l’école sont révélatrices des esprits à dominante «gauche» ou «droite». Cerveau droit, par exemple : «Beaucoup d’idées intéressantes, mais exposées dans le désordre. Phrases maladroites, impro-priétés, incorrections, fautes d’orthographe, d’accord ; structurez mieux votre pen-sée.» A l’inverse : «Peu d’idées, style morne et répétitif, phrases longues et forte-ment articulées, manque d’exemples concrets, style sec et abstrait…» révèlent un «cerveau gauche». Aux premiers, le professeur devra enseigner l’ordre, et la méthode ; aux seconds, la recherche créative d’idées, une expression plus libre et personnelle. Ces travers (ou ces styles différents) se retrouvent chez les adultes.
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