Le champ littéraire africain depuis 1960
263 pages
Français

Le champ littéraire africain depuis 1960 , livre ebook

-

263 pages
Français

Description

Inspiré de la sociologie de Pierre Bourdieu, ce livre se veut un regard nouveau sur l'évolution de quatre décennies d'une littérature marquée par des mutations internes majeures, des prises de positions politiques et esthétiques. Pour ce faire, l'auteur a eu recours aux procédés spécifiques à la sociologie du champ: entretiens, enquêtes, revue de presse...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 152
EAN13 9782296256460
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait
































Le champ littéraire africain depuis 1960
Roman, écrivains et société ivoiriens







































© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11872-0
EAN : 9782296118720

Germain-Arsène Kadi



Le champ littéraire africain depuis 1960
Roman, écrivains et société ivoiriens





Préface de Daniel-Henri Pageaux
















L’Harmattan



Etudes de littérature générale et comparée

« Et l’endroit aura éternellement le nom de Palinure. (…)
Il se réjouit qu’une terre porte son nom »
Virgile,l’Enéide, VI, 381-383

La collection accueille des études de littérature générale et comparée,
avec une attention particulière portée aux relations interculturelles, aux
questions de poétique, aux rapports entre les lettres et les arts, aux
littératures en situation émergente ou dans un contexte postcolonial. Dans
sa volonté de s’ouvrir largement sur les lettres et les espaces culturels les
plus divers, elle invoque le patronage d’un navigateur illustre,
immortalisé par Virgile.
























Préface

L’approche sociologique a été, et est encore,unevoie critique privilégiée pour
l’étude des textes et des littératures africaines, francophones ouanglophones,
avant ouaprès les Indépendances. C’est essentiellement la critiqueuniversitaire,
entre Europe etAfrique, qui a promuce type de « lecture » oud’analyse.Les plus
anciens (le préfacier s’inclut dans ce groupe) se souviennent du« classique » de
Sunday O.Anozié,Sociologie du romanafricain(Paris,Aubier,1970) qui
figuraitenbonneplace dans toutethèse consacrée auromandel’Ouest-africain.
Il n’yavaitguère, commesolutionsalternatives,qu’un peudestructuralismerevu
par les schémasactantiels (ils servaientd’ailleursaussibienauxromans qu’aux
conteset légendes…)et quelques incursions rapidesdans le domaine dela
psychanalyse.
Derrièreles mots«sociologie »,sociologie delalittérature,que fallait-il
entendre?Pour s’en tenirauxdomainesfrancophones,un peudeLucien
Goldmann,très peudePierreBarbérisetdePierreMacherey(j’ajoute, hélas…,
encontinuantàplaider pour l’intelligence,la hardiesse
depensée,lenonconformisme en réponse auconfort intellectuel), etbeaucoup, beaucoup trop,
d’allusionsàunesorte devulgatemarxiste, faisant office detoile de fond à
laquelleon revenait toujours, et sur laquellese détachaient, de façon plus ou
moinsexplicite, delargesallusions,ouplutôtconcessions, àlathéorie dite du
«reflet».
Ilfautdirequeleromanafricain se faisait le comptable desabusdes sociétés
néo-coloniales.Disonset répétons«néo» et non«post»….Cettesociologie
permettaitaussidesétudes (des thèsesuniversitaires), essentiellement
thématiques,proches parfoisdelaparaphrase, desanalysesconsacréesaux
traditionsetauxpratiquesculturelles traditionnelles, elles mêmes objetd’une
approche critique :latensionentrelepassé et leprésent,la grandequerelle entre
« anciens» et«jeunes»,voire entreprincipemasculinetcontestationféminine,y
trouvaient leurcompte.Onconstatait plus qu’on ne cherchaità expliquerdes
textes qui, à direvrai, glosaientunesituation qu’ilconvenaitde blâmer, de
censurer.Quidiralelien (idéologique?)entrel’approche critiquesociologique et
certainscoupletsvertueuxqui nepouvaient qu’être approuvés sur le fond.Mais
l’approbationauplan moral laissait presque entièrelaquestiondelanature etdes
orientationsd’unelittératurelargement néo-réaliste.
De façon toutà fait significative,l’irruptiond’un roman nouveau, en
particulieravecSony Labou Tansi (jeparle donc dudébutdesannées 1980), a
contraint la critiquequivoulait rendre compte d’un projet original, d’un nouvel
imaginaire, denouvelles référencesesthétiquesetculturelles, à abandonner pour
unelargepart l’analysesociologique etàs’interrogerde façon prioritairesur la
seuleréalité del’écriture.Une foisdeplus,sejouaitune certainerivalité entre
forme etfond dont on ne dirajamaisassezàquel pointelle a étémal posée,

7

caricaturée.Aureste,le «j’inventeun poste depeurencevastemondequifout le
camp»(jereprends l’avertissementdeLa vie et demie) supposaitaussiqu’on
s’interrogesur laplace(effective et symbolique)del’écrivain, del’intellectuel, et
sur lesfondementsd’un nouvel imaginairesocial.Précisons:lanotionest
empruntée auxhistorienset nonauxsociologues.
La «sociologidee »PierreBourdieuetdeson« Ecole »amisdutempsà
passerd’Europe enAfrique.J’enveuxpour preuvelevolume collectif,sous la
responsabilité deRomualdFonkoua etPierreHalen,Les champs littéraires
africains(Karthala,2001) qui regroupe des travauxprésentésàl’occasiond’un
colloque en 1997.Elleoffrait pourtantun outilde descriptiondelaproduction
littérairequi nepouvait qu’attirer le chercheur soucieuxdemettre en relation
cetteproductionavecunespacesocial (et peut-être aussi politique,voire
économique).
C’était,jepense,l’étatd’espritdans lequel setrouvaitGermainKadi lorsqu’il
avouluselancerdans l’évaluationdesaproprelittérature etdans lamise aujour
de certains principes oupratiquesculturellesdont l’ensemblepermettaitdeparler
d’unespécificitéivoirienne. Or,pour réalisercet objectif derecherche, Germain
Kadiatenuà étudieren priorité cequ’ilappelle «l’institution littéraire »
ivoirienne.C’estdireque,parallèlementàlanotionde « champ littéraire », clé de
voûte delasociologie bourdieusienne,ilapréféré, aumoinsenun premier temps,
s’en remettre àunautre classique,l’ouvrage de JacquesDubois (L’institution de
la littérature. Introduction àune sociologie, Paris-Bruxelles, Nathan-Labor,
1978).Jenepensepas, comme certains,qu’ilyalàuneméthodologierivale de
celleproposéeparBourdieu.Elles m’apparaissent plutôtcomplémentaires.En
toutcas, GermainKadiamontréqu’elles pouvaient l’être.
On lira,non sans quelque admiration,lapetite centaine depages que constitue
lapremièrepartie de cet ouvrage. N’importequelchercheur, familierdutravail
deterrain, devinera aisément lasomme d’efforts quesupposelareconstitutiondu
systèmelittéraireivoirien, en tant qu’institution. Onapprécieralasuite
d’enquêtesauprèsdes organesd’édition, dusystème éducatif,les plongéesdans
les médiaset lapressepériodique,préalables nécessairesàunereconstitutiondes
circuitsdeproduction, d’édition, de distributionetde diffusion, enfinde
légitimation, avecune attention touteparticulièreportée au« cas»Kourouma età
sondernier romanQuand on refuse on dit non.Aquoi s’ajoutentdemultiples
entretiens qui n’ont pas putrouver leur place dans leprésent ouvrage,mais qui
constituentdeprécieusesannexesdans lathèse(soutenue àlaSorbonneNouvelle
en2006)etunevolonté d’élargir les perspectives proprement littérairesen
intégrantd’intéressantes informations sur lamusique,lesgroupeset leur
incidencesur lalangueousur letraitementde certains thèmes.
De cette carte détailléeque dessineGermainKadi,on retiendral’atout que
représentel’existence de deuxmaisonsd’édition (lesNEI, anciennementNEAet
leCEDA).Mais il ressort (et laremarquevaudrait pourd’autres paysafricains)
queles instancesdelégitimationetde consécration sont insuffisantes, et

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents