LE MOI ET SES MODELES
206 pages
Français

LE MOI ET SES MODELES , livre ebook

206 pages
Français

Description

Le Moi et ses modèles explore les différentes stratégies par lesquelles des auteurs (Perec, Queneau, Pozzi, Gide, Valéry, Cortazar, Roubaud, entre autres) ont introduit dans leur oeuvre autobiographique des échos, références, allusions ou emprunts à d'aut

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Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 8
EAN13 9782296493391
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

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Extrait

Le Moi et ses modèles
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Genèse et transtextualités
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Au cœur des textes Collection dirigée par Claire STOLZ(Université ParisSorbonne) 1. Alia BACCARBOURNAZ,Essais sur la littérature tunisienne d’expression française, 2005. 2. Alya CHELLYZEMNI,Le sauveur dansBataillesdans la montagnede Jean Giono, 2005. 3. Noureddine LAMOUCHI,JeanPaul Sartre, critique littéraire, 2006. 4. Catherine VIOLLET et MarieFrançoise LEMONNIERDELPY (dir.), Métamorphoses du journal personnel. De Rétif de la Bretonne à Sophie Calle,2006. 5. Lia KURTSWÖSTE, MarieAlbane RIOUXWATINE et Mathilde VALLESPIR, Éthique et significations, 2007. 6. JeanLouis JEANNELLE et Catherine VIOLLET (dir.),Genèse et autofiction, 2007. 7. Irène FENOGLIO (dir.),L’écriture et le souci de la langue. Écrivains, linguistes : témoignages et traces manuscrites, 2007. 8. Irène FENOGLIO,Une autographie du tragique. Les manuscrits deLesFaitset deL’avenir dure longtempsde Louis Althusser, 2007. 9. Delphine DENIS (dir.),L’obscurité. Langage et herméneutique sous l’Ancien Régime, 2007. 10. Aurèle CRASSON (dir.),L’édition du manuscrit. De l’archive de création au scriptorium électronique, 2008. 11. Lucile GAUDIN et Geneviève SALVAN (dir.),Les registres. Enjeux stylistiques et visées pragmatiques, 2008. 12. Françoise RULLIERTHEURET,Faut pas pisser sur les vieilles recettes. San Antonio ou la fascination pour le genre romanesque, 2008. 13. Valentina CHEPIGA,Émile et un romain, à paraître. 14. Véronique MONTÉMONT et Catherine VIOLLET (dir.),Le Moi et ses modèles. Genèse et transtextualités, 2009. 15. Ridha BOURKHIS et Mohammed BENJELLOUN (dir.),La phrase littéraire, 2008. 16. Salah OUESLATI,Le lecteur dans lesPoésiesde Stéphane Mallarmé, 2009. 17. JeanMichel ADAM et Ute HEIDMANN,Le texte littéraire. Pour une approche interdisciplinaire, 2009. 18. Françoise SIMONETTENANT,Journal personnel et correspondance (1785 1939) ou les affinités électives, 2009.
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Véronique Montémont et Catherine Viollet (dir.)
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Genèse et transtextualités
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N° 14
A C A D E M I A A B B R U Y L A N T
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D/2009/4910/32
©BruylantAcademia s.a. Grand’Place, 29 B1348 LOUVAINLANEUVE
ISBN 13 : 9782872099108
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit. Imprimé en Belgique.
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www.academiabruylant.be
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AVANTPROPOS
Véronique MONTÉMONT, Catherine VIOLLET
es travaux du structuralisme ont placé le concept d’intertextualité L au centre de l’analyse littéraire, au point d’en faire le socle de toute écriture. La notion ellemême fait l’objet de lectures plurielles : certains théoriciens, comme Julia Kristeva, qui a introduit le terme dans le 1 champ critique français , l’envisagent comme une procédure essentiellement sémiologique ; Riffaterre, quant à lui, la conçoit davantage comme une 2 pragmatique, en faisant du lecteur l’acteur central de son effet . Barthes, dans un article essentiel paru en 1973, définit l’intertextualité comme « une relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes », relation généralisable à l’ensemble de la production littéraire : « Tout texte », écrit il, « est un intertexte ; d’autres textes sont présents en lui, à des niveaux 3 variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables » . Une perspective aussi vertigineuse, puisqu’elle concerne en définitive la totalité des relations des textes entre eux, pose la question de sa mise en œuvre épistémologique : dans la masse des discours, comment démêler les parentés, les citations, les relations avouées ou secrètes ? Comment comprendre, au juste, par quels mécanismes deux textes vont s’entrelacer, au point que l’un devienne la chair de l’autre ? Genette, sur ce point, est d’un recours théorique précieux ; en postulant l’idée d’unetranstextualité, qui subsume les systèmes 4 d’échanges , il permet d’identifier plus clairement les modalités de voisinage des œuvres les unes avec les autres. Parmi cellesci, il souligne notamment
1 Julia Kristeva,Séméiotikè, Paris, Seuil, « Tel Quel », 1969. 2 Voir Michael Riffaterre,La production du texte, Paris, Seuil, « Poétique », 1979, etSémiotique de la poésie[Semiotics of poetry, 1978], traduit de l’américain par Jean Jacques Thomas, Paris, Seuil, « Poétique », 1983. 3 Roland Barthes, article « Théorie du texte »,Encyclopædia Universalis, t. XV, 1973. 4 Gérard Genette,Palimpsestes, Paris, Seuil, « Points », 1982.
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la relation qui unit un modèle ou une source (hypotexte) à celui qui en dérive par transformation simple ou indirecte (hypertexte). Rien n’interdit au demeurant d’enrichir encore la polysémie du concept – et c’est ce que le présent volume se propose de faire –, en envisageant aussi latranstextualitécomme, littéralement, un changement de genre : ce phénomène qui, par exemple, fait migrer le discours autobiographique vers la fiction, ou vers la critique. La notion mérite également une extension vers des matériaux non littéraires, car les textes autobiographiques, notamment contemporains, sont de plus en plus imprégnés par l’écume verbale et sonore de l’infraordinaire et dutroisième secteur, pour reprendre une terminologie perecquienne. Ainsi slogans politiques, publicités, titres de films, chansons formentils un corpus de sources disparates et éphémères, mais essentielles pour comprendre l’ancrage de l’œuvre dans sa contemporanéité. Les études génétiques constituent un observatoire privilégié pour une meilleure compréhension des mécanismes et des fonctions des emprunts intertextuels. Les avanttextes portent témoignage des sources, des modes d’appropriation, au fil du processus de création ; ils reflètent des lectures, des influences, des esthétiques dont l’œuvre finale est susceptible ou non de garder trace. Dismoi qui tu lis, je te dirai qui tu es : la génétique permet de saisir au plus près les liens entre écriture de soi et lecture d’autrui au 5 sein des œuvres autobiographiques . Mais elle peut aussi, dans le cas des intratextes, repérer les chemins internes d’une œuvre et tracer les lignes de la maturation d’une poétique, d’unethos autobiographique. C’est donc à cette enquête croisée, qui cherche à expliciter les emprunts exogènes (incorporation du texte d’autrui) et endogènes (assimilation de ses propres textes) que le présent volume aimerait convier, en explorant de manière concrète quelquesuns des processus de l’échange. En premier lieu, les écrits personnels – journaux, correspondances, autobiographies – peuvent se révéler des témoignages précieux quant aux lectures des auteurs, et à la manière dont cellesci ont pu façonner un horizon de création. Il est donc éclairant d’en rechercher les mentions, et d’analyser leur incidence en termes de style, de narration, ou même d’idéologie.Pascal Ibrahim Lefèvre nous montre comment Queneau, lecteurogre, a par exemple mis entre les mains de ses personnages certaines de ses lectures
5 Voir Paolo D’Iorio et Daniel Ferrer (dir.),Bibliothèques d’écrivains, Paris, CNRS Éditions, 2001.
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Avantpropos
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favorites. L’écrivain a au passage emprunté à ces dernières des traits, comme le désordre identitaire ou l’entropie du monde, dont plusieurs de ses romans porteront la trace. Autre influence, mise en lumière parJeanJacques Queloz: celle que l’œuvre de Lautréamont a pu exercer sur Soupault, perceptible dans un article critique, qui sera ensuite augmenté et inséré dans un récit autobiographique, Histoire d’un blanc. L’importance de la reprise de ce texte révèle l’impact desChants de Maldororsur l’écriture et sur la vie d’un acteur majeur du surréalisme. L’étude des carnets inédits de Marie Claire Blais, menée parJulie LeBlanc, fait apparaître le rôle déterminant des lectures de l’auteure durant la genèse de son romanDavid Sterne. Les sujets sur lesquels elle s’est documentée, comme le racisme ou la suprématie blanche, en résonance avec la guerre du Viêtnam contemporaine de l’écriture, ont en effet convergé pour donner lieu à une transposition analogique, la Seconde Guerre mondiale et l’Holocauste devenant de nouveaux référents du récit.
Dans d’autres cas, l’intertexte fonctionne comme lien plus ou moins secret, trait d’union entre strates culturelles, mais aussi expression d’une affinité entre deux êtres.HertaLuise Ott retrace l’évolution critique des lectures croisées de Paul Celan et d’Ingeborg Bachmann, qu’a récemment éclairée la publication de leur correspondance. Elle met en évidence la manière dont chacun des deux poètes, que la vie avait séparés, fait référence à l’autre, par de subtiles allusions sémantiques ou des parentés structurelles entre leurs œuvres respectives. On reconnaît une dialectique semblable chez Paul Valéry, pour qui la référence à Dante est le vecteur d’une forme d’échange avec Catherine Pozzi, qui partage son goût pour la lecture de La Divine Comédie. Retraçant dans lesCahiersValéry l’histoire du de projetBéatrice, resté inachevé, qui aurait été une méditation sur l’amour, Erica Durantede quelle façon la tentative valéryenne se détache analyse peu à peu de la figure de celle qui l’a inspirée, se réfractant dans l’écriture poétique. André Gide, lui, a puisé dans le journal de sa cousine devenue son épouse, Madeleine Rondeaux, les éléments qui lui ont permis de faire deLa Porte étroite« mosaïque textuelle »  une dontFrançoise Simonet Tenant retrace l’élaboration. Ici l’emprunt, parcellaire, complexe, s’inscrit dans une dynamique de transposition générale qui touche aussi à l’intime biographique : il permet, en quelque sorte, la réécriture fictionnelle d’une situation conjugale aux ambiguïtés bien réelles.
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Lorsque les emprunts s’effectuent entre différentes œuvres d’un même auteur (transfert d’un élément d’une œuvre à une autre, qui correspond à 6 la notion d’intratextualité, ou intertextualité restreinte) , ils sont souvent la trace d’un véritable positionnement biographique. Retrouver, grâce aux brouillons ou aux versions successives, les dénominateurs communs, examiner la manière dont certains segments ont été réutilisés, ou au contraire rejetés, étudier leurs métamorphoses permet d’évaluer comment un auteur va faire évoluer sa propre mémoire et les traces de celleci. Chez Dominique Arban, juive russe installée en France en 1914, les vingtsix ans qui séparent la publication d’un roman et d’un volume de souvenirs, éclairés par la consultation des manuscrits du roman, ont autorisé de subtiles corrections. Les comparaisons effectuées parFrancesca di MattiaBikbovapermettent de prendre la mesure – et de mesurer le prix – de l’acculturation : mise à distance de l’identité russe, autocensure progressive des souvenirs. Jacques Roubaud, véritable caméléon des lettres françaises, affirme quant à lui, dès le début de son œuvre en prose, une volonté forcenée de contourner le genre autobiographique, dont il disperse le centre de gravité au milieu de modèles culturels multiples. C’est la trace intratextuelle, poursuivie de livre en livre parVéronique Montémont, qui permet de repérer certaines constantes de l’écriture et de comprendre comment s’élabore malgré tout un portrait, au milieu d’une véritable mosaïque citationnelle. Audelà d’un échange, de personne à personne ou de soi à soi, dont les traces restent enfouies comme autant de signes de connivence dans la stratification du texte, la transtextualité peut également être une manière de rendre hommage, de s’inscrire dans une tradition, ou au contraire de s’en défaire : en somme, de prendre ses repères dans le champ littéraire.Maja Zoricaexamine sous l’angle transtextuel l’ultime projet de Roland Barthes, laissé inachevé, mais que ses modèles permettent de mieux reconstituer. Les huit feuillets de notes deVita Novase déchiffrent en référence à Dante et Michelet ; le projet luimême trouve également un ancrage intratextuel, dans laLeçonprononcée au Collège de France, le cours intitulé inaugurale La préparation du romanet lesSoirées de Paris, notes à caractère diaristique. Dans le travail de Perec, dont on connaît le goût pour les emprunts, et la sophistication des modalités d’insertion de ces derniers, la transtextualité
6 Jean Ricardou, « “Claude Simon”, textuellement »,inJean Ricardou etal., Claude Simon. Colloque de Cerisy, Paris, U.G.E., « 10/18 », 1975, p. 11.
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Avantpropos
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opère à différents niveaux :Bernard Magnéen offre une typologie, qui va de la référence explicite à des œuvres servant de modèle structurel, comme celle de Brainard, à de discrètes citations implicites ou à des liens tissés au niveau formel. D’une manière quelque peu différente, en ce que l’érudition y est chez lui ouvertement documentaire, Julio Cortázar s’est appuyé sur de nombreuses lectures durant la rédaction deRayuela, dontDanièle Constantinretrace la genèse. L’examen du journal de bord de la rédaction, carnet conçu comme un réservoir intertextuel de citations, ainsi que l’épitexte auctorial font apparaître une considérable diversité de lectures multilingues, qui ont été réinvesties au fil de l’écriture. Chez Christiane Rochefort, enfin, le travail de la citation et de l’hypotexte est perceptible dans la recherche de titres multiples dont les brouillons, explorés parCatherine Viollet, portent la trace. Mais dans ce cas, les effets de citation et de référence ne s’en tiennent pas aux limites du littéraire : englobant titres d’œuvres parodiées – y compris les siennes –, films, slogans, chansons, ils fonctionnent, comme chez Perec et Ernaux, à la manière d’une chambre d’échos de leur époque. Les auteurs remercient Lydie Rauzier pour son aide efficace à la préparation du manuscrit.
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