Le mythe de Don Juan ou le miroir italien
150 pages
Français

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Le mythe de Don Juan ou le miroir italien , livre ebook

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Français

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Description

S'il est un sujet qui a été étudié de façon surabondante, c'est bien le Don Juan. Mais si les diverses études nous disent quand et comment on accède au mythe, elles ne nous disent pas pourquoi. Comme on le sait, l'ascension au mythe se joue en Espagne, en France et en Autriche-Hongrie, avec Tirso de Molina, Molière et Mozart. Mais on constate à chaque fois un détour italien. Détour, ou retour aux sources ? Une chose est certaine : Don Juan n'est pas italien - sans l'Italie Don Juan n'est rien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140008191
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Roger B AILLET








Le mythe de Don Juan ou le miroir italien

Il grandira, car il est espagnol Il séduira, car il est italien
Copyright
Du même auteur :

Dans la collection « Amarante » des Éditions L’Harmattan

Michel-Ange ou la sculpture de l’être , 2013.
Vivaldi ou l’évanescence de l’être , 2013.
La petite comédie , 2013.

Dans la collection « Questions contemporaines » des Éditions L’Harmattan

De Gaulle et Machiavel , 2014.

Aux Éditions l’Hermès

Le monde poétique de l’Arioste, Essai d’interprétation du Roland Furieux, 1977







© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-76055-1
Sommaire
Couverture
4 e de couverture
Titre
Copyright
Sommaire
Introduction
Tirso De Molina et l’Espagne La problématique religieuse
Molière et la France L’ambiguïté du libertinage
Vienne, Da Ponte et Mozart « Viva ! Viva la libertà ! »
Conclusion
Adresse
Introduction
Apparemment, la cause est entendue, le problème est réglé. Démontrer que Don Juan est un des grands mythes de la littérature moderne, le seul, peut-être, avec Faust, a été parfaitement fait et sans appel par Jean ROUSSET ( Le mythe de Don Juan ). Quant à l’histoire, tout est su ; tout a été dit, avec l’objectivité des recherches et du scientisme universitaires. Même si, modestement, Pierre BRUNEL ne se dit pas exhaustif, la parution, dans la collection Bouquins, du Dictionnaire de Don Juan , se veut quand même la somme des connaissances acquises. Celui qui s’intéresse à ce thème dans la littérature occidentale y trouvera toutes les portes d’entrée et de sortie.
De surcroît, la publication de ce dictionnaire ne sert pas à l’exhumation d’un coin d’ombre de la culture que l’on voudrait offrir au grand public comme une friche délaissée de la recherche. Ce mythe fait partie désormais de la conscience collective. Tout le monde a entendu parler de Don Juan. Tout le monde connaît, à peu près, l’histoire. En tout cas, tout le monde sait, ou croit savoir ce qu’est un Don Juan.
Alors, dira-t-on, pourquoi relancer le débat ? Et sur quoi ?
Ce qui est troublant, dans l’histoire de cette histoire, c’est… le trouble. Non le trouble qu’elle suscite, mais celui qu’elle a suscité. C’est-à-dire ce qui s’est passé avant le XX è siècle. L’accès à la dimension mythique.
En effet, à partir du moment où le thème et le personnage sont entrés dans le domaine public, il est normal que les protagonistes croisent le fer, puisque toutes les interprétations sont ouvertes. À chacun son Don Juan : il sera jeune, vieux, homosexuel, féminin ou même femme, exaltant, répugnant, attendrissant, méprisable, etc… etc… Mais comment en est-on arrivé là ?
Car ils n’ont pas tort, les détracteurs de ce personnage, quand ils nous disent : « Que va-t-on nous parler d’ambiguïté ? C’est un petit escroc, oui, au mieux ! Au pire un délinquant sexuel, ou même un criminel. Et ses victimes sont ou bien sottes, ou bien perfidement vénales ; mais qu’on ne vienne pas nous dire qu’elles sont séduites. Violeur, goinfre, ivrogne, parjure, suborneur, menteur : qui l’a jamais vu engager de ces séductions lentes, lettres, rendez-vous, couchers de soleil, saisons d’attentes ? Il arrive à midi avec une attestation de mariage où il ne manque que le nom de l’épousée, il la signe le soir, consomme, et se sauve au petit matin avec un cheval volé. Même une caissière de supermarché n’épouserait pas en moins de 24 heures le PDG d’une multinationale. »
C’est vrai. Et d’ailleurs, tous les auteurs, de Tirso de Molina à Da Ponte et Mozart, le condamnent à la peine capitale – et pour l’éternité, qui plus est –, après avoir fait la démonstration de sa vilenie.
Mais alors, pourquoi, tout en le condamnant sans appel, se sont-ils laissés fasciner jusqu’à reprendre sans arrêt ce thème théâtral ? La garantie facile d’une pièce à succès ? L’explication est bien insuffisante, pour presque quatre siècles de reprises.
S’il a pu devenir un mythe, c’est grâce à cette complexité, à cette multiplicité de l’être et du paraître que désigne le mot « ambiguïté ». Mais si les diverses études sur le sujet, l’histoire des sources, nous disent bien quand et comment s’est opéré ce glissement vers l’ambivalence du personnage, quand et comment on accède au mythe, elles ne nous disent pas pourquoi.
Il y a là une énigme.
Pour la résoudre, il fallait revenir aux textes d’origine, tellement connus, que l’on croit ne plus pouvoir les reprendre pour en tirer quelque chose de neuf.
Une première constatation, qui n’est pas une découverte, mais qui demandait à être reformulée de façon plus explicite qu’elle ne l’avait été jusqu’ici : l’ancêtre – l’Adam des Don Juan, est tout sauf un personnage complexe. Parfois même presque schématique, il n’a rien d’un fascinant séducteur. Alors, comment pouvait-il porter ces gènes de l’ambiguïté ?
La réponse doit être cherchée non pas de l’intérieur, mais de l’extérieur. Pour la trouver, il fallait être italianiste, et, plus particulièrement, spécialiste de la littérature et de la civilisation de la Renaissance.
Apparemment, l’Italie se situe plutôt dans la périphérie du drame, puisque les trois coups de l’ascension au mythe se jouent en Espagne, pour le premier acte ; en France, pour le second ; et en Autriche-Hongrie, pour le troisième.
Certes, le rôle de l’Italie et des autres pays n’a pas été méconnu. Mais si forte est l’attraction de Tirso de Molina, de Molière, et de Mozart, qu’elle a fixé l’attention sur ces trois figures majeures. Il est vrai, de surcroît, que l’Italie n’a pas donné naissance à des œuvres d’importance. Et puis, dira-t-on – autre vérité bien connue –, le séducteur italien, c’est Casanova. Pas Don Juan.
Justement. Et c’est peut-être là que se trouve l’essentiel de la réponse à l’énigme.
Ce qui a été parfaitement bien perçu, c’est que le personnage et l’histoire de Don Juan ont été transmis à Molière non pas par l’Espagne, mais par l’Italie. On l’a expliqué par les relations privilégiées du pouvoir en France et des Médicis, et l’accueil favorable fait aux artistes italiens depuis la Renaissance, y compris aux hommes de théâtre. Explication juste, mais conjoncturelle.
Mais si on la relie au fait que c’est encore par l’Italie que Vienne va recevoir, des mains du Vénitien Da Ponte, le livret du Don Giovanni de Mozart, et que les sources littéraires du théâtre espagnol, et en particulier du Burlador de Sevilla , sont la comédie et la nouvelle italiennes du siècle précédent – chose moins bien perçue par la critique, mais d’une évidence limpide pour un italianiste –, on peut être troublé par cette récurrence : le passage de relais se fait chaque fois par un détour italien.
Détour, ou retour aux sources ?
Cette question conduit à s’intéresser de plus près au maillon italien. Qu’avaient-ils à dire, ceux qui transmettaient le relais, mais ne donnaient pas à la littérature occidentale ces œuvres déterminantes qui la marquent à tout jamais ?
Une première évidence : le tragique est espagnol, français, austro-hongrois. La dérision, et l’autodérision, sont italiennes. L’Inquisition est espagnole ; les guerres de religion françaises – et les pays du Nord, calvinistes ou luthériens, n’ont rien à leur envier –. La tolérance est italienne. Les certitudes idéologiques, ce sont les grandes monarchies. L’ambiguïté est italienne. Et tous ceux qui ont hérité de la sagesse d’une certaine folie sont les fils de la Renaissance italienne : Erasme, Rabelais, Montaigne, Cervantes, et bien d’autres.
Ce message transmis par la culture et la pensée italiennes du XV è et du XVI è siècles, c’est ce que toute l’Europe post-tridentine va s’efforcer d’éradiquer, à c

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