Le procès de l excès chez Queneau et Bataille
130 pages
Français

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Le procès de l'excès chez Queneau et Bataille , livre ebook

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Description

A l'extrême de la furie sadienne traitant de la transgression et du sacré chez Bataille à travers le personnage historique et mythique de Gilles de Rais, Queneau, pour nous faire entendre l'origine mystérieuse entre toutes du Mal, campe dans un livre de fiction burlesque, Les fleurs bleues, un frère jumeau du baron de Rais, le duc d'Auge, et son double Cidrolin. Mais qu'il s'agisse de rire ou de frémir d'épouvante, c'est bien de la même interrogation sur l'excès qu'il s'agit de dégager un sens, littéraire, philosophique et psychanalytique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296486041
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE PROCÈS DE L’EXCÈS
CHEZ QUENEAU ET BATAILLE
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet

Dernières parutions
Mansour DRAME, Poésie de la négritude , 2012.
Mamadou Abdoulaye LY, La Théâtralité dans les romans d’André Malraux , 2012.
Dominique VAL-ZIENTA, Les Misérables, l’Évangile selon "saint Hugo" ? , 2012.
Yannick TORLINI, Ghérasim Luca, le poète de la voix , 2011.
Camille DAMÉGO-MANDEU, Le verbe et le discours politique dans Un fusil dans la main, un poème dans la poche d’Emmanuel Dongala , 2011.
Agnès Aguer, L’avocat dans la littérature de l’Ancien Régime , 2011.
Christian Schoenaers, Écriture et quête de soi chez Fatou Diome, Aïssatou Diamanka-Besland, Aminata Zaaria, 2011.
Sandrine Leturcq, Jacques Sternberg, Une esthétique de la terreur, 2011.
Yasue IKAZAKI, Simone de Beauvoir, la narration en question, 2011.
Bouali Kouadri-Mostefaoui, Lectures d’Assia Djebar. Analyse linéaire de trois romans : L’amour, la fantasia, Ombre sultane, La femme sans sépulture , 2011.
Daniel MATOKOT, Le rire carnavalesque dans les romans de Sony Labou Tansi , 2011.
Mureille Lucie CLÉMENT, Andreï Makine, Le multilinguisme, la photographie, le cinéma et la musique dans son œuvre, 2010 Maha BEN ABDELADHIM, Lorand Gaspar en question de l’errance , 2010.
A. DELMOTTE-HALTER, Duras d’une écriture de la violence au travail de l’obscène , 2010.
M. EUZENOT-LEMOIGNE, Sony Labou Tansi. La subjectivation du lecteur dans l’œuvre romanesque , 2010.
B. CHAHINE, Le chercheur d’or de J. M. G. Le Clézio, problématique du héros , 2010.
Florence Charrier


LE PROCÈS DE L’EXCÈS
CHEZ QUENEAU ET BATAILLE


Préface de Thomas Roussot
Postface de Marc-Louis Questin
Illustration de couverture :
peinture de KTY Catherine Poulain, Effusion , 2011.


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96661-1
EAN : 9782296966611

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À Jean-Matthieu Taieb,
Odilon Bos,
et Flora Szpirglas.
– A quel âge avez-vous senti que vous quittiez l’enfance ?

– Je ne l’ai jamais senti.

Conversation avec André Gillois et Raymond Queneau, 1949.
Revue L’ARC , 1966.
Préface
Florence Charrier révèle à travers cet essai la puissance transgressive de deux œuvres méconnues et pourtant symptomatiques de Bataille et Queneau, à savoir Le Procès de Gilles de Rais et Les Fleurs Bleues. On pourra y découvrir une grille de lecture à la fois psychanalytique et philosophique, dévoilant à travers la galerie de personnages hétéroclites l’excès et ses implications ontologiques. L’on y trouvera notamment chez Bataille un érotisme frénétique, des sacrifices d’enfants au service de sensualités débridées, des crimes envisagés comme pur moyen de délectation, autant de transgressions des normes morales posées sans la moindre justification pathologique qui tranchent avec tous les discours éthiques aspirant à comprendre et contextualiser des actes pour tenter de leur ôter leur charge d’arbitraire.
L’appétit des protagonistes à contempler leur propre débauche souligne le rôle de la conscience assujettie aux sens, aspirant à se dissoudre dans le plaisir de l’annulation d’autrui. Les rituels démoniaques décrits d’abord par Bataille sont minutieusement ordonnés, l’ordre et le calcul savamment établis chapeautant ces dérives comportementales. Au cœur de l’analyse du procès de Gilles de Rais prévaut la violation des lois normatives via une structuration psychologique à la fois primitive et hédoniste située aux antipodes des valeurs de l’amour courtois naissant alors.
Le compromis des règles sociales échafaudées par le monde adulte ne concerne pas le "héros" accusé, tout n’y est pour lui qu’enfantillage, excès énergétiques.
La fortune du Maréchal de France offre à son imaginaire perverti des horizons infinis. Le Moyen Âge dans son commencement ne condamne aucunement la violence, la férocité est au contraire une marque d’élection pour nombre de chevaliers.

Gilles de Rais fut connu pour sa démesure dans les pillages qu’il pratiquait. Le goût du sang et tout bonnement du crime était imprimé et légitimé dans son esprit par sa propre fonction sociale.
La féodalité offrait la possibilité d’une dépense irrépressible des désirs et perversions invisibles aux foules, à l’abri qu’elles étaient de forteresses opaques. Ce n’est qu’en violant les lois de l’Eglise après avoir pénétré armé dans une chapelle pour y prendre en otage un prêtre pendant l’office que ses stratagèmes de tortionnaire allaient connaître un terme. L’aberration des mœurs n’est définie que par des normes sociales fluctuantes et parfois peu regardantes quand les victimes expiatoires proviennent de couches sociales méprisées. La personnalité atypique de Rais se confronte à des critères prétendus naturels que la souveraineté de son désir ne veut reconnaître, plongé qu’il est dans les abysses de la volupté. La complémentarité d’Eros et Thanatos lui procure l’extase de l’illimité et de la totalité, via ses multiples connections charnelles sous-tendues par cette volonté d’appropriation et de dissection du beau et du jeune. La passion irrésistible de l’intégrisme sensuel soumet à son règne totalitaire toutes les facultés de l’esprit. La consumation de l’altérité est la retombée indissociable d’un tel règne sans partages. A travers les récits plus ou moins fantasmatiques de Bataille et Queneau, l’on assiste à une dissolution du réel par une ébullition sensorielle dont l’absence de but humain caractérise l’avènement. La dimension spirituelle et intellectuelle est mise au service d’une dialectique de l’instantanéité réactionnelle des pulsions et lubies poussant sur un terreau existentiel voué à la disparition : "La méconnaissance ne change rien à l’issue dernière. Nous pouvons l’ignorer, l’oublier : le sol où nous vivons n’est quoi qu’il en soit qu’un champ de destructions multipliées." {1} Chaque chimère induit la possibilité d’une effraction hors des limites conventionnelles. Le scandale à n’aspirer qu’aux satisfactions du corps en imposant sa démesure infantile aux identités formatées par la raison demeure présent dans nos sociétés pourtant libérales libertaires. La privation du moi est résolue par la désintégration voluptueuse de l’autre. Comble du nihilisme. L’affranchissement du corps se déroule paradoxalement non dans l’accidentel mais l’organisation instinctive pour Rais, en un immense consentement à sa propre déroute sanctifiée par une morbidité érotisée, le tout porté par une volonté parodique de s’ériger en Dieu qui culmine dans la mise en scène du Procès. Dans Les Fleurs Bleues , Florence Charrier souligne le dédoublement onirique qui sape la conservation du sujet. L’ébranlement sensoriel investit les êtres en une contagion libidineuse dont la dynamique énergétique s’auto-dévore. L’exubérance d’un tel processus excède les contours normatifs du respect, de la dignité, de la tolérance et autres lois morales contemporaines. Le risque préféré à la tempérance, la dépense frénétique à la conservation maniaque et craintive de soi, tendant à se sentir vivant et n’existant qu’au seul prix d’admettre et même de provoquer sa propre perte. Le désastre des conséquences est annulé car ne demeure plus que le plongeon sensoriel dans l’avènement d’une perception instantanée. L’affranchissement de toute notion de responsabilité morale acquitte le sujet d’une éventuelle culpabilité repentante. Ni utilité hygiénique, ni justification sociétale, ni nécessité morale, c’est la pure gratuité du possible qui se déploie librement à travers ces récits. La dialectique du vide et de l’impossible s’affirmant par le sacrifice se déploie au fil des pages, le vertige du désir qui ne parvient jamais à saisir l’objet visé de façon harmonieuse accomplissant l’incapacité fondamentale de l’humai

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