La lecture à portée de main
118
pages
Français
Ebooks
2011
Écrit par
Matokot Daniel
Publié par
L'Harmattan
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Publié par
Date de parution
01 mars 2011
Nombre de lectures
148
EAN13
9782296803008
Langue
Français
Publié par
Date de parution
01 mars 2011
Nombre de lectures
148
EAN13
9782296803008
Langue
Français
Le rire carnavalesque
dans les romans
de Sony Labou Tansi
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
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May FAROUK, Tahar Ben Jelloun. Etude des enjeux réflexifs dans l’œuvre , 2008.
Daniel Matokot
Le rire carnavalesque
dans les romans
de Sony Labou Tansi
Préface d’Augustin de Souza
Publication du
Centre d’études stratégiques du bassin du Congo
sous la direction d’Aimé Dieudonné MIANZENZA
Site internet : http://www.cesbc.org
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54359-1
EAN : 9782296543591
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PRÉFACE
Que l’on ne se méprenne pas : le titre de cet essai que propose Daniel MATOKOT, Le rire carnavalesque dans les romans de Sony Labou Tansi , n’est ni trivial ni frivole. D’abord, l’expression « rire carnavalesque » s’apparente à un type d’analyse qui s’attache aux fonctions des énoncés déconcertants, insolites et volontaires bouleversant l’expérience prosaïque. Ensuite, en tant que mode opératoire, elle est portée par une intention critique et une sensibilité qui l’orientent dans l’œuvre romanesque de Sony Labou Tansi : un écrivain « engageant ». Autant dire que des auteurs comme Ahmadou Kourouma et Mongo Béti, pour ne citer qu’eux, fournissent à cet égard un matériau considérable à tout chercheur soucieux de révéler et faire apparaître un registre émotionnel massif aux contours indéfinis propres au caractère imprévisible de la réception. Enfin, c’est en vertu de ce regard nouveau porté sur Sony Labou Tansi que cette étude mérite d’être lue, d’autant que sa genèse et son élaboration plongent dans la réalité d’un espace-temps africain soumise à l’arbitraire d’un système étouffant et pervers où l’auteur et son « maître » ont fait acte de résistance.
En effet, de l’aveu de Daniel MATOKOT, une fois par an, Sony Labou Tansi répondait toujours présent à l’invitation qu’il lui adressait en tant que chef de département de français du Lycée Savorgnan de Brazza à Brazzaville (Congo), pour des échanges culturels avec les élèves de cet établissement. L’homme était « exceptionnel, humble et affable ». Sa facilité d’expression était remarquable : « il s’exprimait comme s’il écrivait ». Il était ainsi question de sensibiliser de jeunes esprits à décrypter le contexte existentiel dans lequel ils vivaient.
Ses nombreux échanges avec Sony Labou Tansi ont donné lieu à des entretiens retranscrits, authentifiant son étude qui a été soutenue le 19 février 1987 devant un jury de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de l’université Marien Ngouabi de Brazzaville. D’ailleurs, Sony Labou Tansi a honoré de sa présence cette soutenance.
Aujourd’hui, par cet essai, Daniel MATOKOT rend hommage à cette filiation intellectuelle. Il contribue à l’ouverture de nouveaux chantiers ; autant de sentiers qui revitalisent le débat dans la littérature négro-africaine tant par la forme que par les questions du rapport au pouvoir.
Augustin de SOUZA,
Diplômé de philosophie
de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
INTRODUCTION
Rire est une manière d’exprimer ses sentiments : gaieté, honte ou tristesse. Ce phénomène, qui prend souvent pour cible les travers des individus ou d’un groupe, occupe dans toute société humaine, une place prépondérante. Chaque peuple, chaque groupe social possède sa forme particulière de comique générateur du rire. Il en est de même de chaque époque. Cette grande diversité laisse entrevoir les difficultés auxquelles on est confronté lorsqu’on cherche à définir le comique et son corollaire le rire.
La présente étude porte sur une forme particulière du rire : le rire carnavalesque. Elle s’inscrit dans le cadre de la littérature africaine de langue française. Son champ est circonscrit à quatre romans de Sony Labou Tansi publiés à Paris aux Editions du Seuil : La vie et demie (1979), L’État honteux (1981), L’Anté-peuple (1983) et Les sept solitudes de Lorsa Lopez (1985).
Sony Labou Tansi, de son vrai nom Sony Marcel, est l’un des écrivains congolais de langue française dont la notoriété sur le plan national et international est incontestée. Né le 5 juin 1947 à Kimwanza (Congo Belge) et mort le 14 juin 1995 à Brazzaville (Congo), il appartient à la nouvelle génération des écrivains qui, par la qualité de leurs œuvres, ont contribué au renouvellement du discours romanesque négro-africain. Ce renouvellement se remarque, non seulement dans le choix et l’originalité des thèmes abordés, mais surtout dans la volonté de créer une écriture nouvelle.
L’intérêt de la présente étude réside dans le fait qu’elle applique à une œuvre négro-africaine une méthode d’analyse littéraire particulière, celle du critique russe Mikhaïl Bakhtine, exposée et développée principalement dans deux ouvrages critiques : Esthétique et théorie du roman et L’œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen-Age et sous la Renaissance . Son objectif est de contribuer à la lecture sous un éclairage neuf des romans de Sony Labou Tansi.
Mikhaïl Bakhtine a analysé dans ces ouvrages ce qu’il appelle la « littérature carnavalisée ».
L’expression désigne un ensemble d’œuvres littéraires dont l’esthétique est fondée sur le rire ambivalent des festivités. Il s’agit d’une littérature de fête où l’on retrouve les réjouissances caractéristiques du carnaval et qui utilise largement la langue, les formes et les images spécifiques aux festivités populaires.
La « littérature carnavalisée » se caractérise entre autres par le recours aux genres inédits, par le changement du sens des mots, l’usage des grossièretés et des jurons, par l’exagération, par le dédoublement des personnages, par l’usage du masque, par la structure dialogique et polyphonique.
L’exemple le plus significatif de ce genre de littérature est l’œuvre de François Rabelais ( Pantagruel et Gargantua ). Cet auteur a usé du procédé de carnavalisation pour pénétrer les zones de l’homme et des relations humaines.
Mikhaïl Bakhtine a tenté d’expliquer l’œuvre rabelaisienne par la notion de carnavalisation.
Cette perception a été contestée par certains critiques. C’est le cas de Pierre V. Zima qui, en se référant à la société russe du XX ème siècle, estime que cette méthode n’est guère satisfaisante lorsqu’elle est appliquée aux romans russes modernes car, écrit-il, « … dans la société russe du XX ème siècle, le carnaval ne joue plus du tout le même rôle critique et populaire qu’au début de la Renaissance. » {1}
Pierre V. Zima conclut : « …l’argument sociologique qui relie l’institution carnavalesque au roman est bien moins convaincant dans le cas de Dostoïevski et de Th. Mann que dans le cas de Rabelais. » {2}
En tentant d’appliquer cette notion de « littérature carnavalisée » à des œuvres négro-africaines, on