Le silence en littérature
282 pages
Français

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Le silence en littérature , livre ebook

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Description

Ce recueil utilise comme guide la polyphonie du silence dans l'oeuvre de Mauriac. Diverses gammes de silences sont explorées : le silence comme élément fondamental de la création artistique, ascèse exigeante pour Makine, Modiano, Le Clézio... Le silence sous son aspect mystique, sa transcendance. Il y a aussi les voix assourdissantes du silence des opprimés, des morts des dictatures modernes. Enfin la litote démontre que le silence et la page blanche sont plus proches de la perfection que toute écriture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2013
Nombre de lectures 84
EAN13 9782336666334
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.f

EAN Epub : 978-2-336-66633-4
Titre
Textes réunis par
Françoise Hanus et Nina Nazarova






Le Silence en littérature

De Mauriac à Houellebecq
Ouvrages de l’Association Européenne François Mauriac
François Mauriac, écrivain de Malagar
Bichelberger, un éveilleur d’aurore
Les Villes d’Europe inspiratrices des écrivains
Littérature européenne et spiritualité
La Quête du Graal chez les écrivains européens contemporains
Enracinement et dépassement chez les écrivains européens contemporains
L’Expression du bonheur dans la littérature européenne d’aujourd’hui
La Rencontre des cultures dans la littérature européenne contemporaine
Publiés chez l’Harmattan
Masque et carnaval dans la littérature européenne
Sylvie Germain, rose des vents et de l’ailleurs
L’Enfance inspiratrice, éclat et blessures
Andreï Makine : La Rencontre de l’Est et de l’Ouest (dans la collection “Rencontres de la Cerisaie”)
Andreï Makine : Perspectives Russes (dans la collection “Rencontres de la Cerisaie”)
Art et Littérature : Regards sur les auteurs européens contemporains Andreï Makine : Le sentiment poétique (dans la collection “Rencontres de la Cerisaie”)
Terres mythiques du Nord de l’Europe
L’Écriture singulière de François Cheng : un dialogue fécond
Le Franchissement du Mur dans la littérature postsoviétique
Préambule

Cet ouvrage comporte l’ensemble des communications prononcées lors du Colloque de l’Association Européenne François Mauriac, du 6 au 10 juillet 2011, dans la prestigieuse Université Nationale de Tchernivtsi en Ukraine.
Nous remercions particulièrement l’administration de l’Université Nationale de Tchernivtsi ainsi que Nina Nazarova et Taras Ivassioutine pour l’efficacité dont ils ont fait preuve dans l’organisation de cette manifestation.
Introduction
Etudier le silence dans la littérature relève a priori du paradoxe. Dans ce tas de mots, dans cette diversité de sens, le lecteur ne s’attend pas à trouver l’espace vide qu’offre pourtant l’auteur. On perçoit souvent la littérature comme un art qui rompt radicalement avec le silence. C’est oublier que la langue et la conscience sont étroitement liées et que l’écrivain, toujours pleinement confronté au silence qui inaugure et accompagne le moindre de ses mots, compose avec lui et se compose à travers lui. "[Le langage] ne vit que du silence ; tout ce que nous jetons aux autres a germé dans ce grand pays muet qui ne nous quitte pas 1 ».
C’est au vingtième siècle que les réflexions appliquées au langage et au discours totalisant ont atteint leur apogée, et qu’on s’est tourné vers une rhétorique de l’indicible, ou bien vers une écriture de silence. Certains écrivains font de la recherche du silence, l’objet même de leurs projets littéraires, en voulant explorer l’expérience de l’indicible à travers le silence, le monde d’au-delà du langage, le pouvoir du vide et de l’absent. Indéniablement, il y a un courage créateur dans le choix de se taire, une prise de conscience salutaire, digne : « Écrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit 2 ».

Le silence peut s’entrevoir par différent biais, comme une dialectique entre la parole et le vide, qui met en cause le rapport écrivain et lecteur, mais aussi comme un acte énonciatif où le silence est pris en charge par le récit. Or, le silence est aussi et surtout en lien avec la rhétorique du sublime. Le silence porte à la méditation : il faut l’écouter pour en saisir toutes les gammes.
En décrivant le silence, les romanciers convoquent inévitablement tout ce que cette notion englobe. Dans un premier temps, le silence se définit par la négative : absence de bruit, de son, quelque chose de vide. En même temps, la description du silence peut prendre des pages entières d’une œuvre littéraire. D’un autre côté, le silence, c’est aussi un prolongement de la parole, une source d’inspiration et un moment d’écoute. Le silence, ce n’est donc pas le contraire du langage mais un langage intérieur, solitaire ou personnel. Par la quiétude contemplatrice qu’il génère, le silence peut alors provoquer l’union d’individus, le partage de sensations. D’un point de vue discursif, le silence se lit dans l’écriture. Son importance est trop souvent sous-estimée, et cela même parce qu’il dit plus qu’on ne le voudrait. Le silence est donc un espace ouvert dans lequel s’inscrit un acte énonciatif. Non seulement ces vides accordent une nouvelle valeur aux mots environnants, à ces quelques paroles qui restent, mais ils exercent aussi une fonction capitale dans la communication littéraire puisqu’ils appellent l’instance interlocutrice à la collaboration.
La dimension discursive du silence tient une place particulière chez l’homme puisque le silence nécessite la fonction imaginative. En l’absence de mots, c’est la pensée qui prend la place, la réflexion ; d’où la seconde sorte de silence : le silence incarne ce qui est irreprésentable.

Le silence est aussi une technique de la rhétorique connue depuis l’Antiquité et théorisée par Aristote et Cicéron. Il est le paradigme de l’orateur. Le silence est le meilleur moyen pour convaincre : que l’audience soit d’accord ou à court d’argument, elle se tait. Et la pensée de chacun s’unit alors dans le silence. D’ailleurs, le silence est une parole ou, plutôt, une parole non proférée. L’ambivalence du silence concorde parfaitement avec l’ambivalence de la rhétorique. Les reproches faits à cette dernière - manipulation, sophisme- peuvent s’appliquer aussi au silence.
Or, outre son lien avec le langage, le silence entretient aussi un rapport étroit avec l’extériorité. Pour considérer le silence, il faut déjouer les paradoxes initiaux : les mots prennent appui sur le silence pour donner à penser. Le silence accorde une place privilégiée aux récepteurs du texte par les lecteurs. Le roman est placé sous l’ultime autorité qu’est le lecteur qui tient le livre entre ses mains et peut à loisir poursuivre sa lecture, la suspendre, l’approfondir. Le vide peut être (ou non) reçu, rempli. La possibilité d’évasion, de vagabondage de la pensée est laissée ouverte. La question de l’écrivain n’est plus comment dire, mais comment taire. Le lecteur est censé combler les trous du texte, et prolonger la pensée que l’auteur a initiée. Le lecteur obtient une marge de manœuvre assez large qui lui permet de dialoguer avec l’auteur. Cependant, cette liberté interprétative est aussi la porte ouverte à l’ambivalence et à l’incompréhension qui en découle. L’implicite, le sous-entendu et l’insinuation sont autant de formes possibles pour conceptualiser le silence.

Dans le recueil que nous proposons à votre attention, les auteurs tentent de définir les traits essentiels d’une esthétique du silence, en particulier dans la littérature de notre temps. Comme notre association porte le nom de François Mauriac, les trois premiers articles du recueil sont consacrés au problème de la polyphonie du silence dans les œuvres de François Mauriac. Yarina Tarassyuk affirme que malgré l’éloquence de François Mauriac, écrivain et publiciste, le silence reste une caractéristique fondamentale de son œuvre. Claude Hecham examine les réflexions de François Mauriac sur le silence à travers le prisme de ses textes biographiques - sur Proust, Flaubert, Barrès - et ses écrits autobiographiques. Michael O’Dwyer, à son tour, relève dix catégories de silence dans le roman de François Mauriac Thérèse Desqueyroux : l’étouffement de ceux qui ne respectent pas les conventions de la famille bourgeoise, le silence du couple ou l’incommunicabilité, le récit elliptique du narrateur et d’autres. Plusieurs auteurs du recueil ont pour objectif de prouver que le silence et la créativité artistique sont inséparables. Margaret Parry se propose d’analyser le processus créatif chez Andreï Makine à la lumière de Charles du Bos et de Maurice Zundel. Elle croit que pour Andreï Makine, la recherche du verbe

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