Le Texte automatiste
199 pages
Français

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Description

Méthodologie et perspectives critiques_x000D_
Le Vierge incendié - pour une typologie des énoncés_x000D_
Refus global_x000D_
Combinaisons et production de texte_x000D_
Yeux fixes - De l'ambiguïté à la double lecture_x000D_
Le Texte automatiste

Informations

Publié par
Date de parution 22 avril 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782760522640
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1977 LES PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC C.P. 250, Station N, Montréal, Canada, H2X 3M4
La conception graphique de la couverture est de YVAN ADAM.
ISBN.O-7770-0031-8 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés© 1977 Les Presses de l’Université du Québec e Dépôt légal — 3 trimestre 1977 Bibliothèque nationale du Québec
PRÉFACE
Toute science est théorique ; mais il n’y a de connaissance que du concret. Leur point de jonction est aussi le point de fuite d’une perspective : rencontre du vécu et du conceptualisé, du posé et de l’interprété, sur quoi mise l’avidité de l’intelligence. Mais le concret ne se révèle que dans le heurt d’un objet, et (on le sait du reste aujourd’hui), celui-ci, c’est la théorie qui le construit, si même elle ne le constitue pas. Risqué qu’affronte toute recherche quoique, parfois, elle l’ignore ou le dissimule pour sa vaine gloire. C’est au cœur de cette problématique, et sans ignorance ni dissimula-tion, que se situe dialectiquement le livre de Jean Fisette. D’emblée, son titre propose, à l’analyse qu’il annonce, la désignation d’un objet spécifique — le « Texte automatiste » — dont cette analyse confirme progressivement la réalité, j’entends la validité comme terme de questionnement critique. L’efficacité d’une telle procédure dépend de l’étendue et du sérieux de ses fondations « scientifique ». L’objet, le texte, ne se coagule dans sa (provisoire) consistance (cette (réalité, même), ne se prête à la connaissance du critique et de son lecteur qu’à certaines conditions épistémologiques. La bibliographie qui clôt ce volume, non moins que, d’une autre manière, l’index méthodologique qui y est apposé, témoignent de la solidité de ses bases. L ampleur de l’information et des réflexions préalables prend un surcroît de valeur du fait même qu’elle exclut tout éclectisme sauvage et que (pour large qu’il soit) un choix a déterminé, entre les multiples possibilités ouvertes, l’orientation de méthodes dont sont clairement assumés les présupposés. L’étude de Jean Fisette s’est élaborée au carrefour des chemins qui, de nos jours, descendent, parfois en sillonnant pas mal, des hauteurs déjà lointaines et estompées du structuralisme des années 60 : ceux où l’on a vu
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LE TEXTE AUTOMATISTE
récemment s’avancer les équipages collectifs, fussent-ils cahoteux, des Essais de sémiotique poétique publiés sous la direction d’A. J. Greimas, de la Sémio-tique narrative et textuelle conduite par Cl. Chabrol, ou tel imposant solitaire comme J. Cl. Coquet à bord de sa Sémiotique littéraire... Cette énumération du reste rend mal justice à Jean Fisette, ne serait-ce que par l’accumulation de ces « Sémiotiques », terme, il faut l’avouer, assez usé et que Fisette, justement, contribuerait indirectement peut-être à réanimer. De toute manière, c’est à la famille d’esprit de Greimas, Coquet, Chabrol, Arrivé, Géninasca qu’il s’appa-rente, plus qu’à d’autres qu’il a fréquentées non sans profit, et auxquelles il se réfère.
Voila pour l’appareil conceptualisateur. Côté concret, le lieu d’ancrage de l’étude est, de toute évidence, le Refus global de Borduas. Texte manifeste (si je puis me permettre ce jeu de mots) ; cri (plus tard, par certains, dé-crié) poussé à un moment unique du récent passé québécois, où tout virtuellement bascula, où il sembla que fût résorbé, en une identité contradictoire et fulgu-rante, l’écart entre la voix et l’histoire : prise de parole par laquelle se dépasse en se déphasant la parole, et se déchire, se renie en s’engendrant, se crève de trous d’incohérence laissant percevoir les craquements profonds que recouvre, au fil des jours, son trantran banal.
Que le Refus soit l’œuvre d’un peintre, et de l’un des plus vigoureux, incisifs, intransigeants de ce pays, ne peut être un hasard. Autour de lui, Jean Fisette regroupe plusieurs autres textes dont le lien anecdotique (fait de dates, de lieux, de compagnonnages) avec celui-ci est assez évident pour justifier l’entreprise : la prose quasi narrative de Roland Giguère, les admirables poèmes de Paul-Marie Lapointe dans le Vierge incendié. Trinité constituant un corpus très exactement limité, à propos duquel s’énonce la question : où, comment, pourquoi même en percevoir l’unité ? Question dont le sens profond est proprement historique, dans l’acception la plus complète de ce mot. S’il est vrai que Jean Fisette se détourne de toute perspective que l’on puisse superficiellement qualifier ainsi, le dynamisme de sa longue étude n’en provient pas moins d’un sentiment intense qu’il a de l’histoire de la communauté à laquelle il appartient.
La diversité de surface des textes retenus oriente vers la recherche de structures profondes qu’il appartiendra au critique de découvrir, ou non, communes. Jean Fisette adopte un point de vue formaliste – au sens où forme réfère à l’appareil linguistique. Mais ce qui est formalisable ne l’est qu’en vertu de l’outil qu’on lui applique. D’où, de chapitre en chapitre, un déplacement de concepts balayant, comme le rayon d’un phare, le domaine à explorer : notions de série, de niveaux de fonctionnalité, de procès de manifes-tation, autant d’angles de saisie, correspondant à des zones d’impact qui ne
PRÉFACE
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peuvent être identiques dans les trois volets du triptyque, par suite même des différences de conductibilité du matériau linguistique.
Nul doute que ce ne soit l’un des mérites de ce livre : il renonceà proposer une clé universelle, en dépit de la convergence de ses efforts succes-sifs. Ce à quoi l’amène sa démarche, c’est à remonter, en chacun de ses textes, à ce que, dans l’acceptation antique du mot, on nommerait son ori-gine : cette énergie productrice, au travail dans le langage, indissociable de lui. Un noyau générateur commun se dessine, sphère d’émergence d’une volonté à l’œuvre dans tel instant historique, charnellement vécu par des hommes. C’est moi qui, ainsi, glose ; mais je ne pense pas trahir la pensée de Jean Fisette, quoiqu’il se borne à dégager ces déterminismes dans leur seule discursivité latente. Les manifestations diffèrent, elles s’opèrent en une diversité définissable de discours spécifiques. L’unité n’en est pas moins décelée.
Ces conclusions débordent de plusieurs façons les textes dont l’étude les amena. Dans la mesure même où elles impliquent une interrogation abstraite, elles se prêteraient à des extrapolations touchant au mode de production textuelle et à ses conditionnements. Quelque typologie universelle s’ébauche peut-être. Mais Jean Fisette s’abstient, et demeure dans les frontières qu’il s’est tracées. Son travail y gagne en solidité. Au lecteur de broder dans les marges les esquisses qu’on lui suggère. La savante modestie de l’auteur le préserve ; c’est bien ainsi : je devrais pour clore cette préface, reprendre ici la phrase par laquelle je l’ai commencée.
Juillet 1975
PAUL ZUMTHOR
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