Les littératures africaines Textes et terrains , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2011

Nombre de lectures

98

EAN13

9782811104375

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Virginia Coulon et Xavier Garnier (dir.)
Les littératures africaines
Textes et terrains
KARTHALA
LES LITTÉRATURES AFRICAINES
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Couverture :«L’ivrogne dans la brousse », Rosemary Karuga, d’après Tutuola, papier collé. Collection particulière.
Éditions KARTHALA, 2011 ISBN :978-2-8111-0437-5
Études rassemblées par Virginia Coulon et Xavier Garnier
Les littératures africaines
Textes et terrains /Textwork and Fieldwork Hommage à Alain Ricard
Introduction de János Riesz
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
INTRODUCTION
Textes et terrains
* János RIESZ
Le genre des Mélanges,Festschriften allemand, n’a pas toujours très bonne réputation. On nous dit que les éditeurs ne l’aiment pas (pas plus que les actes d’un colloque) pour la raison que c’est souvent un pot-pourri, un mélange de n’importe quoi, oùchacun met des textes qui n’ont pas trouvé: fonds de tiroirs qui manqueraient souvent depreneurs ailleurs cohérence et de consistance,écrits accumulés sans esprit critique et sans la discipline et le contrôle qu’exigent normalement l’admission à une publi-cation qui se veut«sérieuse». On nous raconte même des histoires de collègues qui auraient refuséd’accepter un tel honneur. Ceux qui se sont attelés à la tâche de la préparation et de la publication du présent volume l’ont penséautrement. Virginia Coulon, Xavier Garnier, moi-même, nous avons penséque le genre des Mélanges est un genre qui fait honneur non seulement à celui qu’on veut honorer, mais aussi à ceux qui – comme dit la formule consacrée –se donnent l’honneurde contri-buer à l’entreprise.Àcondition néanmoins qu’on respecte certaines règles, certaines exigences qui excluent les dangersévoqués, à savoir la facilité, l’incohérence, le manque de discipline et de rigueur (cela sonne très allemand, j’en conviens), et dont le résultat fasse non seulement honneur, mais aussi plaisir, suscite le respect et force l’admiration de la communautéscientifique dans sa grande majorité. Il fallait donc définir un idéal du genre pour un volume de Mélanges, unFestschrift, et faire un effort pour orienter les futurs contributeurs dans
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Universitéde Bayreuth.
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LES LITTÉRATURES AFRICAINES
le sens de cet idéal. Quel estdonc cet idéal, quelles sont les règles que nous avons cru devoir respecter pour réussir notre entreprise ? Il fallait tout dabord trouver une thématique qui soitàmême dexprimer le centre des activités du chercheur africaniste Alain Ricard et qui soit aussi au cœur, en quelque sorte, de sa pensée théorique et métho-dologique. Cette thématique devait permettre en même temps aux futurs contributeurs de se rallier derrière cette bannière et dexprimer leur ratta-chementàla personne etàl’œuvre dAlain Ricard, tout en présentant un aspect significatif de leurs propres travaux. Vous allez dire que cest la quadrature du cercle. Nous nous sommes dit que cest un idéal et quil fallait essayer de lui rester fidèle. Cest donc dans cet esprit que nous avons formuléet envoyéaux intéressés un texte dinvitationàla colla-boration au volume. Le titre proposéfut«Textes et Terrains dAfrique»/ «Textwork / Fieldwork in Africa»que nous avons expliquéainsi :
L’évolution actuelle des recherches sur lAfrique permet denvisager de nouveaux types de rapprochements entre lanthropologie et lesétudes littéraires, qui prennent en compte le travail textuel dans une perspectiveà la fois philologique et anthropologique. Le travail dAlain Ricard a cherchéla rencontre entre les anthropologues qui sintéressentàla question de la production de textes en Afrique et les chercheurs en littérature, philologues et comparatistes, qui travaillentàmettre en relation lesœuvres et les territoires, dans une perspective naguère sociologique, aujourdhui«géocritique». Y a-t-il un sensàprendre en compte une terri-torialitédes textes littéComment articuler textes et terrains,raires ? écrits et lieux ? Théâtre et nationalisme ? Voyage et conversion ? Poétique et politique ? La pratique du terrain ouvre la perception des territoiresàla complexitédes réalités locales, moins envisagées comme«données»que comme expérience. La littérature, comprise comme une façon de lire et de recevoir les textes, nest pasétrangèreàcette expérience. Cest ce lien entre une expérience du terrain et une expérience des textes que nous nous sommes proposés de mieux cerner dans leurs multiples dimensions dans ce volume.
En réponseànotre invitation, nous avons reçu pas moins de trente contributions dont les auteurs figurent parmi les meilleurs spécialistes en littératures africaines. Ces trente contributions se répartissent sur quatre ensembles thématiques qui correspondentégalementàquatre domaines du travail d: (1) LeAlain Ricard Concertet les arts de la performance ; (2) Des langues aux livres ; (3) Voyag es et explorations ; (4) Terrains africains, horizons mondiaux. Les contributeurs viennent de France et
INTRODUCTION
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d’Afrique, dautres pays de lEurope et de lAmérique du Nord et illustrent ainsi non seulement l’étendue des relations amicales et profes-sionnelles dAlain Ricard, mais en même temps la dynamique des échanges et le réseau de coopération internationale quil a su créer et nourrir avec sonélan et sa créativité. Les contributeurs ont tous, chacunàsa façon, fait leur la thématique de «Textes et Terrains dAfrique»(qui est donc un«bon»titre, selon Adorno :«le microcosme de l’œuvre»). Ce qui nous a surpris cest que tous,également, ont puétablir un lien direct avec la personne et l’œuvre dAlain Ricard. Son nom est comme le centre de gravitation (ou de magnétisme ?) autour duquel tournent les contributions. Les rapports des contributeurs avec Alain Ricard et sonœuvre, exprimés par la plupart dans les textes mêmes, se situentà: ils vont dplusieurs niveaux une approche analogue, semblable ou parallèle (souvent par référence directe au modèle fourni par Alain) dans leur travail sur le terrain et sur les textes, via linspirationémanant des travaux dAlain,àdes relations plus personnelles, des biographies et des parcours qui doivent leur orientation et leur inspiration en bonne partieàla rencontre de leurs auteurs avec Alain Ricard. Permettez-moi de lillustreràpartir des contributions.
Dans la première partie (huit contributions) sur le«Concert-partyet les arts de la performance / Concert-Party and Performance Arts», il y a des contributions qui se situent dans la droite ligne des travaux dAlain, datant des années 1970, sur les arts populaires du théâtre et du spectacle, ses effets libératoires etémancipateurs, telle l’étude dOmofolabo Ajayi-Soyinka :«: the Theatre ofPerforming Liberation. Performing Identity Ogunde 1944-1946»; ou bien les contributions de Sophie Moulard-Kouka et de Birgit Englert, la première traitant«Duconcert-partyau Rap Quarante ans de pratiques performatives en Afrique subsaharienne»et lautre présentant des«Réflexions sur les jeunes musiciens inconnus au sud de la Tanzanie». Bernth Lindforsétablit un parallèle historique entre e les travaux dAlain sur le théâtre et le rôle qua jouéauXIXsiècle le comédien africain-américain Ira Aldridge sur les scènes de lEurope pour promouvoir une autre image des Noirs et leur apportàla vie culturelle. C. F. Swanepoel,àpartir dune recherche sur le terrain des Sesotho, présente les textes qui naissent autour des rites de passage des jeunes en les mettant dans leur contexte socioculturel. Trois des contributions de la première partie viennent dauteurs dont la carrière futétroitement liéeàla rencontre ouàla collaboration avec Alain. Cest le cas de sa traductrice Naòmi Morgan, sud-africaine, qui nous parle du projet«Afri-Frans», né après la libération de lAfrique du Sud du joug de lapartheid, et les
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nouveaux liens qui se sont tissés depuis entre lAfrique du Sud, la France et lesîles de locéan Indien, notamment Madagascar. Des liens dans l’établissement desquels Alain Ricard a jouéun rôle important par rapport auxéchanges scientifiques entre les deux mondes. Et finalement il y a, dans cette première partie de notre volume, le témoignage direct de deux créateurs, deux auteurs togolais, qui doivent une impulsion importanteà leur orientation professionnelleàun moment donnéde leur carrière aux conseils etàlinspiration immédiate dAlain Ricard. Je parle de Sénouvo Zinsou et de Kangni Alemdjrodo. Le premier nous livre un beau morceau dautobiographie qui ne concerne pas seulement ses débuts comme auteur, metteur en scène, comédien et directeur de la troupe nationale du Togo, mais va jusquaux années dexil dans une petite ville allemande de la Haute Franconie, ville que Zinsou a immortalisée dans son romanLe Médicamentsous le nomàpeine reconnaissable de Bayerrode. Kangni Alemdjrodo, lui, nous présente un«Essai de traduction duntextede Concert Party», genre«découvert», peut-on dire, par Alain Ricard dans les annéet que Kangni nous pres 1970, ésente comme une leçon sur «loralitédans sa dimension urbaine et contemporaine». Il sagit dune des rares versionsécrites dun genre qui semble, malheureusement, aujour-dhui en voie dextinction.
Dans la deuxième partie de notre volume de Mélanges (qui présente également huit contributions), sous le titre«Des langues aux livres / From Language to Writing», nous assistonsàun déplacement de la thématique de«Textes et Terrains»vers le terrain littéraire au sensétroit, lechamp littérairedans sa spatialitépropre, son caractère systémique qui peut sorganiser selon les différents principes présentés dans les contributions de cette partie : suivant lantithèse classique des«Anciens et des Modernes»dans la contribution de Jean Derive, la notion de«série» chez Bernard Mouralis, la«rencontre»des genres, leur complémentarité, mais aussi leur opposition, dans la littérature orale, chez Ursula Baumgardt, phénomène quon pourrait voir ensemble avec le texte de Mwatha Ngalasso sur la«littéraritéet la modernité »des textes oraux, ce qui signifie aussi leur vitalité, leur transformation permanente. Les rapports complexes entre«langues et littératures»nous sont présentés sous langle de ladiglossie(problématique qui a intéresséAlain depuis ses débuts) dans la contribution dAnthère Nzabatsinda sur l’écrivain rwandais Alexis Kagame, la questionécomment rester fidtant : èle au terrain (terrain dorigine, au pays,Heimaten allemand) tout en sexprimant dans la langueétrangèLa nre ? écessitéde celle-ci, son caractère dirais-je «incontournable», devient clairàpartir du bilan que nous présente
INTRODUCTION
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Nataša Raschi dansson analyse sur la presse au Bénin, oùjai appris que dans ce petit pays de lAfrique de lOuest les radios et la télévision émettent dans dix-huit langues nationales, tandis que la presse sexprime seulement en langue française. Ce qui ne veut pas dire que la langue de la littérature naissante dans les pays anciennement colonisés soit nécessai-rement la langue de lancien colonisateur. Lexemple que nous présente Simon Amegbleame, sur le premier roman policier enéwé, paru en 1970, nous montre comment«leffet roman»(titre dun volume passionnant éditépar Alain Ricard et Xavier Garnier) peut se produire aussi bien en langue africaine quen langue européenne,àsavoir ses dimensions ludiques, de divertissement, mais aussi sa fonction de discours social, de réflexion et de méditation que la sociététient sur elle même. Un bel exemple des rapports entre«textes et terrains»nous est présentédans la contribution de Dominique Chancéqui décrit ses tentatives dune traduction dun roman de langlais de lauteur yorouba nigérian Amos Tutuola, tentative qui se solde par unéchec, mais qui donne la précieuse leçon (par rapportàla thématique du volume) quil est très difficile sinon impossible dentrer dans le monde dun auteur (de sa langue, son sociolecte et son idiolecte) sans une connaissance de son«terrain».
La troisième partie sous le titre«Voyages, explorations / Travels, Explorations»nous présente sept contributions qui vont de la«quête de lAfrique»au détour de la France, en passant par la ville de Cadiz en Espagne (Lourdes Rubiales) et en finissantàLacanau et dans les landes du Médoc, cette«Afrique de lintérieur»(et de cœur, dirais-je) que nous présente Christian Coulon, objet dune anthropologie imaginaire. Susanne Gehrmann fait le rapprochement entreLa Formule BardeydAlain Ricard et les ouvrages de Manthia Diawara, dorigine malienne et guinéenne, vivant auxÉtats-Unis, quicomme dautres auteurs africains vivant en Occidentsexprime aussiàtravers ce mélange de genres, entre le récit de voyage, lautobiographie et les essais critiques et philosophiques. Flora Veit-Wild choisit le personnage de linterprète dans les textes africains, personnage puissantàl’époque coloniale parce que médiateur de la communication entre le maître colonisateur et les colonisés. Alors que dans les siècles passés le genre dominant pour notre connaissance de lAfrique fut le récit de voyage («Voyages de découvertes»auxquels Alain a consacréune belle anthologie), aujourdhui ce sont les auteurs africains mêmes qui non seulement ont renverséla direction de ces voyages, départvolontaire ou involontairedu pays vers les pays du Nord et de lOuest, mais qui souvent aussi font le retour au pays natal, avec tout ce que cela peut comporter de désillusion ou désenchantement,
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