Les Misérables, l Evangile selon "saint Hugo" ?
164 pages
Français

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Les Misérables, l'Evangile selon "saint Hugo" ? , livre ebook

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Français

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Description

Dans Les Misérables, Hugo se fait évangéliste pour dénoncer l'ancien monde. Il endosse le manteau du prophète et nous indique la route à suivre pour un monde meilleur, rendant gloire à Dieu et dénonçant l'Eglise, mariant la foi et le socialisme. Il fait de Jean Valjean un nouveau Christ, porteur de toutes les misères des siens, les misérables, annonciateur des temps nouveaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296481718
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Misérables ,
l’Évangile selon "saint Hugo" ?
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.f

ISBN : 978-2-296-55970-7
EAN : 9782296559707

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Dominique V AL - Z IENTA


Les Misérables ,
l’Évangile selon "saint Hugo" ?
Approches littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


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A Alain Bihel,
qui me fit découvrir
Les Misérables , au lycée
et à Pierre Barbéris
qui me donna envie,
à l’université,
de continuer leur étude.
« L’Évangile du passé a dit : les damnés,
L’Évangile du futur dira les pardonnés. » {1}

Cette parole, c’est le Christ qui l’a prononcée le 11 février 1855, lors d’une séance de table tournante, à Jersey.
Je ne me prononcerai pas sur la valeur de cette apparition, l’essentiel est que Hugo y croie, qu’il consigne celle-ci dans ses carnets, comme il l’a fait pour Shakespeare, le Drame ou la Mort. La Mort qui lui avait ordonné d’écrire une œuvre qui aurait pour titre : « Conseil à Dieu ».

Hugo a-t-il pu se sentir investi d’une mission divine et pour cela écrire Les Misérables ?
Ce serait tirer une conclusion hâtive que de le croire ; en 1855, le roman est déjà commencé, probablement depuis 1839.
A-t-il été décidé à reprendre son roman, qu’il avait abandonné en 1848 « pour cause de révolution » ? Probablement pas non plus : il attendra encore cinq ans avant de le sortir de la malle aux manuscrits. Par contre, cette parole divine a dû le renforcer dans ses convictions.
Convictions établies petit à petit car s’il est certain, en 1862, quand Les Misérables paraissent, que l’exilé Hugo a écrit un roman engagé , il n’est pas sûr que l’ancien légitimiste de 1839, qui n’était pas encore devenu républicain, ait voulu donner une telle dimension politique à son livre, appelé alors Jean Tréjean. Bien qu’il ait déjà écrit Le Dernier Jour d’un condamné , en 1829, Claude Gueux , en 1834 et Melancholia , en 1838. Melancholia , ce poème tiré des Contemplations , dont Hugo disait lui-même qu’il contenait le germe des Misérables. En effet, les préoccupations sociales de l’auteur sont déjà là et même certains de ses personnages ; on y trouve une Fantine, un Valjean, un Hugo, des enfants malheureux, le peuple des misérables, le Christ.
Ce simple extrait résume bien tout cela :
« Un homme s’est fait riche en vendant à faux poids ;
La loi le fait juré. L’hiver, dans les temps froids,
Un pauvre a pris un pain pour nourrir sa famille.
Ce riche y vient juger ce pauvre. Écoutez bien.
Ce juge, – ce marchand, – fâché de perdre une heure,
Jette un regard distrait sur cet homme qui pleure,
L’envoie au bagne, et part pour sa maison des champs.
Tous s’en vont en disant : "C’est bien ! » bons et méchants ;
Et rien ne reste là qu’un Christ pensif et pâle,
Levant les bras au ciel dans le fond de la salle. »
(Vers 46 à 59)

Cependant, Hugo se contente peut-être encore de dénoncer des faits, au sein de sa famille politique, au pouvoir ; alors qu’ensuite il proposera des restructurations, au sein de l’opposition. C’est que pendant toutes ces années, il a changé ; il était pair de France, il est devenu député ; engagé d’abord à droite, il a basculé à gauche. Il y a eu la révolution de 1848 et son engagement parlementaire. Il lutte alors résolument contre la pauvreté avec ses discours sur la misère du 9 juillet 1849 et du 30 juin 1850. Regardons le second, qui est déjà une injonction à la société et dans lequel son programme transpire.

« Représentez-vous […] des rues, des rues entières où l’on rencontre à chaque pas de ces spectacles-là, où palpite partout sous toutes les formes, la détresse la plus lamentable. Nous ne sommes restés qu’un jour à Lille, mes compagnons de route et moi ; nous avons été devant nous au hasard, je le répète, dans ces quartiers malheureux ; nous sommes entrés dans les premières maisons venues. Eh bien ! Nous n’avons pas entr’ouvert une porte sans trouver derrière cette porte une misère – quelquefois une agonie.
Figurez-vous ces caves dont rien de ce que je vous ai dit ne peut vous donner l’idée ; figurez-vous ces cours qu’ils appellent des courettes, resserrées entre de hautes masures, sombres, humides, glaciales, méphitiques, pleines de miasmes stagnants, encombrées d’immondices, les fosses d’aisance à côté des puits.
Hé mon Dieu ! Ce n’est pas le moment de chercher des délicatesses de langage !
Figurez-vous ces maisons, ces masures habitées du haut en bas, jusque sous terre, les eaux croupissantes filtrant à travers les pavés dans ces tanières où il y a des créatures humaines. Quelquefois jusqu’à dix familles dans une masure, jusqu’à dix personnes dans une chambre, jusqu’à cinq ou six dans un lit, les âges et les sexes mêlés, les greniers aussi hideux que les caves, des galetas où il entre assez de froid pour grelotter et pas assez d’air pour respirer !
Je demandais à une femme de la rue du Bois-Saint-Sauveur : Pourquoi n’ouvrez-vous pas les fenêtres ? – Elle m’a répondu : – parce que les châssis sont pourris et qu’ils nous resteraient dans les mains. J’ai insisté : – vous ne les ouvrez donc jamais ? – Jamais, monsieur !
Figurez-vous la population maladive et étiolée, des spectres au seuil des portes, la virilité retardée, la décrépitude précoce, des adolescents qu’on prend pour des enfants, de jeunes mères qu’on prend pour de vieilles femmes, les scrofules, le rachis, l’ophtalmie, l’idiotisme, une indigence inouïe, des haillons partout, on m’a montré comme une curiosité une femme qui avait des boucles d’oreilles d’argent !
Et au milieu de tout cela le travail sans relâche, le travail acharné, pas assez d’heures de sommeil, le travail de l’homme, le travail de la femme, le travail de l’âge mûr, le travail de la vieillesse, le travail de l’enfance, le travail de l’infirme, et souvent pas assez de pain, et souvent pas de feu, et cette femme aveugle, entre ses deux enfants dont l’un est mort et l’autre va mourir, et ce filetier phtisique agonisant, et cette mère épileptique qui a trois enfants et qui gagne trois sous par jour ! Figurez-vous tout cela, et si vous vous récriez, et si vous doutez, et si vous niez…
Ah vous niez ! Eh bien, dérangez-vous quelques heures, venez avec nous, incrédules, et nous vous ferons voir de vos yeux, toucher de vos mains les plaies, les plaies saignantes de ce Christ qu’on appelle le peuple !
Ah ! Messi

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