Marlen Haushofer (1920-1970)
105 pages
Français

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Marlen Haushofer (1920-1970) , livre ebook

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Description

Connaissant la séculaire détresse de la condition domestique et sentant la folie la guetter devant l'inanité de son existence, une femme d'aujourd'hui se crée un second univers dans le dessin et la peinture. Pour s'y adonner, elle se réfugie dans une pièce qui n'appartient qu'à elle, la mansarde. C'est ce genre de double vie de la femme que la romancière autrichienne Marlen Haushofer (1920-1970) expose avec cynisme et sans illusions dans ses romans, construits eux aussi sur deux niveaux. Ecrire, dit-elle, permet de ne pas perdre la raison.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296695931
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MARLEN HAUSHOFER
ÉCRIRE POUR NE PAS PERDRE LA RAISON
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions

David L. PARRIS, Albert Adès et Albert Josipovici : écrivains d’Egypte d’expression française au début du XXe siècle, 2010.
Arnaud TRIPET, Poètes d’Italie. De saint François à Pasolini , 2009.
Miguel COUFFON, Le Signe et la convention. Hommage à Ingeborg Bachmann , 2009.
Patricia IZQUIERDO, Devenir poétesse à la belle époque ( 1900-1914 ) . Etude littéraire , historique et sociologique , 2009.
Jean-Pierre BRÈTHES, D ’ un auteur l’autre , 2009.
Thierry POYET, Du romancier aux personnages. Éléments didactiques pour l’étude de quelques personnages littéraires , 2009.
Jean-Yves POUILLOUX et Marie-Françoise MAREIN, Les voix de l’éveil. Ecritures et expérience spirituelle , 2009.
Gizelda MORAIS, Réveillez les tambours , 2009.
Claudine MONTEIL, Simone de Beauvoir. Modernité et engagement , 2009.
Irena KRISTEVA, Pour comprendre la traduction , 2009.
Claude HERZFELD, Charles-Louis Philippe, entre Nietzsche & Dostoïevski , 2009.
Jean-Paul FERRAND, Georges Simenon. Trois romans et un mythe , 2009.
Mohamed SALMAWY, Naguib Mahfouz. Le dernier train , 2009.
Jean-Pierre RENAU, Clément Privé (1842-1883), Journaliste et poète , 2009.
Anton Pavlovitch TCHEKHOV, Lettres de voyage. Moscou – Sakhaline – Moscou. Février 1890 – janvier 1891 , 2009.
Claude HERZFELD, Georges Hyvernaud. Les ressentiments fraternels , 2009.
Irène WEKSTEIN, Le roman des Juifs d’Europe de l’Est. Figures de la modernité dans la littérature yiddish de l’entre-deux-guerres , 2009.
Miguel COUFFON


MARLEN HAUSHOFER
ÉCRIRE POUR NE PAS PERDRE LA RAISON
Du même auteur :

Marlen Haushofer
In : Dictionnaire des Auteurs (Laffont-Bompiani)
Robert Laffont (1994)

Le mur invisible et Dans la mansarde (Marlen Haushofer)
In : Dictionnaire des Œuvres (Laffont-Bompiani)
Robert Laffont (1994)

Peter Altenberg
Erotisme et vie de bohème à Vienne
Perspectives critiques
Presses Universitaires de France (1999)

Le zoo humain (essai)
in : Peter ALTENBERG : Achanti
Caractères (2002)

Ingeborg Bachmann
Le signe et la convention
Espaces littéraires
L’Harmattan (2009)


© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-11411-1
EAN : 9782296114111

Fabrication numérique : Socprest, 2012
À Jacky et Liliane Gilbert
Avant-propos
Peu connue de son vivant au-delà des frontières autrichiennes malgré un accueil parfois très favorable dans la presse étrangère de langue allemande, ignorée dans sa province natale jusqu’à la lecture à la radio autrichienne, en 1968, de son roman Le mur invisible , Marlen Haushofer connaîtra une gloire surtout posthume.
Ce n’est en effet que quinze ou vingt ans après sa mort qu’elle sera vraiment reconnue, chez elle et hors les frontières de l’Autriche, grâce à la réédition et à la traduction de ses œuvres.
Est-ce vraiment une féministe, comme le pense sa biographe, Daniela Strigl ? Peut-on réellement lui appliquer ce terme dont celle-ci reconnaît elle-même qu’il déconcerte aujourd’hui encore nombre de personnes ayant connu cette femme douce, aimable et bourgeoise {1} ? Quoi qu’il en soit, nous nous référerons plusieurs fois, dans les pages qui suivent, à un livre ayant pu influencer son écriture, le roman Une chambre à soi de la romancière anglaise Virginia Woolf, publié en 1929. Mais ce n’est, bien sûr, qu’un exemple parmi d’autres.
Marlen Haushofer est surtout un écrivain de la femme (parfois aussi de l’homme) et de sa détresse, laquelle n’est pas tant le fait de la guerre qui ne constitue souvent que la toile de fond de ses récits, que d’une condition domestique assommante et dévoreuse de temps. Elle n’analyse pas au sens psychanalytique du terme ; elle observe et expose les faits et les états d’âme avec une lucidité et une résignation empreintes du cynisme silencieux de la femme {2} .
L’écriture, qui est le moyen d’émettre une plainte devant l’incompréhension des autres – car tel serait le drame de l’être humain – permet aussi à l’auteur de gagner quelques heures sur l’inévitable répétition des tâches ménagères et parentales et lui offre une compensation face aux problèmes de couple. Mais c’est aussi une arme pour lutter d’une part contre la déraison, d’autre part contre la mort.
Sachant et admettant la vanité d’un combat contre elle, Marlen Haushofer, de santé fragile, souffrant depuis l’enfance de tuberculose et d’anémie, affirmera jusqu’au bout son existence en rédigeant son roman Dans la mansarde ainsi qu’un livre destiné aux enfants, avant de s’éteindre en 1970, rongée par un cancer des os.
Son nom est aujourd’hui lié de manière indissociable au roman Le mur invisible , ce récit d’une survie isolée dans un monde presque totalement éteint par une mystérieuse arme de destruction. Le principal intérêt de l’œuvre de Marlen Haushofer est pourtant sans doute ailleurs, dans la description du sort de la femme isolée dans un monde presque aussi irréel pour elle que celui du Mur invisible , condamnée à l’inéluctable répétition des tâches domestiques quotidiennes, et qui, par la pensée, l’écriture ou le dessin, se crée un second univers. C’est cette vie à deux niveaux que Marlen Haushofer expose dans les beaux romans Eine Handvoll Leben (non traduit), La porte dérobée et Dans la mansarde.
Première partie :

De l’enfant à la femme
I
Le bonheur des trois vallées
( La cinquième année et Sous un ciel infini )

La raison est une très belle chose tant que le soleil brille ou que la lampe est allumée.
( Sous un ciel infini )

En 1952, les éditions du Jungbrunnen Verlag de Vienne publient une nouvelle d’une jeune femme de trente-deux ans, originaire de la province de Haute-Autriche, une certaine Marlen Haushofer. L’auteur s’est déjà fait connaître par la publication de courtes nouvelles ou « récits », pour reprendre le terme allemand, dans plusieurs journaux ou magazines littéraires, telles la revue Lynkeus de Hermann Hakel ou les Stimmen der Gegenwart (les « Voix du présent ») du mentor littéraire de l’époque en Autriche, l’écrivain et critique Hans Weigel. C’est lui qui sera à l’origine de la publication par l’éditeur viennois de la nouvelle La cinquième année .
Ce texte, couronné un an plus tard par un prix, est une chronique de l’enfance et du paradis perdu. L’auteur y raconte l’éveil au monde de la nature d’une petite fille de cinq ans, orpheline, vivant chez ses grands-parents à la campagne, évoluant dans un univers clos où les dangers sont vite bannis par des êtres, des animaux et des plantes protecteurs, et découvrant le secret des trois vallées placées sous le signe et la garde du lis orangé, du lis martagon et de l’aconit.
C’est un univers de liberté, de sécurité et de quiétude, qui sera évoqué de façon répétée, d’abord dans le roman Eine Handvoll Leben , publié presque au même moment, avec ses images de matrones bienveillantes et d’animaux familiers, et jusque dans La Mansarde , écrit une bonne quinzaine d’années plus tard.
Plus de dix ans après La cinquième année , en 1966, est publié le roman Sous un ciel infini . Marlen Haushofer y reprend le thème de la nouvelle. Marili, la petite fille, après s’être appelée Lieserl dans Eine Handvoll Leben , se nomme maintenant Meta. Rosa, la servante, s’appelle Berti, et les grands-parents sont remplacés par les parents. Le père reprend le rôle du grand-père tout-puissant, du magicien de la nouvelle, celui qui remonte les pendules et remplace les fusibles. L’univers est moins clos, plus perméable que dans La cinquième année . L’influence d’éléments étrangers, les oncles et les tantes de la ville, s’y exerce sur une gamine découvrant les livres et la cosmogonie glaciaire, lisant les histoires comme des contes, écoutant celles, inventées de toutes pièces, de son père, et grandissant entre des personnages hors du commun, un cousin poursuivi par les mânes de Strin

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