Pour une réelle culture européenne ?
190 pages
Français

Pour une réelle culture européenne ? , livre ebook

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190 pages
Français

Description

Au-delà des identités et normes nationales, un canon de valeurs européennes est-il concevable ? La multiplicité des cultures et valeurs nationales au sein de l'Europe, souvent comprise comme un obstacle à son unité, peut-elle aboutir à une culture supranationale non contraignante ? L'étude des échanges interculturels permettra la mise en lumière des points de convergence ou de résistance, de la porosité ou de la rigidité des frontières culturelles.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2012
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296512108
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

est-elle imaginable au-delà des identiIcations nationales
Sous la direction de Ralf ZSCHACHLITZ et Fabrice MALKANI
Pour une réelle culture euroPéenne ?
AU-dELà dEs CaNONs CULTURELs ET LiTTÉRaiREs NaTiONaUx
De L’Allemand
Pour une réelle culture européenne ? Au-delà des canons culturels et littéraires nationaux
De l’allemand Collection dirigée par Françoise Lartillot et Joël Bernat  Le titre de cette collection fait écho au livre de Mme de Staël, De l’Allemagne, qui voulait diffuser plus largement la littérature et la pensée allemandes en France. La connaissance de l’Allemagne et de ses lettres s’est diversifiée depuis, elle n’est plus, espérons-le, la cause de quelque banissement ; pourtant il ne semble pas superflu de soutenir par une médiation renouvelée la diffusion de ce qui s’écrit « en allemand » (que ce soit de textes d’Allemagne, d’Autriche, de Suisse alémanique,…). Tel est le sens de « DA » : un premier volant de la collection présente des traductions de textes qui, pour être déjà connus en langue française, n’en recèleraient pas moins encore quelque secret recouvert par certaines habitudes de lecture et qu’il s’agirait alors d’exhumer. La lecture critique sera au cœur de l’autre volant de « DA », lectures d’œuvres en langue allemande, qui proposeront non seulement des voies d’accès mais aussi une réflexion sur ces voies, qu’elles suivent et feront donc jouer les points de vue. Donc une collection qui se divise en deux séries : des études et recherches universitaires, et des traductions inédites en français. Déjà parus Frédéric TEINTURIER (sous la dir.), Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin. Un roman dans une œuvre, une œuvre dans son temps, 2011. Françoise LARTILLOT et Reiner MARCOWITZ (sous la dir.), Révolution française et monde germanique, 2008. Textes réunis par André Combes et Françoise Knopper, L’opinion publique dans les pays de langue allemande,2006 Friedrich HÖLDERLIN, Le Fardeau de la Joie, traduit de l’allemand et commenté par Kza Han et Herbert Holl , 2002. Achim GEISENHANSLÜKE, Le sublime chez Nietzsche, 2000.
Sous la direction de Ralf ZSCHACHLITZ et Fabrice MALKANI Pour une réelle culture européenne ? Au-delà des canons culturels et littéraires nationaux
© L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00516-4 EAN : 9782336005164
Introduction La recherche sur le canon culturel se limite généralement aux canons littéraires et artistiques nationaux. Le propos de la présente publication est d'ouvrir le questionnement sur le canon culturel à l'espace européen. Il s'agit donc de se demander si, au-delà des identités et normes nationales, un canon de valeurs européennes est concevable, de savoir si la multiplicité des cultures et valeurs nationales au sein de l'Europe, souvent comprise comme un obstacle à son unité, peut aboutir à un canon culturel non contraignant. Une culture commune est-elle imaginable au-delà des identifications nationales traditionnelles? L'étude des échanges interculturels doit permettre de mettre en lumière des points de convergence ou de résistance, marquant la porosité ou la rigidité des frontières culturelles. Au début des Temps Modernes, l'Europe s'est ainsi peu à peu définie par un courant de culture commune sans préjudice des identités régionales. Les divers nationalismes qui ont émergé ensuite ont forgé des cultures particulières fondées avant tout sur le rejet de l'autre et le refus de toute altérité culturelle. La volonté politique actuelle de construire l'Europe n'a cependant de sens que dans le cadre d'une culture commune, ce qui suppose que l'on puisse réfléchir à un canon culturel européen. Il est en effet généralement admis que les normes commerciales, les contraintes du libre-échange et la foi dans le progrès technique ne contribuent plus à l'intégration européenne et qu'elles sont plutôt les raisons de son échec actuel. Au début du troisième millénaire, une idée plus profonde semble manquer à cette Europe unifiée économiquement et on constate une lassitude à l'égard de l'Europe parmi les Européens. La crise désormais appelée « crise de la dette » montre qu'une Europe exclusivement économique n'a rien de durable. C'est ironiquement le berceau de la culture commune européenne, la Grèce, qui se trouve au centre d'une remise en question profonde de la cohésion européenne démontrant à quelle vitesse on peut perdre son crédit quand on ne se fonde pas sur des valeurs situées au-delà du « tout économique ». Au lieu d'accumuler des dettes démesurées et de les laisser aux générations futures, l'Europe va devoir se ressaisir en se fondant sur son capital symbolique commun indéfiniment exploitable et actualisable pour créer un
espace public européen. La culture philosophique, littéraire et artistique européenne est porteuse de valeurs à même de venir à bout de la pensée du court terme et de concevoir une politique de développement sur la durée. La réflexion sur les canons européens ne doit pas célébrer les acquis de telle ou telle culture, langue ou littérature nationale, mais au contraire montrer en quoi les contraintes nationales peuvent être transgressées pour mettre en lumière l'ambivalence et la multiplicité des cultures. Un éventuel canon européen ne doit pas se réduire au plus petit dénominateur commun ou établir des listes d'œuvres européennes canoniques. Il importe de souligner la tension dynamique, voire dialectique, entre la richesse de perspectives présentes dans les différentes cultures, langues et littératures et la conception d'un canon de valeurs communes. Dans la mesure où le regard ainsi porté sur la culture européenne ira forcément au-delà des identités nationales, il s'agit de savoir de quelle façon il est concevable de trouver une cohérence des cultures dans une culture de la non-identité. Les articles sont pour une grande part issus d'un colloque intitulé « Au-delà des canons culturels et littéraires nationaux ? Enjeux et perspectives d'un canon culturel européen » organisé dans le cadre du programme du « Centre Interdisciplinaire d'Études et de Recherches sur l'Allemagne » (CIÉRA) «Canon et canonisation dans l'espace franco-allemand». Cela explique que les recherches réunies ici se situent plutôt dans une perspective franco-allemande. Il résulte des travaux menés qu'il est difficile de définir un canon au-delà des canons culturels et littéraires nationaux. Aux canons nationaux figés, il faut opposer la remise en question permanente dans le brassage international. L'identité européenne reposerait donc plutôt sur un ensemble d'œuvres reconnues dans l'ensemble de l'Europe mais inlassablement remodelées et enrichies par les différences culturelles (Julie Obert), elle ne consisterait pas en une identité unique mais en une série d'identités jamais fixées, toujours en mouvement, juxtaposées, changeantes. Cette identité insaisissable s'oppose à l'idée même de 'canon', notion qui implique que les choses soient figées, statiques afin de se transformer en normes (Sibylle Goepper). L'identité européenne se situe donc plutôt du côté de l'hypolepse, de la mise en question des normes nationales et d'un travail d'approche sous forme d'intertextualité. Il s'agit d'un travail qui tend par approches
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successives vers une identité jamais terminée. La qualité durable des œuvres ne se manifeste donc pas dans le cadre des canons nationaux, mais au-delà, dans le champ d'expérimentation européen où les canons nationaux servent de matériau de base. Ce qu'on pourrait appeler le processus de canonisation européen n'a donc rien d'un automatisme évoluant vers un nouveau canon européen stable, il servirait en revanche de pierre de touche pour faire ressortir la qualité intrinsèque des créations européennes au-delà des valeurs et appréciations nationales. Comme il se doit pour une publication qui se penche sur la question d'un canon européen, le premier article de Sandrine Maufroy porte sur la Grèce, sur « l'apport du philhellénisme à la formation d'un canon culturel européen », en particulier dans la réception croisée franco-allemande de chants populaires grecs du mouvement philhellène des années 1820, concomitant de la guerre d'indépendance grecque. L'étude des chants populaires, de la poésie et de la prose d'auteurs grecs modernes, nourrie de références classiques, agit en retour sur la perception de la culture grecque antique, contribuant ainsi à la création d'un canon moderne et à la relecture du canon classique. Deux contributions portent sur l'art qui dépasse le plus allégrement les frontières nationales et linguistiques, la musique : Julie Obert retrace le processus de transfert culturel de la ZauberflöteFrance à travers trois traductions différentes de en l'opéra de Mozart. Si l'analyse de ce transfert culturel tend à mettre en évidence certaines différences fondamentales entre les traditions française et allemande, elle pose néanmoins la question de l'existence de références culturelles supranationales qui présideraient à ce transfert et en assureraient la possibilité même. Cette identité européenne repose plus sur un ensemble d'œuvres canoniques, reconnues dans l'ensemble de l'Europe mais inlassablement reprises, remodelées et enrichies, que sur un canon stable figé et normatif. Pascale Cohen-Avenel montre à quel point le jazz, ressenti comme universel dans le monde occidental, n'a pas permis de franchir les barrières nationales et a, tout au contraire, connu une réception déterminée par les stéréotypes nationaux en France et en Allemagne. Malgré de forts points de convergence dans la réception du jazz en France et en Allemagne, celui-ci n'a pas
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