Proust et Broch
449 pages
Français

Proust et Broch , livre ebook

-

449 pages
Français

Description

Il s'agit là d'une approche comparative de " La recherche du temps perdu" de Marcel Proust et "La Mort de Virgile" de Hermann Broch. Le point d'étude central en est la question du temps et de la remémoration, deux dimensions fondamentales de la structure et du monde imaginaire que nous proposent ces deux romans. Ainsi l'auteur partage-t-elle la perspective de Paul Ricoeur, pour qui le texte déploie un monde, en nous proposant "une expérience fictive du temps".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2003
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296335431
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PROUST ET BROCH:
LES FRONTIERES DU TEMPS,
LES DE LA MEMOIRECOLLECTION LITTERATURES COMPAREES
DIRIGEE PAR PIERRE ZIRKULI
« Liberté et refus des frontières (linguistiques et / ou culturelles).
Ce sont là sans doute deux principes fondamentaux de l'activité
comparatiste. .. » (Didier Souiller).
Les méthodes comparatives touchent tous les domaines des
sciences de l'homme - des études littéraires, linguistiques,
historiques à la psychologie et aux sciences politiques. Notre
collection propose un approfondissement de ces méthodes en
publiant des études de littératures comparées. Hormis les
chercheurs travaillant en France, les auteurs sont des universitaires
étrangers dont la langue de travail (ou l'une des langues de travail)
est le français. Une attention toute particulière est accordée à la
promotion d'une nouvelle génération de comparatistes. Placée sous
le signe de la liberté et du refus des frontières, cette collection est
littéraire, ce qui veut dire qu'elle se met au service de la
compréhension et de la découverte.
Déjà paru:
, .II
Ildiko LORINSZKY, L'Orient de Flaubert. Des écrits de jeunesse
à Salammbô : la construction d'un imaginaire mythique.
A paraître:
Alexandre PRSTOJEVIC, Le romanface à l'histoire. Essai sur
Claude Simon et Danilo KifJoana VUL TUR
PROUST ET BROCH:
LES FRONTIERES DU TEMPS,
LES DE LA MEMOIRE
Préface de Antoine COMPAGNON
L'HarmattancgL'Harmattan 2003
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 Paris - France
L'Harmattan, Italia s.r.l.
Via Bava 37
10124 Torino
L'Harmattan Hongrie
Hargita u. 3
1026 Budapest
ISBN: 2-7475-5140-7PREFACE
Marcel Proust et Hermann Broch: le rapprochement de
leurs chefs-d'œuvre, deux monuments du modernisme européen,
deux méditations ambitieuses sur le temps, la mort et l'art,
s'imposait. Les analogies sont en effet manifestes entre leurs
romans-phares, À la recherche du temps perdu et La Mort de
Virgile: Broch, lecteur de Proust, fut un des penseurs les plus
autorisés du roman après Proust - et après Thomas Mann, et
après James Joyce. Or la comparaison n'avait pas encore été
entreprise. Ioana Vultur navigue avec une étonnante aisance entre
les deux immenses continents qu'elle a choisi d'explorer,. elle
maîtrise absolument les textes, les vit du dedans,. elle a tout lu sur
ses auteurs, ou presque, car on a tant publié sur eux que
l'exhaustivité est devenue impossible, mais peu lui échappe dans
une bibliographie énorme, empilant deux géants l'un sur l'autre, et
dans plusieurs langues, la liste de ses lectures s'étendant
volontiers à l'anglais et à l'italien, à l'ensemble de la réflexion
moderne sur le roman depuis Proust. Aussi ses interprétations des
deux écrivains s'enrichissent-elles mutuellement, ajoutent-elles
l'une à l'autre, Broch lui permettant d'en dire plus sur Proust, et
Proust sur Broch.
Ioana Vultur reconnaît certes les différences considérables
dans le traitement du temps chez ses auteurs. Broch a pour projet
de donner au roman une forme poétique ou musicale, il vise une
simultanéité de l'œuvre très étrangère à l'effet de la durée
proustienne,. il veut faire du roman une totalité instantanée, tout à
l'opposé de la totalisation à venir chez Proust. Il n'en est pas
moins vrai que l'exploration du temps passe des deux côtés par les
mêmes lieux, depuis le plus concret, la mémoire du corps, ou par le
temps considéré comme synchronie, c'est-à-dire comme
coexistence de plusieurs temps dans le temps, ou par le temps
comme diachronie, c'est-à-dire comme dialectique, comme
destruction et à la fois construction. Ioana Vultur explore ensuite,
dans les deux romans, le temps dans sa relation à l'espace, du
point de vue de la phénoménologie, car le temps est vécu
immanquablement comme espace dans la durée. Puis le temps,
Ichez l'un et chez l'autre, sera interprété comme devenir, comme
désir et nostalgie. Enfin, le temps sera considéré comme
entredeux ou passage, conduisant à une totalisation. Toutes ces
distinctions s'imposent. Elles caractérisent l'approche de Joana
Vultur comme thématique, ou mieux, philosophique, et l'une de ses
références les plus constantes est d'ailleurs Paul Ricœur, critique
du roman moderne avec qui elle se sent le plus en accord.
Loin de réduire les œuvres l'une à l'autre, Joana Vultur
insiste à bon escient sur leurs nuances. À propos de la mémoire du
corps, elle dégage par exemple un mouvement inverse chez Proust
et chez Broch: des sensations aux perceptions chez Proust, des
sensations à la pensée abstraite chez Broch. Le contraste du corps
horizontal au début de la Recherche et du corps vertical dans La
Mort de Virgile symbolise cette divergence: « Si chez Proust la
mémoire est rayonnement du passé dans le présent, chez Broch la est surtout mémoire d'une essence, mémoire de l'unité. »
JI était bon de commencer par la mémoire du corps, d'exposer
comment elle fait sens chez l'un et chez l'autre.
Quant à la pluralité des temps, Joana Vultur oppose avec
pertinence une mémoire primordiale ou mythique chez Broch, et
une mémoire historique chez Proust. La formule est juste: du
temps idéal de Broch se distingue le temps comme
recommencement par l'écriture chez Proust. D'un côté le temps va
vers la réincarnation, de l'autre il revient à la vie antérieure, ou
encore la mémoire s'apparente d'un côté à la connaissance
(Broch), de l'autre à la reconnaissance (Proust). La réflexion
aboutit ainsi à une belle antithèse entre le temps universel de La
Mort de Virgile et le « grand temps indéterminé» de la Recherche.
Mais Joana Vultur ne s'attache pas seulement aux pages les plus
conceptuelles des romans et ne s'échappe pas dans les
abstractions. Elle fonde son opposition entre les deux écrivains sur
le temps vécu, par exemple la saison et son rythme au début de la
Recherche, après le dimanche à Combray, qui suivent un
mouvement radicalement et concrètement différent du temps
cosmique de Virgile chez Broch.
Diachronie, le temps s'entend comme destruction et
construction, comme perte et rédemption. C'est du rapport du
temps à la mort, si présente dans les deux œuvres, qu'il est
question, de la relation du temps à l'oubli et au deuil. Joana Vultur
IIdécrit excellemment la dialectique proustienne de l'oubli et de la
remémoration, dialectique qui rend l'oubli ambivalent. Mais il est
patent que l'affirmation de l'éternité de l'œuvre d'art est commune
aux deux écrivains.
Abordant l'espace, il s'agit de se demander si la
simultanéité ou la durée est spatiale. Ioana Vultur oppose cettefois
spatialisation du présent chez Broch, et spatialisation de la
mémoire chez Proust. Dans une antithèse, la du
temps dans les deux œuvres est contrastée, et les pages sur les
distances et les promenades chez Proust sont enrichissantes,
menant à une remarque inédite sur le fait que les déplacements
dans l'espace chez Proust appellent toujours un déplacement dans
le temps et un travail de la mémoire. Le temps propre à chaque
œuvre est représenté comme espace,. la mémoire spatialise le
temps. Et c'est l'espace qui rend possible la réversibilité du temps,
car la conscience des deux est liée. La fin de la Recherche sur la
convergence des deux côtés, Swann et Guermantes, coincide en
effet avec une conscience de l'être dans le temps.
À propos du temps comme devenir, Ioana Vultur
s'intéresse au désir et à la nostalgie, au rapport à l'autre temps,
c'est-à-dire à l'éternité. Cette tension est résolue dans l'avenir
chez Proust, alors que chez Broch, entre mémoire et attente, elle
est résolue dans l'instant comme unité essentielle du temps. Les
pages sont superbes sur le temps et sur le désir comme
arrachement à l'être, comme négativité créatrice, suivant les trois
formes que prend le désir chez Proust: l'amour, le voyage et l'art.
Ioana Vultur oppose le désir impuissant du héros et la nostalgie du
narrateur,. elle caractérise judicieusement le temps final de la
Recherche comme «futur dans le passé ».
Le derni

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