Quelques idées reçues sur Maupassant
268 pages
Français

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Quelques idées reçues sur Maupassant , livre ebook

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Description

Maupassant est un des auteurs français les plus lus mais il n'est pas sûr que ses lecteurs sachent dire clairement pourquoi ils l'apprécient. Ils s'en expliquent parfois par des idées reçues qui ne résistent pas à la lecture des contes (pas tous normands) ni des romans (pas seulement Bel-Ami). Parmi les idées qui méritent d'être revues plutôt reçues : Maupassant serait un cynique - alors qu'il ne cesse de s'indigner contre la cruauté ; il porterait sur les femmes un regard machiste et libertin - alors qu'il témoigne d'une empathie étonnante à l'égard du monde féminin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296484658
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quelques idées reçues
sur Maupassant
Critiques Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Dernières parutions
Ridha BOURKHIS, Lionel Ray. L’intarissable beauté de l’éphémère , 2012.
Krzysztof A. Jeżewski, Cyprian Norwid et la pensée de l’Empire du milieu , 2011.
Camille DAMEGO-MANDEU, Laisse-nous bâtir une Afrique debout de Benjamin Matip. Une épopée populaire , 2011.
Bogdan GHITA, Eugène Ionesco, un chemin entre deux langues, deux littératures , 2011.
Debroah M. HESS, Maryse Condé : mythe, parabole et complexité , 2011.
Armelle LACAILLE-LEFEBVRE, La Poésie dans A la Recherche du Temps Perdu de Marcel Proust , 2011.
Vera CASTIGLIONE, Emile Verhaeren, Modernisme et identité générique dans l’œuvre poétique , 2011.
Jean-Pierre FOURNIER, Charles Baudelaire. Quand le poème rit et sourit , 2011.
Jean Léonard NGUEMA ONDO, Le roman initiatique gabonais , 2011.
Chantal LAPEYRE-DESMAISON, Résonances du réel. De Balzac à Pascal Quignard , 2011.
Saloua BEN ABDA, Figure de l’altérité. Analyse des figures de l’altérité dans des romans arabes et francophones contemporains , 2011.
Sylvie FREYERMUTH, Jean Rouaud et l’écriture « les yeux clos ». De la mémoire engagée à la mémoire incarnée , 2011.
François HARVEY, Alain Robbe-Grillet : le nouveau roman composite. Intergénéricité et intermédialité, 2011.
Brigitte FOULON, La Poésie andalouse du XI e siècle. Voir et décrire le paysage , 2011.
Jean-Joseph HORVATH, La Famille et Dieu dans l’œuvre romanesque et théâtrale de Jean Giraudoux , 2011.
Haiqing LIU, André Malraux. De l’imaginaire de l’art à l’imaginaire de l’écriture , 2011.
Denise Brahimi


Quelques idées reçues
sur Maupassant
Du même auteur

Maghrébines : portraits littéraires,
Paris, L’Harmattan-Awal, 1995.
Nadine Gordimer, la femme, la politique et le roman,
Paris, Karthala, 2000.
50 ans de cinéma maghrébin,
Paris, Minerve, 2009 et Alger, Chihab, 2010.
À la découverte de Simenon romancier,
Paris, Minerve, 2010.
Les téléfilms français, nos contes initiatiques ,
Paris, L’Harmattan, 2011.


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96667-3
EAN : 9782296966673

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
V OILÀ bien un auteur qui n’a pas besoin qu’on vole à son secours pour expliquer combien il serait souhaitable de le lire. Car il est lu, et continûment, ce qui demande réflexion. Celle-ci est d’autant plus nécessaire que les plus chauds partisans de son œuvre semblent avoir beaucoup de difficultés à s’en expliquer sérieusement. Ou bien ils ne le font pas ou bien ils le font avec des arguments qui ne sont pas les meilleurs et qui paraissent même très discutables.
Un des aspects intéressants de son succès est qu’il l’a obtenu hors définition, et que cette particularité le caractérise encore aujourd’hui. On aime Maupassant mais on ne dit pas pourquoi, soit que les raisons en semblent évidentes, soit qu’on les estime au contraire personnelles et un peu secrètes. Maupassant est un cas singulier au sein de la littérature française ; bizarrement, on le fait beaucoup lire dans les écoles mais on semble espérer que les lecteurs trouveront tout seuls pourquoi il est grand.
S’agissant des arguments lorsqu’il y en a, on s’aperçoit à la réflexion que, dans bien des cas, il s’agit d’idées reçues, auxquelles la lecture des contes et des romans incite à opposer des démentis.
Parmi les raisons souvent invoquées, il y a l’idée que le conte plaît toujours et qu’il est certainement le genre littéraire le plus prisé. Pourtant ce n’est pas de Peau d’âne qu’il s’agit, ni de Cendrillon , dans les contes de Maupassant. Il fait très peu appel à l’imaginaire, aux légendes ou aux mythes. Ses contes se bornent à évoquer des aspects de la société contemporaine, celle de la France pendant une vingtaine d’années (1870-1890). La guerre franco-prussienne sur laquelle s’ouvre cette période et l’installation progressive, laborieuse, de la Troisième République sur les ruines du Second Empire, n’offrent pas a priori des sujets palpitants. De la paysannerie post-révolutionnaire, Balzac et George Sand semblent avoir dit l’essentiel ; la catégorie sociale qui prend le plus d’importance à cette époque est la petite-bourgeoisie, celle que constituent les fonctionnaires notamment, et elle passe en tout pays pour la plus ennuyeuse qui soit, la moins riche en possibilités littéraires. On pourrait donc penser que le mot contes s’appliquant à ceux de Maupassant n’est pas fidèle aux espoirs qu’il fait naître ni aux plaisirs de lecture qu’on en attend. Or c’est tout le contraire qui se produit, ils sont délectables, drôles ou sinistres mais toujours passionnants. Et c’est justement parce qu’ils ne ressemblent à aucun autre qu’il faut se demander ce qui les rend à ce point excellents. Qu’est-ce que raconter, au sens où l’entend Maupassant ? S’agit-il seulement de légitimer une forme courte ou plus ou moins longue de narration ? Voudrait-il restituer le style oral des conteurs, comme George Sand l’a fait parfois, dans l’espoir de valoriser le folklore au sens propre du mot ? Il n’a sans doute pas trouvé une formule toute prête dans laquelle il n’aurait eu qu’à se glisser, tout porte à croire qu’il a inventé la sienne.
Le roman en revanche est le genre le mieux connu et le plus lu, et pourtant, en dehors de Bel-Ami , les cinq autres romans écrits par Maupassant en l’espace d’une dizaine d’années ne sont que peu évoqués, peu commentés, comme s’ils laissaient les lecteurs et les critiques un peu perplexes. Or il est important de les lire tous et dans leur ordre chronologique car on peut alors y suivre le développement d’une pensée cohérente, qui se tient au plus près des mutations sociales, notamment dans le domaine des rapports entre hommes et femmes. Dans la mesure où le premier de ces romans, Une vie, remonte à deux générations avant le temps de l’écriture, tandis que dans le dernier, Notre cœur , celle-ci est contemporaine des événements décrits, le parcours romanesque de Maupassant s’étend sur près d’un demi-siècle, au cœur du dix-neuvième, et jusqu’au moment où les tendances très nouvelles du vingtième se font pressentir. C’est donc un parcours qu’il faut observer dans son œuvre romanesque, celui du mode de vie féminin, pour reprendre le mot vie qui figure au titre de son premier roman.
Qu’il s’agisse des paysans dans les contes ou des femmes dans les romans, l’idée répandue et propre à exciter d’éventuels lecteurs est que Maupassant n’hésite pas à en parler avec un cynisme aussi joyeux que féroce, ne cherchant à susciter aucune empathie parce qu’il n’en éprouve pas lui-même mais osant au contraire un regard objectif d’autant plus vif qu’il est sans concession. C’est contre cette idée du cynisme de Maupassant qu’on voudrait réagir ici, non parce que cette impression serait illégitime mais parce qu’il faut comprendre d’où elle vient. Or elle ne vient certainement pas d’une absence de sentiments ou d’émotions. Il est facile de montrer à quel point son œuvre est au contraire liée profondément à une révolte contre l’injustice, à une empathie pour la douleur et à l’indignation contre la férocité des brutes.
Il est fort possible qu’il se soit défendu contre certains aspects de sa sensibilité en les couvrant sous des apparences de cynisme, par goût de la raillerie et refus du mélodrame. Mais dans les jugements portés sur lui, ne dirait-on pas qu’il y a un glissement entre l’auteur lui-même et ce qu’il dénonce ? Il est pourtant clair que la cruauté n’est pas dans son regard mais dans les situations qui nous sont montrées. Seuls des commentaires trop rapides et superficiels peuvent attribuer le choix de ces situations à une insensibilité de l’écrivain. Maupassant éprouve une empathie pour la souffrance des humbles et des humiliés, des miséreux et de tous les êtres sans défense, qu’il s’agisse d’humains ou d’animaux. C’est de Dostoïevski qu’il conviendrait de le rapprocher, si ce n’est que chez Maupassant la commisération n’est jamais dite directement et qu’il oppose un véritable tabou à tout risque d’attendrissement.
L’empathie lui permet de ressentir ce qu’éprouvent des personnages très différents de lui – y compris et surtout des femmes à l’égard desquelles ses écrits semblent paradoxaux. Il exprime souvent, soit en tant qu’auteur soit par personnage interposé, le point de vue d’un « homme à femmes » comme on dit un peu vulgairement, qui recherche et apprécie le plaisir, principalement sexuel

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