À la vie, à la mode !
124 pages
Français

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Description

Passionnée de mode, Grace arrive à Londres pour y faire une école de stylisme. Amour, amitié et suspense, une année trépidante attend notre jeune héroïne.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 septembre 2013
Nombre de lectures 330
EAN13 9782215126591
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anouk Journo-Durey est auteure de fiction pour la jeunesse et de documentaires, de poèmes, mais aussi traductrice d’anglais, lexicographe et animatrice d’ateliers d’écriture. Elle vit en Normandie, près de Giverny.
Un grand merci à Véronique Minder, amie de longue date au pays des mots. Merci aussi à Raphaële Glaux, mon éditrice, pour son soutien et ses conseils avisés.
A. J. D.
Prologue
À la Fashion Academy, c’est de nouveau l’effervescence. On s’affaire, on s’énerve, on s’observe…
Et, mine de rien, on s’espionne.
Avant Noël, notre premier grand show a prouvé à quel point chacun rêve de décrocher son rayon de lune…
De soleil, plutôt.
On veut tous briller. Étinceler sur les podiums. Voir nos créations éclipser celles des concurrents…
La Fashion Academy pourrait parfaitement s’appeler la Rivalry Academy : on y est tous rivaux. Le monde de la mode est à la fois merveilleux et sans pitié, c’est bien connu. En même temps, cette compétition acharnée est comme un aiguillon qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes. Caroline Balmore, la directrice de notre école, nous le répète assez : « Qui sera, parmi vous, la prochaine Coco Chanel ou le prochain Yves Saint Laurent ? Allez, bougez-vous ! Secouez le cocotier et faites tourbillonner vos idées ! »
Parler de cocotier juste après avoir évoqué la grande Coco, franchement, il faut oser. Mais la Balmore se permet tout. Elle vient d’adopter la même coupe au carré que la célébrissime Anna Wintour de Vogue , qu’elle connaît bien sûr personnellement. Sauf que la Balmore est sûrement plus cool avec nous que ne le serait l’impériale Wintour. Nous autres, étudiants, avons besoin d’être motivés avec fermeté, mais en douceur ! L’heure des combats – francs ou hypocrites – pour remporter la Palme d’or sonnera toujours assez vite après , une fois qu’on aura notre diplôme en poche…
Du moins était-ce ce que j’avais cru.
Un tourbillon d’émotions me submerge de nouveau, mélange d’indignation, de déception, de tristesse… De colère aussi. Assise au fond de l’atelier de couture, désert à cette heure, je serre les poings. Une grosse boule s’est logée dans ma gorge et j’ai mal au ventre. Je devrais pratiquer la respiration yoga, ample et profonde, que m’a enseignée Amy. Au moins, ça me calmerait…
À la place, j’attrape mon portable et vérifie mes messages. Toujours rien. J’ai écrit un e-mail à Mme Balmore pour expliquer la situation. L’enquête – il y en aura forcément une – risque d’être longue.
Je griffonne rageusement dans mon carnet :
La trahison est un poison,
Tel un coup de poinçon
Dans le cœur, traçant des sillons
Qui déchirent la raison…
S’ensuivent d’autres phrases plus ou moins poétiques que je rédige sans réfléchir, en vrac, pour tenter de m’apaiser.
Quand j’ai été acceptée à la Fashion Academy de Londres, j’ai cru que mon plus grand rêve se réalisait. Je veux être styliste, et même si je viens de Paris, capitale de la Mode aux yeux du monde entier, j’ai toujours eu envie d’étudier ici : Londres, réputée pour son excentricité artistique, sa culture underground qui a inspiré des créatrices de génie comme Mary Quant, Vivienne Westwood…
Et voilà que mon rêve vire à l’aigre. Tant de questions m’assaillent. Je doute de tout, et surtout de moi. Peut-être parce qu’au royaume de la Beauté, je me suis fait avoir… en beauté.
Mais s’ils croient que je vais me laisser faire…
I
Quatre mois plus tôt
Octobre
 
« Ocre, doré, carmin, pourpre, émeraude…
Tant de teintes dans le ciel d’automne,
Autant de coloris à tisser
À rechercher
À aimer. »
1
14 Lambay Crescent
Je suis arrivée à Londres un 29 septembre, avec deux grosses valises, mon chat, et des rêves en pagaille. Un black cab , grand taxi noir typiquement anglais, m’a conduite de la gare de St Pancras International, en passant par Kentish Town Road et Highgate Road, jusqu’au beau quartier verdoyant de Hampstead, au nord-ouest de la ville. En cette fin d’après-midi ensoleillée, malgré de légers embouteillages, nous avons filé à bonne allure, et ma montre indiquait à peine 17 heures quand j’ai sonné au n o  14 Lambay Crescent : une coquette maison victorienne avec une façade de briques rouges, un balcon à balustrade blanche, et un jardin qui donne sur une petite rue bordée d’arbres, en forme de croissant, d’où son nom.
J’ai d’abord rencontré Amy, qui m’attendait comme prévu. Sienna, la troisième colocataire, se trouvait à une séance de photos pour un casting. J’avais apporté de petits cadeaux : calissons d’Aix, nougat de Montélimar, dragées… Quelques gourmandises, en somme.
– Miam ! Merci ! Ton voyage s’est bien passé ? m’a demandé Amy en nous préparant un délicieux thé vert au jasmin.
– Super, oui. Paris-Londres en train, c’est vraiment rapide ! J’ai juste eu un peu peur pendant la traversée du tunnel sous la Manche.
– C’était la première fois ?
– Même pas… Mais j’imagine toujours le pire : les parois qui s’écroulent, la mer qui nous engloutit… Le vrai scénario catastrophe !
Amy m’a souri. Avec sa silhouette menue et musclée, ses courts cheveux noirs effilés et ses grands yeux bruns, elle m’a rappelé une figurine manga. En jean tye&dye framboise et débardeur blanc, pieds nus, elle était installée en tailleur sur sa chaise. Trop souple ! Par la suite, j’ai appris qu’elle pratiquait le hatha yoga depuis plus de cinq ans, une discipline du corps et de l’esprit qui lui permettait de calmer une anxiété chronique. Je ne découvrirais que bien plus tard ce qui l’inquiétait tant.
– Je te comprends. Je suis limite claustrophobe… Je déteste l’avion ! a-t-elle avoué. Le vol Taipeh-Londres dure dix-neuf heures ! Dire que je suis restée presque une journée entière enfermée à huit mille mètres au-dessus du sol… J’en ai encore des sueurs froides.
– C’était la première fois ?
Même question que la sienne quelques minutes plus tôt. Amy et moi discutions comme si nous nous étions toujours connues, alors que nous n’avions échangé qu’un e-mail et une photo pour organiser notre colocation. Nous retrouver toutes les deux si loin de nos familles respectives, de nos amis, de nos pays, nous rapprochait spontanément.
– Oui. Je n’avais encore jamais quitté Taïwan… Tu parles anglais vraiment couramment ! a-t-elle continué. Et tu n’as presque pas d’accent français…
– Je prends ça pour un compliment ! En fait, je viens régulièrement en Angleterre : ma tante vit à Londres, près d’Oxford Street, et je lui rends visite chaque été depuis que j’ai douze ans. Toi aussi tu te débrouilles bien…
– Oh, je n’ai aucun mérite : ma mère est de Cambridge.
– Tu es moitié chinoise, moitié anglaise…
Je l’ai contemplée quelques secondes, étudiant ses traits : un visage rond, des yeux en amande, le teint doré.
– Mais tu as l’air très chinoise.
Amy a hoché la tête.
– Apparence ! Je suis eurasienne… Pour les Chinois, je suis très européenne !
Et elle a éclaté de rire. J’ai adoré son naturel.
Assises dans la cuisine – une pièce claire qui s’ouvrait sur un jardinet à l’arrière de la maison –, nous avons bavardé à bâtons rompus jusqu’à l’arrivée de Sienna. Curieusement, je n’étais pas pressée de visiter les lieux, j’en avais vu des photos sur le site Internet du propriétaire et je préférais faire connaissance avec Amy…
Elle était arrivée de Taïwan quinze jours plus tôt, et tout l’étonnait à Londres : les bus à impériale rouges, le réflexe « casquette-chapeau » des Anglais dès que le thermomètre dépasse les 17° C, la gentillesse des commerçants, les petites maisons accolées les unes aux autres, les chauffeurs de taxi d’origine indienne, coiffés d’un turban… Elle était inscrite aux Beaux-Arts, sur le campus de Hampstead où je serais également étudiante. Elle voulait être graphiste ou illustratrice. Elle m’a d’ailleurs montré des esquisses qu’elle avait croquées dans le carnet dont elle ne se séparait jamais : des visages de face et de profil, des natures mortes, des bribes de paysages… J’ai alors sorti le mien, à petits carreaux et spirale. J’y griffonne des poèmes, des notes sur tout et rien, des idées de vêtements ou de bijoux. Dans le train entre Paris et Londres, je m’en étais donné à cœur joie, mon casque de baladeur vissé sur les oreilles. J’aime dessiner en musique, et, selon ce que j’écoute – p

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