Bérénice, malgré elle
230 pages
Français

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Bérénice, malgré elle , livre ebook

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Description

En 2165, cela fait plusieurs dizaines d'années que le Désastre a eu lieu. Les hommes se sont adaptés. Quelques privilégiés, les Citoyens, habitent sous des dômes tandis que les Externes se contentent de vivre dans les villages alentour. Un des rêves de ces derniers : gagner à La Loterie annuelle le droit de devenir Citoyen.


Par un sinistre concours de circonstances, Bérénice est la gagnante de cette année. Elle va quitter son village troglodyte de Rivaside où plus rien ne la retient pour le dôme de Statanadyr. Propulsée à son arrivée parmi les riches familles du dôme, une nouvelle vie s'offre à elle.


Bien malgré elle, Bérénice va se retrovuer emportée par les sombres machinations des puissants de ce monde. Y survivra-t-elle ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791097570460
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Livre I
Bérénice, première partie
 
Bérénice contemplait le dôme qui rapetissait sous ses pieds. L’immense dirigeable s’élevait lentement, laissant Rivapolis et ses satellites derrière eux. Elle releva la tête, plissant les yeux malgré le masque opacifiant de son casque intégral. Les panneaux solaires qui recouvraient la coque rigide de leur aérostat étincelaient, l’éblouissant aveuglément. Elle reporta son regard vers la plaine désertique. Rivapolis vibrait et ondoyait dans les rayons solaires diffractés. Hallucination en forme de fin du monde. La jeune fille retint son souffle. Et si rien ne s’était passé ? Et si tout n’était qu’un horrible cauchemar ? Qu’un mauvais film ? Bérénice tressaillit et ressentit comme des picotements sur ses avant-bras. Elle visualisa ses poils courts et bruns se redressant, la granulosité distendant sa peau blanche sous la combinaison. Ce faux espoir lui donnait la chair de poule. Elle avait vu des poules (la visite d’une ferme faisait partie du cursus scolaire de primaire). Cependant elle ne voyait pas le rapport entre cet animal pondeur et son hérissement pileux. Peut-être avant ? Peut-être avant y a-t-il eu un rapport, mais plus maintenant ? Pour le reste… pour sa mère et Sadii… tout était bel et bien arrivé. Pour Anna aussi. Et tout était ferme et définitif. La mort de sa mère, la mort de son frère, la lente agonie d’Anna. Elle n’avait plus de nouvelles depuis que Charlène l’avait sèchement renvoyée, l’accusant de… C’était absolument stupide. Elle n’était pas atteinte, pas contaminée. Alors comment aurait-elle pu être la cause de la maladie d’Anna ? Bérénice grimaça.
– Eh bien, ma petite, qu’en penses-tu ?
Le rictus se raidit sous son casque. Quel infect blanc-bec ! Blanc-bec… Encore une expression sortie tout droit du fond des âges, une expression de sa grand-mère et de la grand-mère de sa grand-mère avant elle. Bérénice ne savait même pas vraiment ce qu’elle signifiait. Sauf qu’elle était sûre qu’elle convenait parfaitement au blondinet au regard bleu glacier qui n’était pas vraiment plus vieux qu’elle et qui pourtant se permettait d’user et d’abuser du ma petite depuis leur rencontre tout en la tutoyant avec condescendance. Stan, le représentant de la chaîne, le délégué de LD. LD à qui elle devait d’être sur ce pont. LD, l’espoir des trois quarts de ce qui restait de l’humanité (le quart restant l’avait déjà). LD : la Loterie des Dômes… et Stan donc : sourire carnassier et poigne d’acier. Par réflexe Bérénice se frotta le poignet. Souvenir cuisant. Stan lui expliquant (ou plutôt lui assenant) que ce n’était pas parce qu’elle était LA gagnante qu’il fallait qu’elle se croie tout permis, qu’il fallait qu’elle aille imaginer qu’elle était libre. Il y avait les clauses : clause de confidentialité, clause de droit à l’image exclusif, clause de représentation et de représentativité, clause d’obligation à… Le tout sous entendant : pauvre petite merde d’Externe, minuscule chose insignifiante… et moche pour ne rien arranger… Elle n’avait eu (et n’avait toujours) qu’une envie : lui envoyer un grand coup de genou dans les boules ou un grand coup de boule dans le nez. Elle avait ri, sur le coup (à tous les sens du terme). Il lui avait attrapé l’avant-bras et l’avait serré à lui en faire jaillir les larmes des yeux. Ce regard méprisant, presque haineux, dont il l’avait gratifiée ! « Je suppose que tu as appris à lire dans ton bled. Les filles apprennent aussi, au moins le b.a. ba, si je ne m’abuse ». Il lui avait balancé au visage le règlement avant de s’éloigner. Pourquoi donc n’avait-elle pas suivi son instinct ? Pourquoi avait-il fallu qu’elle baisse la tête comme une gentille petite Externe (ce qu’elle était effectivement) ? Et à présent il était là, sur le pont, plus sûr de lui que jamais.
– C’est fou ce que le dôme ressemble à une illusion d’optique vu d’ici.
– Comment cela ?
Stan se rapprocha du bord, intrigué.
– Un simple mirage dans le désert.
Stan haussa les épaules en s’accoudant au bastingage.
– Rivapolis est l’une des plus petites coupoles de cet hémisphère. C’est sans doute ce qui donne cet effet de trompe-l’œil.
Bérénice imagina un instant de le voir basculer par-dessus bord. Cette culbute aurait impliqué une forte saute de vent et un tangage important de la nef. Et elle aurait pu aider, un peu. Le mince courant d’air ambiant ne permettait pas de… Mais on pouvait toujours rêver.
– Au fait, reprit Stan, les filles t’attendent. Dans trente minutes, on filme. Tu devrais les rejoindre. Il leur faudra bien cette demi-heure pour te rendre un minimum présentable.
Quel connard…
 
Bérénice rejoignit ses quartiers au pas de charge. Le consortium avait sorti le grand jeu. Bérénice avait ri de sa propre plaisanterie. Pas devant l’autre con, bien évidemment. Ni devant les autres, non plus. Elle savait reconnaître la faible portée de son humour très personnel. Il n’y a… avait… bien qu’Anna qui… Elle soupira. Ses appartements étaient réellement luxueux. Ils débordaient de velours rouge, de soie noire et d’ors astiqués. Bérénice soupira de nouveau en ôtant sa combinaison. Une épaisse moquette blanche couvrait le sol de sa suite. La susdite suite, composée d’une alvéole dotée d’un grand lit, d’un petit salon meublé d’une méridienne tendue de velours (rouge, donc, le velours), d’un profond fauteuil de cuir et d’un petit secrétaire en bois d’acajou, méritait ce qualificatif. Y étaient attenants un cabinet de toilette revêtu de marbre du sol au plafond (elle avait demandé. Oui, c’était bien du vrai. En couches minces, mais naturelles.) et un dressing dans lequel on aurait pu faire tenir dix fois son ancienne garde-robe. Bérénice enfouit ses orteils dans la moelleuse pelure puis se laissa tomber dans le fauteuil. Elle ferma les yeux et inspira lentement ( odeur doucereuse de cire ). La tête renversée sur un accoudoir, les jambes relevées contre le dossier, elle se laissa aller. Volupté… Elle fut tirée brutalement de son indolence par l’entrée précipitée de la coiffeuse-maquilleuse.
– Ah ! Enfin te voilà ! Où étais-tu passée ?
Bérénice soupira en se redressant. Ah, oui, vraiment, où pouvait-elle être passée  ? Franchement ? Dans un vaisseau de 300 m² voguant à une altitude de 2000 mètres ? On n’avait vraiment que ça à se demander !
– Oh ! Et arrête de prendre cette tête. Tu m’exaspères !
Jamais, de toute façon, Bérénice ne l’avait vue dans un état autre qu’exaspéré. Shirelle ne savait qu’invectiver, gesticuler ou invectiver en gesticulant. La jeune fille ne put réprimer le soupir qui lui montait aux lèvres. Raidie, le dos trop droit, la coiffeuse s’activait déjà en tout sens, récupérant dans l’étroit placard de l’entrée la table de maquillage. Elle se déplaçait avec une rage mal contenue, mouvant par saccades son squelette tout de noir vêtu. Et dire qu’elle se pense élégante, voire même désirable ! Quelle horreur… Du même placard Shirelle extirpait un petit tabouret et déployait un phare à LED. Bérénice ne cessait de s’étonner de toutes les astuces de rangement dissimulées sur cet aérostat.
– Allez, assieds-toi là.
Bérénice s’installa, faussement sage, devant un miroir surgi de nulle part. Il lui renvoya l’image d’une jeune personne très pâle aux joues creuses et aux pommettes hautes. La bouche, d’un rose délavé, arborait une lippe boudeuse. Quelques taches de rousseur ornaient un petit nez retroussé. Le tableau se complétait de grands yeux bruns ombrageux surmontés de la ligne fine et droite des sourcils. Ah non, ce n’était pas tout… il y avait aussi les cheveux ébouriffés et coupés courts. Un drôle de lutin , se disait-elle, juste là, assise sur son trépied.
– Mon Dieu, que vais-je bien pouvoir faire de ça ?
La maigre coiffeuse soulevait les mèches rêches de la jeune fille placée devant elle.
– Heu… les raser ?
– Tu n’y penses quand même pas ?
Non, bien sûr que non, Bérénice n’y pensait pas. Shirelle était hermétique à l’ironie de la situation.
– Enfin, il faut considérer le bon côté des choses : nous avons une grande marge de progression. Pour aujourd’hui, je préconise un soin lustrant et une natte postiche. Oui, ce châtain-là est très commun. J’aurai la natte. Pour le maquillage… Voyons, une fine couche de poudre qui matifiera le teint et un trait de crayon au niveau des yeux. Oui, voilà ce que nous allons faire. Simple et efficace.
Bérénice ne chercha pas vraiment à démêler la signification du nous . Les doigts de Shirelle s’agitaient dans ses cheveux, sur son visage. Elle sentit une douce torpeur l’envahir.
– Et voilà ! Carolina, ma chérie, je te la laisse !
L’exclamation de la coiffeuse tira Bérénice de sa bienheureuse somnolence. La grêle fée Carabosse se retirait déjà en tournoyant. Elle avait l’air satisfaite. Bérénice aurait même juré avoir entraperçu le soubresaut d’un rire. La jeune fille jeta un regard prudent au miroir. L’avait-elle changée en citrouille, ou pire, en crapaud ? Mais non, elle ressemblait toujours à un petit être mutin. En plus soigné, cependant, avec un minuscule je ne sais quoi de délicat, de plus… elfique. Quant à la natte. Elle secoua la tête, d’abord prudemment puis avec plus de vigueur. Elle tenait bon. Il faudrait qu’elle revoie son jugement sur Shirelle. Carolina, l’habilleuse, la relevait déjà et lui faisait enfiler un caleçon gainant. Comme si…
– C’est vraiment nécessaire ?
– La question n’est pas là.
– Ah ! Et où est-elle ?
Carolina lui lança un regard sévère. Décidément… Bérénice soupira.
– Ah, oui, j’avais oublié de te prévenir pour ce dernier point. Elle passe son temps en couinements et gémissements divers, acheva la maquilleuse à l’adresse de sa collègue en quittant la pièce sur une dernière pirouette.
Bérénice expulsa de nouveau bruyamment de l’air par ses narines.
– Fais attention ou tu vas finir par te dégonfler, jeune fille.
Diamétralement opposée à sa caustique collègue, l’habilleuse, replète et tout en fossette, pouffa. La dissymétrie de ce curieux duo aurait pu prêter à rire s’il n’y avait eu cette gai

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