La dernière saison des éclairs

Martin Daneau

Description

Pour mettre fin aux conflits incessants divisant les peuples de Beldigan, le dieu Ere et la déesse Ira ont imposé la paix en proclamant que si un seul habitant venait à perdre la vie aux mains d’une autre personne, une terrible malédiction s’abattrait sur tout le royaume. Pour mieux assurer leur volonté, ils ont créé la Saison des éclairs. Cette période, qui s’étale sur sept jours, cumule plus de tempêtes que la somme des catastrophes naturelles durant le reste de l’année. Pendant quatre ans, le souhait des deux déités a été respecté. Pourtant, cette année, la Saison des éclairs n’a pas eu lieu. La puissante famille Rainier en profite pour consolider sa domination. Elle compte dans ses rangs deux redoutables magiciens pouvant paralyser un village entier pour permettre à leurs troupes d’usurper les possessions de leurs adversaires sans les affronter. Une seule chose intéresse les Rainier: le fer. Rien ne les arrête. Jusqu’au jour où le village d’Altessa, jeune descendante d’une lignée de prêtresses et unique détentrice d’un sortilège capable de suspendre le temps, se retrouve sur leur liste.

Sujets

• Juvenilee Fiction
• Magic
• Fantasy

Informations

• Publié par: Éditions AdA
• Date de parution: 11 août 2014
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782897521714
• Langue: Français

Extrait

Copyright ©2014 Martin Daneau
Copyright ©2014 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Révision linguistique : Isabelle Veillette
Correction d’épreuves : Nancy Coulombe, Katherine Lacombe, Carine Paradis
Design de la couverture : Mathieu C. Dandurand
Mise en pages : Sylvie Valois
ISBN papier : 978-2-89752-169-1
ISBN PDF numérique : 978-2-89752-170-7
ISBN ePub : 978-2-89752-171-4
Première impression : 2014
Dépôt légal : 2014
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Daneau, Martin
Altessa
Sommaire : t. 1. La dernière saison des éclairs -- t. 2. La comtesse écarlate.
Pour les jeunes de 13 ans et plus.
ISBN 978-2-89752-169-1 (vol. 1)
ISBN 978-2-89752-172-1 (vol. 2)
I. Daneau, Martin. Dernière saison des éclairs. II. Daneau, Martin. Comtesse écarlate. III. Titre.
PS8557.A523A63 2014 jC843’.54 C2014-941511-7
PS9557.A523A63 2014
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1
Elle s’appelait Altessa.
Elle rêvait d’une île cachée dans une île. Un lieu secret et inaccessible en raison de la force des cascades l’entourant, d’une force si grande qu’elle pouvait fendre la pierre. Cette chute d’eau incessante constituait une barrière. Elle empêchait quiconque d’accéder au trône que le couple divin, le dieu Ere et de la déesse Ira, avait occupé lorsqu’il était descendu cette seule et unique fois dans le royaume de Beldigan pour s’adresser aux hommes.
Depuis quatre ans, pendant sept jours consécutifs entre l’été et l’automne, se déroulait la saison des éclairs, la terrifiante création du couple divin pour rappeler aux habitants du royaume la menace permanente pesant sur eux. Après l’été, le ciel se mettait en colère et devenait gris comme la poussière. Pourtant, cette année, la saison des éclairs n’avait pas eu lieu.
Altessa marchait sur la plage en pensant à l’île secrète et à la malédiction du couple divin. Elle gagna l’extrémité d’un récif et se pencha. Elle n’avait jamais vu l’océan aussi calme. Aucune vaguelette n’en ridait la surface. En détaillant son reflet, elle eut l’impression de se regarder dans un miroir.
Et de l’autre côté du miroir, un mystère insondable.
Il était dit que si on laissait tomber une pierre dans l’océan en début de journée, elle n’aurait pas le temps d’atteindre le fond avant la tombée de la nuit. Les abysses étaient plus profonds que la distance conduisant aux cieux, là où le couple divin habitait.
Le vent s’était levé, troublant la surface de l’eau si calme avant sa venue. Altessa eut froid et son reflet parut frissonner avec elle.
L’avertissement du couple divin était bien minime comparativement à ce qui résidait dans les profondeurs de l’océan. Quelque chose d’effroyable, capable de déplacer des tonnes d’eau en s’agitant. L’océan agissait comme une prison en pesant sur ce danger pour le confiner et l’écraser dans les entrailles de la planète.
« Tout ce qui n’est pas mort ne fait que dormir, et même le plus long sommeil arrive à terme. »
Ces mots s’imposèrent dans l’esprit d’Altessa. C’était comme si une autre personne les avait soufflés à son oreille.
Le déchaînement marin produisait de grosses bulles. Les vagues se fracassaient sur le rivage dans des explosions d’écume. Chaque goutte d’eau était vivante, transformée en soldat fusionné à ses semblables pour obéir à l’entité qui cherchait à s’évader de la fosse océanique. Les émanations de l’océan s’altérèrent de façon subtile puisque le sel marin avait été remplacé par celui des larmes.
Altessa recula. Sa respiration s’accéléra et son cœur s’affola.
Sur l’horizon, des vagues démesurées se dressaient. En approchant du rivage, elles occultèrent le soleil et fabriquèrent une nuit factice. Elles n’obéissaient plus à la gravité. Aucun mur dans le royaume de Beldigan n’était aussi haut.
Altessa voulut courir, mais le temps lui manquerait pour se mettre à l’abri. Pas un endroit ne pouvait la protéger. Le corps tremblant, elle tomba à genoux et se recroquevilla. Terrifiée, elle attendit l’inévitable. Puis, le rêve fit preuve de clémence, et Altessa se réveilla.
2
Autrefois, le royaume de Beldigan regorgeait de richesses. Ses forêts luxuriantes, ses champs à perte de vue et ses nombreuses mines permettaient aux habitants de trouver tout le nécessaire pour ériger bourgs et châteaux.
Malheureusement, la convoitise amenait les hommes à se disputer l’opulence plutôt qu’à favoriser un partage équitable. Ainsi, pendant de longues décennies, les peuples se sont fait la guerre. Le feu brûlait les bois, les animaux étaient dressés pour attaquer et le métal était forgé pour épouser la forme d’armes redoutables. La nature, domaine d’émerveillement et berceau de la vie, faisait aussi partie des victimes.
La magie s’étiolait, jugée inefficace pour remporter des victoires. Sans qu’elle fût l’apanage d’une élite, il s’agissait d’une discipline exigeante et il était plus facile de s’improviser guerrier. Les habitants de Beldigan étaient de moins en moins sophistiqués, leur savoir s’abrutissait et ils ternissaient la sagesse d’autre­fois pour l’art du combat ; un vulgaire outil ébréché dénué de toute gloire réelle.
La paix n’était qu’un souvenir, un germe préparant la prochaine guerre. Les belliqueux trouvaient continuellement des raisons pour s’affronter plutôt que de revendiquer une trêve. Cette haine avait entraîné le courroux du couple divin, les deux seu les en tités vénérées dans le royaume de Beldigan.
Ainsi, Ere et Ira s’étaient présentés physiquement pour la première fois devant les dirigeants des quatre familles les plus puissantes du royaume (Isembert, Siegebert, Iseult et Rainier) pour les convoquer sur une île mythique où aucune altercation ne serait tolérée. Personne n’avait tenté de remettre en question leurs directives.
C’était sans précédent dans le royaume. Plusieurs jours en bateau avaient été nécessaires pour atteindre ce lieu secret. Une fois sur place, les pires appréhensions des monarques, disputés entre l’exaltation et la peur, s’étaient révélées fondées.
Furieux et déçu par les hommes, le couple divin se voyait dans l’obligation d’intervenir.
Si un seul habitant venait à perdre la vie aux mains d’une autre personne (en l’occurrence si un meurtre était commis délibérément), une terrible malédiction s’abattrait sur le royaume.
Pour aider les hommes à ne pas oublier, le couple divin avait créé une cinquième saison qui s’étalait sur une courte période de sept jours. Cette semaine cumulerait, à elle seule, plus de tempêtes que la somme des catastrophes naturelles durant tout le reste de l’année. C’était une manière de faire connaître leur courroux et de rappeler les conséquences à venir si leur volonté n’était pas respectée.
Avec une diplomatie exacerbée, les monarques réunis avaient tenté de plaider leur cause. Ils ne croyaient pas la requête du couple divin réaliste.
—