Le règne de l'Empereur - Tome 3 : L'elfe

Florence Gindre, Thomas Gindre

Description

Trois années sont passées depuis la capture d'Espa par les forces de l'Empereur. Le skyran a appris à connaître Narnienn et à le respecter malgré leurs opinions divergentes.

Ce temps d'emprisonnement lui a également permis d'assimiler le savoir du devin Philozar. Il est temps, à présent, d'essayer de s'évader pour gagner le camp des Ios afin de poursuivre la lutte contre Narnienn. L'occasion pour lui de retrouver les deux êtres qui comptent le plus : Xénos et Shalyn.

Devant faire face à des évènements imprévus, Espa retrouvera tout de même les siens et il mettra tout en oeuvre pour parvenir à ses fins.

Sujets

• Fantasy
• Fantasy (canción de Mariah Carey)

Informations

• Publié par: marathon-editions
• Date de parution: 23 mai 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9791097570101
• Langue: Français

Extrait

Table des matières

(Sans titre) Résumé des tomes 1 et 2 Prologue Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Épilogue Carte Personnages Villes et lieux Peuples Remerciements

Résumé des tomes 1 et 2

L’Empereur Narnienn domine le monde des Hommes depu is deux cents ans. Sa soif de pouvoir est immense, il veut tout contrôler : le s territoires et surtout les êtres vivants.

Ses troupes pourchassent Nymphia, Espa et Xénos. Le skyran et son skyraff ont été sauvés du massacre de leur village par la conteuse. Elle souhaite les emmener au camp des Ios où le jeune garçon pourrait parfaire s on entraînement, en lieu sûr.

Blessée mortellement lors de la grande bataille des gorges de Mircé, Nymphia apprend à Espa qu’elle est sa mère et lui demande d e poursuivre sa lutte contre Narnienn. Accueillis par les nains, les deux amis e nterrent la conteuse lors d’une majestueuse cérémonie. Avant de gagner le camp des Ios, ils aident le roi des nains à unifier son peuple pour combattre l’Empereur. Après un périlleux périple en compagnie de quelques nains, Espa et Xénos arrivent au camp qu’ils trouvent en p iteuse condition. Ils le remettent en état, forment les Ios.

Une expédition au royaume des elfes en compagnie d’ Iniah, une petite elfe, leur permet de les rallier à leur lutte. C’est également l’occasion pour Espa de faire connaissance avec sa grand-mère, Ajira.

Les membres du camp des Ios et leurs alliés entrepr ennent de marcher sur la capitale Chul’Tuba-Rein, pour l’anéantir. Malheureu sement, ils ont été trahis et les troupes de l’Empereur les attendent dans la plaine. Lors de cette catastrophique bataille, Espa se fait kidnapper par les skyrans de Narnienn.

Prologue

L’iefs. La pièce, même si elleobscurité avait gagné la chambre, estompant les rel était spacieuse, était faiblement meublée. Un lit a dossé à un mur faisait face à une table sur laquelle traînaient des ustensiles imprég nés d’ombre. Les pas d’un vieillard résonnaient. L’homme piétinait, impatient. Il atten dait quelque chose ou quelqu’un qui ne semblait pas venir. Ses yeux noirs fouillaient l a pénombre au moindre bruit.

Un flottement attira son attention et sa tête aux c heveux blancs se tourna dans la direction du faible son. L’espace s’irisa et l’holo gramme d’une femme prit forme. Bien qu’habillée entièrement en noir, elle paraissait lu mineuse et son maintien inspirait le respect et l’obéissance. – Bienvenue, Mère ! prononça le vieillard en s’incl inant autant que lui permettait son âge et ses articulations. – Bonjour Temps.

La jeune femme détaillait de ses yeux rouges le vie il homme qui se tenait devant elle. – Le plan fonctionne-t-il ? interrogea-t-elle. La d euxième prophétie est-elle en marche ? – Notre plan a de grandes chances de réussir, il es t sur la bonne voie. Je suis confiant. Malheureusement, il ne va pas être éviden t de le faire coïncider avec la deuxième prophétie. Le vieil homme s’éloigna de quelques pas de l’holog ramme et murmura pour lui- même cette prophétie : « L’Eau noire et l’Ange noir de Janialuk porteront en eux l’espoir des étoiles, la flamme aux cinq pouvoirs. » – Ça ne va pas être aisé, répéta-t-il à la jeune fe mme. – Tu dois absolument t’assurer que les deux s’accor dent. Nous ne pouvons échouer.

– Je le sais, Mère.

Pris d’une quinte de toux, le vieillard se courba. Ses membres étaient pris de soubresauts qui l’affaiblissaient.

– Ton corps se fait vieux, Temps.

– Je m’en étais rendu compte. Je vais bientôt me ré générer dans celui de mon descendant. – C’est une bonne chose. Tu dois être au meilleur d e ta forme et cette carcasse ne te le permet plus. Je m’étais habituée à Philozar. – Moi aussi, mais ainsi va la vie. De votre côté, c omment se passe la guerre contre Bénéfique ?

À cette question, la jeune femme baissa la tête, co mme pour réfléchir à ce qu’elle allait répondre. Elle la releva et fixa son fils. S es yeux rouges se détachaient de son visage encadré par ses cheveux noirs.

– Ton père et ses forces ont commencé à assiéger la Pléiade.

– Comment supportez-vous les assauts ? – Bien, pour l’instant. Si Bénéfique croit que je v ais laisser le centre de l’univers tomber facilement entre ses mains, il se trompe. Je me battrai autant qu’il le faudra. – Je n’en doute pas, Mère.

– Ce lieu est hautement stratégique. Il symbolise l e début de tout.

– Je sais, c’est là que l’Univers, Bénéfique et vou s avez été créés. Un silence souligna les paroles du vieillard. La je une femme l’interrompit :

– Avant de te laisser, je veux te rappeler à quel p oint il est important que nous gagnions ce monde à notre cause. – Je le sais, Mère. Il est nécessaire qu’il soit de notre côté pour nous assurer la victoire totale contre Bénéfique. Je ferai tout ce qu’il m’est possible pour ça.

– J’y compte bien. À ces mots, l’hologramme se troubla et disparut en quelques secondes. Le vieillard se retrouva seul dans sa chambre baignée de pénombre.

Chapitre 1

Lagrandi au fil du temps. Dee château surplombait le camp des Ios, qui s’était nombreuses maisons avaient été construites entre le s deux enceintes et l’habitat tendait à s’étendre au-dehors, dans la campagne. En deux ans et demi, il avait bien changé.

Lors de leur repli face aux armées de l’Empereur, d evant Chul’Tuba-Rein, les Ios avaient été accompagnés de quelques elfes, qu’ils a vaient accueillis. Peu de temps après, Manéa, la reine des elfes, et les siens avai ent afflué, chassés de leur royaume par les virulentes attaques de Narnienn. Il avait f ait apparaître simultanément, dans différentes villes du territoire, de puissants sold ats qui détruisaient tout sur leur passage et asservissaient les personnes qu’ils rencontraien t s’ils ne les tuaient pas.

La population du camp avait fortement augmenté et s ’était organisée en fonction de leur nouvelle configuration. Les Ios et les elfes, ainsi que les armées de l’Empereur reprirent leurs forces durant quelques mois avant q ue Narnienn ne reparte au combat. Cette fois, la majorité de ses troupes descendit ve rs le sud et s’engagea dans une lutte sans merci contre les nains. Ceux-ci, vaillants et à l’aise dans leurs montagnes, tinrent tête valeureusement aux soldats de l’Empereur.

Parallèlement, les Ios et les elfes lançaient régul ièrement des attaques pour affaiblir leurs ennemis sans toutefois qu’aucune des actions soit décisive et inverse l’ordre des choses. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer.

Durant deux années, les nains combattirent sans rel âche. Cependant, l’armée de Narnienn paraissait inépuisable. Lorsque des centai nes de Pavras, de vouivres, de skoripines ou autres créatures mouraient, elles éta ient immédiatement remplacées par de nouvelles. Il n’en était malheureusement pas de même pour les nains qui durent finalement songer à se replier. Ils quittèrent leur royaume en empruntant le fleuve Azrag et firent le trajet qu’Espa et Xénos avaient suivi quelques années auparavant pour gagner le camp des Ios.

Ses habitants accueillirent comme ils purent ce nou veau flux de réfugiés. Ils modifièrent leur répartition dans les maisons et s’ y entassèrent. Il n’y avait pas de meilleure solution dans l’immédiat. Pour améliorer leur quotidien, les nains, aidés par les descendants d’Hadès, entreprirent de creuser de s tunnels, des voies et habitations souterraines. Le camp grouillait de vie. Une jeune fille l’observ ait depuis une terrasse du château. Ses yeux violets parcouraient l’agitation sans s’y attarder. De près, il était possible de remarquer que son œil gauche virait au bleu et son droit au rouge, lui conférant un regard hors norme. Elle tapotait de ses ongles roug es la rambarde et se tourna d’un mouvement brusque pour entrer dans la pièce. À leur repli de la bataille de Chul’Tuba- Rein, après qu’Espa, son compagnon, se soit fait ca pturer, elle était venue habiter dans la chambre qu’il partageait auparavant avec Xénos, son skyraff. Ils s’étaient soutenus l’un et l’autre, se consolant de la disparition de leur ami. Cette proximité et cette tristesse commune avaient renforcé leurs liens. Il était justement allongé dans la pièce, la petite Myriam se reposant entre ses pattes. Dès l’arrivée d’Espa dans le camp des Ios, la petite descendante d’Hadès l’avait adopté c omme grand frère et s’y était attachée. Le jeune garçon avait été touché de cette attention et l’avait acceptée de grand cœur. Avec la pénurie d’espace, elle partagea it à présent leur chambre, de même que les représentants des différentes confréri es. À huit, ils étaient serrés dans cette grande pièce, mais pouvaient s’estimer heureu x au regard de la surpopulation existante.

– Tu y vas ? demanda le skyraff.

– Oui, répondit Shalyn. Je vais remettre le plan à sa place, dans les archives. Nous n’en avons plus besoin et pas la peine qu’il traîne .

Elle attrapa le rouleau posé sur la table et sortit de la chambre. Ses longs cheveux

blonds se balançaient au rythme de ses pas et elle s’élança dans le dédale de couloirs du château.

La descendante de Sallana appréciait le calme de la salle des archives. Il était rare, à présent, de trouver des pièces vides. Il y régnai t un plaisant silence, fort savoureux après le tumulte des couloirs, surtout à proximité des cuisines. Elle reposa le plan et contempla les multiples livres présents, se perdant dans ses pensées. Des bruits de pas la sortirent de sa rêverie. Un jeune homme aux traits fins entra dans la salle. De grandes ailes noires étaient repliées dans son dos et restaient peu visibles, car il portait des habits de la même couleur. Un sourire illumina son visage lorsqu’il l’aperçut. Shalyn lui sourit en retour. Elle avait appris à co nnaître Torgakith lors de leur épopée en compagnie de Xénos dans le pays des elfes. Ils étai ent partis tous les trois pour y lancer l’incantation permettant de mettre en dérout e les créatures de Narnienn. Shalyn avait douté qu’ils réussissent, ne se croyant pas c apables d’une telle magie. Elle avait dû se rendre à l’évidence qu’elle se trompait puisq u’ils avaient mené à bien leur mission. Cette dernière leur avait donné l’occasion de partager de bons instants. Elle se souvint de ces moments de vol : Torgakith planant d ans le ciel et elle, accrochée au skyraff, à ses côtés. Elle avait appris à surmonter sa peur de quitter le sol. Depuis la capture d’Espa, Xénos ne permettait qu’à elle de le monter et ils en profitaient quelques fois.

– Tu cherchais le calme ? lui demanda-t-il. – Non, j’étais venue déposer un plan, mais je suis bien contente de l’avoir trouvé. C’est si rare de nos jours. – À qui le dis-tu ! C’est pourtant tellement appréc iable. De temps en temps, je m’isole en allant me promener en dehors du camp, da ns la campagne, ajouta le jeune homme en s’approchant d’elle.

– Moi, je monte sur la colline de la Perle des dieu x.

– Nous pourrions nous y rendre ensemble ?

– Non, s’empressa de répondre la jeune femme.

C’était là-haut qu’elle avait embrassé Espa pour la première fois. Elle avait tant attendu ce moment et se souvenait comme si c’était hier de cette nuit où leurs lèvres s’étaient unies. Cet endroit était indissociable de lui. Elle n’imaginait pas, à cette époque, qu’il l’abandonnerait sans lui donner de no uvelles. Durant des mois, elle avait espéré recevoir des signes de lui, en vain. Qu’étai t-il devenu ? Torgakith posa une nouvelle question, la ramenant d ans la salle des archives : – Et découvrir mes coins de campagne, ça te dirait ? Nous pourrions nous échapper tous les deux. Tu verras, il y a des endroits magni fiques. Je pense en particulier à un. Ses arbres apportent une telle sérénité. Ils ploien t leurs branches au-dessus d’une petite clairière. Je m’y sens tellement bien. Je ne rêve que de te le faire connaître. Tu viendras, n’est-ce pas ?

Abasourdie par cette demande, Shalyn répondit timid ement :

– Pourquoi pas...

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, les lèvres du jeune homme se collèrent aux siennes. Elle ouvrit les yeux de stup eur, eut un mouvement de recul. Elle aimait Espa. Dès son arrivée au camp des Ios durant la bataille, il l’avait fascinée. Il possédait tant de maîtrise de lui, sans s’en rendre compte. Elle n’avait pas imaginé qu’elle succomberait si facilement aux charmes du f ils de Nymphia. Ses yeux bleu marine émergeant sous sa mèche blonde, sa svelte si lhouette. Elle avait ardemment souhaité devenir sa compagne et avait précipité les choses pour que cela se produise avant son départ pour le pays des elfes. Elle l’ava it attendu durant son périple et s’était réjouie de son retour. Ils avaient alors vécu tant de bons moments ensemble. Elle avait compté que tant d’autres suivent. Mais cela faisait plus de deux ans qu’elle était sans nouvelles de lui. Il avait préféré rester aux côtés du devin Philozar pour apprendre de

lui et avait fait comme si elle n’existait plus. Pl us rien depuis sa capture. Il avait bien transmis une lettre à Xénos par l’intermédiaire de son ami Baréno, mais rien pour elle. Comment était-elle supposée réagir ?

Torgakith la tenait enlacée contre lui. Elle sentai t sa chaleur irradier et envahir son corps. Il la fixait d’un regard profond, avec une p ointe d’inquiétude pour la manière dont elle allait accepter son geste. Il lui sourit lorsq ue leurs yeux se rencontrèrent. Comme elle ne bougeait pas, il tenta doucement un nouveau baiser. Il se fit moins brusque, ses lèvres se posant délicatement.

Où était Espa ? Était-il d’ailleurs encore vivant ?

Envoyant valser ses pensées, elle se colla contre T orgakith. Ses bras l’enlacèrent et ses mains se glissèrent entre son dos et ses ailes. Elle répondit énergiquement à son baiser dans la pénombre de la salle.

Chapitre2

Lejeune homme tournait dans la pièce, faisant les cen t pas. Il s’arrêta face à la fenêtre et, de sa main, releva une mèche de cheveux blonds, dévoilant ses yeux bleu marine. Ils étaient de la même couleur que ses ongl es, signe qu’il était un descendant d’Hadès et de Poséidon. La vue donnait sur une autr e aile du palais de l’Empereur. Trois années qu’il ne contemplait que cette façade égayée de quelques arbres plantés à ses pieds.

Espa n’avait pas quitté l’enceinte de l’édifice dep uis son arrivée sur Grox, le skyraff d’Arin. Il avait alors eu l’occasion de rencontrer Narnienn et en avait été très surpris. Il ne s’était pas attendu à un personnage aussi charis matique et dégageant autant de bonté et de bienveillance. Cela n’empêchait pas le fait qu’il trouvait l’Empereur complètement fou. Celui-ci voulait tuer tous les êt res intelligents du continent afin d’en éradiquer le mal et créer, pour le peupler de nouve au, des êtres purs. Comme cette création lui prendrait toute son énergie et le tuer ait, il avait proposé au skyran d’éduquer ces nouveaux êtres à sa place. Espa était resté abasourdi par cette requête et l’avait refusée. Narnienn l’avait alors gardé prisonnier. C’est avec tristesse qu’Espa avait vu Torgakith et Baréno s’échapper du palais. Il aurait tellement voulu les accompagner et retourner avec eux au camp des Ios. Il ne voulait pas être séparé de Shalyn et de Xénos. C’ét ait malheureusement impossible, car il devait rester en compagnie du devin Philozar . Le vieil homme devait lui transmettre une grande partie de ses connaissances afin qu’il soit un atout considérable dans la lutte contre le mal et puisse contribuer à renverser l’Empereur.

Ainsi, jour après jour, sans quitter leur cellule r espective, l’enseignement s’était déroulé par bassine interposée. Espa s’était assagi et avait appris à contrôler la magie d’une manière spectaculaire. Sa maîtrise de l’eau e t des ténèbres s’était affinée.

Seul dans sa chambre, le jeune homme s’était fixé u n programme sportif afin de ne pas perdre ses capacités en restant enfermé. Voler en compagnie de Xénos lui manquait horriblement. Son contact rassurant et son humour également. Il songeait souvent aux deux êtres chers qu’il avait laissés au camp des Ios. Avaient-ils compris la raison de son absence ? Il avait tenté de la leur e xpliquer clairement dans les lettres qu’il leur avait transmises par l’intermédiaire de Baréno. À Shalyn, il avait également osé avouer son amour comme jamais. Comme il avait h âte de la retrouver, de la serrer à nouveau dans ses bras ou tout simplement de la co ntempler et d’être présent à ses côtés. Durant ces trois années écoulées, il n’avait eu l’a utorisation de quitter sa cellule que lorsque Narnienn le conviait à venir discuter avec lui. L’Empereur avait été peiné du refus du jeune homme, mais n’en avait pas pris ombr age. Les premières rencontres avaient été tendues. Au fil du temps, l’atmosphère s’était réchauffée et, à présent, ils prenaient plaisir à ces entrevues. Même s’ils avaie nt des opinions fort divergentes, ils éprouvaient du respect l’un pour l’autre et s’appré ciaient. Espa quitta la fenêtre pour gagner la table où repo sait une bassine d’eau. Le soleil était haut dans le ciel, c’était l’heure. La surfac e de la cuvette se troubla et le visage d’un vieil homme y apparut.

– Bonjour Philozar, souffla Espa.

– Bonjour, mon garçon. Ton enseignement prend fin. Il va bientôt être temps pour toi de regagner le camp des Ios. Auparavant, je souhait e te révéler d’importantes informations. Il est nécessaire que tu les connaiss es.

Le devin avait piqué la curiosité d’Espa qui était tout ouïe.

– Tu sais que les deux premières prophéties que j’a i énoncées te concernent.

Le jeune homme acquiesça et prononça :

– La première implique également Nymphia et Narnien n : « De la Vengeresse naîtra l’eau noire qui affrontera le Solitaire ». Et la se conde, Shalyn et Torgakith : « L’eau noire et l’Ange noir de Janialuk porteront en eux l ’espoir des étoiles, la flamme aux cinq pouvoirs ».

– C’est ça, confirma le devin. Je t’ai très peu par lé de la dernière puisqu’elle ne te vise pas. – Vous m’aviez dit qu’elle concernait Shalyn et une autre personne. – Tout à fait. Shalyn et Torgakith, plus précisémen t. Je ne peux pas t’en dévoiler davantage, mais tu dois être au courant de certains faits. Pour ne pas mettre en échec cette troisième prophétie, Shalyn ne doit pas être ton amante.

De stupeur, le jeune garçon s’assit sur la chaise l a plus proche. Shalyn, inaccessible ? Mais il ne rêvait que d’une chose de puis trois ans : la revoir, la tenir dans ses bras, l’embrasser, ne plus s’éloigner d’el le et passer sa vie avec elle. Il releva sa mèche de cheveux, perturbé.

– Que dites-vous ? demanda-t-il, espérant avoir mal entendu.

– Ah, je me suis trompé, lâcha le devin. Espa poussa un soupir de soulagement. Il allait ret rouver Shalyn, ils ne se quitteraient plus et passeraient le restant de leur vie ensemble. Un sourire de contentement éclaira son visage. – Je me suis trompé, répéta Philozar. C’est pour ne pas mettre en échec la troisième prophétie, mais aussi la deuxième, que Shalyn ne do it pas être ton amante.

Le sourire disparut du visage d’Espa.

– Ce n’est pas possible, annonça le jeune homme à l a mine défaite.

Il ne pouvait pas imaginer une vie sans elle. Ces t rois années lui avaient déjà paru une éternité. – Je me doutais bien que tu n’exulterais pas à cett e précision, déclara le vieil homme. Seulement, je ne sais pas si tu te rends com pte à quel point la réalisation de la deuxième prophétie est importante. – Mais en quoi le fait d’être avec Shalyn mettrait en péril les deux prophéties ? tenta Espa.

– C’est plus compliqué que ça. J’ai des visions des différentes voies que peut prendre le monde. J’ai vu que si tu étais en couple avec Shalyn, tu tuerais Torgakith.

– Je tuerais Torgakith ! Mais pourquoi ? s’écria le jeune homme.

– Je ne peux pas tout te révéler, tu ne dois pas to ut connaître. Sache cependant qu’il est nécessaire que Torgakith vive afin que le s deux prophéties se réalisent. Sans lui, elles ne le pourront pas et le continent court à sa perte. Le continent, que dis-je ? s’exclama le devin. L’univers ! Tu dois sacrifier ton amour pour qu’il soit sauvé. Espa demeura sans voix. S’il n’avait déjà été assis , il l’aurait fait. – En gros, vous êtes en train de m’expliquer que si je reste avec Shalyn, le monde est condamné ? Et que si nous ne sommes pas ensembl e, il peut être sauvé ?

– C’est ça, répondit Philozar.

– Je…, commença le skyran. – Je me doute que ça ne te réjouit pas. Assimile le tout et surtout, pense à l’univers. Totalement interloqué, Espa tentait de mettre de l’ ordre dans son cœur et sa tête. Serait-il capable de se tenir loin de Shalyn ? Savo ir que la survie du monde en dépendait devrait pouvoir l’y aider. Malheureusemen t, cela faisait trois ans qu’il espérait et imaginait leurs retrouvailles.