Mystères à Natagamau : Sur la voie du sang
109 pages
Français

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Mystères à Natagamau : Sur la voie du sang , livre ebook

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Description

À la suite des événements dramatiques racontés dans Le secret du borgne (David, 2016), Erika, Olivia, Adam, Oeil d'Aigle et leur chien, Bobette, ont passé l'hiver à panser leurs blessures physiques et mentales.
En ce début de printemps, la population apprend avec stupéfaction la disparition d'une adolescente, Sandra Lavallée, la nièce du chef de bande de Natagamau. Alors que l'enquête peine à avancer, malgré les efforts du «club des cinq», se trame en sourdine un autre drame… Depuis plusieurs mois déjà, des troubles publics agitent cette petite ville du Nord du Québec. Un sentiment de révolte gagne une partie de la population et nul ne sait qui orchestre cette violence, alors que les élections se préparent…
Dans la foulée de l’enquête nationale sur les femmes autochtones, Didier Périès profite de ce troisième épisode des «Mystères à Natagamau» pour sensibiliser les jeunes aux réalités et aux défis des communautés du Grand Nord canadien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 octobre 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782895977421
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mystères à Natagamau
DU MÊME AUTEUR
Mystères à Natagamau. Opération Clandestino David, 2013.
Mystères à Natagamau. Le secret du borgne David, 2016.
Didier Périès
Mystères à Natagamau
Sur la voie du sang
ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Titre: Mystères à Natagamau. Tome 3, Sur la voie du sang / Didier Périès.
Autres titres : Sur la voie du sang
Noms : Périès, Didier, auteur.
Collections : 14/18.
Description : Mention de collection: 14/18
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20190183101 | Canadiana (livre numérique) 20190183128 | ISBN 9782895977162 (couverture souple) | ISBN 9782895977414 (PDF) | ISBN 9782895977421 (EPUB)
Classification: LCC PS8631.E7336 M974 2019 | CDD jC843/.6— dc23

Nous remercions le Gouvernement du Canada, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa pour leur appui à nos activités d’édition.


Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-695-3339 | Télécopieur : 613-695-3334 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4 e trimestre 2019
À Derib, passionné du monde amérindien et bédéiste hors pair À Hubert, toujours mon meilleur ami, malgré la distance et le temps, qui a ouvert mes horizons depuis si longtemps

Prologue
« D’abord, la chambre. La commode. Un chandail de rechange. Mon sweat-shirt . Puis la salle de bain. Des tampons. Oh ! La brosse qui traîne sur le lavabo. À la cuisine. Une boîte de céréales. Un jus. Caché au fond du tiroir à ustensiles, le rouleau de billets de 20 $ des allocations, placé là chaque fin de mois. Environ 400 $. Un vrai trésor. Enfin, le vestibule. La tuque, les mitaines et les bottes. Non, pas le cell, ils pourraient trop facilement me localiser. Et un bon manteau avec une capuche. Ah, près de la veste de chasse : le couteau. On ne sait jamais… » Un dernier coup d’œil avant de passer la porte. Elle serra la mâchoire. Non, cette fois-ci, personne ne la tirerait en arrière par les cheveux. Personne ne la forcerait à rester, à obéir, à se déshabiller et à… Il n’y avait jamais eu rien de bon dans cette cabane de toute façon. Mieux valait partir. Le chemin était tout tracé et il menait ailleurs, loin de Natagamau.
Quelques heures plus tard, alors que le soleil était à son zénith, Sandra passait les grands épouvantails métalliques que figuraient les lignes à haute tension d’Hydro-Québec. C’était la limite de la ville également. Au-delà, tout n’était qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté 1 . La taïga s’étendait jusqu’à la ligne sombre des collines couvertes d’épinettes. Mais derrière, à trois heures de marche environ d’après ses calculs, se trouvait la grand-route 113, qui terminait son coude et redescendait vers le sud.
La marche forcée dans une neige qui lui arrivait encore presque aux genoux la fatiguait plus qu’elle ne l’aurait pensé. Son jus y était déjà passé. Elle commençait à avoir faim. Pourquoi n’avait-elle pas pris un thermos de café ? Elle avait négligé de déjeuner, comme à son habitude. Excepté qu’aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. Mais les habitudes ont la vie dure. Sa mère le lui répétait bien assez, excuse dont elle se servait pour boire jusqu’à rester inerte sur le sofa du salon des journées entières… Oui, les habitudes ont la vie dure. C’est pour ça qu’il fallait les briser de temps en temps.
Le plus important était d’arriver la première à la route. Avant que les autres ne comprennent ce qui se passait, avant qu’elle ne soit ramenée dans ce trou. Fort heureusement, elle n’avait pas tout de suite piqué vers le sud, ce à quoi ils s’attendraient d’abord. Normal : c’était la direction la plus courte pour atteindre la 113. Elle avait choisi le chemin le plus éloigné. Une fois rendue là, elle ne doutait pas que tout serait facile. Un petit effort avant le réconfort d’une voiture chauffée. Cette fois-ci, elle devait tenir et ne pas renoncer. Avait-elle le choix ?
Mélissa l’avait mise en contact avec son cousin qui travaillait en ville. D’après ce qu’elle avait compris, il était dans la construction, sur les échafaudages d’acier gigantesques qui permettaient de bâtir des gratte-ciels. Plus près des étoiles, la paye était bonne. Il y avait du travail pour quelqu’un qui le voulait. Même pour une femme, lui avait-il dit. Ce gars-là était son seul contact en ville, mais elle sentait qu’elle pouvait se fier à lui. Ils avaient clavardé plusieurs fois ces dernières semaines. Et il l’avait confortée dans sa décision de quitter Natagamau. Dans la région, point de salut. Elle avait même son numéro de téléphone, signe qu’il lui faisait confiance. Elle lui avait demandé de venir la chercher, signe que la confiance était réciproque. Mais pas en ville. Trop de risque de se faire repérer. Les histoires de femmes autochtones disparues ou de prostitution ne lui faisaient pas peur. Rester chez elle lui paraissait plus dangereux encore. Et elle se savait différente. Elle avait réfléchi, elle avait préparé son coup, elle avait de l’argent. Elle pourrait tenir jusqu’à son premier boulot, sans problème. Elle ne dépendrait de personne. Elle était plus forte que les autres.
Déjà le soleil déclinait à l’horizon. Le froid deviendrait vite mordant. Elle remonta le col de son manteau, fit retomber sa capuche en fourrure et baissa un peu plus la tête. Une bise coupante s’était levée. Plus de céréales. Plus de jus. Et rien pour se réfugier à l’abri du vent non plus. Elle sortit de la forêt et aperçut le fin ruban gris sombre de la route, loin vers le sud-est. Il ne lui restait qu’un pont à franchir devant elle. Depuis des lustres, il enjambait la rivière du Chasseur qui se jetait dans le lac Inconnu, à 50 kilomètres vers le nord. Les premiers colons européens l’avaient construit pour éviter de marcher plus loin, jusqu’au gué. « Un truc de Blancs… »
— Et on dit que les Indiens sont paresseux, avait ajouté oncle Joe, le frère de sa mère, lors d’une de leurs sorties en pleine nature, quand elle était plus jeune.
Elle s’en souvenait comme si c’était hier. Cet oncle tant détesté. Son air d’autorité paternelle qui lui avait longtemps paru sécurisant (elle n’avait jamais connu son père), cet air de tout savoir mieux que personne, l’horripilait tellement maintenant. Sans parler du reste. Un frisson lui parcourut l’échine rien qu’à l’évoquer. Elle devait traverser et tourner à droite vers le sud.
Perdue dans ses pensées, elle s’engagea sans trop prêter attention à l’état des planches du pont. Jamais entretenue depuis près d’un siècle et guère utilisée depuis que le Chemin de terre avait tracé une ligne droite et directe jusqu’à Natagamau, la construction centenaire était mangée par la vermine et l’humidité. En dessous, le courant glacé charriait les eaux de la fonte du printemps.
* * *
L’homme aperçut à une centaine de mètres devant lui, sur le bas-côté de la route, une silhouette de femme — il distinguait la chevelure — à moins que ce ne soit un adolescent… Non, c’était bien elle, comme convenu. Perdue à mi-chemin entre Chibougamau et Lebel-sur-Quévillon, sans autre route secondaire que des sentiers ou des chemins de terre, elle avait été forte. Belle audace, c’était de bon augure. Et résistante avec ça. En se rapprochant, il vit que ses vêtements trempés pendaient le long de son corps de manière grotesque ; ainsi, elle était peu attirante. Ce ne serait pas un problème étant donné ce qui l’attendait. Très franchement, lui-même n’aurait pas aimé se trouver dans pareille situation : seul au crépuscule, sur une route pas si passante, à la merci d’un destin qui pouvait jouer bien des tours et prendre la forme d’un inconnu dangereux… Ce qu’il n’était pas vraiment pour elle. Il s’arrêta, dans un nuage de neige mêlée à la boue de la fonte des neiges et aux gravillons qui émergeaient en ce début de printemps.
— Sandra ? Waachiye , ça va bien ? Tu as l’air congelée, rentre vite.
Il s’agissait bien de la fille avec qui il avait échangé quelques messages, il avait consulté son profil. Mélissa avait dit vrai. Moins de vingt ans, d’origine autochtone, en perdition. Après avoir ouvert la vitre de la porte avant droite, il dut se retenir de reculer : l’odeur de chien mouillé qu’elle dégageait était forte ; la saleté sur son visage et ses affaires maculées confirmaient qu’elle n’avait pu se laver depuis plusieurs jours. Il se garda de tout commentaire et attendit la réponse.
— Allô… euh, Waachiye , merci d’être là.

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