Oscar Green
104 pages
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Oscar Green , livre ebook

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Description

Oscar Green est un jeune dandy charismatique, intelligent, mais orgueilleux. Lorsqu’il ne revêt pas le masque des convenances, éblouissant la haute bourgeoisie londonienne par ses attraits, il mène une existence de perversité.


Un jour, dans le tintement des tasses de porcelaine, il fait la rencontre de Pietro Veneziano, un célèbre peintre. Fasciné par Oscar, l’homme aux pinceaux va l’entraîner dans sa propre dépravation, bercée par la fée verte.


Réveillant alors son obscur instinct, voilà qu’il découvre un étrange miroir délaissé dans la grange de lady Dumpsey. Cependant, malgré les confidences de son amie, faites à demi-mot, rien ne peut réprimer sa curiosité. Que peut-il craindre d’un miroir ? Mais dès l’instant où la psyché lui est offerte, Oscar Green développe une singulière obsession.


Bientôt, la ville sera frappée par d’horribles meurtres, et d’effrayantes visions l’entraîneront dans un monde de ténèbres jusqu’aux entrailles de la folie.


Folie, ou malédiction...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782970160328
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Oscar Green
Table des matières Couverture Page de titre Prologue Chapitre I Chapitre II
Points de repère Couverture
Page de titre
AMERICA GRACE
Oscar Green
PROLOGUE
Oscar Green portait sur lui toute l’innocence d’un enfant. Il revêtait la grâce d’un ange que le Ciel, disait-on, s’était refusé de garder en son sein. Et façonnés par les abysses d’un ciel éthéré où s’égarait un nuage obscurci, ses yeux, tournés vers celui-ci, lui arrachaient un frisson muet. Comme un reflet de lune s’offrant aux nuits immenses, voluptueux et chaste se voulait-il, cette étincelle de jouvence dans le regard redonnait ainsi à son minois toute la noblesse de la candeur. Et pour mieux tromper encore, il en émanait une vive curiosité, de douceur, et une profonde chaleur.
Nulle blessure portée n’avait entaillé le velours de son cœur. Mais sous cette étoffe se cachaient les plus obscures pensées. Quand s’absentait le jour s’éveillaient alors les charmantes ténèbres.
L’ombre lui seyait si bien au teint.
CHAPITRE PREMIER
Lady Dumpsey était une femme aux nobles manières, considérée comme généreuse par la haute société et qualifiée de froide par les étrangers qui ne l’avait jamais côtoyée. Son époux avait acquis le titre de Lord dès lors qu’il avait pris possession de ses terres. Plutôt arrogant, on ne l’appréciait certes point pour sa délicatesse néanmoins, dans ses manières sauvages, quelque chose avait su dompter le cœur de lady Dumpsey ; même si ce n’était point un amour fougueux, ce n’était pas non plus celui d’une femme intéressée.
Elle s’était trouvée comblée ainsi, un temps seulement, car hélas cet homme aux grandes responsabilités avait sans cesse fort à faire, négligeant les devoirs d’un époux. Pour combler l’ennui, elle s’était soustraite à son rôle de mère, et bien trop rapidement ! Car la solitude soufflant dans le vent de ses jours avait étouffé peu à peu les étoiles dans ses yeux. Puis, quand venait l’heure des floraisons, puis des beaux matins d’été si doux, le chant précipité de la mélancolie répandait plus fort encore son sinistre écho, obstruant son ciel et la plaçant dans l’impossibilité d’y apercevoir un quelconque soleil. Tendant vers le déclin du jour, la douleur pensive l’avait condamnée au tombeau, vers un horizon de ténèbres. Cependant, on lui connaissait un caractère plus fort, un esprit modeste et parfois réservé. Alors, pour combler son profond chagrin, son amie Solange vint à lui susurrer l’idée d’organiser un céilí au sein de sa vaste demeure de campagne anglaise aux empreintes irlandaises, à la vue charmante sur la baie. Et, en moins de temps qu’il n’en fallut, lady Dumpsey avait trouvé remède à ce long désespoir, sans devoir tomber le masque.
Et ne fut-il pas plus délicieux moment que l’instant où elle noya son regard dans le grand ciel gris offert par les yeux d’Oscar Green, venant cruellement troubler le souffle des battements de son cœur ? Voilà bien des yeux dans lesquels l’innocence dansait comme l’ombre frivole d’un rayon de lumière. Ils s’offraient à qui, subjugué, les contemplait avec imprudence…
Lady Dumpsey les avait souvent admirés, ces soleils noirs. Et bien plus encore depuis qu’ils commandaient son impatience. Dès lors, le nom d’Oscar Green résonna comme les cloches d’une église, délectant tous ceux et celles, au son mélodieux qu’il produisait, à chaque fois qu’il leur parvenait.

Île de Sheppey, 1888
 
Quand survint la fin du dîner, quelques respectables jeunes gens – ayant quitté en toute hâte quelques heures plutôt les rues étroites de Londres – se retiraient à présent dans le salon de lady Dumpsey, pour y prendre le thé. Un vaste lieu où resplendissaient des lustres en cristal, et où reposait toute l’élégance des meubles ornés de somptueux tissus et sculptés dans le raffinement du bois, d’un blanc de nacre. À travers les grandes vitres ouvertes, aux fenêtres arrondies et vêtues toutes de soie, de cantonnières, de festons et d’embrasses, l’astre d’or dans leur étoffe chatoyante répandait sa luxuriante lumière. À l’horizon, pas une brume vaporeuse.
Que de graciles mouvements à peine perceptibles dans les branches, trahissant la quiétude du ciel d’été. Tiède était le vent toutefois, causant à une peau crayeuse quelques frémissements passagers, caressant de sa main invisible la lisse et épaisse chevelure mi-longue d’un châtain foncé. Cette légère brise lui soufflait un air marin aux notes salines. Au loin, les vagues qui dévoilaient avec une rare franchise un caractère farouche – tantôt agité, tantôt calme – s’écrasaient en renaissant encore et encore contre les rochers à la froideur désinvolte. Elles emportaient sans le moindre mépris, dans l’indifférence la plus grande, bien des âmes qui s’abandonnaient à elles chaque jour. Au tréfonds de ce cœur saphir semblable à l’océan, Oscar Green, à la gracieuse figure ovale et aux traits presque androgynes, ne lui connaissait ainsi aucun battement pour la vie. Ô combien elle fut cruelle à celui qui le porta à son cou ! Ressentait-il seulement de l’extase quand la vie il prenait ? Mer de tous les chagrins, ses larmes salées couleraient en vain sur des visages endeuillés. On la méprisait ou on lui tendait les bras.
Ce jour-là, Oscar, qui avait quitté tout le confort de sa coquette maison, dans le quartier chic d’Eaton Square, se perdait à présent dans la contemplation de ce spectacle et songea un instant qu’il portait à son cou la terrible malédiction du saphir. Sans pouvoir l’expliquer avec rationalité, quelque chose avait toujours manqué en lui. Une étincelle, la frénésie d’une pulsion, qu’importe donc ! Il avait tant cherché à troubler son cœur, mais seul subsistait en lui ce gouffre nébuleux.
Il trouvait dans la seule forme du plaisir celui de la chair et de la flatterie. Son nom, que l’on peignait admirablement sur toutes les lèvres. Des plaisirs, de courtes durées furent-ils, étaient alors sujets à la jouissance le temps de ces instants, mais nul n’avait la saveur réelle d’un véritable plaisir exquis.
Peu à peu, il avait revêtu un masque, montrant de lui ce que l’on voulait bien y voir. La réalité, fut-elle toute autre – il ne portait que peu d’intérêt aux autres – car il était évident que nul ne possédait ce qui lui manquait pour se sentir pleinement vivant. Quelque chose qui ne demandait qu’à éclore…
Après de longues minutes passées à observer les flots, Oscar remonta dans la diligence. Sur le chemin qui le menait au domaine des Dumpsey se révélait peu à peu à ses yeux toute la magnificence d’un château victorien. Il ordonna cependant au cocher de s’arrêter à quelques mètres de ce dernier et prétexta vouloir marcher un peu. Le jeune homme le pria donc de l’attendre ici jusqu’à son retour.
Oscar était toujours en retard, car il aimait épier les moindres conversations qui pourraient lui apprendre de nouvelles choses à son sujet. Et on ne pouvait pas mieux apprendre sur soi qu’en laissant aux autres le plaisir de laisser sa chaise vide. Qu’importe que les ragots fussent par ailleurs appréciables ou non, car le jeune homme trouvait dans la forme de l’indiscrétion le plaisir avant tout de nourrir son égo.
Ce jour-là, les jardins luxuriants du domaine n’étaient que silence. Nulle âme pour y troubler sa sérénité mais, à mesure qu’il s’en rapprochait, des voix lui parvinrent. De sa haute taille, s’avançant à pas de loup, il vérifia qu’aucun domestique ni convive ne puissent se douter de sa présence. Oscar se positionna dos au mur, veillant à ne point frotter le velours noir de son manteau. Longeant sans faire de bruit la façade de pierre, il s’arrêta seulement lorsqu’il fut suffisamment proche d’une fenêtre pour épier les conversations, quand une senteur délicate de rose et de jasmin émana de l’ouverture.
Oscar imagina alors lady Dumpsey – dont souvent les pensées semblaient préoccupées – traverser chaque pièce, qu’offrait son inestimable demeure, d’un mouvement gracile de pas qu’il ne lui connaissait que fort bien, laissant un pan de sa robe ornée de tulle et d’organza effleurer les tapis à motifs floraux. Pièce après pièce, elle se déplaçait ainsi, avec toujours cette profonde indifférence pour les choses. Elle ne s’était que trop habituée à cette opulence et ce luxe qui se réveillaient sous ses yeux, chaque matin, où velours, cuir, soie et damas se succédaient. Elle prenait, il y a bien longtemps, plaisir à choisir et contempler chaque petit détail ornemental. Aujourd’hui il n’en était rien. Mais fort heureusement, ils ravissaient toujours ses convives à sa place.
Soudain, une voix grave lui parvint comme des senteurs de fleurs et l’obligea à reprendre ses esprits. Charles Ingham. Il était un homme maigre à la moustache roulée en pointes et vêtu d’habits coûteux à la dernière mode française. Il avait sur sa pâle figure un air toujours insolent. Il ne manquait guère à chaque rencontre d’étreindre, d’un chaste baiser, la paume délicate de lady Dumpsey. En prenait-il un plaisir secret ? Il ne fallait point sous-estimer la beauté naturelle de lady Dumpsey ; cette femme à la longue et épaisse chevelure de feu, et dont le regard était semblable à des pierres serties d’un vert lumineux. Solange Ingham voyait-elle le désir ardent du regard de son époux ? Où était-elle trop occupée à jalouser les toilettes fort onéreuses de sa chère amie ?
Oscar Green avait observé à maintes reprises, lors de nombreuses invitations au château, ces petits détails que les autres ne cherchaient guère à véritablement cacher. Chaque geste, chaque regard aussi furtif que dure le temps d’une rose, dérobé à celui qui n’arrivait point à le maîtriser, se consumait à la flamme d’un amour clandestin.
L’amour. Oscar Green n’en connaissait que le nom.
Alors que les conversations allaient bon train, le murmure de Solange – elle devait se trouver proche de la fenêtre à cet instant – comme soufflé par le vent, lui parvint aux oreilles :
« Monsieur Green, va-t-il nous faire le bonheur de sa visite ? »
Elle avait prononcé ses mots avec la ferveur d’une jeu

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