112
pages
Français
Ebooks
2017
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Ebook
2017
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Publié par
Date de parution
14 février 2017
Nombre de lectures
41
EAN13
9782897262716
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
14 février 2017
Nombre de lectures
41
EAN13
9782897262716
Langue
Français
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PRÉFACE
Lorsque Roxane m’a approché pour écrire la préface de son deuxième bouquin, « L’amour au premier vol », je n’ai pas hésité une seconde et pour cause : je connais très bien le commandant Claude Laurin pour avoir été un de ses collègues à l’époque de Québécair.
Je dois dire que j’ai beaucoup de respect pour le commandant Laurin, car il fait partie du groupe sélect des précurseurs de l’aviation québécoise. Je dois avouer que sans ces as de la première heure, nous, les pilotes de l’ère moderne, n’exercerions sûrement pas notre métier de la même façon.
Puis, un jour, nous nous sommes retrouvés lors d’un spectacle aérien à Saint-Georges de Beauce. En compagnie de son épouse Pauline Saint-Pierre, nous nous sommes rappelé notre expérience et nos aventures dans nos carrières respectives. Pauline a d’ailleurs immortalisé ce moment précieux en nous photographiant, Claude et moi.
Quelque temps après, j’ai téléphoné à Claude pour lui demander s’il aimerait être le sujet d’une de mes chroniques pour la revue « La Semaine ». L’article en question relatait la rencontre de personnes ordinaires s’étant démarquées, par leur courage et leur habileté, en évitant une catastrophe annoncée. Sur mon livre, « Les héros sont parmi nous », il est écrit : « Des actes de bravoure extraordinaires accomplis par des gens ordinaires » ; cela traduit parfaitement cette réalité. Dans le cas qui concernait Claude, il s’agissait d’une situation qui lui est arrivée lors d’un vol de routine en 1979 à Sainte-Lucie, dans les Antilles, alors qu’il était commandant sur un Boeing 707 de la compagnie Québécair.
C’est lors d’un souper, avec nos épouses que j’ai eu le privilège d’écouter Claude me raconter comment il avait vécu ledit événement et ce qu’il avait fait pour que son équipage, les passagers et lui s’en sortent indemnes.
De plus, le 19 juin 2014, lors de la soirée de gala du Panthéon de l’Air et de l’Espace sous la gouverne de la Fondation Aérovision Québec , Claude fut élu récipiendaire du Trophée Robert Piché, remis à une personnalité qui s’est démarquée, d’une façon exceptionnelle dans l’exercice de ses fonctions de pilote. Il a aussi été intronisé au Panthéon de l’Air et de l’Espace, pour honorer l’ensemble de sa carrière, le 16 avril 2016.
Merci à sa fille Roxane qui m’a donné, par cette préface, l’occasion de parler d’un modèle, souvent oublié, de ma génération ; qui a inspiré et donné espoir à plusieurs d’entre nous de devenir commandant de bord sur de gros transporteurs au niveau international. Et grâce à son exemple, plusieurs y sont parvenus !
Robert Piché, commandant
À maman et papa, Mes merveilleux parents, Des êtres d’exception. Ces « Amants de l’Air », Dont l’éternel amour Rayonne sur tous ceux Qui croisent leur chemin…
CHAPITRE 1
Floride, la mer
J e n’aurais jamais imaginé qu’une telle nouvelle, reçue il y a quelques mois, modifierait à ce point le regard que je pose sur la vie… sur ma vie. Le diagnostic du cancer du sein est tombé comme un couperet. Cette annonce me plonge dans la profondeur de mes questionnements les plus secrets et inavoués. Ma féminité en prend pour son grade. Au-delà de ma douleur, de mon incompréhension d’un tel coup du destin, de mon angoisse devant l’avenir, je regarde autour de moi et ma perception a changé. Je ne vois plus mon amoureux, mes parents, et tout ce qui m’entoure de la même manière. Une certaine intensité s’installe en moi d’un jour à l’autre et teinte ainsi ma compréhension de la vie.
Depuis quelques jours, me voici avec mon mari et mes parents, de retour près de la mer, là où je trouve inlassablement réconfort apaisant et force incontestable de la nature. J’ai besoin, plus que jamais, que cette mer me berce et me chuchote à l’oreille que tout va bien.
Floride, Deerfield Beach, en début d’automne, ne connaît généralement pas l’affluence de vacanciers que l’on retrouve au printemps et qui en fait un village de bord de mer joyeusement animé. Je regarde au-delà de la jetée… Quelques personnes seulement sont attablées sur les terrasses des restaurants. Cette tranquillité passagère sied à mon âme et à mon corps de convalescente.
Bien des choses ont changé depuis le spectre de la maladie ! Je constate avec effroi que cela modifie notre vision des choses. Je dis « notre », car la maladie ne frappe pas seulement la personne qu’elle touche intimement ; elle foudroie aussi sa famille, ses amis , l’ensemble de ses proches. Dans notre cas – mon mari et moi – le diagnostic a, entre autres, modifié nos besoins et nos priorités.
Tel un fil conducteur, mes réflexions me transportent vers ce qui m’anime, ce qui me touche passionnément : mes écrits. Je pense à ces livres que je rédige depuis l’adolescence et que je peaufine au fil du temps… Quelles sont mes chances d’être éditée ? Je me questionne davantage depuis ma conversation avec un écrivain que je côtoie lors de mes marches à la plage. Roy et moi sommes devenus amis, si bien qu’il m’a confié :
— J’ai trois bouquins chez moi qui attendent d’être publiés. On m’a dit que la situation économique précaire remettait à plus tard leur édition. Pour moi, « plus tard » ne rime pas à grand-chose, car je ne sais même pas si dans deux ans, ma conjointe et moi conserverons notre condo donnant sur la mer.
Je suis au courant que sa compagne est malade, mais j’ignore tout du mal qui la ronge. Alors subtilement, je questionne.
— Au fait, comment se porte-t-elle ?
— Oh… Je la trouve très courageuse. Ça fait cinq ans qu’elle se bat contre le cancer du sein.
— Eh bien, c’est ce qui m’arrive également…
— Ah non ! Je suis désolé pour vous.
Pendant un long moment, il s’intéresse avec empathie à ce que je vis. À mon cas , si je puis dire. Après lui avoir appris que le cancer qui m’assaille est de grade un et a, apparemment, bien réagi à la radiothérapie, je ne sais que dire de plus. Peut-être par fuite, je délaisse mes pensées qui tentent de s’accrocher à mon cas, et je récidive avec mes questions auxquelles il répond :
— Lorsqu’elle a su, le cancer était partout. Il s’était attaqué à d’autres organes. La chimiothérapie, la radiothérapie et le tamoxifène l’ont prolongée jusqu’à aujourd’hui. Elle a de bonnes et de mauvaises journées. Pour elle, rien n’est gagné. Le combat continue.
— Je vais prier pour elle. Je ne la connais pas, mais je suis de tout cœur avec elle.
C’est pareil pour moi ; c’est une lutte perpétuelle. Ne vivons-nous pas tous sur du temps prêté ? La tumeur, qui demeure présente dans mon sein gauche parce que trop petite pour être biopsiée, est une menace réelle. Je choisis de demeurer positive, car je n’ai d’autres choix que d’apprendre à vivre avec cet intrus pour l’instant. Il s’impose à moi. Comme les pensées se bousculent dans ma tête ! Je scrute un instant les cieux sans équivoque. L’azur de la voûte céleste a l’insolence des jours heureux.
Puis je pars arpenter la rive qui brille d’un camaïeu mordoré, or et ambré. À chacun de mes pas, j’imprègne furtivement le sable de mon empreinte. Le sentiment persistant de la fugacité de la vie martèle mon esprit. À mesure que je progresse dans ma randonnée sur la plage fracassée d’éclats de soleil, je m’interroge sur la précarité de l’existence, les valeurs, les changements et l’héritage qu’on laisse derrière soi.
J’erre, l’esprit surnageant dans les eaux tumultueuses de mes pensées. En longeant le rivage de la côte est de la Floride, mes pieds léchés par les vagues agonisantes, mon regard se perd dans le lointain.
Comme un renouveau exceptionnel, j’observe pour la énième fois cette jonction à la ligne d’horizon où l’œil, parfois, ne fait plus la différence entre le ciel et l’océan. L’équilibre dans le panorama sait faire basculer les doutes et produire une décharge d’énergie qui laisse croire que tout est possible et que les idées les plus folles peuvent mener du rêve à la réalité.
C’est en approchant du lieu