L’avenue du Paradis, comme son nom l’indique, est l’un de ces lieux proprets et pimpants, jalonné de demeures savamment entretenues par des épouses tout entières dévouées à leur intérieur, à leur mari, à leurs enfants. Un cadre idyllique et so chic qui devient pourtant le théâtre d’insolubles disparitions. Les victimes? Les fées du logis justement, ces anges du foyer qui vivent au rythme des courses à faire, des repas à préparer et des piles de chemises à défroisser. La première d’entre elles à s’évaporer est Mme X, poussant ainsi l’inspecteur Bou à mener l’enquête et à suivre les faits et gestes des habitantes du quartier… Investigation qui se corse lorsque Mme Yellow, qu’il observait depuis quelque temps, disparaît presque sous ses yeux, derrière un nuage de vapeur, ne laissant comme unique vestige de sa présence que sa petite robe en dentelle. S’il s’offre à nous sous les apparences d’un roman policier, "L’Enfer à repasser" constitue, de manière sous-jacente, une description critique de l’oppression qui s’empare des femmes oubliées dans la routine domestique. Essai qui avance masqué derrière les codes du polar, le roman de Marie-Josée Pierotti transforme ainsi une enquête aux notes acidulées en un réquisitoire féministe contre ce rôle de femme cantonnée au foyer, générateur de cette détresse que même les maisons les plus clinquantes ne sauraient dissimuler.
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