L homme qui regardait pousser les tomates
122 pages
Français

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L'homme qui regardait pousser les tomates , livre ebook

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Description


Et si l'éphémère devenait enfin éternité ?




Romain vit en ascète, consacrant son existence à l’écoute des autres. Il pérégrine de ville en ville.


Emmanuelle est une femme épanouie, heureuse et bien dans son couple.


Ils se rencontrent au hasard de la vie. Tout les oppose et de cette discussion naît l’envie de se retrouver.


Seulement, voilà, sans avoir échangé ni numéro de téléphone, ni même un nom ou une adresse, comment Romain peut-il espérer la revoir ?


Comment retrouver quelqu’un dont on ne sait rien ?



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2020
Nombre de lectures 24
EAN13 9782381532585
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’homme qui regardait pousser les tomates
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.

Damien Verhée
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L’homme qui regardait pousser les tomates
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
 
 
 
 
Du même auteur :
 
 
 
 
Le Chant du Marais , Edilivre, 14 novembre 2019. ISBN 978-2-414-40645-6
 
Le Sang du Marais , Edilivre, 20 mai 2020. ISBN 978-2-414-45224-8
 


Chapitre premier : Le TGV de 9h42.
La route d’Angoulême vers Poitiers, sur cette belle nationale 10, se fait tranquillement. Les kilomètres défilent. Romain a la tête dans ses pensées, comme toujours après une escale, et particulièrement au moment d’un nouveau départ. Il conduit, pensif, et se repasse en tête toutes les conversations qu’il a pu avoir avec ces « inconnus », mais, il n’a rien trouvé dans la précédente étape qui puisse le retenir dans cette ville. Dans ces cas-là, il faut partir. Lever l’ancre. Voir ailleurs. Parfois, la vie est-elle simple. Il suffit de partir, de fuir. La sacoche de l’ordinateur est là, toute proche, sur le siège passager. Elle constitue sa boîte à trésor. Romain décide de faire un crochet. Après tout, il est encore relativement tôt. Il était parti il y a trois quarts d’heure d’une aire de repos en périphérie d’Angoulême. La nuit avait été calme, reposante, propice à la réflexion. Personne n’avait troublé ce répit, un luxe dans le monde d’aujourd’hui. Lorsque le téléphone, cet outil démoniaque, ne sonne plus toutes les deux minutes, alors la vie, la vraie, celle qui est simple, reprend tous ses droits. Il prend la sortie Vivonne, doit remettre du gasoil dans le Van, trouver de quoi déjeuner dans une boulangerie et repartir traîner ses guêtres à Poitiers, prochaine escale. D’étape en étape, il vit sur les routes, et ne s’est jamais autant senti vivant.
L’arrêt en chemin aura été de courte durée, moins d’une demi-heure. Romain attend beaucoup de l’escale suivante. Il termine une cigarette, adossé à son Wolkswagen California, et se dit qu’il mène quand même une drôle de vie, faite de solitude, mais que cette liberté acquise est formidable. Il n’y renoncerait pour rien au monde à présent.
7h50, gare de Poitiers.
Il a garé le Van au parking Toumaï. Ce n’est certes pas une option donnée mais au moins est-il à proximité de la gare. Il sort de sa sacoche son dictaphone, autre « outil » indispensable dans sa quête. Souvent, il l’appelle son « meilleur ami ». Il lui parle, comme s’il était un être vivant. Vie d’ascète. Sortant de son véhicule, il prend l’escalator qui permet d’accéder facilement à l’esplanade de la gare. Le temps est magnifique, il fait déjà chaud. Nous sommes le 25 juin. Romain s’approche d’un banc laissé vacant. Il s’y installe, l’appareil rangé dans la poche de sa veste. Vêtu d’un jean délavé et de vieilles baskets Converse bleues, usées, un tee-shirt bleu pétrole et une veste presque-classique, il a un look qui fait « cool », et qui ne traduit visiblement pas ni sa situation de précarité, ni son âge.
Le va et vient des usagers de la SNCF est effroyable. Une fourmilière. Des gens entrent et d’autres sortent de l’édifice. Romain aime observer ces ruches humaines. Il aime par-dessus tout observer ces voyageurs. Certains parlent haut, le téléphone accroché aux oreilles, comme si leur interlocuteur était sourd. D’autres se retrouvent, s’enlacent. D’autres, encore, se disent au revoir. Il scrute chacun d’eux, à la recherche de son « témoin ». Voilà ce à quoi il occupe ses journées. Il étudie les gens, les observe, son laboratoire est gigantesque, puisqu’il s’agit du monde. L’idée qu’il a eue, après que sa vie ait basculé, c’est de tenter de comprendre les gens, leur vie, leur façon d’être, pour, peut-être, mieux comprendre sa trajectoire personnelle, ses erreurs de direction, ses choix de vie. De temps à autre, il « sélectionne » des personnes, comme ça, au feeling, à l’instinct. Une envie de les écouter parler d’eux. Il est ni ethnologue, ni sociologue, encore moins journaliste. Il prend des notes sur des dizaines de carnets, de ce que les gens veulent bien lui raconter sur eux. Lorsque l’on s’épanche ainsi face à un inconnu, il n’y a pas ce jugement dévastateur qui limite la parole au convenable. Il n’a pas la moindre idée de ce qu’il fera de ses prises de notes, mais il les garde, religieusement, comme un trésor, une relique. Il ne possède plus grand-chose, à part ces récits, alors il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Au gré des villes, de route en route, il rencontre des personnes, toutes différentes, mais qui finalement, en lui racontant leur vie, démontrent que nous cherchons tous une certaine forme de bonheur sur terre. Se considérant comme un naufragé de la vie, il a cette faculté de pouvoir « sentir le bon client », celui qui acceptera la discussion, l’échange.
Romain s’approche d’un septuagénaire qui semble patienter depuis un certain temps sur un banc. Il a l’air bougon, la tentative d’approche ne sera pas aisée. C’est assez fréquent qu’on lui adresse une fin de non-recevoir. L’humanité a perdu cette notion de partage, d’écoute, d’intérêt, les uns pour les autres. La solidarité n’est plus une valeur, mais est devenue un « gros-mot » dans ce « monde d’après » individualiste et déshumanisé, une tare presque ! Bonjour Monsieur, je peux me permettre de m’assoir près de vous ? Oui.
Pas de bonjour, et une réponse laconique qui marque trop souvent la profonde indifférence des gens envers ceux de leur espèce. Le vieux monsieur semble énervé. Vous attendez un train ? Oui. Très bien. Vous me direz, c’était relativement probable, vous n’avez pas emmené beaucoup de bagages avec vous. J’imagine que vous ne devez pas vous rendre bien loin, ni partir bien longtemps ? Bordeaux. C’est joli Bordeaux, ses quais et son tramway. J’y suis souvent allé. C’est une ville dans laquelle je me sens bien. Tant mieux pour vous.
Le vieux monsieur cherche dans sa sacoche après son journal Sud-Ouest. Il le déplie, et tente de lire quelques articles, comme pour mieux faire remarquer à son voisin qu’il n’est pas vraiment prédisposé à lui faire la conversation. Cela ne décourage pas Romain. Les nouvelles sont-elles bonnes ce matin ? Quelles nouvelles ? Et bien, dans l’article que vous semblez lire ? Monsieur… S’il vous plaît, je n’ai ni le temps ni le cœur à vouloir parler avec un inconnu, alors je vais reprendre ma lecture et je vous demanderais de bien vouloir cesser avec toutes vos questions. Nous ne nous connaissons pas, me semble-t-il, et je n’ai nul besoin de perdre mon temps. Ah bon ? Si la simple idée d’avoir une conversation avec une personne qui s’intéresse à vous ne vous rend pas heureux, alors je vous laisse tranquille. Je souhaitais juste vous être agréable, discuter avec vous et vous faire passer cette attente. Mais je ne vous force pas à me parler. Visiblement, vos articles de journaux sont plus intéressants. Très bien, merci ! Bonne journée monsieur.
Romain est habitué à ce comportement très « fermé » chez la plupart des personnes qui croisent sa route. C’est souvent ainsi. Ce sont des huîtres, repliées dans leurs pensées, dans les tracas de la vie moderne, dans leur individualisme chronique. Au fond, les gens ne savent plus s’intéresser qu’à leur propre personne. Pourquoi parleraient-ils à un inconnu altruiste?
Il

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