L Idée de Dieu et ses nouveaux critiques
149 pages
Français

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L'Idée de Dieu et ses nouveaux critiques , livre ebook

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Description

Extrait : "Dans le tumulte des idées contradictoires qui nous assiègent, c'est une excellente règle d'hygiène morale pour chacun de nous, de se rendre compte de temps en temps de l'état de ses propres croyances, de recueillir sa conscience errante à travers les systèmes et les livres, dispersée au dehors par l'agitation de la vie ou par la curiosité..."

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Nombre de lectures 29
EAN13 9782335031195
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335031195

 
©Ligaran 2015

Avant-propos
L’accueil qui a été fait à ce livre, dès son apparition, nous autorise à croire qu’il répondait à certaines préoccupations de l’esprit public, et que la raison n’a pas encore pris son parti, comme on le lui conseille, de renoncer aux problèmes de cet ordre. C’est là un symptôme favorable au succès des idées que nous défendons, en même temps qu’un précieux encouragement pour nos études.
La Préface de la première édition annonçait la publication prochaine d’un autre ouvrage sous ce titre : La Nature et Dieu , où l’auteur devait essayer de rétablir sur ce point, dans sa légitimité scientifique, la doctrine spiritualiste, gravement menacée par les théories contemporaines.
Mais il en est de ces hautes questions de la métaphysique comme des montagnes que l’on essaye de gravir : elles ont leurs illusions de perspective et leurs mirages. À mesure que l’on pense approcher du but par un plus grand effort, on dirait que le but, de loin entrevu, monte lui-même et recule plus haut.
C’est peut-être aussi qu’en avançant dans la vie philosophique, on mesure mieux la difficulté scientifique des problèmes et l’étendue des recherches que chacun d’eux comporte. Je ne désespère pas cependant d’atteindre bientôt le terme que je me suis dès longtemps proposé. Le public nous a rendu le courage facile et la tâche aisée par la rapide faveur avec laquelle il a bien voulu accueillir nos efforts, comme par les sympathies dont il a entouré la chaire de la Sorbonne, où il nous a été donné de soutenir la même cause. Nous saisissons avec empressement cette occasion de remercier nos amis inconnus.
CHAPITRE I Les origines de la philosophie nouvelle

I
Dans le tumulte des idées contradictoires qui nous assiègent, c’est une excellente règle d’hygiène morale pour chacun de nous, de se rendre compte de temps en temps de l’état de ses propres croyances, de recueillir sa conscience errante à travers les systèmes et les livres, dispersée au dehors par l’agitation de la vie ou par la curiosité. Il est bon de constater si notre manière de voir sur les questions fondamentales est restée la même ou si elle a insensiblement changé, sous quelles influences et jusqu’à quel point.
S’il y a profit à se remettre ainsi au courant de ses propres pensées et à se ressaisir soi-même, n’y aurait-il pas profit plus grand encore à faire le même examen de conscience, non plus pour un homme, mais pour une génération tout entière ?
Une nouvelle philosophie s’est élevée en France, dans ces derniers temps, par l’effet d’influences diverses et combinées, qu’il peut être intéressant d’analyser.
La première, la plus active de ces influences, est celle que les grandes écoles allemandes ont exercée sur l’esprit français. Pour être juste, il faudrait commencer par Kant lui-même. Il est véritablement le père de la philosophie critique. C’est à lui que doit remonter la première responsabilité de ce mouvement général des intelligences qui les éloigne de plus en plus de la métaphysique. C’est lui qui a inspiré à nos contemporains cette défiance pour toute croyance qui dépasse les objets d’expérience. La condamnation rigoureuse des réalités transcendantes est le résultat le plus clair de la Critique de la Raison pure. – Notre tentation perpétuelle, selon Kant, notre incorrigible illusion est de transformer nos idées régulatrices, les formes de notre entendement en substances, en êtres. La raison obéit dans l’homme à la tendance presque irrésistible qui l’entraîne à l’unité. De là cette fureur de dogmatiser sur Dieu, sur l’âme et le monde, en créant au-delà des données de nos facultés expérimentales des unités artificielles, des centres de réalité indépendants de la pensée, des objets absolus. Tout cela est l’œuvre de la raison, qui devient la dupe de ses propres créations. Voilà le fond de l’argumentation de Kant qui se résume en ces deux objections ; 1° impossibilité de rien saisir au-delà du phénomène , impossibilité de rien connaître du noumène  ; 2° contradictions radicales que s’inflige la raison à elle-même en dogmatisant sur Dieu, sur l’âme, sur l’univers et qui se traduisent dans les antinomies de la cosmologie , dans les hypothèses gratuites de la psychologie , dans les paralogismes de la théologie .
Condamnation de la métaphysique, défiance à l’égard de nos plus hautes facultés qui s’entraînent elles-mêmes au-delà de leur juste portée, élimination de toute réalité qui n’est pas directement observable, toute la philosophie critique, et même les principes du Positivisme sont déjà là, dans la Critique de la Raison pure. À cette influence de Kant est venue se joindre celle de Hegel.
On n’a pas conservé de la philosophie de Hegel ces grandes lois, si fortement liées entre elles, qui ont fait de cette philosophie la construction la plus originale du dix-neuvième siècle. L’être pur, identique au néant, se développant par un rythme à trois temps ; la nécessité qui impose à la Nature et à l’Histoire le mouvement géométrique de l’ idée , scientifiquement déterminé ; le commencement, l’évolution, la conclusion de cette vaste dialectique ; tout ce qui constitue par les parties essentielles et les détails savamment enchaînés l’unité du système ; le réel et le rationnel, déclarés Identiques, le développement de l’idée réglant le développement de l’être, la logique et l’ontologie réduites à une seule et même science ; tout cela n’aurait que difficilement cours parmi des intelligences françaises. On y a provisoirement renoncé.
Ce qu’on a gardé de Hegel, ce sont des habitudes d’esprit, des idées générales, des principes de critique, non rigoureusement enchaînés entre eux, mais d’autant plus puissants peut-être pour dissoudre les croyances spiritualistes. Un système, si spécieux qu’il soit, est toujours par quelque endroit artificiel et forcé. Au contraire, des vues isolées, flottantes, pénètrent bien plus facilement que le système lui-même dans les intelligences, moins en défiance, moins averties, si je puis dire.
La négation du Dieu réel et vivant ; la thèse de la personnalité divine déclarée un non-sens, et ne souffrant même plus la discussion des penseurs sérieux ; l’idée d’un certain être indéterminé, placé à l’origine des choses, principe obscur qui se détermine par la succession des phénomènes, sous la double forme de la Nature et de l’Histoire ; la cause efficiente et la cause finale du Monde inhérentes au Monde lui-même, immanentes, non transcendantes, ce qui revient à dire que le Monde est à lui-même sa cause efficiente et sa cause finale ; l’identité des contradictoires adoptée, sinon comme la base d’une logique nouvelle, du moins comme un excellent principe de critique ; toute vérité et toute réalité s’évanouissant dans les formes fugitives de l’universel devenir ; voilà quelques idées que l’on a mises en grand crédit, et qui sont de la plus pure race hégélienne. C’est l’esprit de Hegel, débarrassé du poids de ses formules et de la longue chaîne de ses déductions abstraites, mais d’autant plus souple, plus actif, partout reconnaissable dans les écoles les plus nouvelles et les talents les plus divers. La critique, l’histoire, la philosophie en ont senti tour à tour la secrète contagion.
La marque la plus générale par où je reconnais l’influence de l’esprit nouveau, c’est cette opinion partout répandue, que la vérité a un caractère essentiellement relatif. À supposer que l’absolu existe, on nous assure qu’il est situé hors des prises de notre esprit ; il est pour nous comme s’il n’était pas.
Les objets de la raison tombent sous la condition de la nature où tout est mouvement, transition : L’univers, nous dit-on, n’est que le flux éternel des choses, et il en est du beau, du vrai, du bien, comme du reste ; lis ne sont pas, ils se font  ; ils sont moins le but vers lequel tend l’humanité, que le résultat changeant des efforts de tous les hommes et de tous les siècles.
Voilà la pensée abandonnée à ses propres incert

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